Flynn | A pirate's life for me ♪

Comment vous conter mon histoire ? Je pourrais la commencer de façon classique et morose, mais je préfère vous prévenir avant : nous sommes loin d’un conte de fée. Cette histoire est une tragédie pleine de souffrance et de déceptions. Suis-je un peu trop tragique ? Probablement. Néanmoins, installez-vous confortablement, car elle reste riche en rebondissements…

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Je suis né d’un couple d’acrobates au sein d’un célèbre cirque - dont je préfère taire le nom (et vous comprendrez pourquoi). Je n’étais pas leur premier enfant, ni leur premier fils et j’allais encore moins être le dernier. J’étais le quatrième. Devant moi, un frère, deux sœurs puis, un autre frère. Je ne peux même pas vous préciser quand je suis né, mes propres parents ne se formalisaient pas de ce genre de détail. On ne fêtait pas les anniversaires, on préférait fêter les soirs où nous avions fait fortune sur le dos d’autrui, les mariages, les décès, les arrivées et les départs - et pas nécessairement dans cet ordre.
Très rapidement, une fois que je savais tenir sur mes deux jambes, je fus initié à la gymnastique et je commençais déjà à apprendre des figures au sol. Mes parents, aimants les paillettes et le risque, étaient trapézistes et chaque enfant devait passer ce cap. On se révélait après avoir fait de la gymnastique, c’était comme ça et pas autrement. J’étais assez doué, mais au sol, pas dans les airs. Je développais une admiration certaine pour la musique et les instruments, apprenant en observant du haut de mon jeune âge. Il était hors de question que je fasse de la musique de toute façon.
C’était sans compter sur ma voix : je chantais et j’étais naturellement bon. Mes parents, à juste titre, pensaient que ça passerait avec la puberté. Grosse erreur ! J’aimais beaucoup trop cela et je faisais tout pour m’améliorer et conserver ce rythme que j’avais en moi. Faire des acrobaties, c’était chouette, mais faire des acrobaties, danser et chanter en même temps, ce n’était pas comparable. Je me sentais vivant lorsque je chantais, lorsque je dansais et que je jouais devant un public.

J’avançais dans mon récit, mais entre-temps, mes parents avaient eu d’autres enfants - espacés par des fausses-couches et des décès prématurés - et le fait que je découvris, un beau jour, que j’étais un Grisha. Le souvenir me faisait encore sourire aujourd’hui, un vrai sourire pour le coup. J’essayais de calmer Dunkan, le cinquième, alors qu’il embêtait Stella, la septième et ma sœur préférée - j’osais, je l’affirmais et je l’assumais.
Je ne savais pas pourquoi j’avais cette relation spéciale avec cette petite-soeur, mais c’était ainsi. J’étais protecteur avec elle, plus qu’avec n’importe qui, et je m’entendais avec elle comme personne d’autre. Elle était ma lumière, mon étoile, ma vie. Elle était la seule à qui je disais « Je t’aime » parce qu’elle me le disait. La seule à qui je lui ouvrais mes bras lorsqu’elle faisait un cauchemar la nuit. La seule à qui j’inventais des histoires pour la faire dormir. La seule pour qui je déplaçais des montagnes, que je volais le soleil et que je cachais la lune.
J’avais donc éloigné Dunkan de Stella, le menaçant sans vergogne de lui mettre une raclée s’il osait continuer. Il me lança de la paille en plein sur la poire et cela me fit éternuer. Il vola dans le foin en faisant un magnifique rouler-bouler qui plia en deux Stella de rire. Dommage : j’avais loupé la scène parce que j’avais fermé les yeux durant mon éternuement.

Les Grisha, dans ma famille, ce n’était pas courant. C’était même rare, soyons honnête, parce que je fus le seul de toutes les portées que ma mère a eu. Lorsque mes parents l’ont découvert, ils étaient plutôt ravis d’avoir un fils qui pouvait faire des tours de magie. Une sorte de bizarrerie. Naïf à cette époque, j’étais plutôt content de rester où je me trouvais et de ne pas être mis dehors.
Je réalisais alors des sauts plus hauts que la normale, me propulsant à l’aide de mon don. Il y a eu des loupés et j’ai eu de sacrées corrections pour avoir loupé certains spectacles - si l’idée du fouet pour les lions leur a traversé l’esprit, il semblerait que la ceinture soit restée leur meilleure arme.
Plusieurs années sont passées et peu à peu, je suis passé d’acrobate à chanteur, faisant des shows rythmés, endiablés, avec animaux, acrobates et musiciens. Je faisais la fermeture du spectacle du soir et rien que pour cela, les gens venaient encore et encore.

The Greatest Showman - Panic! at the Disco:

Ce spectacle était l’heure de ma gloire et l’heure de ma descente.

Lorsque j’avais commencé à avoir ce rôle important, j’étais en âge de me marier, de fonder une famille, d’avoir au moins quelqu’un dans ma vie. Cela ne m’intéressait pas. Non pas que je n’étais pas intéressé par le sexe opposé, mais plutôt que j’étais intéressé par le sexe opposé et… ceux de mon sexe aussi. Est-ce que cela posait-il problème ? Pas vraiment. Le mariage n’était rien d’autre qu’un arrangement entre deux familles, la monogamie n’avait pas sa place dans ma famille - parfois je m’étais demandé si mon père était vraiment mon père pour le coup. Quoi qu’il en soit, j’avais refusé d’épouser qui que ce soit, récoltant des coups en guise de réponse. Mais j’en avais rien à faire : je rêvais de liberté, de pouvoir faire mes propres choix et de vivre la vie que j’avais décidé de choisir. Mais ce rêve, je le gardais sous mon oreiller pour une simple et bonne raison : Stella. Je ne pouvais pas abandonner ma petite-sœur. Il en était hors de question.

Les mois devinrent des années, les années des décennies, et alors que chacun vieillissait, je ne prenais pas une ride. Bloqué à une vingtaine d'années en apparence physique. Tout commença lorsque mon frère aîné, Güs, armoire à glace ambulante puisqu’il se musclait à faire et défaire les chapiteaux, lança que je ne vieillissais pas parce que j’étais un sorcier.
Il avait les muscles, mais le cerveau, que voulez-vous que je vous dise ?
Cette graine, qu’il a planté dans les esprits, poussa assez rapidement, il faut le reconnaître, au point que mes propres parents pensaient de plus en plus que je n’étais pas leur fils, mais une malédiction, un esprit farceur ou je ne savais pas trop quelle autre connerie. En tout cas, on me faisait comprendre que je n’étais plus le bienvenu.

Un soir, Stella me réveilla au milieu de la nuit. Je crus qu’elle avait eu un cauchemar, même si elle n’était plus du tout une enfant - elle était la seule qui pouvait encore dormir avec moi si elle le souhaitait, la seule à qui je prêtais mes bras pour un moment de tendresse et d’amour pur. Ce n’était pas le cas et le cauchemar, c’était moi qui allait le vivre.

« Flynn ! Il faut que tu partes ! Güs veut te tuer.
- Mais qu’est-ce que tu racontes ? Il est juste con.
- Son meilleur ami, Stan, lui a dit que certaines familles sacrifient les Grisha pour boire leur sang et ainsi vivre longtemps et sans maladie. »

Il n’en fallut pas plus pour que je me relève, bien réveillé pour le coup. J'insultais ce crétin de tous les noms intérieurement. Je ne faisais clairement pas le poids contre Güs et je croyais en Stella. Elle était visiblement paniquée, apeurée, je ne pouvais que la croire. Néanmoins, je ne pouvais pas me résoudre à la laisser ici, seule.

