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Shadow&Bone
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 Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï]

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Deva Petrova
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Message(#) Sujet: Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] EmptyLun 3 Juil - 2:36



Le brin de paille dans ta chaussure




Les étals des marchands se succèdent, formant un véritable labyrinthe de toiles bigarrées aux recoins remplis de trésors.
L'étui de sa guitare sous le bras, Deva chemine d'une table à l'autre, s'arrêtant pour admirer les étoffes ouvragées, renifler les effluves d'encens, et se faisant un devoir de goûter chacune des petites pâtisseries aux couleurs intrigantes.
Car elle adorait ces marchés éphémères. Ceux qui se montent à l'improviste et disparaissent sans prévenir. Elle avait l'impression d'y entrer comme dans un rêve, certaine d'y découvrir les plus merveilleuses surprises, avant qu'il ne subsiste plus que dans ses souvenirs.

Mais si elle était venue jusqu'ici, ce n'était pas dans l'espoir de se goinfrer de guimauves à la violette. Les émeraudes dissimulées dans l'écrin de velours étaient là pour le lui rappeler. Machinalement, ses doigts se crispent sur la sangle pendue à son épaule, car si la transaction était faite, ce n'était pas le moment de perdre le précieux butin.
Mâchouillant alors la dernière bouchée de son biscuit, Deva tente de se résigner à entamer le chemin du retour. Sans grande conviction.
Plus d'une heure de marche jusqu'à Shrifport, à crapahuter dans le sable en évitant de s'enflammer au moindre rayons de soleil, il n'y avait pas de quoi se réjouir. Mais c'était le prix qu'elle avait choisit de payer en rencontrant son intermédiaire dans un petit village éloigné. Moins de chance de s'y faire repérer.

S'apprêtant alors à quitter ce songe, un son carillonne doucement au creux de son oreille. Deva se met à en suivre les notes perdues dans les airs, tel un papillon attiré par une flamme, jusqu'à découvrir une petite troupe de musiciens non loin de là. Dévoilant ses fossettes, un immense sourire vient illuminer son visage. Car à leur seule présence, un flot de souvenirs la submerge, apportant avec lui un vieux sentiment, celui d'être chez elle.
Elle se souvient de son frère et elle, jouant sur des scènes improvisées comme celle-ci. De leur rencontre avec un certain voleur, qui avait illuminé leur parcours. Des fous rires interminables jusqu'au levé du jour.
Ce moment suspendu était parfait. A tel point qu'elle souhaita que le monde s'arrête. Mais si elle avait bien apprit une chose, c'est que le monde n'attendait rien ni personne. Et les cris qui résonnèrent soudain étaient là pour remettre l'horloge en marche.

Comme réveillée en sursaut, Deva se retrouve subitement dans un décor nouveau, mais pas complètement inconnu.
Autour d'elle, les gens accourent en tous sens, ne lui permettant pas de comprendre l'origine du désordre. Mais que cela vienne d'un groupe de voleurs, de marchands d'esclaves venu refaire leur stock ou d'un clan adversaire, le plan restait le même: fuir.
Agrippant son instrument, Deva se jette tête baissée dans la cohue, cherchant un abri afin de ne pas se faire piétiner par la foule. Par chance, derrière deux baraques en bois, elle repère une petite écurie qui lui semble vide. Sans y réfléchir à deux fois, elle s'élance à toute vitesse vers l'édifice, plongeant tête la première dans une botte de foin. Choix qui aurait pu être plus judicieux. Car la voilà, toute gesticulante, à essayer de se sortir de ce fourbis, recrachant bruyamment au passage des brins de paille dans les airs. Ce n'est qu'après avoir balayé ses cheveux en tous sens qu'elle remarque une paire d'yeux braqués sur elle. Se souvenant alors des leçons d'Alaric, elle saute sur ses pieds en essayant d'adopter une allure menaçante. Du moins aussi menaçante qu'on pouvait l'être une demi botte de foin coincée dans la crinière.
Détaillant d'abord l'homme afin de juger du danger, son regard est rapidement attiré par un deuxième compagnon présent dans leur petit abris. Ses yeux s'écarquillent alors d'une surprise sincère. Euh...t'es pas un peu poilu pour un dromadaire toi? demande-t-elle avec toute l'innocence qui la caractérise.






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Message(#) Sujet: Re: Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] EmptyMar 18 Juil - 21:30

Le vent soufflait dans ses cheveux, gonflant le moindre épi susceptible de partir à l’encontre de celui-ci, leur chocolat brillant sous la chaleur écrasante du soleil des Colonies du Sud. Fjerda lui manquait tant qu’il était impossible à Henry de ne pas se remémorer le froid glacial des vents tourbillonnants, emportant avec eux chaque souffle de vie, chaque flocon, pour le poser dans un ailleurs dont le grisha n’avait aucune idée de l’origine. Le sable s’infiltrait dans la moindre encolure, le moindre pli et les vêtements clairs des villageois qui partageaient gentiment leur repas avec lui l’aveuglaient si fort que l’homme imaginait plus qu’il ne voyait réellement les personnes à qui il s’adressait. Alors oui, Fjerda lui manquait. Plus encore que les rafales fraîches de Novyi Zem, quand le vent portait des nuages chargés d’orages prometteurs de pluie rédemptrice.

