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 Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri]

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Noah Linden
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Noah Linden

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Message(#) Sujet: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptyLun 25 Sep - 21:28



An 734


Ce matin-là, il faisait froid. Ce n’était pas vraiment quelque chose d’extraordinaire, dans la campagne fjerdane, bien au contraire. Il faisait froid, comme d’habitude et Noah était intenable, comme d’habitude. Il gigotait dans tous les sens, comme le petit serpent fou qu’il était et babillait et babillait, remplissant le silence glacé sous la tente du chapiteau du cirque. Ils s’étaient installés non loin de la ville il y avait trois jours et, comme à l’accoutumée, ils devaient aller dans les rues cet après-midi faire quelques acrobaties et attirer le quidam vers leur petit commerce de spectacle. Ce qui excitait le petit garçon de huit ans, c'était que, pour une fois, il était autorisé lui aussi à se rendre en ville pour attiser la curiosité des gens. Il avait déjà choisi ses balles de jongles préférées: cinq petites boules d’un poids parfait pour ses mains, équilibrées comme il le fallait et qui lui permettaient de montrer toute l’agilité dont déjà il faisait preuve à son si jeune âge.

Son père Hector était un monstre de hauteur et de stature et pourtant, dans cette armoire vivante se cachait le coeur le plus tendre que le cirque n’ait jamais connu. Il avait beau ne pas avoir créé cette troupe, en faire seulement partie, il était le frère de tous, l’oncle qu’on venait chercher en cas de problème et celui qui avait juré d’aimer Noah comme étant son enfant quand on l’avait trouvé. Lui et sa femme Mathilda, la diseuse de bonnes aventures, n’avaient jamais failli à cette mission dès lors qu’ils l’avaient accepté. Et maintenant, maintenant il se dirigeait, l’air sombre, vers le petit Moineau chantant, comme les adultes du cirque l’appelaient. Quand le garçon vit son père si sombre, son coeur fit une terrible embardée qui le fit se stopper dans tous ses mouvements. Comme si, comme si ne pas bouger pouvait retenir la terrible nouvelle qui flottait dans les yeux de son père. Il le laissa se diriger vers lui, le laissa l’enlacer et répondit au calin le plus naturellement du monde avant que son prénom ne résonne tristement dans le froid du bâtiment. L’enfant pencha la tête sur le coté, son sourire s’éteignant au fur et à mesure que son père restait silencieux avant que son corps ne se ratatine un peu sur lui-même, ses épaules affaissées.

-Est-ce que c’est parce que je suis trop bruyant? J’ai fait attention de ne réveiller personne en allant m’entraîner… Je… je te promets papa que je suis prêt. Je ferai ce qu’on me dit. Je provoquerais pas les jumeaux infernis et ils me jetteront pas de feu dessus. Je serai sage, je te promets, je…je…

Déjà ses épaules tressautaient et les larmes coulaient librement, le goût âpre du regret enveloppant le petit corps. Mais non. Son père l’enlaça, se releva comme si l’enfant ne pesait pas plus qu’un sac de plumes le rassurant doucement. Lui expliquant que le cirque était convié à une exécution publique mais qu’ils n’avaient pas le droit de festoyer dans les rues comme habituellement. C’était trop grave. Trop important. Et l’enfant ne comprit pas tout de suite.

Mais il comprenait maintenant. Il comprenait parfaitement, les mains enfouies dans son manteau de fourrure, serrant les balles colorées qu’il avait quand même emmené avec lui alors que devant ses yeux on accrochait une fille à un poteau, au dessus de piles et de piles de bois. Il y avait assez de petit bois pour allumer des feux de camp tout l’hiver. Elle criait, se démenait, et la main de sa mère serrait son épaule comme si Noah pouvait s’envoler. Et puis, alors que l’enfant sentait le poids pesant du malheur et de la désolation sur leurs être, la tension fut pire encore.

Un homme avec une torche enflammée à la main. Un discours pour rappeler à quel point les grishas étaient des monstres. L’incompréhension avant que ne s’élève un cri inhumain. Un cri de souffrance pur. Et sa mère dont la main se reserrait sur l’épaule de Noah, lui intimant de ne pas bouger. Ne pas bouger. Ne pas bouger. Et alors que les gens commençaient à acclamer le spectacle d’un autre type, et que les gens du cirque le reprenaient en coeur, un sourire qui n’atteignait pas leurs yeux jouant sur les lèvres, Noah parvint à s’envoler. Il bouscula un garçon blond, faisant tomber deux de ses balles de jonglage alors que sa mère appelait après lui et que son père la retenait de le suivre, lui faisant confiance pour retrouver le chemin.

Quand il atteint une place adjacente, Noah se pencha contre un muret et rendit tout ce qu’il avait à rendre alors que sa gorge le brûlait mais pas autant que ses yeux qui ne pouvaient s’arrêter de pleurer. Il  glissa non loin, assis contre la pierre, les fesses dans la neige et cacha sa tête dans ses bras, secoué de sanglots qui semblaient ne plus vouloir s’arrêter.


Dernière édition par Noah Linden le Lun 23 Oct - 11:14, édité 1 fois
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Dmitri Moskovine
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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptyDim 8 Oct - 11:34


Au fil du temps se créent les souvenirs
feat @Noah Linden

Il a patiemment laissé sa mère l’habiller ce matin, parce qu’elle a insisté, et qu’il n’a pas réellement envie de lui faire de la peine. Un peu aussi parce qu’elle lui en veut toujours d’avoir passé la journée de la veille dehors, sans lui dire où il était, pour ne revenir que pendant le repas du soir – gâché quelque peu par sa faute – et que quand sa mère est en colère, Dmitri l’a appris, mieux vaut ne pas la mettre encore plus en colère pour des broutilles. Alors il l’a laissé choisir ses vêtements, trop empruntés à son goût, l’a laissé le coiffer en résistant de son mieux à l’envie de décoiffer le tout, et il n’a pas pipé mot pendant toute la séance. Un petit garçon parfait. Il ne faudrait surtout pas qu’elle revienne sur sa décision de fêter ses dix ans en grande pompe, dans quelques semaines. Dmitri sait que ses parents ne peuvent rien lui refuser mais tout de même, il existe une chance infime qu’il ne veut pas risquer. Alors, parfait petit enfant de la noblesse, des pieds à la tête, Dmitri a suivi le rôle qu’on lui a donné. Et c’est bien pour ça qu’il se retrouve debout, à côté de ses parents, la tête droite et les mains serrés dans le dos, comme à la parade. Comme le futur soldat qu’il sera bientôt. Comme un petit garçon de dix ans qui sait bien faire semblant.

Il déteste les exécutions publiques Dmitri, et il soupçonne que sa mère n’en est pas très friande non plus. Les drüsje sont des monstres, des abominations aux yeux de Djel, qui ne méritent que le bûcher, il est bien d’accord. Les récits dont on le berce depuis qu’il est enfant ont au moins établi ce fait. Il a bien compris, aussi, l’unité nécessaire, tous ensemble contre les monstres, tous liés dans leurs croyances, ce genre de chose. Mais il n’est pas obligé d’aimer cela, si ? Il n’est pas obligé de ne ressentir aucune compassion pour cette dame qui va mourir, devant leurs yeux, parce qu’elle a des pouvoirs de démon ? Il a abordé le sujet, un jour, et on lui a fait fermement comprendre d’arrêter de poser des questions et de penser à des bêtises. Alors il a menti, Dmitri, parce qu’il sait bien donner le change et faire semblant, mais ça n’a pas empêché ses questions de tourner et retourner dans sa propre petite tête. Il aurait bien aimé en parler à un démon, un jour, mais il n’a jamais pu en approcher un d’assez près pour lui poser des questions. Et puis, après tout, peut-être que les sorciers ne le laisseront jamais approcher d’assez près : ils lisent dans les pensées, après tout, et mangent les petits garçons trop imprudents. Ceci dit, il est positivement sûr qu’on lui a raconté ça pour lui faire peur, mais… quand même.

Ils sont nombreux, ceux qui assistent à l’exécution. Très nombreux, trop sans doute pour qu’on fasse beaucoup attention à un petit garçon de bientôt dix ans trop bien habillé. Les clameurs et les insultes s’élèvent avec les premières flammes, les cris de la sorcière, et toutes les bonnes résolutions de Dmitri s’envolent quand un petit garçon le bouscule avant de s’enfuir, poursuivi par l’appel de sa mère, laissant tomber à terre deux petites balles.

Un pas en arrière, deux, et il n’est pas difficile à Dmitri de s’éclipser. Il se fera houspiller en rentrant, rien, après tout, de réellement différent par rapport à d’habitude. En essayant de ne pas se faire remarquer, les deux balles serrées dans sa main, il suit la trace du petit qui s’enfuit loin de la foule et des cris qui s’élèvent. Il l’a perdu de vue, mais sa course précipitée n’est pas bien difficile à suivre, et Dmitri se vante d’être un chasseur pas si mauvais. Il finit par retrouver le gamin assis dans la neige, secoué par les sanglots, et s’arrête non loin de lui, le considérant avec curiosité en se frottant les cheveux, signe indubitable de sa nervosité. Comment on aborde un enfant qui pleure, surtout un qu'on ne connaît pas ? Mais il a bon coeur Dmitri, c'est bien pour ça qu'il ne peut pas le laisser. les adultes sont mal vu s'ils partent, mais les enfants... ça reste des enfants. Dans le cas de Dmitri, pour quelques semaines encore.

Prenant sa décision, Dmitri se laisse tomber à côté de lui, son manteau de fourrure bien arrangé de façon à ne pas trop se mouiller, et tend au petit un carré de tissu pour qu’il s’y mouche. C’est sa mère qui l’a habillé, après tout, Dmitri est rarement aussi prévoyant. « Faut pas que tu pleures. » Lui explique-t-il en le bousculant gentiment de son épaule, dans une camaraderie toute enfantine. « Ce sont les filles qui pleurent. T’es un grand, tu dois être plus fort que ça. Faire semblant. » Le petit ne lui paraît pas être très grand – du haut des presque dix ans de Dmitri, les autres sont forcément des petits après tout – mais quand même, on ne peut pas s’enfuir en pleurant d’une exécution. « Sinon, on va croire que tu es triste pour la sorcière. » Et la voix de Dmitri se fait étrangement solennelle pour un enfant. « Et faut pas qu’on croit ça. Vraiment pas. » Parce que être triste pour une sorcière, c’est pactiser avec l’ennemi. Dmitri ne sait pas trop bien ce que ça veut dire, mais ce n’est pas quelque chose de souhaitable, même pour un petit garçon qu’on ne connaît pas.  

