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 Refuge et confidences [Dmitri]

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Stanislas Volkov
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Stanislas Volkov

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Message(#) Sujet: Refuge et confidences [Dmitri] Refuge et confidences [Dmitri] EmptyMer 2 Aoû - 3:24



Refuge et confidences



Faisant les comptes de mes commandes à préparer pour les semaines à venir, je réalisais que j’allais bientôt recevoir une visite que j’appréciais particulièrement. Le jeune Dmitri était une bouffée d’air frais dans toute cette solitude qui appesantissait l’atmosphère de ma maisonnée. Plus encore depuis que j’avais eu l’occasion d’accueillir un bien étrange invité quelques semaines auparavant. Je ne savais jamais s’il allait rester pour la nuit ou prendre aussitôt la route, mais je gardais toujours une chambre disponible pour lui.

Mes pas se mêlaient au claquement de ma canne alors que je me rendais dans la grange de stockage des bouteilles, l’endroit le mieux isolé du froid, pour éviter que l’alcool ne gèle et que le verre n’éclate. Je comptabilisais les bouteilles prêtes à la vente et remplit une caisse. Dmitri en prenait plus ou moins toujours la même quantité. Tout dépendait dans quelle direction il allait. Je me demandais bien ce qui pouvait pousser un jeune noble à voyager autant. Était-ce un amour à distance qui le poussait à rendre visite à sa belle ? Il restait très discret sur les raisons de ses déplacements et je ne cherchais pas à en savoir plus. Il avait bien le droit de ne pas tout me dire. Mais récemment, j’avais l’impression que quelque chose le tourmentait. Je m’étais promis de lui poser la question, s’il revenait encore avec les sourcils froncés.

Claudiquant en traînant le chariot jusqu’à la porte du bâtiment, je laissais ça là et refermait soigneusement la porte en sortant. Il ne servait à rien de se presser, je n’avais aucune garantie, juste un ressenti Mais je me rendis rapidement compte que mon instinct était bon messager. J’étais à peine rentré chez moi par la porte arrière que j’entendis la cloche de mon entré tintinnabuler. Je sus aussitôt, à l’entrain employé, qu’il s’agissait de lui.

Je traversais les pièces aussi rapidement que me le permettait mon pas de boiteux, puis ouvrit le pan de bois, sourire aux lèvres.

« C’est l’odeur du ragoût qui t’a guidé jusqu’à ma porte, ou les effluves entêtants de l’absinthe ? »

Après avoir observé sa silhouette familière se découper dans l’obscurité naissante, je vins l’étreindre pour le saluer, d’une de ces embrassades fraternelles, avant de le faire entrer.

« Bienvenue ! Comment vas-tu ? »

Je l’entraînais au salon, devant le feu de cheminée et l’aidais à se délester de son gros manteau, qu’il puisse sécher des flocons qui semblaient perpétuellement tomber ici, même si ce n’était qu’une fine couche.

« Installe-toi Dmitri, raconte-moi ton voyage ! Restes-tu pour la nuit ? »

J’étais content que mes domestiques soient discrets mais bien là pour m’aider dans toutes mes tâches, sinon je prenais le risque de m’épuiser, la douleur de ma hanche finissait par rendre la tâche la plus simple complètement insupportable. Mais heureusement pour moi, je me distrayais vite de ces souffrances de la chair, mon jeune ami ouvrant la bouche pour parler.

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Dmitri Moskovine
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Message(#) Sujet: Re: Refuge et confidences [Dmitri] Refuge et confidences [Dmitri] EmptySam 5 Aoû - 14:06

Refuge et confidences
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Dmitri était de retour en Fjerda et comme à chaque fois, l'approche d'Halmhend le remplissait de joie. Il n'était jamais facile pour le Grisha de quitter Ravka où, même s'il n'était pas en sécurité, il ne risquait pas forcément la mort ou le bannissement pour n'avoir ne serait-ce qu'esquissé un geste. Revenir ici, c'était quitter une partie de ce qu'il est, et cela remplissait toujours Dmitri d'une certaine appréhension. Il était bien obligé de se servir de sa petite science même en Fjerda, s'il ne voulait pas se sentir faible et incommodé, mais le faire était prendre un risque à chaque fois, même au milieu de de ces forêts sauvages et désertiques. Alors approcher d'Halmhend, savoir qu'il allait pouvoir se reposer, quelques heures, quelques jours parfois, chez Stanislas le remplissait toujours d'un certain bien-être, qu'il n'attribuait pas totalement à l'absinthe qu'il pouvait ingurgiter pendant son séjour.

L'homme était agréable à fréquenter, il avait le don d'apaiser Dmitri par sa seule présence, comme si son domaine était une petite bulle, hors du temps et des soucis. Pourtant, de l'avis de Dmitri, la maison du maître des lieux ne payait pas de mine : il avait déjà vu bien plus luxueux. Quoi qu'il en soit, cette petite bulle de calme, ce moment de pause avant de reprendre la route et d'affronter l'agitation de sa vie habituelle était toujours bienvenue. Aujourd'hui ne ferait pas exception à la règle, visiblement. Le joyeux tintement de la clochette ne demeura pas longtemps sans réponse et lorsque Stanislas l'apostropha, le jeune Fjerdan ne pût s'empêcher de sourire. "Le ragoût, évidemment. Je meurs de faim !" Lança Dmitri avec amusement. L'étreinte échangée par les deux hommes était chaleureuse, et le sourire de Dmitri indiquait bien le plaisir qu'il avait de se retrouver ici. Stanislas l'entraîna vers le feu de cheminée avant de l'aider à se débarrasser de son manteau de fourrure, le questionnant sur ce qui l'amenait ici.

"Si cela ne pose pas de problèmes, j'accepte avec plaisir de rester dormir ici." Accepta le jeune homme de bonne grâce. L'été Fjerdan n'était pas forcément une saison propice aux tempêtes, il n'empêche que le froid, la nuit, pouvait s'avérer mordant pour un voyageur. Stanislas attendait de ses nouvelles, et il ne se fit pas prier. "Fatigué. Les dernières semaines ont été rudes." Doux euphémisme, avec tout ce qu'il s'était passé. "Je crois bien que la chaleur monte à la tête des Ravkans, entre les rumeurs de guerre civile ou de guerre tout court, il ne fait pas bon s'attarder sur leur territoire." Raconte le jeune homme en secouant ses cheveux humides pour faire tomber les quelques flocons qui s'y accrochent encore. "Le climat n'est pas forcément favorable pour conclure des accords, et tout Fjerdan semble hautement suspicieux à leurs yeux. Peut-être pour de bonnes raisons." S'amuse Dmitri avant de reprendre. "Ton absinthe a eu un immense succès auprès de mes hôtes, ils m'ont fait promettre de leur ramener d'autres bouteilles, la prochaine fois que je passe près de chez eux. Je vais finir par leur facturer au prix fort et prendre une commission à chacun de mes passages." L'absinthe de Stanislas n'aurait aucunement à rougir d'être présentée à la table royale, selon Dmitri. Observant un peu mieux l'homme qui lui fait face, le Fjerdan demanda à son tour. "Et toi, comment vas-tu ?"

Il le savait, son hôte de la soirée menait une vie solitaire et recluse ici, et il ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter pour lui. Quoi qu'on puisse en dire, malgré ses origines ancrées dans les anciennes noblesses de Fjerda, Dmitri s'inquiétait réellement pour les autres. Pour lui-même, aussi, ces derniers temps. "Tu te doutais que j'allais arriver, n'est-ce pas ?" Le questionna le jeune homme, l'air décontracté, mais un peu anxieux pourtant. L'idée que quiconque puisse calculer ses déplacements le mettaient plutôt mal à l'aise, compte tenu de ses activités. Il faisait confiance à Stanislas, bien assez pour se sentir relaxé ici et pour l'instant, à ce qu'il en savait, Dmitri n'avait rien à craindre de personne. Mais le chemin de Fjerda en Ravka n'était pas spécialement secret si l'on voulait une route praticable, et il était sans doute facile de connaître les déplacements de quiconque. Peut-être, en vérité, Dmitri gagnerait à se montrer plus suspicieux encore. C'est bien pour cela qu'il en profitait toujours pour apprendre les rumeurs du coin : on n'est jamais trop prudent, et Stanislas était bien assez connu dans le paysage pour connaître des ragots qui n'effleureraient les oreilles de Dmitri que bien longtemps après.