Fjerda la grande lui manquait. Lui, au milieu d’une foule de personnes plus joyeuses les unes que les autres, entouré de vie, de musique, de beaux sentiments virevoltants dans les airs lourds. Lui qui aimait tant, habituellement, l’agitation qui faisait de l’humanité une espèce si belle, se sentait si seul. Son âme avait soif de la chaleur que son corps ressentait à Fjerda. Avait ressenti cette unique fois. Quelque chose de beau, de merveilleux, comme une fleur qui éclot petit à petit. Et l’absence de cet homme étrange pour étoffer ce feu le rendait un peu nostalgique. Il voulait revoir les chats adorables, dormir à l’abri du mal dans cette écurie si confortable et surtout discuter encore avec Stanislas et son air solennel. Il voulait replonger son regard dans l’hiver de ses yeux, continuer de fouiller à la recherche de nouvelles nuances et encore l’entendre parler de sa voix calme et posée. Il voulait de nouveau passer du temps avec cet homme fantastique qu’il avait découvert, presque par hasard, au détour du destin, alors qu’il ne faisait que livrer des vêtements à un énième client, le coeur aussi gelé que le corps, effrayé par la menace mortelle invisible qui le poursuivait depuis qu’il avait fait son premier pas en royaume fjerdan. Alors oui, Henry pouvait se l’avouer, Stan lui manquait étrangement mais il avait bien fallu partir, reprendre la route, continuer à avancer et prier tous les sankts qu’ils remettent l’homme solitaire sur sa route.

C’est là qu’il était rendu, désormais. Il ne savait pas trop par quel miracle il se trouvait là, avait pris un bateau inconnu, pour une fois, et avait terminé dans les Colonies du Sud. Le troisième pays le plus dangereux pour les gens comme lui, selon son père, et Henry s’y rendait sans y faire attention alors qu’il avait toujours veillé à ne pas se perdre au point de se retrouver en danger. Il avait soupiré, accompagné par Louise qui, contrairement à Fjerda, n’était pas à son aise dans les chaleurs des Colonies (lui non plus d’ailleurs) et avait marché dans les villes qu’il croisait. A son grand étonnement, les nuits désertiques étaient aussi froides que les jours étaient chauds, si bien que la demande coulait à grande eau et Henry avait du mal à y répondre, prenant quelques commandes pour plus tard, promettant de les envoyer ou de les ramener lui-même. Il savait déjà qu’en partant il retournerait chez lui pour récupérer ses stocks de laine. Il sourit à un enfant, se leva doucement et indiqua à ses hôtes qu’il emmenait Louise se sustenter. On lui indiqua la grange la plus proche et Henry s’endormit dans le foin.

Quand il se réveilla, ce fut pour entendre le bruit désaccordé de gens qui criaient en tout sens. Il se secoua, Louise déjà aux aguets et prêt, à quoi, Henry l’ignorait. Les alpagas avaient la réputation d’être des animaux d’une grande tendresse et d’une docilité impressionnante. Dans son attitude, Louise rejoignait ses cousins les lamas et ses coups de têtes n’étaient pas à moquer, Alaric le premier pouvait en témoigner. Et comme il ne fallait pas juger quelqu’un sur sa taille, seul un sot jugeait Louise sur son apparence adorable et sa petite stature. Son ami était capable du plus terrible des coups pour protéger Henry et le durast en avait conscience.

Henry flatta l’encolure de son ami, lui murmurant un mot rassurant et se redressa au moment même où une femme débarqua dans la bâtisse…pour sauter dans le foin la tête la première. Henry regarda un instant ses jambes avant de se mordre la lèvre pour empêcher son rire de résonner dans la grange. Elle se releva et Henry reconnu là quelqu’un qui préparait sa garde alors que leurs yeux se croisaient pour la première fois. Il resta totalement serein, ses épaules tressautant légèrement le rire qu’il contenait en son corps alors qu’il voyait ce visage parsemé de brins séchés, ses cheveux longs emmêlés parfait pour servir de nid à la première pie venue et ce regard méfiant qui, il était sûr, pouvait se vouloir dangereux. Et puis, et puis la femme fit une réflexion qui fit rire Henry à gorge déployée. Il se tut cependant immédiatement alors que les bruits extérieurs se rapprochaient d’eux et posa la main sur la tête de son ami, chuchotant.

-C’est aussi un peu petit pour être un dromadaire. Louise est un alpaga. Que se passe-t-il dehors? Des pilleurs? Etes-vous un pilleur? Un voleur? Un bandit de grand chemin? Bien qu’un bandit de grand chemin ne dirait rien…Oh, je suis désolé, vous pouvez aussi voler les petits chemins, cela fait tout de même de vous un bandit en terme de…banditisme.

Il se tut, encore un peu perdu dans sa tirade avant d’observer de nouveau la femme.

-Vous avez un peu de paille dans les cheveux, c’est volontaire? Je n’avais encore jamais vu personne plonger avec autant d’aisance dans une botte de paille.

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Deva Petrova
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Message(#) Sujet: Re: Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] EmptyLun 24 Juil - 1:12

Le brin de paille dans ta chaussure




L'inconnu ne se montra ni vindicatif, ni apeuré. Pas même impressionné.
Pire, il éclata d'un rire si amusé, que Deva en fut un instant vexée. Avait-elle mal positionné ses pieds ? C'était pourtant bien ça, les bras à la même largeur.
Elle ajusta sa position en tâchant de ne pas laisser paraître son trouble, mais un petit air renfrogné se forma sur ses traits innocents.
Malgré tout, sa bouderie fondit comme neige au soleil lorsqu'elle aperçu l'animal.
Elle le trouvait si adorable qu'elle en oublia complètement toute position de défense.

-Alpaga ? répéta-t-elle en inclinant la tête, songeuse.
Elle aurait voulu faire un pas en avant, peut-être même tenter de caresser l'animal, mais l'étrange monologue que lui servit l'inconnu ne lui donna pas l'occasion de lui demander son accord.
Le fixant avec des yeux ronds, elle ne sut d'abord que répondre.