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Noah Linden
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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptyDim 8 Oct - 16:46

Il ne comprenait pas. Il ne comprenait plus rien. Il voyait ses yeux bleus le transpercer encore de son regard, comme si elle savait, comme si elle le prévenait que sa propre famille était en danger. Il avait entendu la foule crier des termes comme sorcière ou drüsje qu’il a du mal à comprendre. Cette dame était une grisha. Comme sa maman et son papa. Comme les jumeaux infernis. Comme beaucoup des membres de son cirque et pourtant, pourtant ils étaient là, à acclamer là punition, a condamner cette pauvre dame. Il ne comprenait pas. Et son âme d’enfant saignait à l’intérieur de lui. Pourquoi? Pourquoi? Pourquoi? Il avait voulu pendant si longtemps être lui-même un grisha, pouvoir envoyer de l’eau dans la face de crapaud des jumeaux, leur rétorquer que lui aussi, il pouvait venir les em…embêter avec sa petite science. Mais non, comme d’habitude Noah était à part. Pas de parents réels, pas de petite science, juste une agilité hors du commun, c’était ce que disait son père. Lui il savait pas vraiment ce que ça voulait dire, l’agilité. Sa mère l’appelait son petit moineau, parce qu’il pouvait voler dans les cieux et ne tombait pratiquement jamais. Mais c’était tout. Il ne savait pas fabriquer des objets à partir d’autres comme son papa, ne savait pas soigner les bobos comme maman le faisait si bien. Il n’avait rien d’exceptionnel. Et il ne comprenait pas pourquoi on punissait cette dame parce qu’elle l’était, exceptionnelle.

Il entendit des pas dans la neige, le bruit habituel des chaussures qui crissent en écrasant tous les petits, tout petits flocons qu’on pouvait plus voir, et releva même pas la tête. Il pensa à sa mère, qui l’avait retrouvé, avait quitté l’exécution - maintenant il savait ce que c’était - peut-être pour le réconforter. Mais non.

Il sentit un mouvement non loin de sa tête et la releva de ses genoux pour voir le garçon qui était à côté de lui. Il ne le connaissait pas. Il ne connaissait personne, Noah, trop turbulent pour sortir. C’était dangereux, avaient dit ses parents, de sortir. Peut-être que c’était plus dangereux pour eux que pour lui, qu’il sorte et aille dire n’importe quoi aux gens. Peut-être qu’il aurait dû rester au cirque. Il ne comprenait pas comment c’était possible. Comment on pouvait tuer quelqu’un comme ça juste parce qu’il était un grisha.

La main tremblante, il saisit le mouchoir et s’essuya les yeux dedans avant de se moucher. Il laissa l’autre garçon parler, se dit en pensée qu’il disait vraiment n’importe quoi, avant de froncer les sourcils.

-Pourquoi? Je comprends pas. Mon papa c’est l’homme le plus fort du monde. Il peut même porter des charrettes et il pleure aussi. C’est pas que les filles, les garçons aussi ont le droit de pleurer… Et puis… Et puis…

Ses larmes retombèrent et un gros sanglot le prit alors qu’il essayait de se calmer.

-Pour…pourquoi ils tu…touy…tué cette dame? Elle était juste là, elle était juste là et…et…pers…personne a rien fait? Pourquoi? Je comprends pas…je comprends pas…


Et les larmes continuaient alors qu’inconsciemment Noah cherchait le contact, se laissa tomber de côté, la tête sur l’épaule de ce garçon inconnu qui lui avait tendu son mouchoir. Il était gentil. Et un peu plus grand, ça se voyait. Noah se sentait en sécurité avec lui. SI quelque chose arrivait, ce garçon pourrait le pousser à courir plus vite. Comme certains des grands au cirque mais pas pour lui faire peur, pour l’encourager. Ses larmes se calmèrent un peu et il se rendit compte, Noah, qu’il avait tout tâché le beau manteau de l’autre blond. Il se redressa, attrapa sa manche et lui frotta l’épaule avec.

-Dés’lé, désolé. Je voulais pas te salir. J’ai pas fait exprès, c’était une bêtise. Pardon.

Il le détaillait pour la première fois et le trouvait vraiment bien habillé, pour un habitant de ville. Peut-être qu’il était un enfant de riche mais ça n’avait pas d’importance. Noah renifla et s’essuya de nouveau le nez, un peu plus calme.

-Ma maman dit toujours que c’est pas bien de faire semblant. Qu’il faut être fidèle à soi-même. Je… je suis triste pour elle, est-ce que c’est si mal? Elle a peut-être une famille qui l’attend à la maison. Des gens comme nous. Ou des gens comme elle? Je…si c’était ma maman, je crois que je mourrais de chagrin.
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Dmitri Moskovine
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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptyLun 9 Oct - 19:28


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feat @Noah Linden

Dmitri laisse le petit se moucher, le laisse se calmer, même s’il voit bien, à ses sourcils froncés, que ce qu’il vient de dire le perturbe. C’est au tour du blondinet de froncer les sourcils, en essayant de décrypter ce que le petit vient de dire. Il raconte probablement n’importe quoi, étant trop petit pour comprendre. Les hommes ne pleurent pas, genre, jamais. On lui a dit, et répété : les hommes font la guerre, gèrent le domaine, protègent leur famille. Les femmes… sont faibles, elles pleurent, elles éprouvent un tas d’émotions qui leur embrouille la tête. C’est pour ça que Djel a créé les hommes différents des femmes.  L’enfant est trop petit, il ne sait sûrement pas de quoi il parle, et Dmitri songe que ce n’est pas trop la peine de lui expliquer. Mais quand même… « C’est ceux qui sont faibles qui pleurent : les filles, les enfants, tout ça. » Son père n’est peut-être pas l’homme le plus fort du monde, mais au moins, il ne pleure pas.

Il est dubitatif Dmitri, en regardant l’enfant. C’est peut-être parce qu’il est pauvre ? Les pauvres n’ont pas la même éducation que les gens riches, sa mère lui a souvent dit. Ce n’est sans doute pas de sa faute. Mais quand même, ce qu’il dit est un peu dangereux. Ce ne sont pas des choses qui se disent, et il devrait le savoir, même s’il est petit. « C’est une sorcière. Une drüsje. Pourquoi tu voudrais que quelqu’un fasse quelque chose ? » Il regarde autour de lui Dmitri, mais ils sont seuls. Personne n’a osé les suivre. Il baisse la voix, tout de même. «  Djel a créé les Drüskelle pour accomplir Sa volonté. C’est pour ça que les sorcières doivent être brûlées. Personne n’a le droit d’aller contre ça. » Et puis après tout, les gens avec des pouvoirs l’ont bien cherché non ? C’est leur faute, il ne fallait pas essayer de devenir plus puissant qu’un Dieu. Il ne sait pas trop bien comment ça marche, Dmitri, mais il sait que lui, il ne cherchera jamais à apprendre à avoir des pouvoirs !

Il laisse le petit s’agripper à son manteau, le laisse calmer ses larmes, se contentant de se serrer davantage contre lui. Il ne comprend peut-être pas grand-chose, mais il est petit et Dmitri sait qu’il doit le protéger, le pauvre. Sa main, dans la poche de son propre manteau, touche parfois les petites balles qu’il a récupéré. Il sait qu’il doit le lui rendre, mais elles sont si jolies qu’il hésite un peu. Ce dernier finit par s’excuser de l’avoir sali, et le blondinet réprime un éclat de rire. « C’est pas grave, je me salis tout le temps de toute façon. » C’est ce que dit sa mère, en général, avant de le houspiller et de sonner la domestique en levant le nez d’un air dégouté. Ca n’a vraiment pas d’importance. Mais le sujet de discussion repart sur la sorcière, et Dmitri soupire. Si c’était sa mère, à ce petit, ils n’auraient pas ce genre de conversation : il serait en prison, ou pire, sur le bûcher avec elle. Il est grand Dmitri, presque dix ans : il sait qu’il ne fait pas bon être de la famille d’une sorcière, si on veut rester en vie. « T’as le droit d’être triste. » Concède-t-il. « Mais faut pas le dire. Pas le montrer. Elle n’a personne qui l’attend, parce que sinon, tout le monde les aurait déjà dénoncé. C’est mal d’être une drüsje. Très très mal. C’est comme si elle avait fait une grosse bêtise, tu vois ? Elle doit être punie. » C’est peut-être plus clair, comme ça. « Moi, quand je fais une bêtise, je ne le dis pas, parce que sinon, je vais être puni. Alors j’invente des histoires, je raconte autre chose et comme ça, pas de punition. Ca reste un secret.» Il espère, Dmitri, que le petit comprendra la logique.

« Et là, c’est pareil. Etre une sorcière, un enfant de sorcière, un sorcier… c’est secret. Être triste pour eux, c’est secret aussi. Tu peux être triste, mais pas le dire. Et pas le montrer. Parce que c’est comme une grosse bêtise. » Il comprend bien le discours de la mère du petit : les mamans, ça dit toujours de dire la vérité, de ne rien cacher, pour tout savoir. Mais si la première fois, c’est dur de mentir… ça devient bien plus facile avec l’habitude. D’ailleurs, en parlant de mensonges, il a un point à éclaircir Dmitri. « Ton père, il ne soulève pas vraiment des charrettes, hein ? » C’est sûrement une exagération, ou un mensonge. Ca lui paraît étrange, tout de même.

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Noah Linden
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Noah Linden

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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptyLun 23 Oct - 12:06

Noah laissait les larmes couler librement sur ses joues, emmenant avec elles le chagrin, la frustration, l’horreur qu’il venait de voir de ses grands yeux d’enfants. Il ne put pas s’empêcher de se redresser en entendant le plus grand dire que les plus faibles pleuraient. Ses sourcils se froncèrent de sentiments qu’il n’arrivait pas à nommer. Il n’était pas vraiment en colère contre l’autre garçon. Il était plutôt gentil, il lui avait prêté un mouchoir mais… mais comment pouvait-il croire ça?