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Stanislas Volkov
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Message(#) Sujet: Re: Refuge et confidences [Dmitri] Refuge et confidences [Dmitri] EmptyMar 29 Aoû - 21:59



Refuge et confidences



Accueillir Dmitri était pour moi une source de joie. Il était comme une douce brise dans ce froid glacial auquel je m’étais habitué à la force des années. Il apportait une chaleur lumineuse dans ma maisonnée. Au fil du temps nous avions pris nos habitudes et j’aimais qu’il m’apporte des nouvelles du monde, tandis que je lui transmettais les derniers commérages de la région. J’avais peu de clients ailleurs qu’en Fjerda, la plupart n’étaient que des intermédiaires qui revendaient probablement mon absinthe beaucoup plus cher. J’étais satisfait de savoir que les bouteilles étaient moulées avec le sceaux familial sur l’épaule, et puis de toute façon, la recette et la fabrication restait un secret bien gardé. Ma remarque trouva son chemin chez mon jeune ami qui répliqua aussitôt, rieur.

« Ah je me disais bien ! C’est du gibier de la dernière chasse des mes beaux-parents. Ils me déposent quelques prises parfois. De l’élan si je ne m’abuse. »

Il leur arrivait de me rapporter de l’ours ou de la bécasse, rarement autre chose. Je mangeais la viande qu’on me donnait pour ne rien perdre, mais je privilégiais les légumes et les céréales. Dmitri accepta l’invitation à rester et je me sentis retrouver une énergie que je n’avais pas eue depuis longtemps.

« Évidemment que ça ne pose aucun problème ! J’ai toujours une chambre prête pour toi, tu peux rester autant de temps que tu as envie, je t’accompagnerais peut-être même à la prochaine ville. »

Je l’invitais à s’installer à table plutôt que dans le fauteuil, lui indiquant une bassine et du savon s’il souhaitait se débarbouiller quelques peu. Il commença à évoquer la situation politique et le climat dont j’avais oublié les sensations à force de vivre à Fjerda. Et pourtant, j’ai parcouru le monde avant de me retrouver coincé ici.

« J’ai vraiment l’impression d’être dans une bulle ici, à t’entendre. Les affaires ne se sont jamais aussi bien portées de mon côté. A croire que les garnisons militaires aiment l’absinthe. J’espère que ce n’est pas réellement la guerre qui nous attends. Je risque d’avoir à m’inquiéter pour les gens que j’aime. »

Je songeais à Svetlana dont je recevais de temps à autre un courrier où elle m’assurait se tenir loin des zones de conflit avec la troupe. Mais aussi à cet étrange visiteur et son alpaga. Il avait laissé son empreinte sur moi, d’une certaine manière et il envahissait beaucoup mes pensées. La voix de Dmitri me sorti de mes pensées lorsqu’il évoqua le succès de l’absinthe Volkov autour de lui. J’affiche un sourire fier.

« Je suis content de l’entendre. Les années passées à maîtriser la recette ont servis à quelque chose ! N’hésite pas à te faire de la marge dessus. Y’en a qui revendent très cher, j’ai eu des échos de revendeurs jaloux les uns des autres. Une véritable armée de gamins. »

Je laissais échapper un petit rire et servis une belle assiette à mon invité. J’attendis qu’il commence à manger avant de parler un peu de moi.

« Toujours aussi seul, je vois si rarement ma femme que je me sens vieux célibataire ! » Un nouveau rire me secoue, moins enjoué, puis je reprends. « Heureusement que j’ai les visites ! Toi, les clients et mes ventes en ville. Ça me permet de croiser quelques touristes et de tendre l’oreille au on-dit. Effectivement, j’ai eu vent des conflits. J’ai aussi entendu qu’ils cherchaient des volontaires pour s’enrôler dans l’armée, plus qu’à l’accoutumée. On me prend pour un bêta qui ne parle que de la pluie et du beau temps, mais en attendant, on ne se méfie pas de moi et ça me va très bien. Il se pourrait que j’arrive à obtenir les futurs mouvements des soldats. »

Mon ton était celui de la confidence, même si mon regard pétillait malicieusement. J’étais celui qui écoutait, celui qui ne contrariait personne, et bien souvent, les gens livraient des informations sans même y faire attention, juste devant moi. Je rajoutais.

« Je vais aussi devoir bientôt chercher un repreneur pour la production d’absinthe. Quelqu’un que je pourrais former pour travailler avec moi et à qui je pourrais laisser l’exploitation une fois que je serais trop vieux pour m’en occuper. Les parents de Svetlana suggèrent d’aller chercher parmi les cousins ravkans, ils ont une branche de la famille là-bas, mais je pense qu’il faudrait surtout trouver quelqu’un de passionné. »

Ma voix s’éteignit. Je songeais à ce pauvre malheureux, à ma place et souhaitait qu’il s’agisse réellement de quelqu’un qui en ait envie. Je ne survivais que grâce au commerce, mais, je mourrais à petit feu de la solitude. La remarque de Dmitri provoqua un nouveau sourire sur mon visage un peu fatigué par la journée et la douleur de ma hanche contre laquelle je luttais quotidiennement. Mon regard se perdit sur les traits soucieux de mon ami et je finis par demander d’une voix douce.

« Quelque chose te tracasse ? Tu as les sourcils froncés, bien plus que d’habitude. »

Je lui servis du kvas, qui allait bien mieux avec le ragoût que l’absinthe qui servait de simple digestif, et attendit qu’il me réponde. Je mettais un peu les pieds dans le plat, mais je ne l’obligeais à rien pour autant.

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Dmitri Moskovine
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Message(#) Sujet: Re: Refuge et confidences [Dmitri] Refuge et confidences [Dmitri] EmptySam 9 Sep - 15:33

Refuge et confidences
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Avec la promesse d'un bon repas, et la certitude d'une discussion passionnante, Dmitri n'aurait jamais pu refuser de rester. Stanislas était un homme profondément généreux et intéressant, mais Dmitri craignait parfois de lui apporter plus d'ennuis que de réconfort. L'homme ne lui devait rien, après tout, si on oubliait que sa présence était surement un heureux changement dans les habitudes de l'homme plutôt solitaire, par la force des choses. Stanislas lui avait dressé le portrait de sa femme, tout auréolé de la gloire de son mari – du point de vue de Dmitri, en tout cas- et le fait est qu'il ne l'avait jamais croisé. "C'est très généreux de leur part." Approuva le Grisha, impatient de manger de cette viande qui semblait prometteuse. "Et de la tienne aussi. Merci." Répondit sincèrement le jeune homme.

Dmitri suivit l'homme qui l'invita à se débarrasser de la poussière de la route, avant qu'ils ne puissent s'installer à table, à tester ce ragoût qui diffusait une odeur particulièrement alléchante. La conversation se déroulait sans accroc, avec la fluidité qui existe entre deux interlocuteurs à l'aise l'un envers l'autre. Dmitri lui racontait souvent des anecdotes de la cour, que ce soit celle de Fjerda ou celle de Ravka, lorsqu'il avait l'occasion d'y passer un moment. Des occasions qui se faisaient plus rares, ces derniers temps, tensions oblige. Il espérait aussi, le jeune homme, que la guerre ne viendrait pas frapper à leurs portes. Les escarmouches étaient monnaie courante sur les frontières, mais les rumeurs insinuaient qu'il s'agissait de plus, cette fois. Espérons qu'elles restent fausses, songea Dmitri, avant d'enchaîner sur l'absinthe produite par Stanislas. "Et m'enrichir sur ton dos ? Je ne suis pas un charognard… et puis, j'aurais mauvaise conscience de venir abuser de ton hospitalité en plus." Plaisanta le Fjerdan, avant d'attaquer de bon cœur l'assiette qui venait de lui être servie.