-Heu...j'ignore ce qu'il se passe dehors, dit-elle en reportant rapidement son attention sur les bruits qui les entouraient. Des extracteurs. Ou bien un clan adverse ? Elle regarda à travers les planches de bois pour essayer d'apercevoir de potentiels ennemis. Et je ne suis pas une bandit, dit-elle en se retournant vers lui, les mains sur les hanches. Je suis musicienne. Son ton était assuré, fier. Et hormis son étui, c'est bien tout ce qui pouvait corroborer ses dires. Car sa tenue et les tatouages dépassant de ses manches laissaient planer un sérieux doute. Mais une fois encore, la sincérité de son interlocuteur la désarçonna, envoyant son assurance naissante aux oubliettes. Oh...et bien merci, dit-elle en passant les mains dans ses cheveux pour en enlever les derniers brins de paille. Je dois avouer que c'est une première. Un sourire se forma au coin de ses lèvres tandis qu'elle prenait conscience de la scène dont il venait d'être témoin. Elle comprenait mieux son rire d'alors et le trouva soudain bien aimable.

Dans la légèreté de ce moment, elle en oublia presque les évènements qui se déroulaient au dehors. Si la situation avait été différente, elle serait sans doute en train de l'assommer de questions, mais le poids de l'instrument à son épaule agit sur elle comme un rappel.
Quoi qu'il soit en train de se passer, et quelque soit l'ennemi qui les menaçait, elle ne pouvait pas se permettre d'être prise avec les pierres en sa possession.
Alaric lui avait apprit à tout observer durant un combat. Et elle luttait à présent pour ne pas se faire prendre, c'était bien la même chose.
Profitant d'une exclamation soudaine en provenance de l'extérieur, et qui eut l'avantage de distraire ses nouveaux compagnons, Deva scruta d'avantage son environnement. Des bottes de pailles, une échelle, un sac et...des paniers de transport? Voilà la solution à son problème. Dissimuler les émeraudes dans les paniers de l'alpaga. Mais comment s'y prendre pour que l'homme ne l'y surprenne pas?

-Ecoutez, reprit-elle soudain à son attention. Je sais qu'on se connaît pas, et j'ignore ce qui nous attend là dehors. Pourtant... il serait peut-être judicieux qu'on s'entraide, vous croyez pas? L'union fait la force après tout. Je m'appelle Deva.

Elle lui tendit la main, un sourire sincère aux lèvres. Car malgré ses enjeux personnels, elle n'était pas franchement jouasse à l'idée de s'aventurer seule dans cette pagaille.
S'il acceptait, elle n'aurait plus qu'à le distraire un instant avant qu'ils ne s'aventurent dehors. Alors elle glisserait les émeraudes bien au chaud dans leur nouvel écrin. Elle s'inquièterait plus tard de savoir qu'elle route il comptait prendre. L'important, c'était de sortir d'ici vivants. Et avec son butin.






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Message(#) Sujet: Re: Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] EmptyMer 13 Sep - 17:13


C’était étrange, n’est-ce pas, de faire la conversation dans une grange pleine de foin alors que le monde semblait se déchirer dehors? Henry pouvait entendre les cris, pouvait même presque deviner la détresse qui voletait dans les airs aussi sûrement qu’un moineau au printemps. Et pourtant, l’intérieur de cette grange était comme un havre de paix. Il n’y avait que lui, Louise et cette étrange inconnue bien avenante. Et elle était belle, vraiment magnifique à dire vrai. Il admirait ses pommettes hautes légèrement rougies par ses roulades précédentes, cette chevelure de nuit noire qui coulait comme l’eau la plus claire d’une cascade, ses lèvres charnues et rosées qui devait offrir tant de merveilleux sourires et ses yeux noisettes, semblables aux siens, qui regardaient Louise avec une surprise non feinte et une adoration que Hen aimait voir. Elle n’avait pas l’air bien dangereux, tout compte fait. Et Henry n’était pas vraiment du genre à se méfier des gens. Même s’il savait être prudent dans un pays aussi inhospitalier que celui-là pour quelqu’un comme lui, il savait aussi qu’on pouvait faire les plus belles rencontres d’une vie, face à l’adversité. Les yeux glacés de Stan vinrent flotter dans son esprit un instant, laissant son coeur se gorger du souvenir de cette soirée unique qui ne semblait jamais vouloir quitter son esprit.

Il se concentra de nouveau sur la situation alors que la voix de la dame s’élevait dans la petite bâtisse. Une grimace fit son apparition immédiatement sur le visage d’Henry au terme “extracteur” mais elle ne resta pas bien longtemps en place quand elle parla de musique. Henry adorait la musique. Il pouvait rester des heures, chez lui, sous les olivier à écouter le bruit des cigales, le chant des oiseaux. Il aimait particulièrement les bruits légers et mouvementés du vent venu caresser les feuilles des arbres, celui tonitruant de l’orage ou bien le plic ploc régulier de la pluie, venue battre la terre dans un son enchanteur, presque réparateur. Il aimait aussi le son de l’accordéon de son frère Toma, et celui, réveur de sa soeur Flora qui chantait des comptines à ses oliviers dans le but de les faire pousser plus heureux et d’avoir une récolte meilleure.

La musique… la musique était source de vie. Elle adoucissait tous les maux, pouvait renforcer l’esprit, elle faisait vibrer l’âme et vivre le corps, n’était-ce qu’avec le poum-poum régulier d’un coeur qui battait à toute allure. La musique était partout. Et voir quelqu’un qui pouvait avoir autant de pouvoir grace à son instrument rendant Hen admiratif et curieux.

-Vous chantez alors? Où jouez-vous seulement de l’instrument présent dans votre valise?

Il fit la réflexion à la femme qu’il n’avait jamais vu quelqu’un plonger aussi habilement dans une botte de foin, et des bottes de foins, il pouvait dire qu’il en avait fréquenté un certain nombre. Sa réponse eut le don de le faire rire, une nouvelle fois, doucement pour ne pas attirer l’attention. Un sourire naquit de ce rire et Henry décida de le garder.

Un cri plus fort que les autres se fit entendre, attirant tout de suite l’attention d’Henry et de Louise, qui s’approchèrent doucement du mur fin de bois, jetant un oeil par les interstices des planches vers l’extérieur. Il y voyait mal mais reconnaissait le feu incandescent de torches, dans la journée, qui mettaient le feu aux maisonnées. Un fracas, plus loin, le fit s’éloigner, angoissé. Il n’avait pas l’habitude de ce genre de sentiments, Henry. La destinée se débrouillait toujours pour l’éloigner des conflits. La raison pour laquelle elle venait de l’y plonger lui restait inconnue. Mais il n’avait pas le temps de s’occuper de ça. Il releva le regard vers la jeune femme, Deva, comme elle se présenta et s’approcha d’elle. Puis, avec toute la douceur dont faisait toujours preuve Henry, il attrapa la main tendue sans vraiment la serrer, la retourna et posa sa seconde main dessus, dans une espèce d’étreinte douce et qui se voulait rassurante.

-Je suis Henry, mais appelez moi Hen. Et voici Louise. Laissez-moi juste le temps de prendre mes sacs et allons-y.

Il bougea rapidement, monta les deux grandes paniers d’osier sur ses épaules et tendit la main à Deva, près de l’entrée.

Vous êtes prête?
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Deva Petrova
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Message(#) Sujet: Re: Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] EmptyDim 1 Oct - 0:15

Le brin de paille dans ta chaussure




Elle aurait pu s'y préparer, sachant tous les dangers qui pouvaient lui tomber dessus. Bandits, marchands d'esclaves, clans rivaux, rien ne manquait ici si on voulait prendre des risques. Mais non, Deva ne prévoyait pas. Elle n'aimait pas les plans. Impossible de s'y fier d'après elle, ils changeaient à la moindre occasion ! La preuve, dans quel plan aurait-elle pu prévoir se retrouver dans le foin jusqu'aux chevilles, planquée au fin fond d'une vieille grange en compagnie d'un inconnu et de son animal...exotique ? Aucun. C'est pour cela qu'il était préférable de foncer les yeux fermés et de faire confiance à son instinct !

-Je chante oui! Un air ravi illumina son visage, car quel heureux hasard de tomber sur un autre amateur de musique. Prends ça, Planification. A vrai dire, je chante plus que je ne joue. Ce n'est pas exactement mon instrument de prédilection... elle tapota l'étui de cuir. Mais c'est plus pratique à transporter qu'un piano, dit-elle avec une grimace comique. Et vous-même, vous jouez ? Parce que si c'est le cas on pourrait se produire ensemble. Ou bien composer? Même si vous n'êtes pas dans la musique je suis sûre que vous avez de l'inspiration. Vous en avez la tête. Enfin je veux dire, je vous trouve inspirant. Et inspiré. Et puis ce n'est pas si compliqué. Mais peut-être que vous avez déjà écrit des chansons? Ou des poèmes? Oh vous savez que ça se met facilement en musique...
C'était à son tour de monologuer. Mais elle avait une bonne excuse, il s'agissait de musique. En vérité, si des cris n'avaient pas subitement retentis, lui rappelant que leurs vies étaient potentiellement en danger, elle aurait sans doute continué un bon quart d'heure.

Alors elle se rappela ce que contenait son précieux instrument et se mit à réfléchir au moyen de s'en débarrasser discrètement. En effet, si elle tombait sur une bande d'autochtones enragés, elle doutait qu'ils se montrent franchement jouasses à la voir dérober les richesses de leur terre. Et c'est lorsque ses compagnons, distraits par une nouvelle clameur, s'éloignèrent un instant, que son instinct prit le dessus. Mettant genoux à terre, elle ouvrit rapidement son étui, œuvrant avec des gestes qui lui devenaient de plus en plus familiers. Si familiers qu'elle se releva juste à temps pour croiser le regard du jeune homme qui s'éloignait de son poste d'observation. Elle ignorait s'il avait pu voir quoi que ce soit à son micmac, mais dans le doute, se précipita pour attirer son attention. Décidément, son instinct était plus réactif que jamais.  

-Enchantée Louise, répondit-elle en inclinant poliment la tête en direction du lama. Hen. Elle fit de même à son encontre, toujours avec cette politesse presque incongrue compte tenu de la situation et qui pourtant, paraissait tout à fait justifiée par ses mains délicates venues entourer la sienne. Son geste aussi pouvait avoir l'air dissonant. Il faut dire que jusqu'à présent, on ne lui avait jamais serré la main ainsi. Mais cette douceur inattendue, surprenante, provoqua en la musicienne un étrange sentiment. C'était comme si ses mots le présentaient, et que ses gestes le montraient. Elle le dévisagea alors une seconde, ressentant qu'il devait être de ceux, rares, qui s'ouvraient au monde. S'offraient à lui. Avec une facilité si pure, qu'elle devait en déconcerter plus d'un.
Ses réflexions pourtant, au même titre que le soudain et intriguant intérêt qu'il venait de lui susciter, s'envolèrent à l'instant où il libéra sa main pour se préparer à leur départ. Car elle savait qu'elle n'aurait pas d'autres occasions que celle-ci.

-Oh attendez ! Elle s'empressa à la suite du jeune homme pour l'aider à mettre ses paniers en place. Vous voilà paré, dit-elle en époussetant ses mains l'une contre l'autre, avant d'ajuster à son tour la sangle de son étui autour de son épaule. Et moi aussi ! Allons-y.

Deva attrapa la main qu'Hen lui tendait avant de les suivre, lui et Louise, hors de leur abris. A première vue, le tumulte semblait s'être éloigné, plus loin vers les colonnes de fumée qui s'élevaient des cahutes embrasées.

-Le port est par là, dit-elle en indiquant un point à l'horizon. Elle ignorait si c'était la destination à laquelle Hen aspirait, mais elle n'était pas certaine de pouvoir lui laisser le choix. Ca a l'air sûr, pour l'instant. Mais juste au cas où, Louise sait se battre?
Elle n'avait pas dit "se défendre". La plupart des animaux étaient dotés d'un instinct de survie souvent supérieur à celui des humains. Mais irait-elle jusqu'à défendre son ami, la défendre elle? Sincèrement, Deva l'espérait. Car s'il leur arrivait des bricoles, elle n'était pas certaine de pouvoir se dépatouiller face à une horde de mercenaires. A moins de leur balancer dans la tronche les précieux cailloux qui alourdissaient les poches de son pantalon.





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Message(#) Sujet: Re: Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] EmptyDim 15 Oct - 16:05

Il était toujours aussi merveilleux de tomber sur des gens passionnés comme l’était la jeune femme par la musique. Et Henry, les yeux rivés sur cette femme magnifique buvait chaque mots qui s’échapait de sa bouche. Il s’imaginait déjà proférer mille et une paroles sur la beauté des amours de vieillesse, sur le soleil qui les couvrait de sa protection, sur la fragilité des âmes des champs et il s’imaginait très bien la jeune femme le chanter de sa voix veloutée. Les cris eurent raison de la déclaration passionnée de la jeune femme et Henry se rendit contre les pans de bois pour observer au dehors.

La vérité c’est qu’il voyait peu de choses si ce n’était des enfants pleurants, quelques vieilles personnes tentant de se cacher et, plus loin, la fumée épaisse et noire que seul un grand incendie pouvait provoquer. Il était certain qu’il s’étalerait, grignotant chaque pan de bois de chaque maison, brûlant les souvenirs et les possessions jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien que des cendres à la place de tout ça. Nul doute que bientôt, ce feu gourmand entourerait la grange pour en faire son quatre heure et tout en ces lieux, les trois occupants compris, était inflammable. Ils devaient fuir, s’en aller, et vite. Pour peu que les attaquants étaient des faiseurs d’esclaves et Henry était vraiment en danger. Et qui sait, peut-être la jeune femme.

Ils firent enfin leurs présentations et Henry ne put s’empêcher de poser des mains rassurantes, il l’espérait, sur celles de la jeune femme. La tendresse qu’il mit dans ses mouvements, la douceur de ceux-ci n’avaient pas vraiment pour but de ne pas effrayer la jeune femme, il avait ce genre de mouvements envers quiconque mais la réaction de la jeune femme, ou plutôt le manque de celle-ci lui fit pousser un sourire agréable sur le coin des lèvres. Il arrivait parfois qu’il prenne des réflexions mauvaises sur cette manie qu’il avait de toujours vouloir toucher les gens. Mais ces gestes étaient un moyen de communication autant que ses mots.

Rapidement, il se détourna d’elle, enfila ses paniers sur ses épaules non sans mal. Elle dut se rendre compte de son combat contre les lanières et, avec une gentillesse qui étonna le durast, elle l’aida sans cérémonie. Il rit un peu à sa remarque avant de serrer son bras de la main.

-Merci bien, Deva, pour ce geste de gentillesse.

Et puis, après avoir tendu la main qu’elle prit sans hésitation, il ouvrit la porte de la grange…et rien. Le conflit s’était déplacé, si bien qu’ils étaient tous trois comme seuls au monde. L’espace d’une seconde Henry eut l’impression que les seuls bruits existants étaient ceux du festin que l’incendie dégustait un peu plus loin et que le monde, l’humanité, avait déserté le petit bout de terre sur lequel ils se trouvaient. Et puis, et puis les bruits reprirent. Des hommes qui cherchaient ils ne savaient quoi et sans même se poser plus de question, il commença à marcher vers l’endroit que désignait Deva, Louise sur les talons, sa main toujours bien en sécurité au creux de la sienne.

Il rit à la question de Deva, marcha au coin d’un logement toujours entier avant de regarder à droite puis à gauche et de répondre, toujours en mouvement.

-Et bien, oui, Louise sait se battre. Il donne des coups de têtes très corrects qui, vu sa taille, atteriraient à un endroit où aucun homme ne souhaiterait être frappé. Et croyez le ou non, madame, mais je sais également me battre. Etonnant n’est-ce pas? Mon allure de poireau bouilli n’annonce pas du tout cela, j’en ai conscience. Mais mon père a fait partie à un moment donné de l’armée du roi, à Ravkan et il voulait que ses fils sachent se battre. Qu’en est-il de vous?

Il leva leurs mains emmêlées avant de regarder les doigts de la jeune femme.

-Votre poigne est très bonne, je parie que vos coups de poings doivent valoir le coup d’oeil. Même si je suis persuadé qu’on pourrait s’en sortir en discutant. Je ne vois pas pourquoi nous devrions toujours en venir au combat quand il suffit parfois de juste, respirer, regarder vraiment regarder l’autre et comprendre que nous sommes tous pareil vous savez? Au fond, n’aspirons-nous pas tous à la paix? A une vie sans misère et pleine de sérénité?

Il laissa retomber leurs mains entre eux sans arrière pensée avant de regarder vers le point qu’elle avait désigné.

-Je dois vous remercier, je comptais me rendre au port mais je suis une catastrophe et je cherche sa direction depuis trois jours. Vous me rendez un grand service en m’y conduisant.
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Message(#) Sujet: Re: Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] EmptyJeu 26 Oct - 2:43

Le temps semblait s'être arrêté. Là où quelques minutes plus tôt la musicienne devait se tortiller entre les nombreux passants, où les échos de voix et de rires résonnaient tel un orchestre mal accordé, ne restait plus que le silence. Au sortir de leur petit abris, la scène paraissait irréelle. A tel point qu'on pouvait se demander s'ils n'avaient pas rêvé le raffut des affrontements entendus plus tôt. Mais le moment de flottement ne dura pas bien longtemps, éclatant brutalement au son de nouvelles échauffourées. Deva jeta de rapides regards alentour afin de juger de dangers immédiats. Si elle se détendit un instant, rassurée de ne voir personne à l'horizon, la perspective très probable que cela ne dure pas l'inquiéta rapidement. Tout comme la présence de ses deux nouveaux compagnons.
Le contact de la main d'Henry dans la sienne avait quelque chose d'apaisant, lui rappelant qu'elle n'était pas seule dans cette situation. Pourtant, elle ne cessait de se demander ce qu'il se passerait s'ils tombaient sur des embûches. Après tout, elle ne le connaissait pas. Se battrait-il à ses côtés si les choses venaient à se corser ? Prendrait-il sa défense ? Ou choisirait-il de sauter sur le dos de son animal avant de partir au galop, toute laine au vent ?
La musicienne n'avait pas la réponse à cela. Tout comme elle ignorait comment elle-même réagirait. Risquerait-elle de se faire prendre, de perdre ses pierres et ainsi, voir ses espoirs de retrouver son frère reculer encore d'avantage, pour eux ? Elle secoua la tête comme pour chasser ses interrogations. Quitte à se focaliser sur quelque chose, autant prier qu'ils n'en arrivent pas là. Et puis qui sait, peut-être qu'ils auraient droit au meilleur scénario, après celui où ils ne se font pas attaquer. Celui où tous deux affrontent les méchants côte à côte tels de véritables guerriers ! Tous les deux ou bien tous les trois ?
Ça savait se battre un lama ?
La question franchit aussitôt ses lèvres, qui s'habillèrent d'un sourire lorsque Henry lui répondit par l'affirmative. Et tandis que, la mine pensive, son cerveau analysait le fait que Louise n'était pas une fille, un malaise la frappa.

-Oh par tous les Saints je...Henry...je ne voulais pas sous-entendre...je veux dire, vous ne ressemblez pas du tout à un poireau ! Ni cru, ni bouilli ! Elle était si mal à l'aise à la perspective d'avoir pu le vexer. Il est vrai qu'elle avait rapidement réfléchit à la probabilité de ses intentions, mais sans vraiment se demander s'il savait se battre ou non. Car si elle était parfaitement honnête, elle l'imaginait difficilement prendre part à un combat. Vous avez l'air si, pacifiste - et c'est un compliment, croyez-moi ! - que je n'ai pas vraiment pensé...ce qui n'enlève rien à vos capacités ! Je suis d'ailleurs ravie que vous en ayez. Enfin, que vous sachiez vous battre, se rattrapa-t-elle. C'est plutôt une bonne nouvelle ! Elle lui offrit un sourire timide soulignant ses trébuchantes excuses. Du coup...elle lui jeta un regard en coin...vous seriez plutôt quoi, un fenouil ? C'est vachement plus costaud qu'un poireau faut pas croire ! C'est à cause de la partie tigeuse.

Et il pouvait la croire sur parole. Question bataille avec des légumes et autres condiments, Deva avait de l'expérience.

-Ma poigne ? Elle dévisagea leurs mains à son tour. Oh je ne sais pas trop...dit-elle avec une modestie justifiée. J'ai bien reçu quelques cours oui, mais … jusqu'à présent c'est surtout l'air qui a le plus souffert de mon crochet du droit. Elle rit doucement en repensant à ses leçons avec Alaric et au nombre de fois où, emportée par son élan, elle avait finit les fesses par terre.
Elle n'était pas la plus douée, mais elle s'accrochait. C'était important pour elle d'apprendre à se battre, à se défendre. Surtout si elle finissait un jour par l'accompagner dans l'une de ses aventures. Mais si cela était une chose presque évidente pour elle, Henry ne semblait pas partager son avis.

-J'aimerais tellement que vous ayez raison Henry. Mais il y a une raison pour laquelle les termes « défendre » et « attaquer » existent. Tout comme le ciel brille de millions d'étoiles, je pense qu'il y a autant d'instincts et de visions différentes. Ce qui pour vous ressemble à la paix, semblera sans doute ennuyeux pour un autre. Et si cet autre trouve son bonheur dans l'adrénaline d'un combat, dans la violence, alors vos mots ne seront rien de plus qu'une étoile filante. Brillante pendant une fraction de seconde, avant de s'éteindre totalement. Et seulement à condition qu'il lève les yeux pour l'apercevoir.

Surprise par la tournure de sa propre réponse, un moue perplexe se forma sur son visage. Habituellement, elle réservait ce genre de métaphores à ses chansons. Elle avait donc eu raison un peu plus tôt, cet homme avait bien quelque chose d'inspirant.

-Oh il n'y a pas de quoi, commença-t-elle à répondre, je...attendez. Tro...elle suspendit subitement sa phrase, cachant au mieux son étonnement. Elle ne voulait pas risquer de le vexer une deuxième fois. Mais tout de même, trois jours ?! Hum...personne n'a su vous renseigner sur la direction à prendre durant ces quelques jours ? demanda-t-elle sur un ton plus doux. Cette attaque va peut-être se transformer en bénédiction pour vous finalement!

Cette simple phrase, lâchée au vent, Deva en regretta la candeur qui la caractérisait tant. Car peu de temps après que la dernière syllabe ait franchit ses lèvres, des bruits inquiétants retentirent tout près d'eux.





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Message(#) Sujet: Re: Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] EmptyDim 26 Nov - 17:16

Henry ne put s’empêcher de rire à l’air pataud que pouvait arborer Deva actuellement. Cette femme était un vrai oasis en plein désert tant elle était rafraichissante. Il était heureux, que la destinée l’ai mise sur son chemin parce qu’elle était de ceux qui avaient l’air de rêver de leur art, de ceux qui avaient ce phrasé passionné que Henry aurait pu écouter des heures durant. Peut-être un autre jour? Dans d’autres circonstances il aurait donné cher pour écouter son histoire, écouter sa musique, écouter son âme. Ici et maintenant, il ne pouvait que converser de façon presque badine bien que toujours sincère. C’était quelque chose de facile à faire avec cette femme, il en était sûr, exceptionnelle.

-J’aurai pensé à la partie boulière, regardez. Il gonfla des joues pour lui montrer un semblant de surface ronde, avant de lâcher sa respiration en riant. Je prends ça comme un compliment, c’est très intimidant, un fenouil, et très parfumé. Surtout dans la soupe.

Le fenouil n’était pas son légume préféré, malheureusement, et la soupe était probablement le seul endroit où il pouvait le tolérer mais ce n’était pas quelque chose qu’il irait avouer à Deva. La plaisanterie était assez bonne, il estimait, pas la peine de le gâcher avec une vérité inutile. Même si, il fallait l’avouer, Henry préférait les poireaux.

Ils marchèrent quelques pas alors qu’Hen indiquait à la demoiselle qu’il n’aspirait qu’à la paix, une question rhétorique à la suite, et fut surpris qu’elle y réponde, troublant le durast dans les plus profondes fondations. Il savait, au fond, que tout le monde ne pouvait pas vouloir la paix. Sinon les guerres n’existeraient pas. Et les guerres déchiraient tous les royaumes. Mais…mais la paix devait elle résider dans les mains de ceux qui n’y voyaient que de l’ennui? Un long soupir malheureux traversa son être.

-Vous avez raison, je suppose. Mais quelle horrible chose que le monde abrite des personnes qui ne peuvent vivre que du malheur des autres. Je n’imagine pas l’ennui qui pourrait exister dans un monde en paix. Prospère. Aimant. Nos terres manquent tellement d’amour que c’en est désolant. Je voudrais… je ne sais pas. Une vie où l’on rencontre des inconnus au détour de notre chemin, des personnes que notre âme reconnait immédiatement comme potentiel aimant, comme ami, comme amant, comme famille. Mais aussi une vie où, lorsque les âmes ne s’accordent pas, elles passent juste leur chemin. La destruction peut parfois être poétique mais elle me brise souvent le coeur, je dois l’admettre.

Il sourit piteusement, glissa une main, habituée, dans le pelage de Louise avant de regarder le paysage et de changer tout naturellement de conversation. Il se mit à sourire, pas du tout gêné par sa lacune avant de répondre.

-En effet. Ils m’ont indiqué mais je me suis de nouveau perdu. Je ne saurai me repérer même pour sauver ma vie, c’est terrible. Et comme je ne sais pas lire, les panneaux ne sont d’aucune utilité. J’ai pour habitude de me laisser guider par la destinée alors ce n’est pas si grave. Louise est bien complaisant à ce sujet je dois l’avouer.

Il laissa la femme rétorquer et manqua de répondre, inquiété par le soudain arrêt opéré par Louise et la jeune femme.

-Que?

Mais déjà son regard rencontrait celui de l’un des trois assaillants qui faisaient du bruit dans la ruelle adjacente. Leurs regards coulaient de Deva à Louise, Henry pas vraiment une menace. La jeune femme avait beau dire, il avait vraiment l’allure d’un poireau fondu. C’était un fait que sa corpulence légère n’inquiétait personne. Son père lui avait dit que c’était une grave erreur et que ça ferait de lui un combattant aguérri. Doucement, il glissa sa main dans sa sacoche, senti le fil sous ses doigts se transformer en quelque chose de beaucoup plus rigide, dense et solide. Le fil de laine sortit de la sacoche sous la forme d’un joli fouet blanc au manche ouvragé. On aurait pu croire qu’il avait toujours été là.

-Je crois, madame que je vais devoir montrer toute mon intimidation de fenouil, si nous souhaitons nous rendre au port.

Il offrit un sourire à la jeune femme avant de le tourner vers le trois hommes.

-Bonjour messieurs, pouvons-nous vous aider en cette belle journée?

La main toujours dans le pelage de Louise, il sentait déjà celui-ci se tendre, prêt à user de sa tête à outrance. Oh oui, Henry ne se battait que très rarement. C’était un pacifiste dans l’âme. Mais si ces trois gentlemen décidaient de les attaquer, il saurait protéger la dame.
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Message(#) Sujet: Re: Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] Le brin de paille dans ta chaussure [Henry Dolstoï] EmptySam 23 Mar - 3:09

En voyant la mine de hamster que lui faisait Henry, Deva éclata d'un rire tonitruant.

-Ahaha ! Vous avez tout à fait raison ! articule-t-elle entre deux rires. Et un fenouil de toute première fraîcheur si j'puis me permettre ! Elle-même se demanda ce qu'elle avait bien pu vouloir dire.

La jeune femme était cultivée. Ou plutôt éduquée. Elle avait reçu la meilleure éducation possible, avec les professeurs particuliers les plus prisés de tout Ravka. Pourtant il lui arrivait parfois, souvent, d'être un peu à côté de la plaque. Ce n'est pas qu'elle n'était pas intelligente, c'est que son intelligence différait de celle des autres. Et elle s'en moquait. Du moins lorsqu'elle se trouvait avec des personnes telles qu'Henry. Elle ne le connaissait pas c'est vrai, pourtant quelque chose lui disait qu'il ne la jugerait sur rien. Parfaitement à l'aise à ses côtés, elle l'écouta attentivement parler de guerres, de paix et d'espoirs. Et au fil des mots, son regard sur lui s'intensifia tant elle était émue par ses paroles.

-J'aimerais tant voir ce monde un jour. Cette idée d'âme sœur la touchait plus qu'elle ne pouvait se l'expliquer. Mais qui sait, peut-être que nous sommes sur le bon chemin, dit-elle en le taquinant d'un léger coup d'épaule, un tendre sourire étirant ses lèvres.

On ne peut pas dire que Deva s'était vraiment fait des amis depuis son arrivée à Ketterdam. Mais qui sait, au matin peut-être allait-elle pouvoir en compter au moins un. A condition bien sûr de survivre jusque-là.
Devant eux venaient d'apparaître trois personnages aux allures menaçantes. Comme ses nouveaux compagnons, Deva s'arrêta net, les fixant d'un regard qu'elle voulait le plus dissuasif possible. Car, et bien, c'est tout ce qu'elle avait. L'idée de transporter au moins une petite arme défensive l'avait effleuré, mais elle se coupait déjà en beurrant ses tartines ...

-Vous avez un plan ? murmure-t-elle à Henry. Parce que... Tournant légèrement son regard vers lui, elle s'interrompt en apercevant le fouet dans sa main. Ses yeux s'écarquillent alors de surprise. Oh ! Un fenouil qui en a sous le feuillage, dit-elle sans cacher son admiration. Bien, alors tâchons de ne pas finir en souplette du jour.

Enhardie par le courage émanant de son nouveau légume préféré, la jeune femme prit position, bien campée sur ses pieds comme Alaric le lui avait enseigné. La question de Henry flotta alors quelques instants dans le silence, avant que le vacarme ne vienne lui répondre.
En quelques secondes, leurs assaillants étaient sur eux. Qui jurant, qui brandissant une arme quelconque. Rapide et agile, Deva esquiva les premiers coups portés, avant de profiter du nuage de sable formé par leurs trépignements incessants pour s'échapper. Le hic, c'est que si on ne pouvait plus la voir, elle ne voyait plus rien non plus. Se concentrant alors sur les sons autour d'elle, elle finit par repérer Louise. Les jurons déclamés à l'encontre de la moitié des races animales existantes ne laissant planer aucuns doutes. Non loin, c'est un bruit sec, qu'elle devina être le fouet d'Henry, qui attira son attention. Rassurée, elle voulut se diriger vers eux mais à peine avait-elle fait un pas que quelque chose la tira brusquement en arrière. Elle se sentit alors étonnamment légère pendant une fraction de seconde. C'est en atterrissant lourdement contre le mur d'une vieille bâtisse qu'elle comprit, en même temps que sa douleur, que son assaillant venait de la balancer dans les airs comme un vulgaire sac à patates.

-Ah...gémit-elle. J'ai pas encore été entraînée pour ça. Oui, elle râle. Mais c'est assez légitime après une rencontre forcée, et non désirée, avec un mur.

Pestant à moitié, Deva tente de se remettre sur ses pieds lorsqu'elle remarque une ombre se dessiner dans le nuage de fumée. Une ombre qui grandit et se rapproche. Elle n'a pas été si invisible finalement.
-Euh... Henry ? bégaye-t-elle en fixant la menace grandissante. Si tu peux j'aurais besoin d'un petit coup de main ! ... L'ombre est bientôt sur elle. FENOUUUIIIL !!!





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À KERTCH, les Crows ont attaqué les Mercuriens, réduisant drastiquement leurs unités. Les fondateurs de la ville n’ont pas le choix : les quartiers sous leur juridiction sont réduits à NORTHWOOD et EAST GATE. De plus, la guilde des voleurs a osé dérober aux Crows une carte menant à un artefact grisha. Mais impossible de savoir qui peut bien faire partie de ce groupuscule. Les Corbeaux enquêtent tout en poursuivant leurs travaux sur le Barrel.

Alors que RAVKA est en deuil pour sa reine, le peuple se rebelle contre le Roi Yaromir. FJERDA en profite pour attaquer OS KERVO, la ville portuaire. La bataille est sanglante et les pertes sont considérables, mais l’envahisseur est repoussé. La lumière est faite sur l’escadron secret de la couronne ravkane : LES RÉSIGNÉS. Les frontières entre Ravka et Fjerda sont fermées et des unités militaires sont déployées stratégiquement. Sur le plan économique, le fer et le cuivre voient leurs prix grimper et l’artisanat ravkan gagne en cote. La couronne ravkane tente d’emprunter aux Mercuriens, banquiers de Kertch, afin d’asseoir leur pouvoir.

Pendant ce temps, les grishas du PETIT PALAIS ont connu les routes pavées d’ennemis. Après un combat acharné, ils découvrent un nouvel endroit aux alentours de CHERNAST, dans une grotte à l’abri des regards. C’est leur nouveau sanctuaire, leur chez-eux, mais ils doivent également partir à la recherche des enfants disparus.