-Pl…pleurer c’est pas quelque chose de mal…ça fait de nous des gens qui ressentent les choses. En quoi c’est mal de se sentir triste ou en colère ou malade et de le montrer comme ça? Tu crois pas qu’il faut beaucoup de courage pour pleurer devant les gens…pas…pas à notre âge mais quand on est un papa ou une maman? Ma maman dit que c’est montrer sa vunelrabi…vulnerabiti…c’est montrer qu’on est capable de ressentir tout ça. Et ça nous rend juste humain. Et c’est pas une mauvaise chose parce qu’on a été fabriqués pour ressentir tout ça…

Il se réinstalla contre le garçon alors que son chagrin reprenait de plus belle et qu’enfin il se rendait compte de toute la saleté qu’il avait fabriqué sur le tissu du manteau du blond. Il se répandit en excuses en essayant de nettoyer avec ses propres manches, mais il voyait bien que les tâches étaient là pour durer. L’autre fit quelque chose qui étonna profondément Noah: il se mit à sourire, un peu, les yeux brillants mais son visage avait l’air joyeux, pas en colère, et il lui dit que c’était pas grave. Il voyait bien, Noah, que c’était grave. Ce manteau avait l’air cher, plus que l’ensemble de ses vêtements, peut-être même plus que ceux de ses parents. Et si on lui demandait de le rembourser? Noah ne pouvait pas faire ça. Il avait seulement huit ans et il ne gagnait pas d’argent. Mais il courrait vite, alors peut-être qu’il pourrait faire…coursier? C’était ça, hein, coursier, des gens qui courraient pour faire des trucs pour d’autres gens?

Il se perdit dans sa tête, Noah, comme ça arrivait souvent avec lui et puis il capta du coin de l’oeil la fumée qui s’élèvait, dans les rues, plus loin, et c’est comme si on avait posé une grosse pierre sur sa poitrine. Il avait mal, il se sentit si mal pour cette dame et le chagrin revint. Alors il demanda, imagina sa maman à la place de cette dame sur le bûcher, et lui, obligé de la regarder brûler parce qu’on ne sauvait pas un grisha. Parce qu’on aimait pas un grisha. Parce qu’on avait pas le droit d’être un grisha. Et soudain Noah regarda le garçon, l’écouta. Comprit la logique un peu bizarre de l’autre. Être triste pour cette dame était une bêtise…du moins le montrer. Parce que ça pouvait mettre d’autres gens en danger, sûrement. Peut-être. Il avait du mal à comprendre. Il faudrait qu’il en parle avec papa et maman. Il voulait pas leur mentir. Il pouvait pas leur mentir, il les aimait trop. C’était un peu bizarre parce qu’il avait pas envie de mentir à l’autre garçon non plus. Comme si c’était important qu’il comprenne que les grishas étaient des gens normaux. Juste un peu plus doués qu’eux. Et le monde était…le monde était jaloux, voilà pourquoi les gens voulaient pas des grishas. Il aurait bien aimé, Noah, pouvoir apprendre la petite science. Etre vraiment comme tout le monde au cirque. Pouvoir mieux aider tout le monde. Mais on naissait comme ça, ou pas. Alors falllait se faire une raison. Il essuya son nez avec le mouchoir avant de tourner le regard vers l’autre garçon et de chuchoter, comme un secret.

-Tu te sens triste pour elle, toi?

Et puis l’autre blond lui parla de son père et déjà Noah était debout, l’excitation reprenant vie dans son corps d’enfant, alors qu’il gesticulait, le mouchoir au bout de la main, les membres tirés vers le ciel, comme si son corps pouvait raconter ce que sa bouche disait en mille fois mieux, la sorcière oubliée dans un coin de son esprit. Son père…son père était son sankt privé. Il était son héros. Il était son objectif et, quand Noah serait grand, il voulait être tout comme son père.

-Evidemment qu’il peut! Il s’appelle Hector le fort! C’est pas pour rien! Une fois il nous a soulevé maman et moi pour attraper une de mes balles de jonglage qui étaient coincée en haut du socle des trapézistes. C’est trèèèès haut, comme ça!

Il étendit son corps, encore et encore, sur la pointe des pieds, tentant de faire voir à quel point c’était haut et son corps se déséquilibra en un instant. Mais dans sa dextérité habituelle, Noah rebondit sur la chute pour faire la roue, finissant en roulade et se relevant comme si de rien n’était, parce qu’après tout, avec Noah, c’était de l’ordre du naturel. Il laissa pour la première fois voir son sourire à l’autre garçonnet, une dent en moins qui venait de tomber et continua de parler.

-Papa a les plus impressionnants numéros, au cirque, il soulève des charrettes, des troncs d’arbre. Une fois il a fait une démonstration à l’extérieur et il a lancé un tronc d’arbre super loin, au moins…cinq cent mètres! Et il redresse l’acier avec ses doigts juste comme ça.

Il mima avec ses deux mains le geste avant de se tourner vers l’autre enfant.

-Mon père c’est l’meilleur. Tu devrais venir nous voir au cirque, tu verras que je mens pas. Je fais aussi partie du spectacle, je jongle. Tu veux voir? J’ai amené mes balles avec moi!

Il plongea sa main dans sa poche avant de sortir l’une de ses balles, les deux autres perdues il ne savait où. Ses yeux se remplirent immédiatement de larmes alors qu’il regardait, dépité, la petite balle au creux de sa main.

-Mes…mes balles… je les ai perdues!
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Dmitri Moskovine
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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptyMar 31 Oct - 22:37


Au fil du temps se créent les souvenirs
feat @Noah Linden

L’air dubitatif que Dmitri fixe sur le plus jeune n’est pas très difficile à décrypter. C’est bien beau, tout ce discours, et personnellement, il est même d’accord avec quelques points. Mais ce n’est pas comme ça que ça marche, pas comme ça que fonctionne la société. En tout cas, pas celle où vit Dmitri. Celle où vit le petit, peut-être ? On ne le laisse pas trop traîner avec les gamins des rues et les enfants de pêcheurs Dmitri. Il s’échappe, il court le pavé avec son amoureuse – qui n’est pas pour de vrai son amoureuse, mais peu importe – mais il n’empêche que c’est interdit. Alors, peut-être que dans la vie du petit garçon en face de lui, c’est comme ça que ça se passe, vraiment. Mais ce n’est pas pour lui. « Je vais devenir un soldat, bientôt. » Dix ans. C’est à dix ans que les jeunes Fjerdans commencent à apprendre les rudiments de la vie de soldat, et Dmitri a extrêmement hâte. « J’vais devenir un Drüskelle. Et les Drüskelle, ça ne pleure pas. Ça ne laisse pas ses sentiments se mettre en travers de son devoir. » En tout cas, c’est ce qu’il a entendu. Et bien intégré, visiblement. « Faut pas être courageux pour pleurer. C’est pour les filles, ou les bébés. » Il se rapproche du plus petit, à cette phrase, le serrant davantage contre lui. Il ne sait pas parce que c’est encore un petit, voilà tout. Il est sûr, Dmitri, qu’il changera d’avis quand il sera plus grand.

Serrés l’un contre l’autre, les pensées de Dmitri sont à mille lieux de celles de Noah. Que lui importe-t-il, à lui, un manteau souillé de plus ou de moins ? Ce n’est pas lui qui nettoie, cette tâche est déléguée, comme bon nombre de choses insignifiantes. Pourquoi s’en préoccuperait-il ? Il y a des sujets bien plus intéressants. Cette drüsje, par exemple. Ce que Dmitri essaye de faire comprendre au petit, c’est important. Il est gentil, cet enfant, cela l’ennuierait qu’il lui arrive quelque chose parce qu’il ne comprend pas ce qu’il doit faire, et c’est bien pour ça que Dmitri s’acharne à lui faire comprendre.

Et puis arrive LA question. Celle qui fait vaciller les beaux discours, celle qui oblige à se questionner, à se rapprocher de ce monde d’adulte dans lequel Dmitri se voit déjà évoluer. « Non. » Réponse nette, claire, sans appel. Pas de sentiments. Et qu’importe après tout, Noah ne le connaît pas, il ne sait pas reconnaître le mensonge. L’infime tressaillement du doute dans les yeux clairs du blondinet. La vérité qui lui serre le cœur, qui lui brûle la gorge, il ne faut pas l’énoncer à haute voix. Non… c’est mieux, de faire croire que non. Beaucoup mieux pour tout le monde.

Et ensuite, parler d’Hector le Fort est moins dangereux pour tout le monde. Le petit s’agite, s’anime, se lève et Dmitri le regarde avec un sourire sur les lèvres : l’animation et la soudaine bonne humeur de l’autre garçon sont contagieuses. Une chute, une cascade, et le plus âgé regarde Noah faire avec de grands yeux émerveillés. Un peu envieux, aussi, peut-être. Et plus le discours s’anime, plus Dmitri s’émerveille. Le cirque ! C’est un petit garçon du cirque, quelle chance ! Il l’a vu, l’année dernière, les acrobates, les jongleurs, toutes sortes de tours plus merveilleux les uns que les autres. Une existence si éloignée de la vie de Dmitri qu’il ne peut qu’en être admiratif, et curieux aussi. « Non ! C’est pas possible ! » S’exclame le blondinet, les yeux grands ouverts vers le petit qui gesticule encore. Mais ce dernier se souvient alors de ses balles, ses yeux se remplissent de larmes, et l’idée de Dmitri de garder les petites balles pour lui s’effondre complètement. Oh, comme il aurait aimé ! Mais il a trop bon cœur pour voir l’autre malheureux, par sa faute. Alors il plonge la main dans sa poche, tendant ensuite au petit les balles colorées. « Tu ne les as pas perdues. C’est pour ça que je t’ai suivi, pour te les rendre. Tiens. »

Il ne sait pas, Noah, à quel point c’est à contrecœur que le blondinet lui tend les balles de jonglage. A quel point il aurait aimé les garder avec lui, s’entraîner, comme il l’a vu faire déjà. Il ne sait pas trop comment, mais l’idée était plaisante. « J’m’appelle Dmitri. Je crois que mon père voulait m’emmener au cirque, de toute façon. » Et même s’il n’en avait pas l’intention, Dmitri sait très bien comment obtenir ce qu’il veut. « C’est vrai que tu as un numéro rien qu’à toi ? » Et Noah ne peut pas s’y tromper, c’est de l’admiration qu’il voit dans ces yeux clairs, posés sur lui. « Tu as trop de la chance de faire partie du cirque. De les voir tous les jours. Tu connais le lanceur de couteau ? Et les jumeaux qui crachent le feu ? » Il a vu les affiches, et entendu les rumeurs, aussi, Dmitri. Sa déception de devoir rendre les balles est vite oubliée, devant l’excitation qui le gagne. Et la curiosité, aussi, que le plus petit va bien devoir épancher.