"Si c'est le cas…" Lança Dmitri, songeur, "tu seras plus informé que moi. Si le conseil du roi parle encore de l'importation de grain plutôt que de mouvements de troupe, je vais finir par m'endormir. Je suis sûr que mon père connaît l'ordre du jour avant de me demander de le remplacer." Il en plaisante Dmitri, mais son père se fait vieux, et il sait que l'amitié que lui porte le roi Björn fait de lui un futur conseiller tout désigné. Il est plutôt circonspect sur cet état de fait le jeune homme, ne sachant pas trop s'il s'agit d'une bonne chose ou non. Et clairement, il n'est pas pressé de devoir choisir. Il n'est pas le seul, d'ailleurs, à penser au futur : Stanislas, visiblement, se penche aussi sur son avenir. "J'imagine qu'il y a pire sort que de reprendre un commerce florissant." Le rassura Dmitri, sans savoir pourtant réellement quoi dire. "Et qui sait, peut-être qu'un gamin plein de vie mettrait un peu de vitalité ici." Plaisanta le Fjerdan, sachant bien la solitude de l'homme. Réellement, peut-être que cela ne serait pas si mal. "J'aurais bien postulé, mais je crains que mon avenir ne soit pas entièrement libre de choix." Fit mine de soupirer le jeune homme, avant de se servir un verre d'alcool et d'ajouter, en soupirant encore plus. "Et puis bon, boire la production ne doit pas aider à la rentabilité." Il en rit Dmitri, sachant que Stanislas ne sera pas forcément dupe de son apparente bonne humeur.

Car l'homme était perspicace, nul ne pouvait le nier et encore une fois, il démontra bien l'étendu de ses talents. Le jeune homme resta silencieux, observant le kvas tourner dans son verre, avant de relever ses yeux bleus pour observer Stanislas. "J'ai… beaucoup de choses en tête en ce moment." Trop de secrets, parfois, pour qu'il réussisse tout à fait à un tenir le compte exact. Trop d'inquiétudes, aussi. Le sort des Grishas du Petit Palais - ancien petit palais, plutôt – l'inquiétait plus qu'il ne saurait le dire et égoïstement, son avenir l'inquiétait également. Si réellement la guerre se déclenchait entre Ravka et Fjerda… il tremblait, Dmitri, de devoir réellement choisir un camp, un jour. Eux ou nous. Mais qui étaient eux, et qui étaient nous ? Fjerda ? Les autres Grishas ?

"Si la guerre se déclenche, Halmhend est bien peu sûr. Tu as un autre endroit où te réfugier ?" Il s'agissait d'un changement de sujet, Dmitri le savait pertinemment, et Stanislas n'en serait pas dupe. L'homme le connaissait assez, toutefois, pour le laisser prendre les détours qu'il fallait avant de lui dire ce qu'il avait sur le cœur.

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Stanislas Volkov
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Message(#) Sujet: Re: Refuge et confidences [Dmitri] Refuge et confidences [Dmitri] EmptyMar 19 Sep - 16:53



Refuge et confidences


« Avec plaisir ! J’en ai fait sécher une partie si ça t’intéresse pour la route ! J’en ai beaucoup trop pour moi seul tu sais. »

C’était ainsi que je m’occupais. Je m’étais découvert des talents manuels. La cuisine, le bricolage, parfois de la couture même si mes lignes restaient grossières. Mais j’adorais lire pour tuer le temps lorsqu’il faisait trop froid ou trop sombre pour rester dehors. Je me promis d’ailleurs de lui demander quelques ouvrages ravkans la prochaine fois. J’avais besoin de renouveler ma bibliothèque et les romans fjerdans finissaient par tous se ressembler. Je pouffais lorsque Dmitri s’indigna à l’idée de s’enrichir sur mon dos.

« Un charognard toi ? Bien sûr que non ! Là, tu le ferais avec mon accord, n’est-ce pas mieux ?  Tu n’abuses de rien, je te rassure, je t’offre le gîte parce que ça me fait plaisir. »

Mon sourire était chaleureux. Je ne voulais pas lui faire peur en lui disant que je le considérais comme un fils. Je m’attachais peut-être un peu trop rapidement aux rares personnes qui prenaient la peine de venir me voir pour s’assurer que j’allais bien et pas seulement m’utiliser pour un quelconque service. Je l’observais entamer son assiette avec appétit et rien que cette image me rendait heureux. Nous évoquâmes un peu de politique et je me mis à rire un peu lorsque Dmitri mentionna l’ennui dont il était victime lors des réunions d’influence.

« Il a trouvé la bonne tactique pour échapper aux discussions barbantes on dirait. »

J’évoquais mes futurs projets de relève. La remarque de Dmitri me fit sourire. J’aimerais avoir la même vision que lui. Je complétais.

« Oui de la vitalité enfantine serait parfaite, justement, il faudrait un homme marié avec des enfants ici. Il s’y sentirait pour sûr moins seul. Et puis il a de très bonnes écoles à Halmhend Je refuserais dans tous les cas que ça soit un pauvre gars solitaire comme moi. »

Dmitri plaisanta sur une potentielle candidature, et malgré mon sourire amusé, je fis non de la tête. Sa remarque sur la boisson me fit prendre un air faussement réprobateur, mais je pouffais par le nez en répondant.

« Non pour sûr, il faut rester capable de compter ! Même si tu le pouvais, je ne te le souhaiterais pas, par tous les Sankts, que tu puisses voyager et profiter de la vie ! D’ailleurs, en parlant de tes obligations, as-tu fini par rencontrer ta fiancée ? »

Il m’avait raconté une fois, que ses parents avaient prévu de le fiancer à une fille de bonne famille et j’étais fortement curieux à son sujet. Peut-être aurait-il la chance de tomber sur une jeune femme intéressante. Je le laissais me répondre avant de poser la question qui me taraudait le plus. Il éluda les détails, comme souvent, mais je n’en pris pas ombrage et je me contentais de lui tapoter l’avant-bras par-dessus la table.

« S’il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour t’aider, n’hésite pas, même si je suis certain que tu seras capable de gérer comme il se doit. »

Sa question m’arrondit les yeux de surprise. Je me grattais la barbe, pensif. Puis je fis non de la tête. J'avais du mal à me sentir en danger, j'étais connu dans le coin, pour être celui qui ne faisait pas de vagues, on ne m'embêtait jamais. Même pas des brigands, c'était dire l'ennui. Je devais être d'un ennui palpable, même à distance. Finalement je lançais.

« Je ne m’en fais guère pour moi. Les soldats s’amadouent rapidement si on leur offre de l’alcool. Ça ne serait pas très rentable pour moi, mais si en contrepartie, ils peuvent ne pas tout saccager, ça m’arrangerait. »

Et comme visiblement cela faisait partie des choses qui le tracassaient le plus, je suggérais.

« En cas d’extrême nécessité, j’ai peut-être où aller. En Ravka. Mais si tu as des idées à suggérer, je suis preneur également. »

Bien plus sérieusement, parce que je me doutais que ses tracas n’étaient pas liés seulement à sa position de noble, je demandais.

« Sais-tu où tu risques d’être affecté en cas de guerre ? »

J’étais prêt à le cacher s’il évoquait l’envie de déserter ses obligations. Mais l’aider n’était pas simple lorsqu’on ne savait rien. Je me sentais quelque peu démuni, bien que toujours prêt à me montrer présent et solidaire pour lui.

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Message(#) Sujet: Re: Refuge et confidences [Dmitri] Refuge et confidences [Dmitri] EmptySam 7 Oct - 22:57

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Stanislas lui proposa de prendre une partie de la viande séchée pour le voyage, et Dmitri secoua la tête en riant. « Tu me gâtes beaucoup trop, j’espère que tu en es conscient. » Chez d’autres, il se méfierai, mais pour côtoyer fréquemment l’homme, Dmitri sait qu’il est dans sa nature d’être généreux. Trop, peut-être, mais il apprécie ses attentions le jeune Fjerdan, surtout qu’il sait qu’elles ne sont pas assorties d’obligations. Il n’est pas obligé de passer par ici, après tout, même si cela lui fait plaisir à chaque fois qu’il vient. Stanislas le rassura d’ailleurs sur le fait qu’il pouvait se servir de son alcool comme moyen de se faire un peu d’argent, et Dmitri considéra un moment l’idée. L’absinthe de son ami était un cadeau de choix, et peut-être vaut-il mieux que cela le reste : un cadeau rare et d’autant plus précieux, une monnaie d’échange plutôt pratique en vérité.

Stanislas, malgré son isolement, restait un homme ouvert sur le monde, et leurs discussions politiques ne se s’étaient jamais avérées barbantes jusque là. Il appréciait Dmitri, ce trait chez son hôte. Ils évoquèrent l’avenir, un peu, et la future, éventuelle, reprise de l’activité de Stanislas par quelqu’un d’autre. « Je n’imagine pas que tu puisses ne trouver personne. » Cela ressemblait à un job de rêve, après tout, et Dmitri doutait que Stanislas cherche très longtemps. Cela ne pourrait que lui être bénéfique, d’accueillir un peu de vie en ces murs. Des enfants. Et en parlant d’enfants… la question de l’homme le fit grimacer, et Dmitri se passa la main devant les yeux. « Ma fiancée qui préfère fuir et se cacher plutôt que de me voir ? Non, toujours inconnue, et je dois dire que je ne m’en porte pas plus mal. » Il soupira, avant d’expliciter. « J’ai du mal à m’imaginer avoir une vie de famille, des enfants, sûrement, plus tard. Une épouse qui m’attend à la maison. Expliquer mes voyages, mes déplacements, prendre soin de quelqu’un d’autre. » Il a déjà bien du mal à prendre soin de sa monture, alors d’un autre humain ! « Nous n’avons pas le choix, ni elle ni moi, mais… c’est plus facile comme ça, pour le moment. » Il secoua la main, ennuyé. « Et puis de ce que je me rappelle d’elle, c’était une gamine timide qui parlait beaucoup trop. Les gens changent avec les années, j’espère que ce sera le cas. » Il se garde bien de préciser, Dmitri, qu’il ne s’était pas montré l’adolescent le plus adorable du monde, ni le plus humble. Détails, détails.

Puis vint la question sur son état de santé, que Dmitri éluda en essayant de ne pas vexer son hôte. C’était une question bien compliquée, en vérité. Extrêmement compliquée, même, avec les rumeurs de troubles de plus en plus précises. « Garde cet atout dans la manche, on ne sait jamais. » Certes, Stanislas avait des arguments, mais il ne fait jamais bon vivre sur les frontières d’un pays en guerre, Dmitri en savait quelque chose. Le domaine de ses parents était frontalier, et les soldats avaient parfois une opinion toute personnelle sur la définition des frontières. Alors oui, que Stanislas ait une solution de repli au cas où était rassurant. « Si l’envie te prends de visiter la capitale, je suis sûr que je trouverai de quoi te loger. » Lui assure Dmitri, bien peu persuadé que l’homme le prendra au mot. Passer d’une vie solitaire et presque recluse à l’effervescence de Djerholm avait de quoi en rebuter plus d’un.

Mais Dmitri n’était pas le seul à s’inquiéter visiblement. Devant la question de Stanislas, le jeune homme but une nouvelle gorgée, avant de secouer la tête en signe de dénégation. « Là où je serai le plus utile, certainement. Auprès du roi, je suppose, mais notre souverain a des conseillers militaires bien plus compétents que moi, alors je ne suis sûr de rien. » Björn et lui sont… amis, peut-être pas, mais proches, à tout le moins. Ce qui est particulièrement pratique lorsqu’on est un espion, après tout. « Qui sait, si je suis dans le coin, j’en profiterai peut-être pour te trouver de prestigieux clients. » Plaisante le jeune homme, avant de repousser son assiette désormais vide. Un regard autour d’eux, où Dmitri en profita pour vérifier qu’autant serviteur n’est à portée d’oreille, avant que le jeune homme ne prenne une voix plus sérieuse. « J’aimerai te dire qu’ici, personne ne craint rien, que notre armée est supérieure, que la protection que Djel nous offre nous accordera la victoire, mais… même moi, je ne suis pas un assez bon menteur pour pouvoir affirmer cela. » Il sait que le jour arrivera où il devra faire un choix, Dmitri. Mais comment choisir sa patrie sans défier sa nature de Grisha, comment promettre fidélité au général Kirigan sans entacher celle dûe à Fjerda ? « Leurs drüsje sont une force dont nous ignorons tellement la puissance. » Le mot est amer dans sa bouche, mais Dmitri a appris à l’ignorer. « Sans eux, Ravka ne fait pas le poids. » Mais malheureusement, Ravka n’est pas totalement dépourvu de Grishas, même après la défection du général. « Ma mère a coutume de dire que Djel a des plans pour chacun. Ce serait appréciable qu’Il nous mette dans la confidence. » Soupira Dmitri, avalant la dernière goutte de son verre.

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Message(#) Sujet: Re: Refuge et confidences [Dmitri] Refuge et confidences [Dmitri] EmptyLun 16 Oct - 11:55



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Un rire m’anima à sa remarque. J’avais effectivement un faible pour lui, peut-être parce qu’il ne me regardait pas comme un infirme, je pouvais être naturel avec lui, et mes présents étaient totalement désintéressés, j’appréciais lui donner des petits coups de pouce quand l’occasion se présentait.

« Peut-être bien ! Songe à tout ce gâchis que tu m’évites en acceptant. »

Lui adressant un regard complice, je laissais mon rire se calmer tranquillement dans ma cage thoracique. La discussion dévia sur la reprise de mon exploitation, ou plutôt, celle de la famille Volkov. Nous n’avions pas eu d’enfants Svet et moi, et maintenant que nous nous voyons moins, que nos âges augmentent, je doute que nous parvenions à avoir un héritier. Ses parents m’en ont beaucoup voulu, mais ils en voulaient davantage à leur fille qui n’en faisait qu’à sa tête. Elle était partie vivre sa vie d’artiste autour du monde, il n’y avait plus que moi, il fallait s’en contenter. Je devais reconnaître que j’étais surpris que Dmitri semble considérer la reprise de l’exploitation comme quelque chose qui tombait sous le sens. Comme si n’importe quel badaud serait ravi de s’enfermer ici. A quel moment étais-je devenu à ce point aigri par la vie ? Je me retins de pousser un soupir résigné. Je préférais m’intéresser à la vie de mon invité.

Son expression et sa gestuelle en disaient long avant même qu’il ne commence à parler. J’eus un petit sourire. Il semblait que la demoiselle avait du caractère.

« On lui aurait dit du mal de toi pour qu’elle préfère fuir ? »

Je le taquinais bien sûr. Je suppose qu’elle avait d’autres raisons. Je ne voyais aucune jeune femme fuir quelqu’un comme lui en le connaissant. Il était charmant en tout point. Mais peut-être que je ne savais pas tout. En tout cas, le fils Moskovine n’avait pas de mauvaise réputation en Fjerda, rien que ne soit parvenu à mes oreilles. Il poursuivit, expliquant la situation et le fond de sa pensée. Je souris avec tendresse. Il était jeune, il ne souhaitait pas d’attaches et je comprenais. Une fois que c’était le cas, on était enfermé pour de bon. Il y en avait pour qui les choses tournaient parfaitement, mais les mariages arrangés étaient rarement les plus heureux. Je laissais échapper.

« Je ne me permettrais pas de faire la leçon, regarde-moi, marié, sans enfants, avec une femme jamais présente. »

Nous cassions les codes, d’une certaine manière, mais nous étions l’exemple parfait d’un mariage raté. J’ajoutais.

« Je te souhaite de la revoir. Comme tu dis, les années changent les gens, peut-être que cette fois, vous allez vous entendre à merveille ! »

Les assiettes se vidaient tranquillement au fil de la discussion et je voyais avec ravissement les joues de Dmitri reprendre des couleurs. Mais son expression restait soucieuse malgré tout. L’ombre planante de la guerre était ce qu’elle était et nous n’avions d’autres choix que de vivre avec, nous préparant au mieux avec nos moyens du bord.

