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 L'art de se faire pardonner || Eleonora

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Dmitri Moskovine
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Dmitri Moskovine

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Message(#) Sujet: L'art de se faire pardonner || Eleonora L'art de se faire pardonner || Eleonora EmptyMer 26 Juil - 19:17

L'art de se faire pardonner
feat @Eleonora Sokolova-Lantsov

Il allait mourir. Là, bêtement, de sa propre initiative. Ce serait rapide, il l'espérait, mais il en doutait fortement. Il ne pouvait rien y faire de toute façon : à chaque pas, inexorablement, c'est de la mort qu'il se rapprochait. Une devinette enfantine lui revint en tête, faisant naître un sourire sur ses lèvres. "Que se passe-t-il quand un aigle et un loup sont pris au piège ? L'aigle se laisse mourir, alors que le loup réfléchit à comment tuer le chasseur." Isenulf. C'est ce qu'ils sont, eux, les enfants de Fjerda. Les loups des glaces. Qui ne reculent pas, qui ne se soumettent pas, qui attaquent jusqu'à la mort.

Il a compris, plus grand, qui représentaient les aigles et qui représentaient les loups. Bon, lui, il était plutôt le fauteur de troubles que le loup, min trassel, comme le surnommait affectueusement sa mère. Enfin, c'était sûrement affectueux : il en a fait voir de toutes les couleurs à ses parents, après tout, lorsqu'il était petit ! Mais pour l'instant, loup, fauteur de trouble ou quel que puisse être son surnom, Dmitri savait qu'il allait au-devant des ennuis. Et la cause principale de ses ennuis se trouvait à son côté, boitillant sur le chemin, indifférent aux regards noirs que son cavalier lui lançait. Le cheval boitait. Et c'était un foutu problème.

Elle allait le tuer.

Dame Eleonora allait le massacrer : il n'en doutait pas une seconde. Elle l'avait bien averti que c'était la dernière fois… enfin, il se rappelait qu'elle avait déjà dit ça la fois d'avant, ce qu'il n'avait absolument pas jugé utile de lui rappeler. En plus, ce n'était pas sa faute. Réellement pas. Enfin, presque pas. Dmitri n'était pas un cavalier extrêmement doué, il voulait bien le reconnaître. Il avait les bases, mais ça n'allait pas plus loin. On n'élevait pas vraiment de chevaux, chez lui :  l'omniprésence du froid, de la neige et des animaux sauvages rendait l'activité difficile. C'était bien plus simple de les prendre à Ravka, et c'est ce qu'il avait fait lors de ses déplacements, beaucoup plus nombreux ces derniers mois, et pour cause. Il avait donc dû s'adapter, ce qu'il faisait admirablement bien, de sa propre opinion. Mais les chevaux étaient des animaux fragiles, qui se blessaient pour pas grand-chose… toujours de sa propre opinion, évidemment.

Le cheval avait commencé à boîter il y a quelques kilomètres, et Dmitri avait jugé plus prudent de finir à pied jusqu'à Chernast. Il avait passé deux semaines loin de chez lui, et la lenteur de la route, depuis qu'il avait mis pied à terre, aggravait son impatience. Plus il approchait de son but, plus le froid se faisait vif, effaçant la chaleur d'Os Alta, mais il n'en était pas mécontent. Sa cape doublée de fourrure sur les épaules, trop chaude pour Ravka, mais pas assez pour chez lui, suffisait pour le moment. Mais ce n'était pas le moment de se plaindre, clairement, plutôt celui d'affronter la mort la tête haute.

Oh, il savait y faire, Dmitri. Depuis qu'il était enfant, chacun jurait que Djel s'était penché sur son berceau, lui donnant le pouvoir de manier les mots et de charmer les gens. Bon, Djel n'était pas tout à fait coupable de ce dernier pouvoir : la petite science de Dmitri réalisait des miracles, quand il s'y abonnait, pour charmer, attendrir et manipuler son petit monde. Mais il avait bien d'autres talents, et d'autres charmes : utiliser sa petite science sur Eleonora était voué à l'échec, il le craignait, et il n'osait pas vraiment s'y risquer, si près de la frontière, à un endroit de passage. Que quelqu'un le voit, le reconnaisse, et c'en était fini de sa vie. Non, cela ne valait pas la peine. Mieux fallait utiliser ses autres talents. Et ses dons de commerçants : il ramenait des cadeaux, de quoi égayer les repas dans cet endroit perdu de Ravka, des épices, de l'huile et des baies achetées à prix d'or, en provenance de Shu Han. Techniquement, ces dernières étaient pour sa mère mais échapper à la mort demandait quelques sacrifices.

"Dame Eleonora. Je vous promets, cette fois je n'y suis pour rien." Un ours nous a poursuivi. Un blaireau nous a attaqué. Un Grisha a absorbé le fer de mon cheval. Toutes les excuses étaient valables, il suffisait juste de choisir la plus plausible, et de l'accompagner de grands yeux tristes et d'une mine désolée. Il était doué pour ça Dmitri. Il espérait juste qu'elle serait d'humeur à se laisser charmer.


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Eleonora Sokolova-Lantsov
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Message(#) Sujet: Re: L'art de se faire pardonner || Eleonora L'art de se faire pardonner || Eleonora EmptySam 12 Aoû - 13:25

L'art de se faire pardonner
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La journée avait été paisible. Le soleil étendait encore sa lumière sur le pré où paissaient mes chevaux. De beaux chevaux, tous en bonne santé, bien élevés aussi. Accoudée à la barrière en bois, je souriais en admirant les belles robes briller à chacun de leurs mouvements. Arès avait encore plus fière allure parmi eux. Il était dans la force de l’âge et son caractère dominait facilement celui des autres. Seule Héra était capable de lui tenir tête, ce n’était pas pour rien que c’était sa jument préférée. Je pouffais en les regardant s’amuser dans leur langage bien à eux. Des cabrioles, des hennissements, faire mine de donner des coups de dents. Ils avaient des codes et je commençais à bien les connaître.

Et puis, Arès tourna brusquement la tête en direction de l’entrée de mon domaine. Il poussa un hennissement distinct et tous les autres chevaux tournèrent la tête dans la même direction. Je sus alors qu’un cheval arrivait, et je ne doutais pas un seul instant qu’il s’agissait de l’un des miens. Rares étaient les cavaliers qui venaient m’emprunter un cheval et me le rendaient. Je vendais les chevaux, c’était plus sûr, pour ne pas avoir d’attente. Mais celui-là, dès que je vis sa tête blonde briller à l’angle du pré clôturé, je sus de qui il s’agissait.