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Noah Linden
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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptyVen 10 Nov - 10:39

Maman avait dit: “Un jour, tu verras, Noah, les gens ne seront pas toujours d’accord avec toi. Et ce n’est pas grave”. Et même si ce n’était pas grave, c’était un peu difficile à accepter. Mais Noah était grand. Noah savait que beaucoup de gens n’étaient pas comme lui. Il suffisait de voir les jumeaux plus vieux qui pensaient comme le garçon à côté de lui, que pleurer, c’était être faible. Mais Noah savait mieux: que pleurer, c’était être fort. Et que ce sont les gens incapable de pouvoir remarquer ça qui avaient inventé ce mythe. Si l’autre garçon ne voulait pas y croire, c’était pas grave. Mais ça le blessait un peu. Parce que Noah n’était pas un bébé, il n’était pas non plus une fille même si la plupart des filles qu’il connaissait étaient bien plus fortes que le plus fort des garçons du cirque. Mais il avait du coeur, et ça, son papa avait dit, c’est la force la plus cachée et la plus importante qu’on puisse avoir. Il avait aussi dit que ça le porterait dans sa vie. Peut-être que ça l’aiderait à porter ses partenaires de vie aussi, comme les trapézistes et les acrobates au cirque. Dans tous les cas, Noah n’était pas d’accord. Alors voilà, il serait d’accord de ne pas l’être. Il déciderait de garder ça secret, pour lui, et continuerait de pleurer comme il le veut pour le malheur des gens.

Il fronça des sourcils, un peu, quand l’autre lui parla d’être un druskelle. C’était des gens mauvais, il le savaient. Ils faisaient du mal aux demjins en les traitant ainsi. C’était surement eux, aussi, qui avaient attrapé la dame dont on entendait plus les cris. Ils tuaient des gens. Pourquoi il fallait être fier d’en faire partie? Noah ne savait pas et, dans sa tête, il se promit de demander à sa maman. Il devait aussi demander pourquoi on devait commencer à être un soldat si jeune alors que les enfants, même s’ils pouvaient travailler et participer à la vie de la famille, devaient avant tout rester des enfants. Ils devaient apprendre de la vie, s’amuser, se faire leurs propres bobos avant de devenir des adultes. De bons adultes de préférence. L’attention revient sur le bruit de la foule qu’on entend chanter de joie et Noah pose enfin cette question qui l’inquiète. Est-ce qui ne se sent pas triste, l’autre garçon? Sa réponse le choque un petit peu mais il ne dit rien, s’essuie de nouveau les yeux avant de passer à autre chose, comme peut le faire un petit garçon de 8 ans. Et rien n’est mieux que de parler du cirque, son sujet préféré.

Il fait des singeries, comme à son habitude, recommence à bouger, tout vivant qu’il est, dans tous les sens, en expliquant avec ses mots et ses gestes à quel point sa famille est géniale. Déjà il veut montrer ce qu’il sait faire à l’enfant, ça pourrait leur rapporter un spectateur et à lui, lui donner l’occasion de se revoir mais ses balles ont disparu. Elles sont importantes, pour lui, il y en a trois. Une bleue, une rouge, une verte. Toutes cousues mains par sa maman avec soin. Il a choisi les cuirs, il a choisi le sable qui les remplit et sa maman a passé un temps fou à les coudre pour lui, à les équilibrer pour pouvoir les utiliser. Et voilà qu’il les a perdues, comme un ingrat.

Mais non. Parce que déjà l’autre garçon lui tend les balles colorées et Noah les attrape avant de se jeter sur lui pour un câlin. Il sait, que ça ne se fait pas, de toucher les gens sans leur demander mais ce garçon, un peu plus grand que lui, est bien trop gentil. Il a retrouvé son trésor le plus précieux et rien que pour ça, il mérite le câlin. Noah s’éloigne rapidement, un grand sourire sur les lèvres, et essuie ses joues avec sa manche. Il renifle, regarde ses balles sans vraiment y croire et en fait rouler une sur sa joue, dans un geste bizarre mais dont il a l’habitude.

-J’m’appelle Noah.

Il sourit à Dmitri, lui répond simplement, comme un enfant le fait souvent, mais fronce les sourcils à la mention des horribles jumeaux.

-Ils sont…pas très gentils. Ils aiment bien taper les plus petits et nous faire peur en nous disant qu’ils vont mettre feu à nos couchettes, le soir. Sinon oui, je les connaît. Le lanceur de couteau s’appelle Hamil. Et il va m’apprendre, quand j’aurai douze ans. Je voulais plus tôt mais maman a dit non. Après ça je pourrais l’assister dans son numéro. Mais moi j’aime jongler.

Il commence à jongler avec la balle bleu et la verte, puis, au bout de quelques secondes, rajoute la rouge et les lance dans une danse qu’il connait par coeur. Il ne quitte pas l’autre garçon des yeux, tout sourire.

-J’ai mon numéro à moi, depuis cette année. Je jongle, je fais des pirouettes, et je jongle sur le fil mais pas très haut… peut-être à deux mètres, quelque chose comme ça. Les gens aiment bien, moi je m’amuse beaucoup. Quand je serai plus grand, je veux être acrobate. Trapéziste ou alors faire des spectacles dans les tissus. Je sais pas trop pour l’instant mais je veux virevolter avec un partenaire. Je pense que ça pourrait être vraiment beau et chouette. Tiens, regarde ce que je sais faire!

Il continue de jongler, à l’aise, lance les trois balles plus haut encore et fait la roue, avant de les rattraper avec aisance et de les faire tourner dans leur routine habituelle.


-Je peux t’apprendre, si tu veux, c’est plus facile qu’il n’y parait.
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Dmitri Moskovine
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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptySam 11 Nov - 23:28


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Serrés l’un contre l’autre, un bras de Dmitri autour de la silhouette un rien plus frêle de celle de petit, les deux garçons se taisent un instant, l’oreille, sans nul doute, aux cris de la sorcière qui ne retentissaient plus. Aux chants de joie de la foule. L’un comme l’autre, peut-être, savent ce que cela signifie au fond. Dmitri sait en tout cas, lui : ce n’est pas sa première exécution, et l’idée de ce qu’il se passe, pas si loin que ça, a le don de lui serrer le cœur et de lui donner la nausée. Mais il est le plus grand, le plus fort : le petit doit apprendre, par son exemple, qu’il ne faut pas être triste, ne pas montrer la moindre faiblesse. Dmitri le fait déjà pour sa petite sœur, alors, il sait le faire. Et même si ce non est un énorme mensonge, son petit compagnon ne doit pas le savoir. Pour son bien.

Le sujet du cirque est un sujet autrement passionnant, et Ô combien intéressant pour Dmitri. Le cirque, c’est la fête, les rires, les danses, les bons repas et l’amusement qui change de sa vie de tous les jours. Il a bientôt dix ans Dmitri, bientôt l’âge de partir apprendre à devenir un bon petit soldat et s’il a hâte, il est conscient que sa vie va drôlement changer. Fini, le petit adulé par ses parents ! Alors oui, le cirque, c’est une étincelle de joie dans un monde qui va changer, bientôt. En bien, il l’espère, mais c’est assez flou pour qu’il doute un peu. Il observe avec amusement – et un peu, peut-être un peu, de jalousie – Noah faire ses acrobaties. Jusqu’à ce que ce dernier se rende compte que ses balles de jonglage ont disparus, et ne se remette presque à pleurer.

Il aurait voulu les garder Dmitri. Pour en faire quoi, il n’en sait rien, mais elles sont si jolies qu’il les veut pour lui. On ne lui refuse pas grand-chose Dmitri, et absolument rien lorsqu’il décide qu’on ne peut rien lui refuser. Trop gâté, tyrannique et très têtu, c’est rare qu’on lui dise non. Il sait que c’est du vol, Dmitri. Mais pourtant… C’est un véritable crève-cœur pour lui de les rendre au petit. Il a bon cœur Dmitri, réellement, et c’est uniquement pour ça qu’il s’est décidé, mais quand même, son petit compagnon ne sait pas à quel point c’est un véritable effort pour les lui rendre. Il est récompensé, pourtant, avec le câlin que lui offre Noah en retour, et qu’il lui rend avec une grande joie. Malgré ce qu’il clame, on n’est jamais trop grand pour un câlin, après tout.

Noah, donc. Il s’appelle Noah. Dmitri classe l’information dans un coin de son cerveau, ne serait-ce que pour pouvoir demander à le voir, après le spectacle. Lui faire la surprise. Et Noah, donc, se confie. Il est un peu dépité Dmitri, d’apprendre que les jumeaux cracheurs de feu ne sont pas très sympathiques. Ils ont l’air, pourtant. Et Noah connaît même le lanceur de couteau ! Il se fait la réflexion tout de même, Dmitri, que la mère de son nouveau copain est affreusement prompte à dire non et à mettre des règles idiotes partout. Ne pas lancer de couteaux, avoir le droit de pleurer,… heureusement que la sienne a abdiquée ce genre de règles depuis longtemps ! Et puis le petit commence à jongler, et Dmitri l’observe avec de grands yeux émerveillés. Il est doué – autant qu’il puisse en juger – et merveilleusement adroit. Les balles s’élèvent, tourbillon de couleur dans le ciel, et le plus vieux écoute distraitement son petit camarade lui parler de ses projets. Rien que d’être jongleur, vraiment, c’est déjà super ! Une nouvelle acrobatie et Noah rattrape les balles avec facilité, lui offrant même d’apprendre. « Pour de vrai ? » Un moment, Dmitri abandonne son air blasé de futur Drüskelle pour n’être qu’un enfant ébahi. « Ca n’a pas l’air très facile. » Commente-t-il néanmoins, soucieux de rétablir la vérité. Ca n’a pas l’air facile du tout.

« Je viendrai te voir quand tu seras un acrobate, je t’inviterai à venir manger avec ton cirque tout entier après. » Promets Dmitri, parlant déjà du futur qui s’ouvre devant eux. Oubliée, la sorcière. Ne reste plus que l’amusement de deux enfants qui vivent au temps présent, et ont des rêves plein la tête. « Je ne sais pas comment tu fais. » Annonce Dmitri, ses yeux curieux ne quittant pas les gestes du plus petit. Il essaye de comprendre, réellement, mais cela va trop vite pour lui. Et c’est un aveu difficile, d’admettre qu’il ne sait pas. « Et ta mère veut bien que tu participes au spectacle ? » Demande encore Dmitri, curieux. Parce que cela le dépasse, d’avoir autant de règles pour interdire des choses.