« La capitale est trop loin hélas. Lorsque j’aurais trouvé repreneur, je m’autoriserais des voyages plus longs qu’une journée. »

Je m’enquis de l’endroit où il risquait d’être affecté en cas de guerre et évidemment il évoqua le roi, de même qu’il avouait ne pas savoir du tout. Il n’était malheureusement qu’un pion comme beaucoup, lorsqu’il s’agissait de politique. Je me remis à sourire lorsqu’il évoqua les potentiels clients en plus qu’il pourrait me ramener.

« Je ne vais pas dire à non à une affaire encore plus prospère. Tu es certain de ne pas vouloir négocier des intérêts ? »

Je plaisantais, à moitié. C’était ma manière de le remercier pour ses petites attentions à mon égard. L’atmosphère s’alourdit quelques peu lorsque Dmitri retrouva son sérieux, visiblement sur le point de se confier. Ses mots m’allèrent droit au cœur.

« Chacun fera ce qu’il peut dans la mesure de ses moyens. Et nous autres, nous ferons de notre mieux pour être préparés. »

Il évoqua les grishas par le nom insultant que leurs donnent les fjerdans. Je poussais un petit soupir triste. Je savais que c’était dans notre culture profonde de fjerdan, mais j’avais vécu à Ravka tant d’années.. Dmitri semblait partager mon point de vu. Hochant la tête affirmativement à sa remarque sur Djel, je  ne saurais dire pourquoi, je me risquais à prononcer ces paroles.

« Les grishas sont-ils si mauvais ? La nature ne crée rien au hasard, s’il existent, il doit bien y avoir une raison. »

Je me sentais intimement lié aux grishas, sans savoir pourquoi. Je finis par glisser doucement.

« Je déplore les tensions et les guerres entre les nôtres et les ravkans. J’ai vécu si longtemps à Ravka que je n’arrive pas à les voir comme des ennemis. Pas même les porteurs de petite science. Il ne m’ont jamais fait de mal. »

Mes yeux cherchaient dans ceux de Dmitri une réaction. J’espérais qu’il me dise que lui aussi. Je ne le voyais pas comme quelqu’un capable de détester des personnes uniquement parce qu’on le lui a appris depuis l ‘enfance.

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Message(#) Sujet: Re: Refuge et confidences [Dmitri] Refuge et confidences [Dmitri] EmptyDim 29 Oct - 15:15

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Il a toujours eu l’habitude d’être trop gâté Dmitri, depuis qu’il est assez grand pour comprendre le sens du mot. Le fils prodigue de ses parents, trop turbulant mais à l’air tellement innocent. Le petit plaisantin de ses années de soldat, celui qui améliore l’ordinaire à l’aide de ses charmes et de ses sourires. Le bon conseiller, à la vision pertinente et à l’attitude bien trop résolue pour qu’on l’affronte très longtemps. Non, il n’a pas l’habitude de se voir refuser grand-chose Dmitri. Il a appris, évidemment, en grandissant, que les choses ne se passaient pas toujours comme lui le voulait, mais il a eu bien du mal à ne pas considérer tout comme acquis. Même parfois, il a encore du mal, et doit se souvenir que non, tout le monde n’est pas décidé à accéder à ses moindres désirs.

Mais c’est encore différent, n’est-ce pas, lorsqu’il n’a rien demandé ? Lorsque c’est offert. « J’accepte uniquement pour ne pas gâcher, dans ce cas. » Prévient Dmitri en riant, sachant bien que personne n’est dupe. Mais comment refuser quoi que ce soit à Stanislas, qui lui offre de si bon cœur le peu qu’il a ? Dmitri ne parvient même pas à lui en vouloir quand la conversation dérive sur sa fiancée, aux abonnés absents. Il est vrai que sur le plan-là, l’homme n’a pas forcément de conseils à lui donner : sa situation, maritalement parlant, n’est pas des plus enviables. La question de l’homme éveille un franc sourire pourtant sur les lèvres du plus jeune. « Qui peut dire du mal de moi, voyons ? » Plaisante-t-il, avant de secouer la tête. « J’aimerai te dire que oui, nous avons muri, tout ça, mais… une bonne épouse ne s’enfuit pas avant le mariage. » Car c’est bien le problème, après tout. Une bonne épouse fjerdanne est polie, timide, dévouée à son mari. Tout ce que sa future femme n’est certainement pas, et Dmitri n’a pas réellement envie qu’elle lui attire des ennuis. Il se débrouille très bien tout seul, merci. Alors non, il ne croit pas en un meilleur avenir avec la jeune femme, même s’il peut se tromper. Rarement. Et probablement pas dans ce cas précis.

Les assiettes se vident, et comme Dmitri le pensait, Stan n’est pas prêt à aller se cacher à Djerholm. La guerre occupe une majorité des discussions ces derniers temps, que ce soit les possibilités de retraite ou de victoire. Et l’argent à y gagner, également. La discussion est paisible, jusqu’à ce que l’homme finisse par évoquer les grishas, en des termes qui laissent Dmitri songeur. Il sent les yeux de Stanislas se poser sur les siens, il sait que l’homme attend une réponse, quelques mots… mais lesquels ? il s’adapte, Dmitri. Toujours. C’est sûrement une des raisons pour lesquelles il est encore en vie d’ailleurs. Qu’attends l’homme de lui ? Quelle réponse ? La vérité, ou ce discours si bien appris et intégré qu’il est si facile de le réciter, comme une poésie connue par cœur ?

« C’est un blasphème, Stanislas. » Il le sait, l’homme en face de lui le sait aussi, sans aucun doute possible. Il s’est tendu sur sa chaise Dmitri, sans pour autant se montrer particulièrement menaçant. Inquiet, sans doute davantage. « Le genre de blasphème qui peut amener n’importe qui visiter les geôles les plus froides du coin, sans même un procès. » Il l’a vu faire, Dmitri. Il a encore dans les oreilles l’écho des pleurs et des plaintes de ceux qui ont osé prendre fait et cause pour les drüsje. Le silence semble s’étirer, plus lourd que d’habitude, jusqu’à ce que le plus jeune reprenne la parole. « Mais entre nous, je suis d’accord. La petite science n’existe pas pour rien. »  Et comme il lui en coûte, à Dmitri, de dire ces mots ! Il ignore sans doute, Stanislas, à quel point c’est une confiance énorme que le jeune homme lui accorde. Ces mots, ces quelques mots, seraient suffisant pour détruire tout ce qu’il a construit ces dernières années, pour ruiner sa carrière, sa réputation. Et Si Stan était un espion ? Et si un drüskelle allait surgir, là ? Et si ?

Raisonnablement, c’est stupide, Dmitri le sait. Mais parfois, la raison n’est pas la plus forte. Et comme souvent, lorsqu’il angoisse, sa propre petite science s’éveille, comme un loup trop longtemps endormi. Il lui faut toute sa maîtrise de soi pour ne rien montrer, pour ignorer les fourmillements dans ses doigts, l’éveil de cette petite science qui clame son droit d’exister et de se montrer mais à laquelle il ne peut pas céder. Pas ici. Pas devant quiconque.

C’est un véritable effort de volonté que fait Dmitri pour reprendre le fil de la conversation. « Peut-être est-ce comme nos loups, nos Isenulf. Elle obéit à qui la porte, à qui la dompte. Tous les Ravkans ne sont pas assoiffés du sang Fjerdan, après tout. » Des paroles de traître, aux yeux de n’importe lequel de ses amis. Il pousse un long soupir Dmitri, reprenant le contrôle de lui-même, espérant que Stanislas mettra sa tension sur le compte de la conversation et de rien d’autre. « Ravka, j’y suis souvent, mais je n’y suis pas autant attaché que tu sembles l’être. Ils sont l’ennemi, c’est ce qu’on m’a dit depuis que je suis tout petit. » C’est plus simple, cette conversation. « Je connais ses paysages, sa capitale, son port, un peu. Ses habitants, je les croise. » Résume Dmitri, avant de poser ses yeux clairs sur Stanislas. « C’est comment, de vivre là-bas ? »

Ne pas se battre contre une nature hostile. Ne pas être enrôlé à dix ans, ne pas vivre sous la houlette d’un dieu demandant et impitoyable. Il aime férocement son pays Dmitri, malgré ses failles, mais cela ne l’empêche pas de se demander, parfois, comment tout cela aurait évolué s’il avait été Ravkan. Utiliser sa petite science au vu de tous, encouragé, même. Lui aurait-on appris à haïr Fjerda ?

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Message(#) Sujet: Re: Refuge et confidences [Dmitri] Refuge et confidences [Dmitri] EmptyJeu 9 Nov - 17:48



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Voir Dmitri rechigner à accepter mes présents par politesse, puis finalement se laisser convaincre m’amusais beaucoup. C’était un sourire tendre qui étira mes lèvres alors que je le remerciais du regard. Il m’avait paru porter une carapace infranchissable au départ, laissant simplement ses habitudes d’enfant gâté paraître, lui qui provenait d’un lignage noble, mais rapidement, j’avais pu voir qu’il était bien plus que ça. Il répondit de bonne grâce à mes questions sur sa fiancée et j’étais curieux de voir si à son âge et avec ses activités, il souhaitait se ranger. Visiblement, il n’était pas pressé. Mes yeux pétillaient d’amusement à l’entendre parler d’elle et je ne pus m’empêcher de glisser quelques boutades ça et là. Il m’arrachait un nouveau rire.

« Si ce n’est pas une future bonne épouse, la gardera-tu ? Ou apprendra-tu à aimer son côté imprévisible ? L’ennui n’est-il pas le pire ennemi du mariage ? »

De là où il venait, il devait sûrement s’attendre à épouser une femme obéissante, calme et irréprochable que ça soit sur sa tenue ou sa parole. Mais j’étais persuadé que ce n’était pas le genre de femme qu’il lui fallait. Ne fallait-il pas qu’elle soit au moins aussi aventureuse ? Un couple heureux n’était-il pas celui qui partageait des passions communes et voyageait ensemble ? Je doutais qu’une femme qui restait sagement à la maison avec les enfants à attendre le retour de son mari soit l’idéal, mais après tout, je me trompais peut-être sur Dmitri. Je glissais tout de même, dans un désir d’apaisement.

« Laisse-lui l’occasion de te surprendre, tu jugera de votre relation lorsque tu la reverras. »

Les conflits militaires reprirent place dans la conversation et je m’employais à rassurer Dmitri sur mon cas autant que je le pouvais. Puis, les quelques mots glissés par mon jeune ami provoquèrent une sorte de confession de ma part. Je vis dans le regard de Dmitri que c’était un terrain dangereux. Les premières paroles résonnent dans les airs comme un glas. Pourtant je ne me sentais pas menacé. Je détectais sans mal l’inquiétude dans les prunelles de mon ami et il semblait songer à des moments difficiles soudain.

« Je le sais, mais je te fais confiance, assez pour savoir que tu n’interpréteras pas mes paroles de la mauvaise façon. »

Mon ton était doux. Je ne voulais en aucun cas le mettre mal à l’aise. Je me surpris à m’en vouloir d’avoir abordé le sujet. D’avoir crû voir une ouverture de la part du jeune homme. Mais finalement, les paroles qui suivirent me rassurèrent sur ce point. J’ajoutais un semblant d’explication à mon ressenti quand aux grishas. Je sentais au fond de moi que je n’avais pas le droit de leur cracher dessus. Dmitri compara la petite science aux loups de glace qui accompagnaient les druskelles. Je hochais la tête en assentiment. Je le voyais s’être tendu et je m’en voulais. Je savais qu’il risquait gros à parler de ça.

« Je suis désolé de t’avoir poussé à parler de ça, je t’avoue ne jamais avoir l’occasion d’aborder le sujet, et pourtant, j’aimerais sans avoir peur de me faire trancher la tête à tout moment. Il n’y a aucune oreille indiscrète ici, simplement toi et moi, nous pouvons faire comme si nous en avions jamais parlé si tu le souhaites. »

Mon sourire se fit rassurant et sincère. Il évoqua Ravka comme un pays de passage, là où se trouvait l’ennemi, et puis me demanda comment était la vie là-bas. Des souvenirs affluèrent. Je murmurais presque en répondant.

« Le climat y est beaucoup plus doux qu’ici, je pense que cette vie beaucoup moins rude rend les gens plus partageurs de leurs biens. Plus ouverts aux voyageurs. Bien sûr, ils restent méfiants, on ne peut pas leur en vouloir, mais les artistes sont très bien acceptés et lorsque ma troupe jouait, nous avions toujours des dons très généreux des spectateurs. On nous offrait souvent à boire et à manger. Je ne me suis jamais autant repus de nourriture diverse et variée que là-bas. J’avais l’impression que tout allait beaucoup plus vite. Il y a de nombreuses célébrations, beaucoup de passage et de vie. Peut-être aussi parce qu’ici je suis constamment enfermé au même endroit, je ne parcours que les mêmes routes pour faire les mêmes activités et croiser la plupart du temps les mêmes personnes. »

Un goût d’amertume me gagna la langue, pourtant, je souris affectueusement à Dmitri.

« Il y a des personnes que j’apprécie de recroiser souvent, évidemment. »

Doucement, j’ajoutais, comme j’avais eu le temps de réfléchir, depuis de nombreuses années, au monde en général.

« Tous les peuples ont leurs croyances, leurs peurs, leurs ennemis attitrés, mais au cours des voyages avec l’Aurora Borealis, je suis tombé amoureux de ces gens capables de regarder l’être humain qu’ils ont devant eux avant de le juger sur son origine. Ils ne sont pas le plus grand nombre, c’est vrai, mais ils existent, et ils existent partout. Il suffit simplement de les trouver. »

Je devais sonner comme un utopiste rêveur. Mais si je comprenais parfaitement la méfiance ancrée en nous à cause de notre éducation profonde, j’espérais voir le monde évoluer vers plus de compréhension les uns envers les autres.

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Message(#) Sujet: Re: Refuge et confidences [Dmitri] Refuge et confidences [Dmitri] EmptyVen 10 Nov - 22:51

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C’est facile, de parler à Stanislas. La conversation se déroule, libre, sans arrière-pensée, sans peur aucune. Dans le monde de Dmitri, c’est rafraichissant, une telle liberté. Ils parlent de tout et de rien, et Stanislas est un partenaire de conversation bien plus intelligents que beaucoup de gens qui se prétendent comme tels. Même quand la conversation se dévie sur sa fiancée, le Fjerdan ne bat pas en retraite. Il pourrait, le sujet est délicat après tout, mais il préfère en rire. Ici, dans ce décor devenu familier au fil des mois, il se sent presque en sécurité le jeune grisha. La question, pourtant, le laisse pensif. « Aurais-je vraiment le choix ? » Ce n’est pas comme si c’était à lui de décider après tout. Leurs parents ont choisi le meilleur parti possible. « Et en toute honnêteté, ‘’imprévisible’’ me semble être une façon bien trop polie de décrire ce qu’elle a fait. » Une tempête de neige est imprévisible. Le comportement de sa future fiancée, lui, est tout simplement scandaleux.

L’ennui, pire ennemi du mariage ? Il se demande bien ce que c’est Dmitri, qu’une vie ennuyeuse. Stanislas n’a sans doute pas tort, et à clairement plus d’expérience que lui en ce domaine. « Mais oui, je vais lui accorder une chance de me prouver que je me trompe. Promis. » Assure Dmitri, avant de pointer de façon menaçante l’homme avec son doigt. « Mais tu es condamné à m’entendre me plaindre auprès de toi, si elle ne la mérite pas. » La menace n’est pas bien grande : quoi qu’il en soit, il a à cœur de prendre des nouvelles de Stanislas, et de lui raconter ses aventures.

Nouveau tournant dans la conversation mais cette fois, la douce tranquillité, le côté plaisant et serein de la discussion semble s’être figé dans la glace. Les paroles de Stanislas sont une porte ouverte à la trahison et Dmitri ne peut pas, par loyauté, s’empêcher de le souligner. La réponse de Stanislas le pousse à le fixer du regard, ses yeux clairs ne quittant pas ceux de l’homme. Avouer lui faire confiance, avec des propos tels que ceux-là, est une marque indiscutable de l’amitié que lui porte Stanislas, surtout sachant qui est Dmitri. Il n’est pas sûr de la mériter, cette marque de confiance. Réellement pas. Car s’il fallait sauver sa peau, ou celle de Stanislas, Dmitri n’est absolument pas sûr de savoir qui il choisirait. Parfois, la réponse à cette question est simple, mais dans le cas de l’homme, Dmitri doit bien s’avouer qu’il n’a aucune idée d’un simple début de choix.

Mais il n’a pas à y répondre de suite le Grisha. Son interlocuteur n’a pas eu grand mal à repérer son trouble, et la conversation s’oriente sur un sujet moins clivant. Ravka. Et tandis que Stanislas parle, Dmitri s’efforce de tenir sa nausée sous contrôle. Refuser d’utiliser sa petite science est toujours corollé avec de désagréables effets, que le grisha accepte pourtant en connaissance de cause. Que faire d’autre, de toute façon ? Une démonstration ? Il s’efforce de rendre son sourire à l’homme en face de lui Dmitri, mais il n’est pas sûr de réussir avec brio. « Je… J’ai besoin d’air. Excuse-moi. » Il rends les armes Dmitri et se lève brusquement de table, s’efforçant d’ignorer l’inquiétude que son attitude génerera sans doute.

Il connaît bien la maison et se retrouve bien vite à l’extérieur, frissonnant sans son manteau, mais goûtant avec soulagement l’air frais si familier. Il ne lui arrive pas souvent de laisser ses émotions déborder ainsi, et Dmitri se sent profondément coupable, mais les paroles de Stanislas l’ont pris complètement au dépourvu. Une erreur de sa part. La petite science picote le bout de ses doigts, hurle en lui pour qu’il la libère, et le grisha ferme les yeux. Il ne doit pas. Stanislas l’aura sûrement suivi, mais avec sa jambe, il ne peut pas se déplacer bien vite, non ? Il n’y a personne, dans la semi-obscurité tombée depuis son arrivée.

Il se sent stupide Dmitri. Il le sait, il n’a pas utilisé son pouvoir depuis de longs jours, et c’est bien pour ça qu’il est si prompt à lâcher prise, mais ce n’est pas une excuse. C’est une conversation, une simple conversation avec quelqu’un en qui il a une immense confiance ! Quelques mots n’auraient pas du déclencher cette terreur, ce doute. Il a l’impression de perdre pied parfois Dmitri : d’habitude, il se maîtrise, mais ces derniers temps… la succession d’évènements compliqués à gérer viennent saper sa concentration et sa maîtrise de lui-même. Et c’est dangereux. Juste quelques signes, quelques gestes presque familiers, son cœur qui retrouve un rythme normal… et la porte s’ouvre, déjà. C’est Stanislas, probablement. Ou quelqu’un qui vient l’arrêter, sait-on jamais. « Il est bien difficile, lorsqu’on apprend depuis tout petit que l’origine des gens est ce qui les définit, de passer outre la première impression. » Il aimerait, Dmitri, avoir ce loisir. Avoir cette liberté, encore, que Stanislas possède et dont Dmitri ne pourra jamais faire autre chose que de tester, de loin. « Je suis désolé de me montrer un si mauvais invité. » Soupire le jeune Fjerdan, les yeux encore fermés, et le ton résolument léger. « J’arrive dans quelques secondes, reste au chaud. » Faire semblant, donner le change, il en a la possibilité, au moins.  Faire croire qu’il est malade, que quelque chose n’est pas passé… Stanislas sera-t-il dupe, seulement ?

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Message(#) Sujet: Re: Refuge et confidences [Dmitri] Refuge et confidences [Dmitri] EmptyLun 27 Nov - 21:46



Refuge et confidences


Un petit rire me secoua discrètement. Il se résignait tout en se montrant hostile. Visiblement, les manières de sa future femme ne lui plaisaient pas. Je trouvais ça amusant,au premier abord, mais d’un côté, si j’y réfléchissais un peu plus, je ne lui souhaitais en aucun cas de se retrouver dans un mariage similaire au mien. L’absence de Svetlana avait tué à petit feu l’affection entre nous. Et pourtant, nous n’avions rien d’un mariage arrangé au départ. Je ne laissais pas paraître mes pensées moroses, je ne voulais pas appesantir l’atmosphère et je défendis la prétendante malgré tout. J’avais l’espoir qu’ils pourraient construire ensemble un foyer digne de ce nom malgré les conditions qui les liaient au départ. Un sourire plus franc s’exprima sur mon visage lorsqu’il me promit d’essayer de lui accorder sa chance, mais surtout, de venir se plaindre auprès de moi s’il était avéré qu’elle n’était pas digne de confiance.

« J’en prends bonne note, ma porte te sera ouverte. »

L’éclat de malice disparut de mon regard lorsque la tournure de la conversation changea et que des sujets graves furent abordés. J’étais allé beaucoup trop loin pour reculer, mais si je l’avais fait, c’était parce que Dmitri m’inspirait une confiance franche et sans arrières-pensées. Et je savais que si je n’étais pas déjà en train de lui courir après dans le blizzard parce qu’il comptait me dénoncer pour mes propos un peu trop tendancieux sur les porteurs de petite science, c’était qu’il me faisait confiance aussi. Néanmoins, je n’étais pas insensible au malaise qu’il exprimait, et plus que tout, je voulais éviter qu’il se sente mal à mes côtés. J’appréciais ce jeune homme comme mon propre fils et je voulais qu’il soit chez moi comme chez lui. Je ne saurais pas expliquer pourquoi, peut-être ne le pourrais-je jamais, mais j’avais cette affection pour lui dès lors qu’il me fit ses premières visites.

Pourtant, même si je détournais la discussion, il sembla que le mal être qui envahissait mon jeune ami ne faisait que s’amplifier et j’en vins à me demander si le contenu du ragoût n’y était pas pour quelque chose. Il avait l’air encore plus blême, comme nauséeux. Et ce sourire me paraissait bien faible. Je sursautais presque lorsqu’il se redressa pour quitter la table, prétextant un besoin de prendre l’air. Je hochais la tête, évidemment qu’il le pouvait, et moi j’hésitais. Avais-je le droit de le suivre ? J’attendis un peu avant de le rejoindre, m’emparant de ma canne et d’une petite couverture sous le bras. J’eus presque envie de frapper à ma propre porte, depuis l’intérieur, mais je ne le fis pas, me demandant s’il était vraiment parti, ou s’il serait dressé là, dans l’obscurité glacée, à peine éclairé par les lanternes de chaque côté de l’entrée.

Il ne se retourna pas lorsque j’apparus dans l’encadrement. Sa voix me parvint, chargée de cette souffrance face au dilemme, celui qu’il exprimait, cette lutte intérieure entre son cœur et les principes qu’on lui avait inculqués. Je n’étais pas certain de trouver les bons mots. Je déposais ma canne contre le mur et déployais la couverture pour venir couvrir les épaules de Dmitri.

« Si tu es un mauvais invité, je suis un bien piètre hôte. Je suis désolé de t’avoir mis mal à l’aise Dmitri. Je n’avais pas l’intention de t’obliger à aborder des sujets qui te dérangent. »

Je lui tapotais affectueusement les épaules avant de refaire quelques pas en arrière. Ma voix si fit douce.

« Mais saches que si jamais tu as envie de parler de quoi que ce soit, je ne te jugerais pas, et tu peux compter sur ma discrétion. »

Et non pour la seule raison qu’il savait des choses sur ma personne qui pourraient me porter préjudice. Non, c’était bien parce que je tenais à lui. Il exprima le besoin d'être encore un peu seul, je hochais la tête, même s'il ne pouvait pas me voir.