« Viens avec moi, lui dis-je en l'attrapant, une main sur chaque bras. Toi et moi, on a toujours rêvé d'une meilleure vie, c'est notre chance de nous enfuir.
- Je ne peux pas te suivre, Flynn, tu le sais. Je ne sais rien faire d'autre de ma vie. Je vivrais dans la peur qu'on soit séparé et que je me retrouve je ne sais où... Mais toi. Toi, tu peux vivre la vie que tu as toujours rêvé... Je vivrais cette vie à travers toi. »

Je la pris dans mes bras, l'étreignant au point de lui faire certainement des marques. Je voulais aspirer sa douleur, sa peur, son désespoir. Je voulais la garder auprès de moi, mais je ne comprenais que trop bien le risque pour elle. Dehors, les chances qu'elle se fasse enlever était grande, c'était courant dans la région et je n'avais nullement envie de voir ma petite sœur dans un bordel. Je sentis ses larmes sur mon épaule, je les entendis. Et cela pouvait paraître étrange, mais nous nous embrassâmes, lèvres contre lèvres, nous promettant ainsi ce que l'on ne pouvait pas promettre. Par cet acte d'amour pur et sincère, nous voulions garder en mémoire l'un et l'autre. Nous nous aimions comme personne. Cela pouvait paraître étrange et pourtant, rien n'était plus pur et vrai que ce que nous éprouvions. Il n'y avait rien de sexuel, il y avait juste de l'amour aussi transparent que le cristal.

« Je t'aime.
- Je t'aime. »

Je préparais mes maigres affaires dans un sac, ne prenant que l'essentiel pour voyager léger. Malgré mon record de rapidité pour choisir et faire mon paquetage, ce ne fut pas suffisant : Güs, et deux autres idiots, arrivèrent sous la tente, leurs muscles bien visibles et leurs visages, apparemment, déterminés. Si je gardais les deux idiots dans un coin de ma vision, mes yeux étaient sur Güs. Il n'avait pas de couteau à la main ou une quelconque arme blanche, mais en avait-il besoin pour tuer un homme ? Aucunement. Fort heureusement pour moi, je n'étais pas un simple homme.

« Je vois que j'arrive à temps, fit-il en désignant mon sac d'un mouvement souple du menton.
- Pour une fois que t'es à l'heure, répliquai-je au tac-o-tac.
- Tu allais faire une balade ?
- Ouais, j'ai senti ton odeur de clébard et ça m'a réveillé. Je comprends mieux pourquoi l'odeur était forte avec les deux sous-fifres qui t'accompagnent. Le trou est profond ?
- Comme si tu méritais ça. »

Et le combat débuta. Ses potes tentèrent de m'attraper, mais je n'eus besoin que d'esquiver habilement, enchaînant pirouettes et balayettes – ils avaient le cul en l'air comme des poules, c'était ridicule. Mais le véritable ennemi se trouvait en face de moi, préparant son poing droit pour me décrocher la mâchoire. Je faillis le prendre en pleine mâchoire, sentant une brise me frôler la joue. Cependant, ce ne fut pas suffisant : il m'attrapa et me fit voler dans les airs, m'écrasant contre des caisses en bois, une se brisant sous mon dos. Je gémis de douleur, fermant fortement les yeux sous le choc. Je n'eus pas le temps de me remettre de mes émotions que ce connard se trouvait au-dessus de moi et posais ses mains dégueulasses sur ma gorge, m'étranglant. Je lui donnais des coups de pied, je me débattais comme un diable, mais avec sa face de rat juste au-dessus de moi, j'eus dû mal à penser, réfléchir, utiliser mes pouvoirs pour le faire voler.
Soudain, sa prise se relâcha et son visage grimaça. J'aperçus alors Stella, dans sa silhouette fine et frêle d'acrobate et de danseuse, un couteau plein de sang à la main à quelques pas derrière notre frère aîné. Si je toussais mes poumons, ma gorge me brûlant comme un feu de l'enfer, je vis peut-être trop tard l'inévitable. Güs attrapa Stella et la poussa violemment, la projetant à plusieurs mètres. Je voulus hurler, je sentis que je hurlais, mais je ne reconnaissais pas ma voix. Mes mains firent un ballet et j'ordonnais à l'air d'envoyer Güs aussi haut que possible, faisant un trou dans la tente. Il fit une chute de plusieurs dizaines de mètres, atterrissant malencontreusement sur la tête, sa nuque craquant sous le choc. Mais je n'en avais rien à faire de cette merde, seule Stella m'importait.

Je criais son prénom et je me ruais sur elle, inerte, telle une poupée désarticulée. Je l'appelais, encore et encore, la berçant. Mon regard refusait de voir ses yeux bleus ouverts, inexpressifs, jusqu'à ce que les larmes inondèrent mon visage, serrant son corps contre le mien. Je m'en voulais, je m'en voudrais toute ma vie, et je devrais chaque jour payer le prix de ne pas l'avoir à mes côtés. Car j'aurais dû insister. J'aurais dû la prendre avec moi. J'aurais dû me montrer convaincant. Désormais, je le serais.

Des cris de surprise, de stupeur, d'indignation résonnèrent de plus en plus dans la tente et je levais les yeux, embrumés par le chagrin, le nez reniflant. Même si cela me faisait mal, je devais partir avant que l'on fasse quoi que ce soit pour me faire payer le fratricide que je venais de commettre. Je fermais les beaux yeux de ma sœur, l'embrassais une dernière fois, lui chuchotant promesses et mots d'amour. Je reposais tendrement son corps, lui fis mes adieux avec un dernier regard et j'attrapais mon sac avant de commencer ma course effrénée le plus loin possible de cet enfer.


Je tairais les premiers jours. La culpabilité, la tristesse, la colère, toutes les étapes du deuil s'enchaînaient encore et encore jusqu'à ce que je m'isole dans la forêt, hurlant ma douleur au point de coucher les arbres centenaires. Et je tairais les jours suivants, car peu importait combien de temps je fus au fond du gouffre, je me relevais. Pour elle. Rien que pour elle.


Je ne chantais que rarement pendant plus d'un an, volant autrui pour survivre, usant de mes charmes pour trouver une couche la nuit. Une vie simple, sans avenir, sans saveur. Jusqu'à ce que je croise une jeune femme qui ressemblait trait pour trait à ma Stella. Ce n'était pas elle, bien sûr, elle était bien trop richement habillée pour elle ma sœur. Mais cela n'empêcha pas mon regard d'être captivé, fasciné, bloqué sur cette jeune femme. Elle releva ses yeux d'un bleu glacial, me sourit et je le lui rendis. Rien de plus. Mais cela suffit à me redonner le goût au chant et à la vie.
Je me rendis sur la place du marché, imagination débordante et un besoin viscéral de réveiller mes cordes vocales. J'aperçus trois hommes qui essaient de faire un semblant de musique. L'un avait un luth, un autre un tambourin et le dernier une flûte. C'était bien, divertissant, mais rien qui pouvait convaincre de mettre une pièce dans leur chapeau retourné. Il me restait trois pièces et je marchandais avec eux. Ça me prit au moins une heure pour leur faire jouer ce que j'avais en tête, mais le résultat était là et j'étais prêt à faire mon entrée en scène.
Je me mis sur une caisse en bois, attirant l'attention des gens par un « Oyé Oyé » et une courbette avant de faire signe aux trois hommes et de débuter le spectacle.


Voix forte, gestes mesurés, je ponctuais mes mots habilement, mimant et caricaturant. Il était aisé d'imiter un noble, la main légèrement courbée et le mouvement du pied pour montrer que l'on écrase quelque chose. Rien de bien grandiose pour le moment.


Si ma prestation avait un caractère peut-être comique aux yeux des gens, dont j'arrachais un rire, le moment approchait à grands pas.


Je montais quelques octaves pour exposer mon habileté au chat, mes cordes vocales légèrement échauffées ne faiblissaient nullement. Elles étaient même ravies de pouvoir de nouveau vibrer. Roulement de tambour, je préparais le final en prenant appui sur une caisse en bois, effectuant sans difficulté un salto-arrière-retourné – j'étais dos au public, je me retrouvais en face pour chanter à nouveau. Je ne leur laissais pas le temps d’applaudir que j’enchaînais.


Je m'inclinais, saluant mon public qui applaudissait chaleureusement, hurlait des « bravo ! », le bruit des pièces dans mes oreilles. Et je la vis une dernière fois : cette noble aux airs de ma petite sœur chérie, qui me souriait, m'applaudissait, mais qui encore une fois, ne m'adressa pas la parole. Et je ne fis aucun pas vers elle. J'accueillais cette coïncidence comme un nouveau départ, un renouveau.
Le spectacle rapporta quelques pièces malgré tout et nous partageâmes, comme promis, les recettes. Ils étaient contents, ravis même, et nous nous étions bien amusés. Mais avant de nous quitter, mon regard s'accrocha au luth de l'homme et sans détour, je lui demandais combien pour l'instrument. Trois pièces en moins dans ma poche, je récupérais l'instrument et je m'éloignais, l'accordant tranquillement. Il ne fallut que deux rues avant que je titille les cordes, que je compose un air et que je fredonne de nouvelles paroles.