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Noah Linden
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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptyJeu 7 Déc - 19:54

Balle verte. Balle bleue. Balle rouge. Balle verte. Elles tournaient les balles et Noah les rattrapait avec la force de l’habitude. Loin, loin était parti le souvenir de ce qui se déroulait encore deux rues plus loin, l’horreur et la mort et la désolation mêlée aux cris vicieux de joie idiote et perfide. Ici se déployait une bulle étrange, hors du temps, d'innocence aussi pure que la neige entourant les enfants était blanche. Deux petits garçons qui apprenaient à se connaître et qui déjà semblaient s’aimer. Deux âmes qui se liaient malgré la tristesse de la vie. Noah souriait, gesticulait, si démonstratif, puis laissa les balles retomber dans ses mains facilement.

-C’est plus facile que ça en a l’air. Une fois qu’on a le coup de main, ça vient tout seul. Le plus dur c’est tenir sur le fil et savoir à l’avance où les balles vont tomber. Et pas avoir peur de finir par terre. Même si bon, à un mètre du sol déjà, c’est un peu effrayant. Mais on apprend. Et je peux t’apprendre, vraiment.

Il relança ses balles, plus lent, en se disant que peut-être Dmitri pourrait comprendre le déroulement du geste, les croisements de balles et ce genre de chose qu’il avait mis quelques temps lui-même à apprendre. Il se déconcentra un instant alors qu’un sourire encore plus grand barrait son visage en réponse à son ami et qu’il riait un peu.

-C’est pas possible ça. On est plein plein et les garçons du cirque, les autres, ils mangent comme quatre. C’est ma maman qui le dit. Que je mange comme un moineau, moi mais que eux ils mangent autant que des vaches. C’est comme ça qu’on m’appelle au cirque, Moineau. Tu peux aussi, si tu veux, ça me dérange pas du tout. Comment on t’appelle chez toi, toi? Mais en vrai, il faut pas gaspiller ses sous comme ça pour nous. Les gens d’une ville un jour l’ont dit, la vie est trop chère pour la gaspiller pour des voleurs et des saltimbanques. C’est promis, on vole pas au cirque des étoiles. On travaille toujours le mieux possible et avec tout notre coeur. Et ça, c’est mon père qui le dit, alors c’est vrai.

Il avait du mal à comprendre, Noah, pourquoi les gens les regardaient parfois comme s’ils ne valaient rien de plus qu’un seau de nourriture pour cochons, mais c’était le cas. Parfois les adultes grimaçaient rien qu’à la vue des enfants du cirque comme s’ils avaient une maladie qui pouvait toucher leurs enfants à eux. Noah était même sûr que si Dmitri était avec son papa et sa maman, il n’aurait pas pu le rejoindre. Vu son manteau tout beau, il devait au moins être un peu riche. Noah se perdit un peu dans ses pensées, se demandant pourquoi les enfants du cirque étaient vus comme ça alors que le garçon en face de lui le regardait comme s’il pouvait aller lui chercher des étoiles dans le toit du chapiteau. En plus, Noah n’était pas un idiot. Il savait lire, compter, se repérer dans la nature. Il savait faire un feu et réparer des choses. Et il allait apprendre encore plein de choses en grandissant pour devenir un homme accompli. Il se reconnecta à la réalité alors que Dmitri lui parlait de sa maman.

- Bien sûr! Tout le monde au cirque doit gagner son argent. Quand on a six ans, à peu près, on apprend ce qu’on veut apprendre. Et après, si on est assez doué, on peut faire un numéro. Les gens aiment bien voir des enfants agiles et doués au cirque alors on attire du public et donc on ramène de l’argent comme ça. Et puis, quand on est vraiment prêt, on sort la journée pour distribuer des tracts avec nos horaires de spectacles et montrer un peu aux gens de quoi on est capable. Aujourd’hui…

Et c’est là que la réalité de la journée le frappa de nouveau. Il récupéra les balles, arrêta de jongler et s’assit dans la neige, doucement.

-Aujourd’hui c’était le jour où j’étais assez sage pour pouvoir faire ça. J’ai jamais eu le droit avant. Parce que je suis trop…tu sais…. il bougea ses bras comme pour faire des vagues en souriant, penaud, ...et papa et maman avaient peur que je perturbe le travail, même si ça a l’air très marrant. Et les jumeaux se moquaient de moi parce que eux il peuvent depuis longtemps. Mais… à cause de tout ce qu’il se passe, on ne fera pas de représentation ce soir alors… voilà.

Il regarda les balles, les saisit, se releva de nouveau et lui tendit.

-Tu veux essayer alors ou pas?

Et puis, à l’entrée de la ruelle donnant sur leur petit havre de paix, Noah entendit une voix féminine et inquiète appeler son nom. Il se retourna, devina la silhouette de sa mère et fit la grimace à l’autre garçon.

-Je dois y aller, mais on va se revoir pas vrai? On est obligés je dois t’apprendre à jongler. Faisons une promesse du p’tit doigt.

Il lui tendit le petit doigt, bien solennel tout d’un coup avant que sa maman ne l’appelle de nouveau. Et, comme on le lui avait appris poru les membre de sa famille, il saisit le visage du garçon, le pencha et embrassa son front avant de partir en secouant la main dans un signe de au revoir.

-A bientôt Dmitriiiiiiii
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Dmitri Moskovine
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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptyLun 25 Déc - 22:43


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Il n’est pas convaincu, Dmitri, même quand Noah lui assure que c’est facile. Ça n’a pas l’air facile, ça a juste l’air compliqué, en fait. Il a beau s’efforcer de regarder les gestes, plus que le tourbillon de balles, ça ne l’aide pas vraiment. Par contre, il veut bien croire que le plus difficile, c’est de tenir sur un fil ! Quelle idée ! Ça impressionnerait surement ses copains. Et Noah renchérit, trop de questions, trop vite, trop compliqué. « C’est rigolo, Moineau. J’ai pas vraiment de surnom, moi. Quand j’étais petit, ma mère m’appelait Dimdim, mais ça fait trop bébé. » Et clairement, du haut de ses presque dix ans, il n’est plus un bébé ! « Maintenant, elle m’appelle le fauteur de troubles » Et si son sourire en est une preuve, il en est très fier, Dmitri. « Peut-être que quand je serait Drüskelle, j'aurais un vrai surnom.»

Mais pour le reste du discours de Noah, il préfère ne rien dire le plus grand. Parce que ce que lui raconte le plus jeune, il l’a entendu aussi. De la bouche de tout le monde, à vrai dire. Les gens du cirque apportent un joyeux divertissement mais là où ils passent, ils ne sont pas forcément les bienvenus. En Fjerda, les étrangers sont mal vus, surtout s’ils ne rentrent pas dans le moule. Et les rumeurs vont bon train, Dmitri le sait aussi. Il a même entendu ses parents en parler, le soir, alors qu’ils le croient couché. C’est fou comme les conversations deviennent passionnantes, lorsqu’on le croit endormi…

Il ne sait pas si le gamin devant lui est un voleur, ou porteur de maladies. Il ne pense pas Dmitri, mais il sait tout autant que son nouveau copain que ses parents ne seraient sans doute pas très heureux de le voir traîner avec un petit du cirque. Mais heureusement pour Noah, cela fait bien longtemps que Dmitri a appris à n’en faire qu’à se tête, et à manipuler son monde – et ses parents.

Bien vite pourtant, la réalité se rappelle à eux. Noah a appris petit, Dmitri lui, a appris très petit aussi où était sa place dans ce monde, et ce que l’on attend de lui. Sans doute pas d’être ici, assis dans la neige, à réconforter un gamin de bohémien. « Je suis désolé. » Il ne sait pas trop pourquoi il est désolé, Dmitri. Ce n’est de la faute à aucun d’entre eux, ce qu’il se passe, même si on attend d’eux, plus tard, qu’ils continuent ce cycle incessant. Non, il n’y aura pas de spectacle, ce soir, autre que celui de la mort. Et c’est triste, malgré ce que peut en dire Dmitri. Très triste.

Et alors qu’il tend la main, le blondinet, la voix de la mère de Noah retentit. Rappel à la réalité, à ce qu’ils sont, à ce que l’on attend d’eux. « Bien sûr qu’on va se revoir ! Promis ! » Et ce, même si ses parents ne sont pas d’accord, Dmitri s’en fait la promesse. Une promesse scellée de la manière la plus enfantine qui soit, et pourtant, impossible de trouver plus solennel pour deux enfants qui ne sont pas encore très grands. Le geste de Noah le surprend, mais il reste impassible, le plus vieux des deux, agitant la main en direction de son nouveau copain avant de s’éclipser à son tour.

Le début d’une amitié était né.

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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptyLun 25 Déc - 22:58

***
An 736. Noah a 10 ans, Dmitri 12.
***

Un papier froissé, un peu déchiré, qui a visiblement fait un peu de route jusqu'à tomber dans les mains de son destinataire.



Noah


Comment tu vas depuis ma dernière lettre ? Je suis désolé de ne pas avoir pu t’écrire avant, mais j’étais en entraînement pendant deux semaines en plein cœur de rien du tout. En immersion, dit notre instructeur. Au milieu de rien, oui ! Mais c’était vraiment top !

Je rentre chez moi pour une semaine, dans deux semaines. Mes parents seront chez des amis pendant quelques jours, alors est-ce que tu veux venir me rendre visite ? Tu m’avais dit que tu ne serais pas loin, et on pourrait faire plein de trucs ! Même monter à cheval, tu pourras prendre le poney de ma sœur. Tu verras, c’est facile. Autant qu’apprendre à jongler !

S’il te plaît, dis oui. Tu me manques un peu. J’espère que ta mère voudra bien !

A bientôt Moineau.

Dmitri

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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptyDim 21 Jan - 21:54

Il ne savait pas trop pourquoi maman avait insisté, mais Noah se trouvait devant les grandes grilles, à les pousser tranquillement, habillé de son plus beau pantalon. Une gavroche toute neuve sur la tête, il siffla en regardant l’immense demeure qui s’étalait devant ses yeux. C’était drôlement grand. Tellement qu’il se demanda un instant s’il ne s’était pas trompé. Mais il savait que non. Mimi était après tout un enfant riche, aussi riche que Noah pouvait l’être dans son coeur. C’est à dire énormément. Un grand sourire déterminé sur les lèvres, le gamins s’avança dans la belle allée, regardant partout autour de lui. Il n’y avait aucune trace de fiacre ou de chevaux, et Noah en déduit naïvement qu’en effet, les parents de Dmitri n’étaient pas là. Il ne les avait jamais rencontré, alors qu’ils se connaissaient tous les deux depuis deux ans. Son père lui disait que c’était parce que, parfois, les adultes avaient des préjugés qui étaient aussi grands que des montagnes, et aucun matériel pour les franchir. Noah voyait bien l’image et il comprenait que c’était impossible. Mais Dmitri, lui, avait réussi à trouver le matériel pour franchir cette immense montagne. Parfois Noah se disait que c’était lui, qui lui avait donné. Et juste après il se rabrouait d’avoir eu une idée aussi stupide.

Toujours était-il qu’il était certain que les propriétaires du domaine n’étaient pas là. Et de toute façon, Mimi ne l’aurait jamais invité sans cette condition. Encore une fois c’était triste, mais c’était pas si grave, tant qu’ils avaient le droit de se voir. Et de s’écrire. Moineau adorait recevoir des lettres de Dmitri, le papier était souvent impeccable et l’écriture, quasiment irréprochable. Les lettres de son ami, même si parfois froissées ou tachées, étaient toujours écrites à l’encre, dans cette façon un peu couchée et alambiquée qu’ont les riches d’écrire. Noah adorait lire cette écriture particulière et connaissait déjà par coeur les boucles et les arabesques, les arrêts soudains et les hésitations de la plume de celui qui était désormais son meilleur ami sur cette terre. Ils étaient aussi différents que leurs écritures. Et là ou le papier blanc et épais de Dmitri laissait entrevoir une écriture fine et stylisée, ceux de Noah, fins et jaunâtres, ne pouvaient cacher la précipitation ronde et maladroite de l’enfant. Mais c’était eux. Des bouts d’eux deux. Et c’était exactement ce qu’il fallait que ce soit.

Il atteignit la porte sans problèmes et, avant de toquer, il remit sa bretelle sur sa chemise blanche. Maman avant vraiment insisté pour sortir les habits de fête et Noah craignait de les rendre dans un état déplorable. Il finissait toujours par se crotter dans tous les sens quand il jouait avec Dmitri. Apparemment ça n’avait pas d’importance. Elle avait aussi insisté pour qu’il ramène aussi des fleurs. Heureusement Noah adorait ramasser des fleurs pendant leurs excursions pour célébrer Grigori, avec papa. Et il en faisait parfois de petits pendentifs de fleurs pressées. Celle-là était une alstroemeria, selon papa. Il n’avait pas pu presser la fleur en entier, c’était trop gros. Mais joliment prisonnier de deux plaquettes de verre, dans un fourreau de métal peu précieux, deux pétales rouges laissaient passer la lumière. Ils étaient rouges et jaune striés de jolies et courtes bandes noires. Ils rappelaient à Noah deux petites flammèches, ce qui lui faisait beaucoup penser au roi des bêtises qu’était la tête brûlée de Mimi. Et cette fleur représentait l’amitié, alors c’était un bon cadeau.

Une fois assez propre et recoiffé d’un coup de main dans les cheveux, Noah toqua patiemment à la porte. Il fut surpris de voir un homme au visage sévère ouvrir le pan de bois et se pencha pour voir si Dmitri se cachait derrière ses jambes. En vain. Il sourit poliment au monsieur.

- Bonjour, je viens voir Dmitri. Est-ce qu’il est là?

Noah assista d’un oeil impressionné à un phénomène étrange: le visa de l’homme se chiffonna dans son entier, et quand il se remit en place, son sourire était tout à l’envers. Il regarda Noah comme celui-ci regardait parfois le seau qui leur servait de latrines, sur la route, et l’enfant comprit que c’était mal parti.

-On ne fait pas l'aumône. Le jeune maître ne reçoit pas non plus d’enfant des rues, ni de saltimbanques ou d’étrangers. Faites demi tour.

Et Noah se retrouva face à la porte de la demeure. Fermée. Oh. Alors c’était ça qui l’attendait si il rencontrait les parents de Mimi? Il avait envie de pleurer. Il devrait faire demi-tour, ça vaudrait mieux pour lui. Mais Dmitri serait malheureux et c’était hors de question. Ni une, ni deux, Noah ramassa des cailloux qu’il mit dans ses poches avant de courir à l’arrière de la maison. Il lança des cailloux sur toutes les fenêtre, espérant tomber sur la bonne et attirer l’attention de son ami. Son agilité hors du commun aidant, aucun caillou ne rata les fenêtres.
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Dmitri Moskovine
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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptyMer 24 Jan - 19:02


Au fil du temps se créent les souvenirs
feat @Noah Linden

L’équilibre est précaire. Trop, sans doute, juge Dmitri avant de hausser les épaules. Il verrait bien.

C’est aujourd’hui que Noah doit venir lui rendre visite, et il n’en peut plus d’attendre. Il est déjà descendu dans les jardins, remonté, a ouvert deux livres avant de les rejeter, trop impatient pour se concentrer sur sa lecture. C’est alors que lui est venu l’idée de la tour. Avec ses blocs de construction, il l’a monté, haute haute haute, plus grande que lui. Il est d’abord monté sur un banc, puis a installé un tabouret sur le banc. Le tout est branlant, mais son défi l’attend, presque au plafond. Noah l’acrobate y parviendrait sans doute mais lui, Dmitri, doute de parvenir à ses fins. Ca n’a l’air pas très solide, comme échelle.

Il se hisse sur le banc, puis sur le tabouret, ignorant les tremblements du tout. Il se hisse, sur la pointe des pieds, il y est presque… jusqu’à ce que tout s’écroule, tabouret, banc, construction, et Dmitri inclus. Le fracas est immense, et la chute douloureuse, mais c’est seulement en se relevant, tout en se frottant le coude, que le jeune garçon entend un bruit étrange venir de la fenêtre. Boitillant un peu, il s’y glisse Dmitri, se penchant un peu trop pour essayer de comprendre. Et c’est un Noah qui jette d’autres cailloux qu’il surprend. Le plus jeune a fait le bon choix, la fenêtre de Dmitri était la troisième tentative. Un grand sourire sur le visage, Dmitri hèle son copain. « Noah ! Attends, j’arrive ! »

Les escaliers de la demeure sont descendus deux à deux, dans un empressement tout enfantin et qui ne conviendrait surement pas aux standards attendus de son statut, mais le jeune garçon n’en a que faire. Dérapant sur les graviers, se frottant toujours le coude, il fonce dehors et sur Noah, qu’il enveloppe dans une étreinte plus qu’enthousiaste. Son copain a grandi, mais lui aussi. Les bouclettes blondes de Dmitri ne sont plus, remplacées par une coupe courte toute militaire, mais il n’a pas tellement changé, depuis la dernière fois qu’ils se sont vus. Et si sa chemise en lin importé de Ravka vaut surement plus que toute la garde-robe du plus jeune, ce n’est pas un détail sur lequel Dmitri s’attarde. Même si… « Tu es drôlement bien habillé dis donc. » Il n’a pas forcément l’habitude, après tout, de voir le petit Noah vêtu de ses plus beaux atours. Pour ce qu’ils en font…

« Viens, je te fais visiter. » Ajoute le plus vieux en l’entraînant par la main, sans trop lui laisser le temps de réagir. C’est qu’il en a, des choses à lui montrer ! Noah n’est jamais venu, et ils ont fort à faire ! Il n’était pas vraiment sûr, en écrivant sa lettre, que Noah lui réponde positivement. Il n’était pas vraiment sûr que sa mère le laisse venir, surtout, avec sa liste de règles interminables à son goût. Mais puisque Noah est là, il compte bien en profiter. « Eldrick, vous pouvez monter une collation dans ma chambre ? Et dire aux cuisines de préparer un pique-nique pour deux, aussi. » Demande-t-il à l’intendant qui se trouve, sans qu’il le sache, être celui qui a refusé l’entrée à Noah et qui les regarde avec un air que Dmitri n’a même pas remarqué. C’est un serviteur, après tout. Pas quelqu’un d’important.

« Pourquoi tu n’as pas sonné ? » Demande soudain Dmitri à son ami, comme si la pensée venait de l’effleurer. Pourquoi passer par les jardins, après tout, alors qu’il suffisait de s’annoncer et de se faire conduire dans sa chambre ? Il refrène un peu son enthousiaste le plus âgé, observant enfin Noah, vraiment. Il ne lui a pas lâché la main depuis qu’il l’a rejoint, tout à sa joie de le retrouver et à l’excitation d’enfin, enfin, lui faire visiter chez lui. Il a sauté sur l’occasion, lorsque ses parents lui ont dit être absents. Il sait, il n’est pas stupide, que sa mère ne cautionne pas ses fréquentations. Elle espère que ça lui passera, comme une lubie passagère : des enfants de pêcheurs, des joyeux drilles du cirque, tous des vas-nu-pieds, aucun ne trouvant grâce à ses yeux. Mais peu importe : Dmitri cajôle, Dmitri râle et tempête, et Dmitri obtient ce qu’il veut. Noah ne sera sûrement pas le bienvenu mais Dmitri n’en a cure : s’il évite ses parents, c’est plus pour ne pas que le petit entende leurs paroles déplaisantes que pour réellement se plier aux souhaits parentaux.

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Noah Linden
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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptySam 27 Jan - 20:31

Noah adorait les cailloux, c’était un fait. Ils pouvaient être de toute sorte, de toutes couleurs et d’une multitude d’unités et de diversités. C’était maman qui le lui avait dit. Et c’était vrai, aucun caillou ne ressemblait à son copain et c’était bien, parce que tout seuls déjà, ils étaient beaux, mais ensemble, ensemble ils formaient un tableau très beau. Et un peu émouvant. Il aurait dû prendre soin de choisir ses cailloux, mais dans la hâte, il avait juste décidé d’en saisir une poignée dans le gravier qui entourait le manoir. Résultat, sa main était pleine de cailloux différents, mais pas tous utiles pour être envoyés sur les fenêtres. SI bien qu’il avait peu de tentatives pour réussir ses coups sur les fenêtres. Il ne pouvait pas choisir n’importe quoi non plus. Si le caillou était trop pointu, il pouvait faire des dégats que papa et maman ne pourraient pas payer. Et vu ses poches trouées, Noah n’avait aucun moyen de rembourser. Les cailloux devaient être petits, mais pas suffisamment pour faire assez de bruits en cognant sur la fenêtre.

Il tenta la première, souffla un coup, retenta mais rien ne se passa. L’enfant passa à la seconde. Plus les minutes avançaient et plus Noah était effrayé à l’idée de rameuter l’affreux monsieur qui lui avait ouvert la porte. Pas lui, que sankt Grigori l’en protège (papa le disait tout le temps, et ça fonctionnait assez bien, pourquoi pas là), pas lui… Mais peut-être que les autres adultes présents étaient pareils et auraient la même façon de voir Noah…comme un moins que rien. Comme un animal… Comme un seau plein de besoin… Noah avait peur…mais pas autant qu’il avait envie de voir Dmitri. Il ravala ses larmes, sorti de sa poche de pantalon le petit médaillon, avec sa main propre, et le regarda à la lumière. Le rayon de soleil qui filtrait à l’intérieur laissait par terre de joli danses de feu qui redonnèrent courage à l’enfant. Une fois son cadeau rangé, il récupéra deux autres cailloux et les lança sur la seconde fenêtre. En vain. Allez Noah! Il se décala, prit une grande inspiration comme ça maman le lui avait appris, et lança les deux derniers cailloux assez gros mais pas trop sur la troisième fenêtre.


Et c’est là qu’il la vit, au-dessus du rebord profond de la fenêtre, la tête joyeuse de son meilleur ami pour la vie. Et Noah eut encore plus envie de pleurer. Dmitri. Dmitri était là. Il lâcha le sable et le reste de cailloux trop petits, s’essuya la main sur son pantalon alors qu’il pouvait entendre du bruit dans la maison, pas très loin des grandes portes. Et là, son ami lui fonça dessus dans une joie communicative. Le câlin était…tout ce dont avait besoin Noah là, tout de suite. Et peut-être qu’il s’accrocha un peu à son ami: le sourire qui lui mangeait le visage mélange de soulagement et de joie pure.

Noah se recula et observa Dmitri. Il lui toucha la tête, caressa l’absence de ses cheveux et s’étonna de la sensation. Mais il ne pouvait pas se retenir. Voir Dmitri sans sa touffe bouclée de blé lui semblait très étrange, comme si on avait enlevé quelque chose de fondamental à son ami. Il était plus grand, mais c’était normal, Noah aussi avait grandi. Le circassien enleva sa main, fit un tour sur lui même en riant.

-Maman a insisté. Je crois qu’elle voulait que je paraisse…différent. Moins…enfin tu sais.

Ses sourcils se froncèrent et il cligna des yeux plusieurs fois pour éloigner les larmes de son regard. Visiblement, ça n’avait pas marché. Le monsieur de tout à l’heure avait bien vu au travers de sa chemise propre, de ses bretelles juste cousues et de sa gavroche flambant neuve. Et il n’y avait vu qu’un enfant idiot et crotté qui salirait Dmitri, Noah en était sûr. Il offrit un sourire un peu plus forcé, un peu moins grand à son ami, avant de mettre la main dans sa poche pour en sortir son cadeau. Mais il n’eut pas vraiment le temps de le faire que son copain l'entraînait déjà dans la demeure pour lui en montrer ses mille et un recoins, ses mille et un secrets. Et Noah se laissa faire, comme souvent, juste heureux de suivre le garçon plus vieux dans une autre de ses aventures.

Le monsieur réapparut sur le chemin de la chambre de Dmitri, là où ils allaient apparemment, et Noah baissa la tête, bien incapable de faire de nouveau face à un regard aussi…méchant. Il n’avait pas d’autres mots. Dmitri ne sembla pas le remarquer, ou fit semblant que ça n’existait pas, Noah ne savait pas. Mais ils arrivèrent bientôt dans la chambre de son ami et celui-ci lui posa la question que l’enfant redoutait. Il soupira, retira doucement sa main de celle du plus grand avant de venir serrer son bras opposé avec.

-J’ai sonné. Le monsieur à qui tu as parlé a ouvert et… C’est vrai que je ne suis pas le bienvenu chez toi? Je..est-ce que tu vas avoir des problèmes à cause de moi? Je peux repartir je veux pas que tu sois puni parce que je suis venu. On peut… on peut se voir dehors ou pas du tout… Je veux vraiment pas que… le monsieur me regardait comme si j’étais une grosse tache de boue sur ta chaussure…

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Dmitri Moskovine
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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptyDim 28 Jan - 14:00


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Leur étreinte est joyeuse et sincère, celle de deux amis qui se sont manqués. Et quand la main de Noah vient fourrager dans ses cheveux coupés court, Dmitri se laisse faire, amusé. Il ne va pas nier qu’elles lui manquent aussi, ses boucles blondes : leur absence a été difficile à se faire, au début. Mais il le fallait bien, pour marquer ce passage, ces nouvelles responsabilités, son nouveau statut. Le sacrifice a été nécessaire. Noah finit par enlever sa main et lui montrer sa tenue toute propre, provoquant un grand sourire de la part du plus âgé. Evidemment, que la mère de Noah a insisté. C’est un truc de maman, ça, de vous obliger à bien vous vêtir.

Le sourire de Noah semble retomber, un peu, mais Dmitri ne le laisse pas s’apitoyer sur son sort et l’entraîne déjà par la main. Leur temps ensemble est limité, et il y a tellement de choses qu’il veut lui montrer ! Il ne voit même pas, en réalité, le petit se renfrogner lorsqu’ils dépassent l’intendant, et les quelques ordres lancés ne le font pas ralentir. Il entraîne Noah dans sa chambre, ouvrant la porte avec énergie, offrant au regard du plus petit une grande pièce, actuellement jonchée de petits morceaux de jeux de construction, issus de la tour précédemment effondrée. Dmitri n’a pas rangé, et il est probable qu’il ne le fera pas : il a des gens pour le faire, après tout. Un grand lit trône au milieu, une armoire, un bureau, une malle à jouets et des étagères remplies de petits soldats de plomb complètent le mobilier qui s’offre au regard des deux enfants.

Noah a retiré sa main de la sienne, sous le regard interloqué de Dmitri. Interloqué, et rapidement inquiet : d’où est-ce que ça sort, tout ça ? Dmitri plisse les yeux, ouvre la bouche pour répondre avant de la refermer sagement. Est-ce qu’il peut mentir à Noah, réellement ? Le petit est son meilleur ami, est-ce qu’il a le droit de… d’enjoliver la réalité, pour que cela soit moins douloureux ? Esquivant les briques en bois, Dmitri entraîne Noah vers son lit, lui tirant le bras pour le forcer à s’y asseoir, avant de mettre ses deux mains sur les épaules du plus jeune.

« Eldrick est un vieux bougonneur qui ne sait faire que râler. » Affirme Dmitri, réfléchissant à comment tourner au mieux son discours. « Evidemment que tu es le bienvenu, c’est moi qui t’es invité, tu te rappelles ? » Demande-t-il gentiment, avant de pousser un soupir et de s’asseoir à côté du plus jeune. « Personne ne va être puni, c’est promis. Personne ne me punit moi, et certainement pas Eldrick. » Il laisse échapper un reniflement amusé, parce que l’idée est parfaitement ridicule.

Il oublie, souvent, que Noah ne sait pas. Il n’est pas riche, il vit dans un cirque et si c’est un enfant intelligent, Dmitri se doute bien que tout ça, c’est plutôt nouveau pour lui. Et en vérité, cela ne le déplaît pas de jouer les professeurs. Serrant Noah contre lui, un bras autour de son épaule, il lui explique patiemment. « Son rôle, c’est d’ouvrir la porte, pas de choisir qui peut entrer ou pas. Il n’a aucun droit de décider, et certainement pas de mal te traiter, justement parce que tu es mon invité. Et moi, je veux que tu sois là. » Il ne peut tout de même pas s’empêcher, Dmitri, de se demander si ses parents ont laissé des instructions. « Est-ce que tu veux que je lui dise de te présenter des excuses ? Que je lui rappelle où est sa place ? »

Il le fera, de toute façon, que Noah soit d’accord ou pas. Mais si le petit n’est pas d’accord, il attendra. Il ne veut pas mettre Noah mal à l’aise, certainement pas. « Je suis tellement content que tu sois là. » Reprend-t-il, sincère. Cela le peine, pourtant, que Noah doute. Qu'il propose de ne plus se voir. C'est un sacrifice que Dmitri n'est pas décidé à accepter, quelque soit leurs statuts respectifs.

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Noah Linden
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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptySam 16 Mar - 19:45

Le regard baissé vers ses chaussures, Noah ne prit même pas la peine de vraiment observer ce qui l’entourait. Il se sentait…il ne savait pas. Comme un grain de poussière dans la plus immense des roulottes où il ne soit jamais allé. C’était bizarre, un peu, de se dire qu’il lui faudrait plus de dix pas pour passer d’un côté à l’autre de la pièce, et plus encore pour en faire le tour. Il n’avait pas l’habitude mais il savait qu’ici, c’était plus grand. L’air qui entrait et sortait de ses poumons semblait plus frais, comme s’il y avait plus de place pour qu’il vienne de l’extérieur et c’était même un peu déconter… déconrec…déconcertant. Voilà, c’était ça le mot. C’était un peu…ça faisait un peu peur mais pas trop. Comme quelque chose dont on a pas l’habitude.

Il releva la tête au moment où son meilleur ami, comme son frère pour toujours, lui prenait la main pour l’attirer vers le lit et Noah s’y assit sans vraiment se poser de questions. Dmitri le voulait à cet endroit là de sa chambre, il l’aurait à cet endroit là. Parce que Noah était un gentil garçon, ça c’était papa qui le disait, et que les gentil garçons écoutaient ce qu’on leur disait (et ça, c’était maman qui le disait). Un pied devant l’autre, il faillit trébucher sur un objet qu’il ne prit pas la peine de regarder, les yeux fixés sur la tête de son ami. C’était vraiment bizarre cette coupe de cheveux et déjà Noah voulait toucher de nouveau la tête de Dmitri pour sentir les guilis sur ses doigts au contact des cheveux courts. Mais ce serait peut-être plus tard.

Il s’assit sur le lit et il lui sembla immédiatement qu’il était grand comme un bateau ou alors peut-être même grand comme une roulotte et aussi beaucoup plus moelleux et doux et chaud que tout ce que Noah avait pu toucher de toute sa vie. Les mains à plat, à côté de son ami, il se laissa aller à toucher la texture du draps, ses doigts glissant dessus comme si c’était de l’eau. Enfin si l’eau était dure, elle serait surement douce comme ça. Il n’a pas trop le temps d’y penser que déjà son regard nuageux tombe dans celui, plein de…colère? Non, autre chose. Comme si Dmitri était sur de sur qu’il avait raison pour toujours sur ce qu’il allait dire à Noah. Et ce qui sortit de sa bouche donna envie au jeune acrobate de pleurer, pour de bon, mais de soulagement. Il laissa quelques larmes couler sur ses joues, pas tout, parce que Dmitri aimait pas trop qu’on pleure…enfin ses parent. Et dans la maison de Dmitri, il fallait appliquer les règles de la maman de Dmitri qui avait dit que c’était mal de pleurer. Noah savait que c’était une bêtise, peut être dans le reste du monde entier, mais dans cette maison, il fallait faire comme ça. Il essuya rapidement les larmes, murmura un “pardon” avant d’écouter attentivement la suite. Et au lieu de pleurer, comme il en avait réellement envie, il laissa tomber sa tête sur l’épaule de Dmitri, un grand sourire rassuré sur les lèvres… jusqu’à ce qu’il parle de se fâcher contre un adulte. On ne pouvait pas faire ça?! Les adultes commandaient les enfants et si un adulte disait quelque chose, alors il fallait l’écouter… Même si Noah n’avait pas écouté le monsieur de la porte…enfin pas vraiment. Mais il était prêt à demander pardon et à être puni en conséquence, si ça voulait dire qu’il pouvait quand même rester. Apparemment, les choses étaient vraiment très différentes dans la maison de Dmitri. Il se redressa tout de même rapidement, comme si son ami lui avait brûlé la main.

-Non surtout pas! IL n’a rien fait de mal si ton papa et ta maman lui ont dit de ne pas ouvrir à certaines personnes, pas vrai? Je veux dire…je suis un saltimbanque et tout ce que disent les gens de bonne éducation comme ta famille alors… peut-être que c’est pour ça que maman voulait que je m’habille bien, tu sais, pour leurrer le chien de l’entrée? Enfin je ne dis pas que c’est un chien! Même si j’adore les chiens. Ils sont très fidèles et protecteurs et c’est bien! Bien mieux que les lamas, ils crachent au visage. Une fois quelqu’un a failli en acheter un pour le cirque mais il lui a craché dessus!

Il fit la grimace à l’idée, le vieux monsieur de l’entrée déjà oublié et, enfin rassuré, Noah regarda ce qui l’entourait.

-Wouah…C’est ta chambre? Elle est aussi grande que la roulotte?! Comment c’est possible? Et ce lit est comme un immense bateau pirate! Je suis monté sur un bateau une fois, c’était super chouette, il y avait plein d’oiseaux et tout. Mais finalement on est redescendus…je sais pas pourquoi!

Il avait tendance à oublier, Noah, les mauvais côtés des choses, les discriminations, comme maman les appelait, qu’ils subissaient parfois parce qu’ils étaient artistes du cirque. Parfois, vendre du bonheur demandait des sacrifices. Mais c’était si peu pour voir les gens heureux autour d’eux et de ça, Noah était d’accord. Peut-être que son avis aurait changé si Dmitri n’avait pas voulu de lui à cause de ça mais… Oh, c’était quoi ça? Il s’approcha des cubes et sourit.

-A quoi ça sert? Toutes ces affaires sont vraiment à toi? Je crois que j’ai jamais vu autant de jouets de ma vie?!

Il empila un cube, puis un autre, et encore un autre en souriant puis sursauta quand la construction précaire s’effondra sur le sol. Un éclat de soleil vint jouer avec sa rétine et lui rappela soudainement son cadeau. Ni une, ni deux, Noah se leva et sourit à son ami.

- Tu devineras jamais ce que je t’ai fabriqué?! Ok, devine pas, c’est un collier, TADA!

Avec beaucoup d’enthousiasme et beaucoup de précaution, le garçon sortit le médaillon de verre sur son lacet de sa poche et le tendit à son ami.

- J’ai un peu oublié le nom, mais c’est une fleur qui te ressemble. Elle veut dire l’amitié et elle est comme un petit feu tout vivant. Comme toi. Je l’ai fabriqué avec mon papa, tout exprès pour toi.
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Message(#) Sujet: Re: Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] Au fil du temps se créent les souvenirs [Dmitri] EmptyJeu 21 Mar - 21:15


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Cela lui serre le cœur, à Dmitri, de voir quelques larmes rouler sur les joues de son copain. Il s’efforce de comprendre mais il le sait, il ne sait pas ce que cela fait d’être rejeté pour ce que l’on est. Personne ne l’a jamais rejeté, après tout : personne n’oserait, en vérité. Devenir un soldat, du haut de ses dix ans, a été compliqué pour Dmitri. Lui si choyé, si aimé, s’est retrouvé propulsé dans un monde où ce qu’il peut dire n’a plus d’autorité. Il n’est plus l’enfant-roi et pendant quelques semaines, cela a été très dur. Et encore, son père n’est pas n’importe qui, on lui montre surement plus de respect qu’un enfant de rien.

Mais même là, on l’a considéré. Respecté. C'est un soldat de Fjerda, après tout. Il ignore ce que vit Noah, a bien de la peine à l’imaginer, mais quand il entend le plus jeune lui demander pardon, pardon de pleurer, il sait Dmitri. Il sait que tant que son copain sera à ses côtés, personne ne lui manquera de respect. Personne ne le rejettera. Et il s’en fait la promesse solennelle, Dmitri : lui vivant, il protégera Noah. Son meilleur ami, son frère. Il le soutiendra, dans les tempêtes ou non.

Le plus jeune, en tout cas, refuse catégoriquement que Dmitri se fâche pour lui. Il explique et s’embrouille, arrachant un franc sourire au blondinet, avant qu’il ne grimace lui aussi. « J’ai vu un lama, une fois. Il avait l’air très méchant. » Disons qu’il ne s’est pas approché pour vérifier cette théorie : sa petite sœur avait hurlé de peur, et Dmitri avait joué les grands frères modèles en l’éloignant… et en s’éloignant lui aussi, par la même occasion.

Noah change bientôt de sujet, ce que Dmitri le laisse faire volontiers. Il sait, oui, ce que disent les gens des saltimbanques. Il entend, les remarques racistes, les ricanements, la méfiance et le manque de respect. Mais Noah, c’est différent. Il est enthousiaste, le plus jeune, admirant la chambre à grands cris, pointant les jouets, testant les cubes. Il allait expliquer, Dmitri, quand Noah semble soudain se souvenir de quelque chose et lui tend un médaillon sur un lacet en cuir. Il est subjugué, le plus âgé, devant ce que lui explique Noah et la beauté de son cadeau. « C’est tellement beau. » Murmure Dmitri, charmé. Sa main vient caresser le verre, tout doucement, observant avec attention la petite fleur. Il ne sait pas ce que c’est non, plus, mais il fait confiance à son ami. « C’est la première fois qu’on me fabrique un cadeau. » Explique Dmitri, ravi, sans quitter des yeux son collier.

Oh, il a de nombreux cadeaux Dmitri, rien que sa chambre en est un exemple frappant. Mais jamais, encore, il n’a reçu quelque chose de spécialement fabriqué pour lui, en pensant à lui, et le geste de Noah le touche tout autant qu’il l’impressionne. Il se hâte de mettre le collier autour de son cou, avant de se jeter sur Noah, dans une embrassade pleine de vivacité. « C’est le plus beau cadeau que j’ai jamais eu, merci ! » Son sourire est sincère, tout autant que son embrassade, mais quelques coups frappés à la porte viennent mettre fin à l’étreinte.

« Entrez ! » Lance Dmitri, en se décalant légèrement pour que Noah ne soit pas dans la ligne de mire. A la surprise du jeune garçon, c’est Eldrick en personne qui entre, un plateau dans les mains. Deux verres, une jatte de lait, deux assiettes contenant des biscuits à la cannelle et – les préférés de Dmitri – des petits pains fourrés au miel. « Votre collation Monsieur, et la cuisine m’envoie annoncer que le pique-nique sera prêt dans quinze minutes. » Il attend Dmitri, faisant signe de poser le plateau sur le bureau, et il n’est pas surpris quand l’intendant reprend. « Si je peux me permettre, je pense que votre père ne serait guère heureux de vous voir quitter la propriété. Même accompagné de votre jeune ami. »

Il croise les bras à cette phrase le petit Dmitri, et d’un air dédaigneux, hausse les épaules. « Une chance que personne ne soit là pour m’interdire de faire ce que je veux, en ce cas. Vous pouvez disposer. » Ainsi congédié, l’intendant repart en fermant la porte avec un rien d’agacement, et Dmitri perd sa posture fière pour se tourner vers Noah avec un sourire pas le moins du monde repentant. « Sers-toi. Après, on va monter la tour de cubes la plus haute de tout Fjerda, et on ira seller les poneys pour se promener. Si t’as envie. »

Il ne connait pas Noah, le Dmitri fier et orgueilleux qui a répondu à l’intendant. Ce Dmitri trop gâté et exigeant, autoritaire même, ne se montre pas souvent avec ses copains. Certes, c’est souvent lui qui décide, mais il ne rechigne pas à partager l’autorité. Non, Noah ne connaît pas ce côté de Dmitri, celui d’un enfant à qui on a appris à ne respecter qu’une autorité, qu’une parole : la sienne. Un fils de comte élevé pour régler sur son domaine un jour. Mais il s’est bien vite effacé, ce Dmitri là, contre l’enfant jovial et amusant qui, après avoir regardé une dernière fois d’un air émerveillé son cadeau pendu à son cou, s’est saisi d’un petit pain et le mange avec délice, suçant ses doigts poisseux de miel.

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À KERTCH, les Crows ont attaqué les Mercuriens, réduisant drastiquement leurs unités. Les fondateurs de la ville n’ont pas le choix : les quartiers sous leur juridiction sont réduits à NORTHWOOD et EAST GATE. De plus, la guilde des voleurs a osé dérober aux Crows une carte menant à un artefact grisha. Mais impossible de savoir qui peut bien faire partie de ce groupuscule. Les Corbeaux enquêtent tout en poursuivant leurs travaux sur le Barrel.

Alors que RAVKA est en deuil pour sa reine, le peuple se rebelle contre le Roi Yaromir. FJERDA en profite pour attaquer OS KERVO, la ville portuaire. La bataille est sanglante et les pertes sont considérables, mais l’envahisseur est repoussé. La lumière est faite sur l’escadron secret de la couronne ravkane : LES RÉSIGNÉS. Les frontières entre Ravka et Fjerda sont fermées et des unités militaires sont déployées stratégiquement. Sur le plan économique, le fer et le cuivre voient leurs prix grimper et l’artisanat ravkan gagne en cote. La couronne ravkane tente d’emprunter aux Mercuriens, banquiers de Kertch, afin d’asseoir leur pouvoir.

Pendant ce temps, les grishas du PETIT PALAIS ont connu les routes pavées d’ennemis. Après un combat acharné, ils découvrent un nouvel endroit aux alentours de CHERNAST, dans une grotte à l’abri des regards. C’est leur nouveau sanctuaire, leur chez-eux, mais ils doivent également partir à la recherche des enfants disparus.