Dmitri.

Tout un tas d’émotions mêlées me traversaient à chacune de nos rencontres. Je le savais beau parleur et prêt à me baratiner pour obtenir ce qu’il voulait, et pourtant, je ne ressentais pas une once de malice en lui, si bien que malgré moi, je me laissais entraîner dans son jeu. Je m’étais attachée à lui à cause de mes instincts maternels, une fois de plus. Et si ça ne m’amusait pas du tout qu’il me ramène des chevaux amochés, je lui étais reconnaissante de les ramener malgré tout car je pouvais les soigner. Je faisais toujours les gros yeux, mais au fond, je savais qu’il était de bonne volonté, mais, je déplorais qu’il soit constamment dans des situations qui mettent mes chevaux en danger. Et lui, aussi.

En revanche, j’étais toujours amusée de voir quelle excuse il allait inventer pour justifier un cheval boiteux. Je lui devais bien ça, il avait une imagination débordante. Et si mon cœur lui avait déjà pardonné pour une mystérieuse raison, je l’accueillis sans l’ombre d’un sourire en allant à sa rencontre sur le chemin.

« Dmitri. Comment cela cette fois ? Vous n’y étiez pour rien la dernière fois non plus si mes souvenirs sont bons. »

Je le toisais, le regard suspicieux. Mes bottines rembourrées de fourrure enfoncées avec assurance dans le sol, je posais mes points sur les hanches. Mon manteau ressemblait au sien, parfait pour le climat dans lequel je vivais à l’année. Mes cheveux étaient coiffés en une longue tresse qui reposait sur mon épaule côté gauche. Malgré mon aspect doux, mon aura était sévère, je le savais et je sentais Dmitri près à se ratatiner. J’attendis qu’il me réponde avant de venir ausculter Khors, le palpant avec douceur.



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Dmitri Moskovine
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Message(#) Sujet: Re: L'art de se faire pardonner || Eleonora L'art de se faire pardonner || Eleonora EmptyMar 15 Aoû - 12:00

L'art de se faire pardonner
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Elle avait sa tête des mauvais jours, à moins que cela ne soit sa mine réservée à ceux qui ramènent des chevaux en mauvais état. Il ne la connaissait pas assez pour en juger, Dmitri. Eleonora lui rappelait sa mère – il ne lui dirait jamais ça, évidemment – quand il était petit et qu'il rentrait, au choix, couvert de boue, plein d'ecchymoses ou complètement trempé, bref, dans un état qui ne convenait pas à un futur comte. La même mine pincée, les mêmes yeux agacés, mais un petit rien qui indiquait qu'elle se retenait de rire à voir sa mine déconfite. Et la mine déconfite, pour le coup, c'était bien celle qu'abordait Dmitri. Il n'appréciait pas particulièrement de se faire réprimander, même lorsque c'était tout à fait légitime.  Eleonora s'avançait vers lui et, sûrement, le jeune noble marquait des points en étant à pied ? Il l'espérait en tout cas.

Elle était impressionnante, la femme en face de lui, et Dmitri ne parvenait pas vraiment à expliquer pourquoi. Peut-être parce qu'elle était si différente des femmes de Fjerda, soumises, jamais un mot plus haut que l'autre ? Peut-être parce qu'elle avait bien dû apprendre à ne pas se laisser marcher sur les pieds, veuve et vivant dans un monde où tout était plus simple lorsqu'on était homme ? Elle avait quelque chose en elle qu'il ne parvenait pas à déterminer exactement, et cela ne manquait pas d'attiser sa curiosité. Mais pour le moment, il n'était pas curieux, seulement contrit. Et quelque peu dépité de se faire prendre si facilement. Franchement, il avait trop de choses à penser, beaucoup trop pour se remémorer la dernière excuse qu'il avait faite. Mais c'était mal connaître le jeune homme pour croire qu'il se laisserait déstabiliser aussi facilement. "Non, évidemment. Je parlais de la fois d'encore avant, lorsque j'avais mal attaché la longe et qu'il s'était détaché, puis blessé. Là, c'était de ma faute, un peu. Peut-être. Enfin, à supposer que quelqu'un de l'avait pas détaché à dessin pour me le voler." Il l'observa la jeune femme avec de grands yeux bleus qu'il espérait désarmants. "Il faut dire que n'importe qui aimerait s'approprier un animal aussi rempli de qualités que ceux que vous élevez." Elle saurait reconnaître la flatterie. Tant pis.

Et pourtant, ce n'était pas un compliment hors de propos. Les chevaux de la jeune femme étaient réellement de splendides animaux, autant qu'il puisse en juger. Bien proportionné, intelligents, qui s'adaptaient facilement et réagissaient sans délai au moindre effleurement de la main ou des rênes. "Vraiment, je suis désolé. Je vous promets d'éviter tout ce qui ressemble de près ou de loin à un ours affamé la prochaine fois, et de ne pas laisser mon cheval galoper sur n'importe quel terrain." Cela ressemblait aux promesses qu'il faisait quand il était petit, à n'importe qui, et qu'il se promettait de tenir avec ferveur, avant de les oublier sitôt qu'une autre situation se présentait. "A moins que ce ne fût un lynx. Je ne me suis pas approché si près, quand même." Confia-t-il avec un air totalement innocent, observant la femme tâter les jambes du cheval qu'il venait de ramener. Selon les estimations de Dmitri, il n'était pas trop blessé, mais il n'y connaissait pas grand-chose en chevaux, ou en soins. Bien plus en mensonges, en réalité.

Est-ce qu'elle lui en voulait ? Beaucoup ? Au point de ne plus vouloir le voir près de ses chevaux ? Cela ne l'arrangerait guère, Dmitri : c'était beaucoup plus simple de passer inaperçu dans ses pérégrinations sans avoir constamment le même cheval. "Je vous ai ramené des épices du marché. Votre cuisinier me disait qu'il avait parfois du mal à en trouver, si près de la frontière." C'était une offre de paix, très exactement. Elle saurait le deviner, probablement : cette femme était trop perspicace pour être réellement dupée, et Dmitri le savait. Sans doute l'un des à-côtés de faire du commerce, où les naïfs et les gens stupides n'avaient guère espoir de pouvoir gagner quoi que ce soit. Il ne précisa pas d'où venaient les épices, très exactement : elle n'avait pas besoin de le savoir, et il préférait garder ses déplacements aussi secrets qu'il le pouvait. Après tout, il n'était pas très difficile de deviner bien des choses sur lui : son air résolument fjerdan, malgré sa maîtrise de la langue ravkane, ses déplacements nombreux mais solitaires, la finesse de ses fourrures. Autant de détails qui trahissaient une partie de ce qu'il était, mais nombreux étaient ceux qui pensaient qu'il avait une douce relation avec une jolie ravkane. Une couverture bien pratique, mais loin, très loin de la vérité.

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Eleonora Sokolova-Lantsov
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Message(#) Sujet: Re: L'art de se faire pardonner || Eleonora L'art de se faire pardonner || Eleonora EmptySam 30 Sep - 15:45

L'art de se faire pardonner
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La lutte intérieure que je menais était terrible. J’avais une folle envie de rire. Oh bien sûr, j’étais profondément fâchée et peinée pour mon cheval, mais les expressions de Dmitri valaient leur pesant de kruges. Il avait un culot monstre et pourtant il semblait réellement penaud. Je plaignais ses parents pour qui il devait être difficile de le punir. J’imaginais Dmitri jeune enfant, j’aurais eu probablement beaucoup de mal à le remettre dans le droit chemin en restant sérieuse. Mon expression finit par s’adoucir, je me retins de lever les yeux au ciel lorsqu’il enchaîna les explications, suggérant que peut-être, une partie était de sa faute. Faut avouée à moitié pardonnée disait l’adage. Sans doute espérait-il que ça soit le cas pour moi. Et bien, probablement que ça l’était. Je me retrouvais finalement à sourire alors qu’il acheva pas une flatterie trop grosse pour être subtile.

Il n’était pas le premier à me flatter de la sorte, mes chevaux étaient réputés dans tout le pays et c’était bien cela qui m’octroyait un niveau de vie si confortable et tranquille. Grâce à cela, on m’accordait le respect. J’étais la veuve courageuse et vertueuse qui excellait dans le dressage des chevaux. Je tenais à ce que cela reste ainsi. Ma première auscultation passée, je me relevais vers Dmitri.

« Je suis fascinée par votre imagination débordante Dmitri. Et même si je sais que ce n’est qu’une flatterie dans l’espoir d’adoucir mon mécontentement, je vous remercie, je fais mon travail du mieux que je le peux. »

Je flattais l’encolure de Khors avec affection avant de lui murmurer qu’il avait le droit au repos et qu’il avait été un brave cheval. Il poussa un petit hennissement et je le guidais vers les stalles, faisant signe à Dmitri de me suivre aussi. Il m’expliqua qu’il n’était pas venu les mains vides. Je souriais plus franchement cette fois.

« Nikolaï sera ravi que vous ayez pensé à lui. Allez, venez, nous allons mettre ce pauvre cheval au repos et vous pourrez me conter votre course-poursuite contre le lynx sauvage autour d’un repas. »

Mon regard lança un défi amusé à mon interlocuteur. Allait-il s’enfoncer dans le mensonge ou allait-il juste admettre que son métier, quel qu’il soit, nécessitait malheureusement de se mettre dans des situations parfois dangereuse sur des terrains difficiles ?

« Je n’ai guère l’occasion de me rendre en ville, mais parmi mes gens, certains m’ont informée qu’il y a de nombreux conflits en ce moment. Avez-vous eu l’occasion de voir ce fameux prince Ivan ? D’abord on nous annonce ses funérailles, ensuite, il apparaît bien vivant et reprend le trône…. »

Je songeais à cet éclat de violence auquel j’avais assisté en voulant soutenir Irina. Je m’étais retrouvée au cœur de la bataille citadine. Les choses s’étaient rapidement envenimées et je m’étais retrouvée séparée de ma dulcinée. Désormais, j’attendais avec impatience qu’Irina quitte les côtés de Yaromir. Qu’elle cesse de protéger ce soit-disant père qui n’avait jamais voulu d’elle. Je glanais des informations à qui je le pouvais dès que l’occasion s’en présentait. J’avais l’espoir qu’avec le fils Lantsov, la situation s’arrange pour les grishas. Qui plus était, je n’avais aucune idée de la situation de Hlin. Elle me manquait terriblement depuis et j’avais dans le cœur l’angoisse permanente qu’elle ait été au mauvais endroit au mauvais moment. Mais comment savoir ? Je ne pouvais qu’espérer et attendre à défaut de savoir où chercher.



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Dmitri Moskovine
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Message(#) Sujet: Re: L'art de se faire pardonner || Eleonora L'art de se faire pardonner || Eleonora EmptyDim 8 Oct - 23:03

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Le sourire d’Eleonora lui indique clairement qu’il a gagné la partie, et le cœur de la dame, même si elle garde un peu de son air revêche. Il se retient de parader Dmitri, mais il le sait : personne ne peut lui résister bien longtemps, pourvu qu’il s’en donne les moyens. Bien sûr que la flatterie n’était pas subtile, c’était son but après tout, et Dmitri l’a atteint avec brio. Mais il n’empêche, il y a une part de sincérité dans ses mots : il n’y connaît pas grand-chose, mais les cheveux de la femme qui l’a accueilli sont de magnifiques bêtes.  Eleonora ausculte son cheval, le jeune homme à ses côtés, et quand elle reprend la parole, il se contente de lui offrir un sourire désarmant. « Même la plus vile flatterie ne saurait être vidé de la moindre vérité, Dame Eleonora. Je suis sincère. Malgré mon imagination débordante, à vous croire, il me serait difficile de trouver le moindre défaut à votre travail. » C’est là aussi un compliment pas vraiment subtil, mais Dmitri espère bien qu’elle comprendra que ce n’était pas que pour l’amadouer. Seulement en grande partie.

Le Fjerdan lui emboîte le pas tandis qu’ils se dirigent vers ce qu’il sait être l’écurie, avant que Dmitri ne reprenne la parole, lui offrant en cadeau les épices achetés sur la route. Comme il l’avait prévu, son offre de paix est gracieusement acceptée, et il rit de bon cœur à la remarque de la jeune femme. « Rien de mieux qu’un bon repas pour accompagner le récit épique de mon incroyable courage face à cette bête féroce. » Si elle croyait pouvoir le voir faire machine arrière, elle se trompait lourdement. « Et celui de Khors, aussi. Je ne suis pas le seul à mériter des compliments. » Il est toujours parvenu à brosser des récits qui le mettent parfaitement en valeur Dmitri, cette fois-ci ne sera surement pas l’exception.

La question d’Eleonora le fait réfléchir un peu plus pourtant, tandis qu’elle s’occupe d’installer le cheval confortablement. Il lui est toujours difficile, à Dmitri, de savoir quoi dire mais, surtout, à qui le dire lorsqu’il fallait évoquer la question de la politique. Disons que sa réponse changeait souvent en fonction de son interlocuteur ! « Les tensions sont exacerbées, oui. Il ne fait pas bon être Fjerdan dans certaines parties de Ravka et suivant où on se trouve, choisir un camp entre Yaromir ou Ivan se révèle bien périlleux. » Une réponse bien diplomatique, qui s’est faite sur un ton bien moins espiègle que la conversation précédente. Il ne sait pas trop de quel côté se trouve Eleonora à vrai dire, ni ce qu’elle attend exactement de lui.

« Je ne l’ai pas vu, non. J’étais déjà reparti à Djerholm avant la nouvelle de ses funérailles et clairement, le roi Björn avait d’autres projets pour moi que de m’envoyer jouer les diplomates. Bien dommage, d’ailleurs. » Il aurait aimé être là, ce soir-là, voir de ses yeux les forces en présence et juger de la qualité de leur dévotion envers celui qu’on n’avait pas tardé à appeler le Régicide. Un nom bien compliqué pour un début de règne, mais il ne peut pas réellement juger : le trône Fjerdan n’est pas connu pour être conquis pacifiquement après tout. « A ce qu’il paraît d’ailleurs, maintenant que je suis officiellement fiancé, je devrais me montrer moins prompt à risquer ma vie et à voyager sans cesse. Mais puisque ma fiancée se le permet, je ne vois pas pourquoi je n’en ferais pas de même. » Elle n’est pas difficile à remarquer, la pointe d’agacement dans ses paroles, la frustration manifeste qu’il ressent à l’égard de tout cela. Il ne peut s’en empêcher Dmitri, toute cette situation l’agace profondément. « Et puis bon, les lynx affamés ne me pourchassent pas tous les jours, heureusement. » Plaisante le jeune Fjerdan, retrouvant tant bien que mal son sourire. « A moins que ce fût un ours, donc. Je vous l’ai dit, je ne me suis pas approché d’assez près. » Eleonora n’est certainement pas dupe de son air angélique, mais c’est plus simple de plaisanter que de s’attarder sur les détails agaçants de sa vie privée.

« Les troubles ne risquent pas de s’arrêter de sitôt, malheureusement. La guerre est à nos portes, j’en ai bien peur, Dame Eleonora. Fjerda et Ravka n’ont jamais su rester très bonnes voisines, malheureusement. » C’est un savoir commun, surtout ici, sur les frontières. « Quant à savoir si Ivan se comportera mieux que son père, ce n’est pas à moi d’en juger. Vous qui êtes si bonne à juger les chevaux, saurez sans doute mieux que moi prendre la mesure du nouveau souverain de Ravka. » Les Grishas, Dmitri le sait, fondent de grands espoirs en Ivan Lantsov. Le Fjerdan, lui, est un peu plus circonspect. Quant à savoir ce qu’une éleveuse de cheveux qui, à la connaissance de Dmitri, n’est ni Grisha, ni même impliquée dans la politique, pense, cela peut toujours être intéressant.

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Eleonora Sokolova-Lantsov
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Message(#) Sujet: Re: L'art de se faire pardonner || Eleonora L'art de se faire pardonner || Eleonora EmptyVen 13 Oct - 17:07

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Était-ce un gloussement qui secouait mes épaules ? Probablement, il m’était impossible de ne pas rire au déploiement de courtoises flatteries que m’offrait le jeune homme. Je lui adressais un vrai sourire cette fois.

« J’ai compris Dmitri, j’accepte les compliments. »

Nous nous mîmes en mouvements vers ma demeure, évoquant les épices aimablement ramenées par le jeune homme. Occupée à regarder devant moi, je me retournais vers lui avec surprise lorsqu’il affirma que son récit allait être grandiose, vantant son courage et celui de mon cheval, pour se rattraper. Je dû contenir mon hilarité, et ce fut difficile. Je répondis en hochant la tête de haut en bas.

« Hm hm. »

Le ton approbatif. Je parvins à retrouver mon sérieux alors que j’installais Khors dans un box libre. J’en profitais pour poser des questions sur l’état du pays, les voyageurs ne me disaient pas toujours la même chose, mais leurs récits se rejoignaient régulièrement. Je hochais la tête. Je voyais bien qu’il parlait avec prudence. Je glissais alors.

« Faut-il réellement choisir un camp ? Je déplore les dégâts et les pertes qu’engendrent la recherche du pouvoir. Tous ces innocents morts pour la cupidité de quelques uns… J’ose espérer que le prochain gouvernement sera plus juste.  »

Si j’étais vraiment dans l’obligation de choisir un camp, je choisirais Ivan, sans doute pour des raisons peu objective. Ma femme tenait à le protéger coûte que coûte, au détriment de son propre bien-être, et maintenant qu’il avait prit place sur le trône, elle continuait de protéger l’ancien roi, ce beau-père qui la reniait et l’utilisait. Je haïssais cet homme, et ce n’était que par respect pour Irina que je n’avais pas déjà mis un terme à sa vie. Je n’étais pas du genre à souhaiter la mort des autres, loin de là, mais il était de ceux qui faisaient beaucoup trop de mal autour d’eux, même en étant alité et mourant. Que les Sankts me pardonnent pour ces pensées. Mon attention se reporta à nouveau sur Dmitri alors que je fermais la porte du box et que j’indiquais d’un geste de la main la direction de la maison.

« Je l’ai entraperçu, mais je ne pourrais affirmer que c’était bien lui. Il était caché parmi les rebelles et n’avait aucun attirail noble sur lui. Peut-être était-ce mieux que vous ne soyez pas présent, les fjerdans, même venus en paix, ont été attaqués. Je pense que votre roi a été sage de vous avoir rappelé. »

Je lui souris avec douceur et le laissais entrer en premier chez moi. Il connaissait déjà les lieux et après avoir déposé nos manteaux, il m’accompagna dans la petite salle où nous pûmes nous laver les mains avant de nous mettre à table. Le sujet de sa fiancée m’intrigua au plus haut point et mon visage assombri par les nouvelles politiques s’éclaira de curiosité sincère. Un sujet pour le moins personnel venait se glisser entre nous et j’en étais ravie.

« Une fiancée ? Elle semble avoir un sacré caractère à vous entendre ! Fait-elle partie de la noblesse fjerdanne ? »

Je connaissais toutes les familles pour les avoir fréquentées du temps où j’étais mariée à Jorgën, mais, c’était il y a vingt ans, peut-être que beaucoup de choses avaient changé. Dmitri revint sur le lynx, puis l’ours, et je fis les gros yeux à sa remarque, lançant, amusée.

« Même de loin, entre un félin et un ursidé il y a des différences notables. De taille. »

Je n’étais pas dupe, mais lui et moi savions bien qu’il ne pouvait me dire la vérité et que j’appréciais ce petit jeu, et ces petites histoires qu’il me racontait, égayant mon quotidien assez monotone. Nikolaï se présenta et salua Dmitri avec chaleur, le sourire aux lèvres, je les laissais discuter entre eux avant que Dmitri ne revienne à nouveau vers moi. Posant mes coudes sur la table, j’appuyais mon menton sur l’arrière de mes mains jointes pour l’écouter.

« Je le crains aussi. J’espère que vous continuerez à vous faire pourchasser par des lynx ou des ours, ils sont moins perfides que les soldats et les mercenaires. »

Sa remarque sur le jugement me fit rire.

« Pourquoi croyez-vous que je vis recluse ? Je juge les gens un peu trop incisivement. Il y a peu d’âmes avec qui je m’entends bien. Quand à Ivan, je n’en ai entendu que du bien, mais je ne le connais pas personnellement. L’avenir nous en dira davantage…. »

Mon sérieux disparu et mes yeux pétillèrent.

« Alors racontez-moi ce récit épique. A moins que vous ne préfériez me lister les défauts de votre fiancée? »



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Dmitri Moskovine
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Message(#) Sujet: Re: L'art de se faire pardonner || Eleonora L'art de se faire pardonner || Eleonora EmptyVen 20 Oct - 10:23

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Il sait très bien comment amadouer les gens Dmitri, il s’est exercé une grande partie de sa vie après tout, et Eleonora n’est pas la plus difficile à convaincre. Il en joue souvent Dmitri, et s’est d’ailleurs demandé si sa petite science ne l’aidait pas sans qu’il s’en doute. Il a entendu parler – par les Drüskelle, essentiellement, donc la source est probablement biaisée – de ces Grishas qui manipulent les esprits et obligent leurs victimes à se plier à ses désirs. Il est presque sûr, le Fjerdan, que son don de convaincre les autres et sa nature de Grisha ne sont pas liés, mais… presque, ce n’est pas du totalement sûr.  Quoiqu’il en soit, Eleonora semble de bien meilleure humeur, et cela convient tout à fait au jeune homme.

Ensemble, ils se dirigent vers la demeure d’Eleonora, Dmitri lui faisait part de sa volonté de raconter son histoire pleine de bravoure, de courage et d’aventure. La jeune femme n’est probablement pas dupe, mais elle ne remet pas en cause sa volonté d’écouter son récit. Dmitri le sait, il va devoir se surpasser, mais raconter un récit épique, bien que totalement faux, n’est pas un défi qui le décourage. Les quelques paroles qu’ils échangent ensuite sont bien plus politique, et Dmitri secoue la tête en soupirant. « Je crains que bien peu de personnes puissent avoir le luxe d’être neutres, malheureusement. » Eleonora évoque la cupidité et la recherche du pouvoir mais en réalité, Dmitri pense qu’il ne s’agit pas que de cela. Les Fjerdans sont fiers, et la rudesse de leur territoire les oblige à chercher constamment de nouvelles façons de s’étendre et d’évoluer. Ravka en a besoin tout autant, évidemment, ce qui ne facilite la tâche de personne, et aucun des deux prétendants au trône ne peuvent le laisser vacant très longtemps, ni même paraître bien faible sans devoir en subir le contre-coup. Il faudra choisir un camp, rapidement… et dommage pour le malheureux perdant.

Il aurait voulu être présent, Dmitri. Participer, lutter, et ne pas être confiné à Djerholm. Eleonora pensait que cela avait été une sage décision, Dmitri lui, avait protesté du contraire. Pas en public, évidemment, ni même près d’oreilles indiscrètes. « Ivan ne pourra plus se cacher plus longtemps, maintenant. Mais réellement, moins vous l’apercevrez, meilleur ce sera. Il serait dommage que qui que ce soit vienne entacher la quiétude du coin. » Souffle Dmitri, sans prendre davantage position. Sujet brûlant, sujet dangereux, sur lequel il n’a que peu d’envie de s’exposer. La guerre n’est jamais belle, et une guerre civile encore moins.

Tous deux pénètrent dans la maison, se débarbouillant avant de passer à table. Le sujet dévie sur sa fiancée, un sujet moins politique, du moins en apparence. Eleonora le sait certainement, les mariages d’amour sont rares dans la noblesse, où les enfants sont souvent promis dès leur plus jeune âge. « Oh oui. » En rit Dmitri. « Si loin de ce qu’une parfaite jeune fille de bonne société doit être. Mais pour sa défense, je ne suis peut-être pas un parfait fiancé non plus. » Ses sentiments au sujet de Hlin sont mêlés, il doit bien le reconnaître : malgré ce qu’il a pût lui dire, il est également en partie responsable. Toute la faute n’incombe pas à la jeune fille, bien que Dmitri ne l’admettra jamais, et surtout pas en face d’elle. « Et oui : fille unique d’un comte, bien éduquée, jolie, le meilleur de ce que la noblesse de Fjerda peut offrir. » C’était, peu ou prou, le discours que ses parents lui avaient offert, en réalité.

L’arrivée de Nikolaï, le cuisinier, vient interrompre leur conversation, et les deux hommes échangent salutations et nouvelles. Le cuisinier d’Eleonora est un homme agréable et curieux, avec qui la discussion s’avère souvent facile. Même si le sujet est complexe. « N’ayez crainte, je sais me défendre. Même contre les lynx ou les ours, la preuve. » Plaisante Dmitri, touché par son inquiétude. La réponse de la jeune femme le fait rire franchement pourtant. « Dame Eleonora, à la langue acide et aux jugements impitoyables. Je ne peux qu’être flatté que vous appréciez ma petite personne. » Il y a du respect, pourtant, dans les yeux du jeune Fjerdan. Il sait que cela n’a pas dû être facile pour elle, de se tailler sa place ici, même dans un endroit isolé. « Espérons qu’Ivan trouve également grâce à vos yeux, alors, puisqu’il se murmure qu’il est le prochain roi de Ravka. » A moins d’un retournement de situation, évidemment.

Eleonora le presse de raconter son récit, lui offrant pourtant une échappatoire bien commode. « La liste serait bien trop longue. Et quel fiancé indigne serais-je si je devais lister les défauts de ma future épouse ? » Demande Dmitri, gentiment moqueur. « Surtout que Hlin n’est pas là pour se défendre, ce serait particulièrement mesquin de ma part. » Une bonne épouse hocherait la tête et baisserait les yeux sans répliquer à ce que son mari indiquerait comme défauts. La jeune femme, elle, en serait bien incapable, Dmitri le sait très bien. « Non, ma rencontre avec un ours sera bien plus intéressante. Et personne ne reprochera à un ours de ne pas pouvoir se défendre, ma galanterie sera sauve. » Plaisante encore Dmitri.

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Eleonora Sokolova-Lantsov
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Message(#) Sujet: Re: L'art de se faire pardonner || Eleonora L'art de se faire pardonner || Eleonora EmptySam 9 Déc - 19:55

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« Oui, vous avez raison. »

Évidemment, je constatais une fois de plus que Dmitri avait la tête sur les épaules. Néanmoins, j’aurais aimé avoir son avis, en tant que personne et non en tant que bon petit soldat, quoi qu’il fasse réellement. Mais je comprenais qu’il ne se dévoile pas trop. Il ne le pouvait pas et ne le devait pas. Ma curiosité était certainement mal placée. Je ne cherchais pas à m’étendre sur le sujet, mais mon regard parcourut son visage, me demandant ce qu’il pouvait bien penser en son fort intérieur. Il semblait qu’il bouillonnait, ses iris étaient aussi agitées qu’un océan malmené par les vents.

Il évoqua Ivan, me mettant en garde d’une certaine manière. Je souris lorsque je compris qu’il cherchait à me protéger. Bien sûr, le lieu où je vivais m’assurait une tranquillité sans pareille, mais elle me facilitait également la tâche lorsqu’il s’agissait de me défendre et de faire disparaître les éléments gênants qui pourraient venir mettre à mal la quiétude de ces lieux. Je n’avais pas hésité un seul instant lorsqu’il avait fallut abattre les Druskelles qui avaient osé s’en prendre à Irina. J’avais déchaîné ma petite science comme jamais auparavant et je passais mon temps à parfaire mes dons, pour ne jamais être prise au dépourvu. Lorsqu’on était une femme aussi isolée que moi, on ne pouvait compter que sur soi-même, et j’avais la chance d’avoir ma petite science comme alliée.

« Je veille à maintenir la paix en ces lieux, ne vous en faite pas. »

Ma voix était douce, mais mon ton restait ferme, marquant mon assurance. Je ne pouvais m’empêcher d’être attendrie par le comportement de Dmitri, nous avions sympathisé par hasard et je savais notre relation de respect mutuelle solide. J’espérais qu’il savait bel et bien à quel point il pouvait compter sur moi s’il avait besoin d’un soutien. Le sujet dévia de nouveau vers sa promise et je m’en amusais. J’aimais les histoires où les femmes n’étaient pas que de dociles poupées. Mon affection pour Dmitri me faisait espérer qu’elle ne soit pas quelqu’un de mauvais et que sa force de caractère n’était que la source d’un esprit critique et d’une personnalité positive et volontaire.

Il évoqua une description somme toute classique de la jeune femme, cependant quelque chose en moi était particulièrement gêné et mon instinct m’intimait que ce n’était pas anodin. La description me rappelait un peu trop ma propre fille et si mon cœur souhaitait la voir partout, ma raison tâchait de me convaincre qu’il ne s’agissait pas d’elle. Je restais songeuse à ce sujet, laissant Nikolaï mener la conversation avec Dmitri. Lorsque nous fûmes installés, j’avais chassé ce malaise de mon esprit et j’avais retrouvé un sourire amusé. J’avais hâte d’entendre son histoire, il excellait dans ce domaine.

Un léger rire me secoua de nouveau alors qu’il commençait sur un ton légèrement plus épique, plaisantant sur les animaux sauvages qui pourraient croiser sa route. Mon rire résonna un peu plus, de bon cœur lorsqu’il suggéra qu’il était flatté de mon affection pour lui.

« Ce n’est pas bien difficile d’apprécier un jeune homme comme vous, vous êtes bien éduqué, vous ramenez mes chevaux, même s’ils sont cabossés, et vous n’hésitez pas à être bienveillant envers mes gens. Vous avez bien plus d’intérêt que n’importe quel gentilhomme de la région. Et je n’ai pas mentionné votre don pour conter les histoires. »

Je terminais avec un clin d’œil. Je poursuivis plus calmement, servant à boire.

« Si ce qui se dit à son sujet est vrai, Ivan aura bien du poids sur les épaules pour prouver qu’il a bien sa place sur le trône. »

Il ne pouvait savoir que j'étais plus proche du futur roi qu'il ne l'aurait cru ni à quel point j'étais liée à sa sœur. L’invitant à raconter ses déboires à cheval, je suggérais qu’il puisse également me parler de sa fiancée. J’étais beaucoup trop curieuse à ce sujet. Je gloussais légèrement à sa première remarque.

« En effet, vous seriez un goujat. »

Toujours amusée, je le devinais joueur, taquin. Je portais à nouveau mon verre à ma bouche lorsque j’arrêtais brusquement mon geste, mon sourire se figeant.

Hlin.

Il avait prononcé le prénom de ma fille. Il continua de plaisanter mais je ne le devinais qu’au ton qu’il employait et à son expression. J’avais l’habitude de garder contenance lorsque je découvrais une information importante. Même lorsque Hlin s’était présentée à moi. J’avais usé de toute ma volonté pour ne rien laisser paraître. Je me devais faire de même en cet instant. Il se pouvait qu’il parle d’une autre jeune femme. Mais les coïncidences étaient beaucoup trop grosses. Trop d’éléments concordaient. Je reposais mon verre, ma main tremblant légèrement et essayait tant bien que mal de retrouver un visage détendu. Je savais pourtant que c’était peine perdue, sous le regard acéré de mon invité. Dmitri avait une perspicacité sans pareille et le manque de ma fille me rendait moins habile à masquer mes sentiments à son sujet, notamment cette inquiétude qui me rongeait concernant sa sécurité. Doucement, je murmurais.

« Dmitri...parlez-vous de la fille du Comte Strom ? »


Je ne voulais pas y aller par quatre chemins. J’espérais qu’il me dise non. Je plaiderais une connaissance lointaine. Mais s’il me disait oui, alors j’avais peur de ne plus être capable de cacher mon inquiétude ou de poser des questions à son sujet. La moindre information était essentielle lorsqu'il s'agissait d'elle. Pas que j'étais inquiète que Dmitri soit l’homme promis à ma fille, en y réfléchissant bien, pour un mariage imposé, il était un très bon parti, bien que ça ne changeait rien au fait que si l'amour n'existait pas entre eux, je resterais contre. Mais cela faisait d’autant plus de risques qu’elle se fasse rattraper et j’avais peur des conséquences pour elle. Mes doigts se resserrent sur le verre que je tenais comme pour m’ancrer dans la réalité. Mon cœur martelait ma poitrine et mon souffle était suspendu aux lèvres de Dmitri.



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Message(#) Sujet: Re: L'art de se faire pardonner || Eleonora L'art de se faire pardonner || Eleonora EmptySam 30 Déc - 18:16

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Il veut bien faire confiance à Eleonora Dmitri, lorsqu’elle lui assure qu’elle a à cœur de laisser les lieux paisibles. Malgré qu’elle soit une femme, elle ne manque ni de charisme, ni de volonté pour défendre ce qui lui appartient, il l’a déjà constaté. A vrai dire, même si elle fait semblant de lui en vouloir, il sait qu’il n’a jamais eu à subir son courroux. Et n’a clairement pas envie de tester, en réalité. D’un sourire et d’un hochement de tête, Dmitri indique qu’il lui fait pleinement confiance pour garantir la paix ici, dans ce lieu presque hors du monde.

La conversation se déroule sans encombre, entres gens qui ont l’habitude de discuter, se respectent et se connaissent assez pour ne pas en venir à des sujets qui fâchent. Dmitri esquive et tourne autour du pot, mais il sait bien que chacun attend de lui une histoire, même si tout le monde, dans cette pièce, sait que c’est une bêtise, et un beau mensonge. Mais en est-ce réellement un ? Tout l’art du menteur réside en la capacité de faire croire que ce n’est pas le cas ! Les soudains compliments de la jeune femme ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd et le fjerdan se redresse un peu plus sur sa chaise, acceptant avec le sourire les paroles de son hôtesse. Et alors qu’elle sert à boire, avec une remarque sur Ivan, Dmitri hausse les épaules. « J’imagine que lorsqu’on cherche à devenir roi, on s’attend à avoir des détracteurs. Je ne m’en fais pas trop pour lui. »

Il serait faux de dire que l’arrivée d’un autre au pouvoir en Ravka n’aura pas d’impact pour lui mais pour l’instant, Dmitri ne parvient pas à s’en faire. Il a toujours fait avec les cartes qu’il a, il est débrouillard et intelligent, alors, ça ne devrait pas trop l’impacter. Il l’espère. Et puis la conversation dévie sur sa fiancée, et il n’est pas difficile de remarquer à quel point la légèreté de la conversation a soudainement disparue.

Il n’est pas aveugle Dmitri, et heureusement : il ne ferait pas long feu, dans la position qui est la sienne, s’il n’avait pas appris à analyser le comportement de ceux qui l’entourent. Les mains qui tremblent, le regard perdu, le stress qui pointe sous des traits savamment détendus, mais pas assez. Il doute quelques secondes, Dmitri, d’avoir abordé un sujet soumis à controverse, ou d’avoir parlé de quelque chose qu’il n’aurait pas du dire, mais ses doutes s’envolent rapidement. Hlin. Ah. Visiblement, Eleonora vient de faire le rapprochement entre sa fiancée mystère et la fille du comte Strøm.

Il réagit rapidement Dmitri, sans laisser le temps à quiconque de se rendre compte que les rouages de son cerveau se sont mis à tourner. Comment une femme perdue ici peut-elle bien connaître un comte fjerdan ? Pourquoi, surtout ? Qui est-elle, finalement, Eleonora ? « Oui. Hlin Strøm est sa fille unique, promise un jour à un bel avenir dans mes bras. » Une pointe d'arrogance, peut-être un peu trop visible. Il ne se départit pas de sa bonne humeur le fjerdan, même s’il se montre beaucoup plus méfiant désormais. Eleonora ne semble plus être aussi innocente qu’il aurait pu le penser. Cependant, c’est sa curiosité qu’il laisse entrevoir, sans prendre la peine de la dissimuler. Après tout, qui ne serait pas curieux, devant une telle réaction ? « Vous la connaissez ? » Il doit bien poser la question, après tout, même si les hypothèses s’enchaînent dans sa tête.

Eleonora ne sera pas dupe, elle le connaît. Elle saura qu’il n’est pas aussi innocent qu’il en a l’air Dmitri, mais peu importe, après tout. Et puis, la question informulée est légitime, après tout : comment une éleveuse de chevaux peut-elle bien connaître un comte au domaine perdu dans les neiges fjerdannes ? Il a une multitude d’idées sur la question Dmitri. Il se peut que cela ne soit pas grand-chose après tout, Hlin a très bien pu passer par ici dans sa fuite, même si elle n’aurait probablement pas dévoilé son histoire réelle, mais sait-on jamais ? « Ou alors, c’est son père que vous connaissez ? Vous avez en commun avec Hlin la passion pour les beaux chevaux. » C’est peut-être une autre piste. Il ne connaît lui-même pas très bien le père de Hlin, c’est un ami de ses parents plus qu’un des siens, mais peut-être qu’Eleonora le connaît, elle. Peut-être même que le cheval de la jeune femme vient d’ici ? Il ne l’a jamais caché, il n’y connaît pas grand-chose en chevaux Dmitri, et sa fiancée est bien plus douée que lui en ce domaine. « Son étalon… Juli je crois ? Est une bête magnifique. »

La perche est grosse. Enorme, même : Dmitri sait très bien comment s’appelle le cheval de sa fiancée. Mais cela se tente après tout, non ? Eleonora lui semble assez bouleversée pour tomber dans le plus grossier des pièges : d'habitude, il est plus subtil, mais peu importe. Et puis, si elle le pense stupide au point d'espérer que son piège marche facilement, peut-être ne s'attendra-t-elle pas à d'autres questions plus discrètes, celles-ci.

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Message(#) Sujet: Re: L'art de se faire pardonner || Eleonora L'art de se faire pardonner || Eleonora EmptyDim 12 Mai - 1:00

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Je hochais la tête à sa remarque concernant Ivan et ses détracteurs, évidemment, cela faisait partie du rôle. Je réalisais alors que j’aurais dû m’en tenir à cette conversation, quand bien même Dmitri était difficile à faire parler, surtout lorsqu’il s’agissait de politique et qu’il se retrouvait contraint à préserver son rôle diplomatique. Je perdis mon détachement et ma verve un peu trop facilement et je sentis que mon compagnon de tablée l’avait remarqué. Je me maudis intérieurement de ne pas être plus capable, mais d’un autre côté, c’était un sujet si délicat pour moi que la confiance que j’accordais à Dmitri était suffisante pour que je m’autorise cette faiblesse. Mais allais-je le regretter ? Je m’en voulus aussitôt que je réalisais la terrible erreur que je venais de commettre. Je ne me mettais pas seulement en danger, mais Hlin aussi. Je me maudissais intérieurement, mais avec un interlocuteur comme Dmitri, impossible de faire comme si je n’avais rien dit.

Je me repris du mieux que je le pus alors qu’il se targuait de pouvoir lui offrir un bel avenir. Je tentais un sourire amusé, peu convaincu par ses propos alors qu’il se plaignait de sa trop grande prise de libertés juste avant. Évidemment, il me posa la question fatidique et je ne pus que répondre. Je devais toutefois choisir quoi dire avec soin.

« D’une certaine manière oui, je connais la famille Strom puisqu’ils élèvent des chevaux, la frontière n’est pas très loin, beaucoup de voyageurs m’en parlent lorsqu’ils arrivent ici. »

Oui, ça me paraissait être une bonne approche, une bonne façon de détourner le sujet. Et puis, ce n’était pas un mensonge. Ce qui me protégeait dans l’autre sens, c’était que Jorgen ne connaissait pas mon identité actuelle. Pour lui j’étais toujours Elena. Un peu plus détendue, j’ajoutais avec plus de légèreté cette fois.

« On se doit de garder de potentiels rivaux à l’œil ! »

Il allait probablement me demander comment je connaissais le prénom de la fille du comte. Et je ne voulais pas mentir. Prenant les devants afin de pouvoir amener les choses à ma manière, j’ajoutais, sur le ton de la confidence.

« J’ai accueilli Hlin lors d’une étape dans son voyage. J’ai tout de suite su qu’il s’agissait de la fille de la famille Strom, elle ne parlait que fjerdan et s’y connaissait beaucoup trop bien en chevaux. Elle ressemblait bien plus à une noble qu’à une baroudeuse. Je suppose que les jeunes femmes avec ce prénom ne sont pas si courantes dans la région. Maintenant... »

J’avais réussi à troquer mon inquiétude de mère pour la curiosité d’une commère. Oh ce n’était qu’une façade, au fond de moi je craignais que Dmitri ne s’aperçoive de la supercherie. Mais dire que j’étais sa mère à son fiancé, alors qu’elle-même ne le savait pas résonnait pour moi comme une trahison envers elle.

« ..je comprends un peu mieux votre description de tout à l’heure ! »


Il aborda le nom du cheval de Hlin. Je fis mine de réfléchir. Je savais pourtant très bien et je n’avais pas besoin de réfléchir. Je glissais.

« Il me semble, si mes souvenirs sont bons, qu’il s’agit de Loki. Un très beau cheval oui, avec un sacré caractère. Mais j’aime les chevaux de caractère, il n’y a qu’à voir Arès. »

Je n’avais plus qu’à espérer qu’il ne se doute pas de notre filiation.

« Maintenant que j’y songe, je ne saurais pas vous aider à la retrouver, elle a bien omit de me dire où elle se rendait par la suite, elle n’est restée qu’une nuit. »

Et elle était partie comme une voleuse sans dire au revoir, me rappelant Siver. Cela avait eut le dont de me faire sourire et mal en même temps. Je tâchais de ne point montrer ces ressentis mélancoliques qui me gagnaient. Malgré tout, je glissais dans un souffle.

« Où qu’elle soit, j’espère qu’elle va bien, c’est une jeune femme attachante. »

Je souris doucement avant de proposer de lui resservir à boire.



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À KERTCH, les Crows ont attaqué les Mercuriens, réduisant drastiquement leurs unités. Les fondateurs de la ville n’ont pas le choix : les quartiers sous leur juridiction sont réduits à NORTHWOOD et EAST GATE. De plus, la guilde des voleurs a osé dérober aux Crows une carte menant à un artefact grisha. Mais impossible de savoir qui peut bien faire partie de ce groupuscule. Les Corbeaux enquêtent tout en poursuivant leurs travaux sur le Barrel.

Alors que RAVKA est en deuil pour sa reine, le peuple se rebelle contre le Roi Yaromir. FJERDA en profite pour attaquer OS KERVO, la ville portuaire. La bataille est sanglante et les pertes sont considérables, mais l’envahisseur est repoussé. La lumière est faite sur l’escadron secret de la couronne ravkane : LES RÉSIGNÉS. Les frontières entre Ravka et Fjerda sont fermées et des unités militaires sont déployées stratégiquement. Sur le plan économique, le fer et le cuivre voient leurs prix grimper et l’artisanat ravkan gagne en cote. La couronne ravkane tente d’emprunter aux Mercuriens, banquiers de Kertch, afin d’asseoir leur pouvoir.

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