[INTRIGUE 2] Un baiser pour la route || Ciaran/Mads

T'as le coeur dans la gorge, l'inquiétude qui s'dessine sur tes traits disparait pas une seconde. Pas à partir du moment où le molosse s'est jeté sur Bobby pour lui arracher la chaire avant de reprendre sa route vers sa principale cible. Tout se passe trop vite pour que ton esprit arrive à saisir l'inimaginable - y a  @Ciaran Z. Silberis qui se place près de la chèvre, agite les mains avec délicatesse et Bobby qui revient. Il joue les preux chevaliers, le loup saute - l'ignore et se jette à la suite de Katja et Ikar. Ce qui te convient bien, finalement.
Tu perds pas plus de temps, t'as deux choses en tête qui s'affichent comme des drapeaux : tu dois sortir Bobby de là et tu dois protéger l'Grisha qui l'a sauvée. Ca fait pas de doute pour toi, Ciaran cache plus d'un mystère et t'es pas celui qui va le laisser se faire dévorer par des bestioles.

Tu laisses aux Crows la joie de gérer leurs affaires, prends le bras du Magnifique, ta chèvre sous le bras puis tu le tire hors du bar, de la ruelle, de la rue - rapidement tu reprends le chemin du port, sachant que sur l'Impolite Shark le Carnaval revêt pas d'aussi terribles promesses. T'es vraiment plein de surprises toi. Qu'tu finis par dire quand t'es sûr de pouvoir parler sans te mettre à pleure comme une madeleine. Tu ralentis enfin la cadence, te tourne vers le bellâtre et tu le prends dans tes bras - d'manière étrange comme tu tiens toujours la chèvre à ta gauche. Merci. C'était idiot d'dévoiler qui tu es mais t'as sauvé Bobby, alors merci. Et pour une fois il y a pas de trace d'extravagance dans ta voix ou dans ton regard. Juste une profonde sincérité emplie de reconnaissance. J'ai plus tant l'coeur à la fête pour le moment. Ca te dit un petit verre de Rhum sur l'Impolite ? J'adore Ketterdam mais clairement c'est nous qui avons les meilleures bouteilles.

T'es encore surpris, sous l'effet de l'attaque tu ne réalises pas vraiment ce que tu as fait. Tu l'as fait voilà tout, c'était important pour toi, important pour Bobby et pour Madden, tu n'avais pas besoin de penser autrement pour agir. Et puis les hurlements de la chèvre t'ont glacé le sang, tu étais incapable de regarder cette scène sans réagir, c'était au delà de tes forces. Madden t'a attrapé pour te tirer du Crow Bar, haut lieu de fête et de beuverie transformé en ring de lutte pour le moment. Tu es trop heureux de te tirer d'ici, l'afflux de sang, de douleur, de blessures commençait à te monter au cerveau et tu semblais avoir bien du mal à faire le tri entre chacune des sensations. Alors te voilà dans les ruelles, évitant quelques personnes en te fondant dans la nuit noire. T'as été idiot de te montrer, tu le sais et plus encore lorsque Madden lui même te le faire remarquer en te prenant contre lui. Madden que tu ne connais pas, Madden dont le sourire te fait battre le cœur trop vite, Madden qui te regarde comme si tu portais dans tes mains la lune elle même. « C'est rien, c'est normal. Je déteste voir souffrir les animaux... » Les humains ça passe, tu es habitué. Mais les animaux c'est impossible pour toi, pas ces êtres innocents qui n'ont rien demandé.

« Ouais... Pourquoi pas, je te suis. » Et tu lui fais confiance encore une fois, sans pouvoir expliquer pourquoi. T'es peut-être idiot, tu te met sans doute en danger là mais tu fonces. Tu sais pourtant que les Grishas sont enlevés ici, qu'on hésite pas à les revendre à prix d'or. Mais Madden est sincère quand il te regarde, quand il te remercie pour Bobby et c'est la seule preuve dont t'as besoin. « Je ne dois pas rester ici, on m'a vu utiliser la Petite Science. L'Impolite est sûr ? » Une façon de lui demander si les Grishas sont les bienvenues, sur son navire. Tu le connais pour y être allé mais t'étais pas Grisha officiellement, à ce moment là. Tu reprends le chemin, devinant que le navire est au port et que c'est là que vous allez. La tension est palpable dans les ruelles, c'est sans mal que tu devines que la bagarre du Crow Bar a éveillé les envies de sang de tout le monde.

C'est rien, c'est normal. Je déteste voir souffrir les animaux... Tu aurais pu sauver ta vie, plutôt qu'la sienne. Parce que tu les as entendu les menaces du chasseur. Tu sais qu'il se trouve des centaines de gens à Ketterdam qui tueraient un Grisha sans même sourciller. Tu savais qu'il s'en trouvait tout autant pour les enfermer ou les soumettre à l'esclavage. Un Grisha comme Ciaran coutait une fortune - il était beau, évidemment talentueux et jeune. De quoi faire frémir quelques porte-feuille. Tu trouvais ces manières de faire abjectes. Aucune vie ne méritait d'être soumise à une autre. L'esclavage était parmi les actes de barbaries que tu exécrais sans même le cacher.
Et comme tu étais le Capitaine du bateau pirate le plus connu de la Vraie Mer, que vous étiez connus pour être à la fois violents et invincibles, personne n'osait vraiment venir vous poser des questions. Tu ne laissais pas de place au débat sur des sujets si sérieux. Tout comme il n'y avait pas de place à quiconque serait contre les Grishas sur ton navire.

Ton coeur était fait de braise ce soir, touché par les actions du soigneur et envieux de l'en remercier. Se trouvait-il un homme aussi parfait dans le monde ? Sans doute pas - celui-ci était sensationnel. Ouais... Pourquoi pas, je te suis. Tu souris, le guidant jusqu'à ton batiment pour l'inviter à y monter. Le Navire était immense, se dessinant facilement sur le paysage nocturne de la mer. Je ne dois pas rester ici, on m'a vu utiliser la Petite Science. L'Impolite est sûr ? Monte et tu verras bien. Dis-tu alors - Fais moi confiance. - avant de lui montrer la pancarte accrochée à ton mat. Là, depuis longtemps, battue par les vents. Récemment, Ysélia avait redessiné les lettres pour rappeler les règles à chaque passager. Les Grishas et les humains sont égaux sur l'Impolite. Aucun Grisha ne souffrirait de la moindre torture sur mon batiment. Je ne le permettrais pas. Et c'était sans doute pour cela qu'aucun chasseur ne viendrait ici pour trouver Ciaran. Ca t'plait ?

« J'aurais pu mais je ne l'ai pas fait, c'est comme ça. » Dis-tu en haussant les épaules, comme si ce n'était rien. C'est le cas, tu te moques d'avoir quelques dangers aux trousses, sans doute car tu sais te faufiler un peu partout pour te faire oublier. Et ils ne savent rien sur toi, si ce n'est ton visage que tu sais facilement cacher, pas de quoi attirer un quelconque danger sur ta personne. Les Malenis sont des fantômes, personne ne le sait et cela vous va très bien comme ça. Tu le suis, demandant tout de même si tu dois craindre le moindre danger. Il te parle de confiance et tu décides de le suivre, n'entendant aucun doute dans son cœur qui bat calmement, pas comme si il te mentait d'une quelconque façon. C'est le risque à prendre, tu es mieux ici que dans la rue, surtout après avoir usé de ta Petite Science. Tu as besoin de réfléchir, de penser à un meilleur plan pour te faire oublier comme le veut la règle pour vous. Et un endroit sûr sera parfait pour ça.

Tu grimpes sur le bateau, regardant derrière vous qu'il ne reste personne pour vous suivre. C'est le cas alors, tu approches de la pancarte pour la regarder un instant et lire une règle, écrite de noir pour bien marquer chaque mot, appuyer chacune des résolutions de cet endroit. « Ouais... Ca m'plaît. Tu caches bien ton jeu, Madden... T'es exceptionnel, plus qu'on ne le pense alors, je crois. » Que tu dois en regardant le navire, voyant partout la puissance de cet engin qui peut battre les flots et s'imposer sur la Vraie-Mer même quand elle se fait capricieuse. Tes yeux brillent, car cet endroit est absolument magnifique. T'as jamais autant eu envie de prendre la mer, sans doute car t'as jamais autant eu l'sentiment d'être en sécurité en dehors de tes instants avec les Malénis. « Pourquoi nous sommes protégés sur ton navire ? Qu'est ce qui te différencie des autres humains, qui veulent nous massacrer ou nous vendre ? » Et malgré tout tu n'es pas idiot, pas dupe alors tu veux découvrir ce qu'il cache. Si il cache quelque chose, en dehors d'une chèvre un peu barrée.

Une fois sur l'Impolite Shark il te semble que le monde redevient calme et apaisé. Les hurlements et les cris s'éloignent tellement que tu n'y fais plus attention. Tu entends que le bruit de l'eau contre la coque, la coque qui craque, le mât qui se balance. T'es chez toi, trouvant ici le plaisir de retrouver son foyer, Bobby partant rapidement vers ta cabine pour trouver son coin pour dormir. Tu restes cependant encore sur le pont, regardant le bellâtre - son sauveur et celui de ta jeune compagne - lire les règles qui ont court sur ton batiment. Tu n'accepterais pas que quiconque les ignore. Ceux qui ont essayé ne sont plus là pour en parler à quiconque. Car, contrairement à ce qu'il laisse facilement voir, Madden était loin de faire preuve de patience. Ouais... Ca m'plaît. Tu caches bien ton jeu, Madden... T'es exceptionnel, plus qu'on ne le pense alors, je crois. Ravie que tu t'en rendes compte. Sourias-tu, glissant un regard caressant vers Ciaran. Faut jamais totalement se dévoiler. Pour laisser le plaisir de la découverte. Règle de séduction, que tu dois sans doute tenir de Flynn.

Pourquoi nous sommes protégés sur ton navire ? Qu'est ce qui te différencie des autres humains, qui veulent nous massacrer ou nous vendre ? Ne suis-je pas exceptionnel disais-tu ? demandas-tu, grandiloquent en ouvrant les bras dans un geste théâtral. Tu lâchais un rire, avant de finalement, perdre ton sourire et d'hausser les épaules. Personne n'oserait briser les règles de l'Impolite sans en payer le prix. Tout le monde le sait : je ne pardonne jamais. Et il n'existe qu'une sentence acceptable à mes yeux. La mort. Les Grishas, les humains, les hommes, les femmes - nos coeurs battent de la même manières. Nous sommes plus forts ensemble et sur les eaux agités nous n'avons pas la place pour avoir des ennemis à bord. Nous sommes meilleurs ensembles et nous sommes égaux. Je ne vois pas les choses autrement. Personne sur l'Impolite ne les voit autrement. Expliquas-tu finalement, pour une fois avec tout le sérieux que tu possèdes.

Pas entièrement se dévoiler, c'est sans doute ce que tu fais avec les informations que tu lui donnes au compte goutte. Tu refuses de trop en dire, qu'il se lasse peut-être et qu'il cesse de t'aider car tu dois avouer qu'ici, à Ketterdam, tu es bien heureux de connaître au moins Madden. L'Ile est très riche et si tu n'as personne pour te guider un peu, tu pourrais te perdre et oublier ce que tu cherches ou alors te faire avoir en réalité. Tu dois ramener des choses véritables, précieuses aux Malenis. Il est si facile de se faire avoir ici, de tomber dans le panneau de quelques vendeurs malhonnêtes qui cherchent une bonne poire à arnaquer. Et quelque chose te dit que Madden est le genre à ne jamais se faire arnaquer, alors tu ne dois pas le laisser s'enfuir. Il peut t'aider et toi aussi, autant en profiter le temps que tu es sur l'île.

« Si tu l'es mais ça ne fait pas tout. » Que tu réponds avec un petit sourire amusé, souhaitant malgré tout découvrir pourquoi vous avez le droit de vivre, d'être en sécurité, d'être libre sur ce navire alors que dans le monde entier vous êtes des monstres à traquer, tuer, vendre au moins. Que vous ne méritez rien, même pas un regard si ce n'est pour vous balancer aux autorités afin que l'on vous fasse payer une condition que vous ne méritez pas. Tu n'es pas idiot, tu sais que des gens comme Madden existent mais ils sont si rares que c'est toujours étonnant d'en croiser un. « N'as-tu jamais accueilli sur ton navire quelqu'un qui prônait cela mais qui, à la première occasion, s'est attaqué au Grishas ? Les Drüskelle, les chasseurs sont ingénieux lorsqu'il est question de nous tuer. » Dis-tu en marchant un peu sur le navire, découvrant le bois qui craque sous tes pieds, l'odeur de l'iode qui chatouille ton nez. « Comment, alors que les rois peinent à faire respecter les lois, tu pourrais forcer des humains et des grishas à vivre ensemble ? Serais-tu un visionnaire, un naïf ou simplement un génie ? » Tu t'approches un peu, souriant alors que tu l'observes sous les reflets de la lune. Il a du charme, tu ne peux nier cela. