Forum pour public mature et averti Du fait de son contexte, vous risquez de rencontrer des sujets sensibles sur S&B : discrimination, violence, torture . Tout écrit sensible doit être consenti par l'ensemble des joueurs et faire l'objet d'une prévention dans le titre du sujet par la mention d'un Trigger Warning.
Bienvenue sur Shadow & Bone forum dérivé du Grishaverse. Adaptation libre.
Ma main recouvrit un bâillement. La journée avait été longue. Le boulanger qui m’a recruté ici me faisait travailler à une cadence barbare, j’avais à peine le temps de me reposer, mais pour autant, je gagnais pas tant que ça, alors le soir, je vendais mes petites fabrications personnelles. Des toutes petites statuettes, des bijoux en bois, sculpté par mes soins. J’avais pris le coup de main pour les perles qui ressemblaient à des pierres. Mais j’étais dans ma période perles cubiques avec des motifs de fleurs, plantes, ou des arabesques dessus. Et pendant que je vendais, je fabriquais aussi. J’avais toujours un projet en cours, ça m’occupait le temps que les clients viennent, et ça me permettait d’écouter aussi. Les tavernes étaient les meilleurs endroits pour récupérer des informations.
Les gens parlaient de plus en plus fort au cours de la soirée, grâce à l’alcool. Et ils en disaient tellement plus ! C’est comme ça que j’ai cherché des indices sur le passage d’Akihiko. Mon père était persuadé de l’avoir vu à Novyi Zem, ça voulait dire qu’il pouvait être littéralement n’importe où à présent. Mon seul avantage était qu’il ne passait pas inaperçu cet homme là. S’il ne s’attrapait pas, il ne s’oubliait pas. Une prestance qui devait bien lui casser les pieds quand on y pensait. Mais ça ne serait mon problème que lorsqu’il aurait accepté de me prendre comme apprenti.
Je soupirais et bus une gorgée de jus de raisin dans ma chopine. J’avais réussi à faire avaler au barman que j’étais allergique à l’alcool et il m’avait pris en pitié. Non, l’alcool, je n’en voulais tout simplement pas. Trop risqué dans mon cas. En reposant ma chopine, j’entendis les premières notes d’un instrument. Curieux, je relevais les yeux vers la scène. Un homme y avait pris place et avait commencé à jouer d’un instrument que je ne connaissais pas. Captivé, j’observais le musicien mouvoir ses doigts sur les cordes de cette drôle de guitare.
Les notes étaient agréablement douces aux oreilles. Je me surpris à arrêter ma toute petite sculpture en forme de phénix pour écouter pleinement l’artiste qui se produisait. La soirée en fut bien plus agréable et passa beaucoup plus vite. Mais évidemment, je ne songeais plus à écouter les racontars autour de moi. Je rougis légèrement lorsque nos regards se croisèrent. Ou peut-être l’avais-je imaginé ?
Daniil Petrova
Civil.e - Membre des Crows
Messages : 16 Date d'inscription : 05/07/2023
(#) Sujet: Re: La mélodie du bois [Daniil & Arkadiuzs] Lun 21 Aoû - 10:21
"Cicada, montres nous d'où te viens ce surnom ridicule !" que lance Viper, le regard provocant, sous les ricanements des autres crows. Un sourire amusé vient étirer tes traits, alors que tu lui lances une œillade joueuse, et un geste obscène. "Quoi ? Tu parles de musique ? Ou de la dernière fois que j't'ai fais grimper au rideau et où t'as réveillé tout le quartier ?" Quelques rires plus tard, t'avais pris ta balalaïka et tu t'étais installé, avec l'autorisation du tavernier, sur scène. Tu étais concentré sur cette musique que tu tirais de ton instrument, de ces sons, de cette vieille balade ravkane racontant comment un soldat s'était épris d'une roussalka, et comment, après des jours passés à la courtiser, elle avait finit par le noyer au fond d'un ruisseau. Les chansons ravkanes respiraient rarement la joie. Les histoires recelaient toujours des tragédies ou des fins mitigés, comme tous les personnages de cette mythologie. Dame minuit, baba yaga, Morozko... Ils avaient tous deux faces, l'une représentant des monstres dénués d'émotions, l'autre, plus en demie teinte, présentait des créatures avides d'exister. En cela... On pouvait parfois ressembler à ces figures folkloriques.
Tes doigts s'agitent sur les cordes, la base triangulaire de ton instrument posée sur tes genoux, tu fermes les yeux, et tu ressens cet apaisement que tu n'as pas vécu depuis longtemps. Dire qu'à une époque tu te représentais avec Devi sur scène. Ta soeur te manquais. Et ce manque n'était pas prêt de s’atténuer. Dès lors que tu étais sorti des sentiers battus, dès lors que tu avais fini sous la patte des crows, tu savais que c'était trop risqué pour elle. C'était comme se balader avec une cible mouvante sur le dos. Mais parfois... Oh oui parfois... Tu regrettais tes journées à travailler sur les docks, et tes nuits à jouer, jouer jusqu'à en saigner des doigts, jouer jusqu'à en avoir mal à la gorge, jusqu'à en avoir des courbatures le lendemain. Il y avait quelque chose de très libérateur à cette expérience. Tu intègres dans ces notes, celles que font les pas de ta soeur sur les pavés, le son des gouttes d'eau qui tapent le carreaux les nuits que tu passes dans les draps de ce crétin de Viper, les bruits de la maison, dans laquelle tu ne pourras jamais retourner. Le son cristallin du lustre lorsque le vent s'infiltre par les fenêtres ouvertes de la salle de réception, et tu te perds, tu te perds dans cette bulle. L'oreille absolue ça peut être une torture, comme une bénédiction parfois. C'est sur un tonnerre d'applaudissement du reste de ton groupe, ainsi que quelques sifflements appréciateurs que tu descends de scène. Ton regard croise deux perles digne du bleu des glaciers, intéressant.
Tu dépose une pièce sur le comptoir du tavernier qui te sers une choppe d'hydromel. Tu as toujours préféré cet alcool à la bière que brasse les trois quarts des taverniers ici. Plus délicat, plus sucré. Tu sirotes une gorgé, avant de t'approcher de ce jeune gars, attablé là, posant les yeux sur ce qui était posé devant lui. Il n'était pas rare que les marchands itinérants profitent des tavernes pour vendre de leur marchandises, étoffes ou bijoux, ce n'était pas gênant. ça l'était un peu plus lorsqu'il s'agissait de grosses meules de fromages ou de charcuterie. L'air devenait vite irrespirable.
Tu t'installais face à lui, le reste des crows étant retournés à leurs propre soirées, sans doute projeter de faire tel ou tel chose totalement discutable et, des mots de ta mère, plein de décadence. C'était ton existence désormais, tu en voulais pour preuve ce corbeau tatoué à même le dos de ta main, qui te rappelait chaque jours tes choix de vie discutables.
"Alors... Qu'est-ce que tu vends..." Tu regardes avec intérêt les bijoux, penchant doucement la tête. Caressant de la pulpe du doigt les motifs des perles. "C'est du beau travail, très minutieux. Combien pour celui là et celui là mon joli ?" Tu montres deux des bracelets du bout du doigt.
_________________
I want myself back
ANAPHORE
Arkadiusz Lilov
Etheralki - Inferni
Messages : 34 Date d'inscription : 05/07/2023
(#) Sujet: Re: La mélodie du bois [Daniil & Arkadiuzs] Mar 19 Sep - 17:15
Je me laissais transporter par l’histoire de sa chanson, j’avais beau connaître la plupart des contes que l’on pouvait chanter dans le monde à force de l’avoir parcouru avec mon père, il y avait toujours de nouvelles intrigues à découvrir. Puis, il fallait avouer que le conteur changeait la donne. S’il captivait l’auditoire, et qu’il était bon, comme celui que j’avais sous les yeux, alors je l’écoutais avec plus d’attention encore. La sensation que nos regards s’étaient réellement croisés se confirma lorsqu’à la fin de sa prestation, l’homme se dirigea vers moi. J’espérais qu’il allait être intéressé par ce que j’avais à vendre, mais surtout, qu’il détenait les informations dont j’avais besoin.
Mon regard le détailla aussi discrètement que j’en étais capable. Je remarquais rapidement le corbeau tatoué et je me sentis à la fois chanceux et en danger. On ne rigolait pas avec les Crows, mais ils détenaient souvent des informations essentielles. Je décidais toutefois de l’aborder comme je l’aurais fait avec n’importe qui. Avec la politesse et le respect d’un commerçant. Je hochais la tête pour le saluer et il commença d’emblée par me tutoyer et je supposais que c’était en rapport avec une certaine différence d’âge.
D’un geste de la main, je montrais la panoplie d’objets en bois sculptés par mes soins. Statuettes, bracelets, colliers, je faisais même des chopines. Les poils de mon dos se hérissèrent lorsque je l’entendis m’appeler mon joli, alors que l’instant d’avant, je souriais fièrement pour le compliment sur mon travail. Mais je ne dis rien. Le monde était ainsi fait, et si je devais jouer de mes charmes, je pouvais toujours tenter de le faire, bien que...je n’étais absolument pas doué pour cela. Je tâchais de rester aussi neutre que possible et relevais la tête vers lui.
« Les bracelets coûtent cinq kruges chacun mais… comme je suis à la recherche d’informations, il y a peut-être moyen de s’arranger. »
J’attendis d’avoir toute son attention, puis indiquait d’un geste de la main son tatouage.
« Je me permets de vous demander, car vous devez sûrement avoir une bonne idée de ce qui se passe ici, et je ne suis que de passage. Je cherche quelqu’un. »
Mon regard cherche dans le sien une lueur d’intérêt, l’assurance que je pourrais négocier avec lui, sans problèmes. Retrouver l’ancien apprenti de mon père était comme rechercher une aiguille dans une botte de foin, l’homme était à la fois remarquable et insaisissable. Mon seul espoir de progression était de suivre sa progression dans l’espoir d’un jour croiser sa route. A voir maintenant si mon Crow avait été en présence de mon homme et si mes bracelets valaient, selon lui, le poids de ses informations.
Contenu sponsorisé
(#) Sujet: Re: La mélodie du bois [Daniil & Arkadiuzs]