Durant des dizaines d'années, je vécus en saltimbanque, en barde, animant les rues, les bars, les tavernes, les auberges, faisant même quelques apparitions à la cour ravkane lorsque l'opportunité se présentait. Peut-être deux ou trois fois en vingt ans. Je tenais à ma liberté et je savais que si on avait vent que j'étais un Grisha, terminer pour moi ma belle et douce existence. Il était hors de question que je sois un soldat. Ce fut pour cela que je me retrouvais bien vite à Ketterdam, ville des plaisirs, de la luxure et des gens peu regardant de la loi. Une ville qui me correspondait en tout point. Mais peu importait le nombre d'années là-bas, c'était cet homme qui importait.
Je ne me souvins plus vraiment du début de cette histoire – l'alcool sans doute. Néanmoins, elle se passa dans une taverne. Elle était pleine à craquer, non loin du Crow Club, et il me semble que certains pensaient que je n'étais pas barde, car je n'avais pas mon luth avec moi. J'avais répondu que je n'avais pas besoin d'instrument pour faire de la musique. Évidemment, les cris rauques et gras accueillirent ma déclaration, mais sans me faire perdre mon sourire. Je finis d'un coup sec ma pinte et débutais un début de rythme, avec mes mains, avec mon pied. Je tapais en rythme jusqu'à ce qu'un, deux, trois hommes me rejoignent. Puis une tablée, puis toute la taverne. Alors seulement, je me lançais dans le chant, me mettant debout sur une table.


J'appelais les gens à répéter cette phrase avec moi. Encore et encore. Et tel un maître d'orchestre, je les fis tous arrêter. L'enthousiasme des gens était à leur paroxysme et les verres se levèrent en même temps que les « hourra » et les courbettes que je faisais, un sourire rayonnant étirant mes lèvres. J'eus une pinte pleine dans les mains, sans même la commander et encore moins à la payer. Ce fut à ce moment-là que mes oreilles furent attirées par une conversation.

« … J'ai entendu dire qu'il recrute, mais je n'ai vraiment pas envie de bosser avec des Grisha.
- C'est quand même l'Impolite Shark, mec. C'est pas importe quel bâtiment. »

Je ne me doutais pas un seul instant que cette conversation n'avait rien de sérieux et qu'elle était montée de toute pièce. Mais j'avais de plus en plus envie de me sentir en sécurité, pouvoir m'exercer sans avoir à regarder par-dessus mon épaule, mais les options possibles, qui remplissaient ces critères, étaient inenvisageables. Ce bateau était-il mon salut ?
Je terminais mon verre et me dirigeais vers le port, cherchant d'un regard ce fameux navire. Je voulais le voir de mes propres yeux. Je voulais voir à quoi il ressemblait, à quoi il pouvait bien servir, je voulais savoir ce qu'il pouvait m'offrir alors que je n'avais plus grand chose à donner. Et en me disant ça, je me rendis compte que j'étais immobile en face d'un navire imposant, le nom de l'Impolite Shark inscrit sur le bois.

« Ce que vous voyez vous plaît ? »

Je sursautais presque. La tête haute, le menton relevé, je n'avais pas vu cet homme en face de moi. Il était peut-être aussi grand que moi, classe, beau en dépit du fait que son regard me fit penser à un requin.

« Pas mal, oui, répondis-je en souriant en coin, malicieusement, mes yeux expressifs. »

Ce fut ainsi que je fis la connaissance de Madden, le capitaine de l'Impolite Shark. Inutile de dire que je devins ainsi pirate.



* Place, je passe - Mozart l'Opéra Rock
** Référence à Toss a Coin to Your Witcher - The Witcher
*** We will rock you - Queen