« Je t’attendrais dans le salon, devant la cheminée. Prends le temps qu’il te faut. »

Je me glissais à nouveau à l’intérieur, récupérant ma canne au passage et soupirais un peu. La lassitude que la situation de ce monde me faisait ressentir me fatiguait grandement. Je ne comprenais pas comment les peuples parvenaient à se trouver tant de conflits. Au point que les cœurs des êtres les plus ouverts aux autres se retrouvaient tiraillés à s’en rendre malade. Je détestais savoir Dmitri dans cet état, même si je ne savais pas tout ce qui le chagrinait, j'en avais quelques indices évidents.

Je revins à la cuisine, pour récupérer de l’eau chaude et préparer une infusion épicée, efficace contre les nausées avec du gingembre que Dmitri m’avait ramené lors d’une de ses précédentes visites. Laissant ma canne pendre sur mon bras, j’amenais les tasses et la théière sur un plateau agrémenté de biscuits secs vers le salon, en boitant un peu plus que de raison, évitant de penser aux remontrances de mon médecin et aux mains guérisseuses d’Henry. Le manque de cet homme se faisait brutalement sentir alors que je m'asseyais dans un des fauteuils près de l'âtre et je me détestais de songer à lui plus qu’à Svetlana, mais je devais me rendre à l’évidence. Il était celui qui m’avait réveillé.

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Message(#) Sujet: Re: Refuge et confidences [Dmitri] Refuge et confidences [Dmitri] EmptyMer 29 Nov - 14:06

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La menace amusée de Dmitri reste sans effet, et Stanislas accepte de le laisser venir s’épancher s’il s’avère qu’il s’est trompé concernant sa fiancée. Parfait. Stanislas sait écouter, et Dmitri est à peu près sûr que l’homme ne lui reprochera pas son attitude comme ses parents peuvent le faire parfois. Mais très vite, le ton léger de la conversation laisse place à de bien plus graves sujets. Et comme à chaque fois que le grisha perd le contrôle de ses émotions, la petite science semble se réveiller en lui, clamer son droit à s’exprimer, laissant le fjerdan patraque et nauséeux.

Sortir prendre l’air lui paraît la chose la plus censée à faire, et tant pis pour la culpabilité qu’il éprouve à planter là Stanislas. Assis dans l’air glacial, le dos contre la maisonnette de son hôte, Dmitri retrouve son calme petit à petit. Se servir de son pouvoir, même pour une petite chose insignifiante, lui fait toujours ressentir un mieux-être presque irrésistible, une récompense. Et comme le loup affamé qui plongerait enfin ses crocs dans une viande récemment chassée, apaisant sa faim, sa petite science semble refluer en lui, enfin rassasiée. Cela l’étonne toujours, le fjerdan, et le panique tout à la fois.

Le bruit de la porte qui s’ouvre le fait frissonner, sans qu’on puisse vraiment savoir si c’est de surprise ou de froid. Une couverture chaude se pose sur ses épaules, et le jeune homme serre les dents pour ne pas laisser ses émotions déborder à nouveau. Un geste si gentil… mais qu’en serait-il, si Stanislas savait la vérité ? Les yeux fermés, comme si ce simple effort permettait d’effacer le monde entier, Dmitri retient un sanglot devant les quelques mots de l’homme. Il n’est plus un bébé, pour pleurer devant quelques marques de sympathie. Quelques mots, soufflés plus que réellement dit, et Stanislas repart l’attendre dans le salon. La gratitude se mêle à la culpabilité, et Dmitri enfouit son visage dans ses mains, fort fort fort, comme lorsqu’il était petit. Mais aujourd’hui tout autant qu’autrefois, cela ne résout rien du tout. On ne disparaît pas à force de volonté, malheureusement.

Il a une décision à prendre le grisha, il le sait. Dire la vérité, ou non. Et cela le terrifie plus qu’il ne veut l’admettre.

La maison de Stanislas est l’un des rares endroits où Dmitri se permet de réellement baisser sa garde. Où il se sent parfaitement en sécurité. Même chez lui, il ne peut pas se le permettre, terrifié à l’idée que l’on découvre son secret et que cela se répercute sur ses proches ou pire, qu’ils réagissent comme on a appris aux fjerdans de réagir. Il ne pourrait pas le supporter, il le sait. A Djerholm, inutile d’en parler. Même au Petit Palais, Dmitri ne peut pas être vraiment lui. Là-bas, il est plus grisha que Dmitri Moskovine. On se méfie de lui, parce qu’il est fjerdan, parce qu’il n’est pas là souvent, parce qu’il ne parle pas beaucoup de lui. De qui il est.

Il a tellement à perdre ! Si peu de gens connaissent la vérité, et peuvent relier Dmitri à sa nature de grisha. Les gens connaissent soit l’un, soit l’autre. Ceux qui connaissent les deux se comptent sur les doigts d’une seule main, et c’est une pensée déprimante. Laisser Stanislas entrer dans ce cercle lui semble attirant, mais peut-il réellement lui accorder cette confiance ? Lui confier le poids, écrasant, de la vérité ? Et s’il réagissait mal ? Stanislas connaît tout de lui, qui il est, ce qu’il fait. S’il menace de le dénoncer… Dmitri se refuse de tout perdre, mais il sait aussi qu’il ne pourrait se résoudre à supprimer la menace. Non.

Il a pris sa décision Dmitri, et se décide à retourner à l’intérieur. Son hôte l’attend comme prévu, installé près de la cheminée, du thé et des biscuits à portée. Une nouvelle bouffée de culpabilité, que Dmitri chasse d’un sourire timide, résolument. Il sait le faire. Il peut le faire. « Je pense que manger un tel délice après trop de journées à cheval et pas assez de repas chauds n’était pas mon idée la plus brillante. » Un mensonge. Encore un. C’est ce qu’est sa vie, après tout. S’asseyant dans le fauteuil, offrant ses mains glacées à la chaleur de l’âtre, le jeune homme lève les yeux vers Stanislas. « Tu n’as jamais pensé à tout vendre et à t’installer côté Ravkan ? » Le ton est résolument léger, mais il n’est pas bien difficile d’y distinguer la curiosité, ainsi qu’un autre sentiment. Une pointe de désespoir, peut-être. « Changer de vie ? Oublier ta femme, tes affaires, et juste tout recommencer ? » L’odeur du thé chaud plane dans la pièce, et Dmitri se penche pour s’en servir une tasse, faisant de même pour Stanislas. Comme si rien ne s'était passé. Comme s'il n'avait pas tout planté quelques instants plus tôt.

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À KERTCH, les Crows ont attaqué les Mercuriens, réduisant drastiquement leurs unités. Les fondateurs de la ville n’ont pas le choix : les quartiers sous leur juridiction sont réduits à NORTHWOOD et EAST GATE. De plus, la guilde des voleurs a osé dérober aux Crows une carte menant à un artefact grisha. Mais impossible de savoir qui peut bien faire partie de ce groupuscule. Les Corbeaux enquêtent tout en poursuivant leurs travaux sur le Barrel.

Alors que RAVKA est en deuil pour sa reine, le peuple se rebelle contre le Roi Yaromir. FJERDA en profite pour attaquer OS KERVO, la ville portuaire. La bataille est sanglante et les pertes sont considérables, mais l’envahisseur est repoussé. La lumière est faite sur l’escadron secret de la couronne ravkane : LES RÉSIGNÉS. Les frontières entre Ravka et Fjerda sont fermées et des unités militaires sont déployées stratégiquement. Sur le plan économique, le fer et le cuivre voient leurs prix grimper et l’artisanat ravkan gagne en cote. La couronne ravkane tente d’emprunter aux Mercuriens, banquiers de Kertch, afin d’asseoir leur pouvoir.

Pendant ce temps, les grishas du PETIT PALAIS ont connu les routes pavées d’ennemis. Après un combat acharné, ils découvrent un nouvel endroit aux alentours de CHERNAST, dans une grotte à l’abri des regards. C’est leur nouveau sanctuaire, leur chez-eux, mais ils doivent également partir à la recherche des enfants disparus.