Maudit Pirate ? Avec plaisir ! ~ Lev

Toutes les histoires commencent par un père et une mère. Et bien croyez le ou non, la sienne aussi. Mais, promis, elle est banale. Deux adultes commerçants et consentants qui ont juste mis au monde un gamin voulu. Et ce n'est pas Lev. Donc, ils en ont fait un second, qui n'est toujours pas Lev. Mais qui est lui aussi voulu ! Ensuite, enfin, est arrivé celui qui nous intéresse ici. Et un autre ensuite.

Pauvre maman Korolov diriez-vous. Et bien non. Elle était ravie, venant d'une fratrie de femme, ca la soulageait un peu. Mais ce n'est pas à elle qu'on est censé s’intéresser.

Deux commerçants avec la fibre du plus offrant dans les gênes. Le plaisir de faire grandir l'entreprise familiale, de promettre des parts aux quatre frères et d'enseigner petit à petit les maniements et les ficelles du métier.

Tout allait bien dans le meilleur des mondes tant que Korolov and cie prospérait contre vents et marées. Qu'importe les guerres, qu'importe les conflits, la famille savait faire son pain et Ravka n'avait plus de secret pour eux.

Ceci dit, ils aimaient se présenter comme honnêtes marchants et adoraient médire sur Kertch et ses « truands »

Ces mêmes truands qui ont toujours secrètement fasciné Lev dès sa plus tendre enfance. Il a toujours caché ca comme il cache ses préférences sexuelles : honteusement.

Et un jour, il a eu une dispute entre les frères, une grosse. Comment ca l'aîné vendant sa part de tarte contre deux madeleines à son cadet mais seulement un cookie au benjamin...? Alors que pour Lev, il était bien plus simple de tout voler...Et surtout, de tout engloutir pendant qu'ils se battaient pour un troc plus équitable.

Il n'a jamais couru aussi vite pour sa vie, en hurlant de rire évidemment. Il n'a jamais non plus autant hurlé pour sa vie quand il a glissé au bord de la falaise qui délimitait le jardin familial, celle qui surplombait la vraie-mer.

Cliché ? Oui, totalement.

Est ce que son don s'est déclenché à ce moment là pour lui éviter une chute mortelle et atterrir tel un héros devant ses frères ébahis ?

Non, pas vraiment.

Oui, son don s'est déclenché pendant sa chute mais non, le vent ne l'a pas miraculeusement déposé sain, sauf et sec sur la terre ferme. Il a fini à l'eau et la bourrasque lui a juste permis de ne pas finir mort en ralentissant sa chute.

Et juste comme ca, ils avaient un grisha dans la famille.

Un Hurleur qui plus est. N'est ce pas fort pratique quand on veut créer de nouveaux liens commerciaux ou acheter quelques denrées à ses voisins ?

C'est facile à cacher un vent en poupe. Ses parents lui ont toujours répété ça tout en insistant sur le fait de ne pas se faire prendre.

L'affaire familiale en dépendait. Et accessoirement sa vie. Pratique.

Pourtant, Lev a apprécié ses voyages, chacun d'eux tant qu'il n'était pas sur la terre ferme. Des fois, il passait aux abords de Kertch, et dans ses moments là, son esprit partait si loin ! Porté par les alizés, il devenait pirate et pillait pour le plaisir de la poursuite et de la découverte du butin qu'il partagerait avec le reste de l'équipage avant de se noyer dans un alcool étrange qu'il aurait lui même concocté, au point où on en est dans le fantasme !

Son sourire se faisait alors plus grand et cette sensation de liberté qui gonflait dans sa poitrine était un régal ! Et une drogue.

Son esprit s'égarait toujours plus loin dans le zéphyr pour avoir toujours plus de mal à revenir sur sa tâche barbante de commerçant.

Et puis finalement, l'opportunité s'est présentée, mouillant dans un port quelconque. Ce bâtiment, majestueux, magnifique, parfait. The Impolite Shark. Celui qui pourrait le sortir de cette vie de traversées inutiles pour la transformer en quelque chose de bien plus palpitant, de bien plus vivant ! Quelque chose de grandiose ! Avec des gens qui l'apprécieraient et devant qui il pourrait jurer sans se prendre un regard acéré de Môman.

C'était tout ce qu'il lui fallait.

-Par Sainkt Nikolaï...

Juste ce simple souffle qui passe la barrière de ses lèvres étirées en un sourire d'enfant surexcité.

Oui, c'est ca qu'il veut. Qu'importe le reste. Sans gêne, sans invitation, il s'est approché et a juste demandé :

-Vous auriez pas besoin d'une petite brise par hasard ?

C'était il y a six ans. Ca fait six ans qu'il a laissé tomber Korolov pour Roussette.

Et il n'a jamais regretté un instant.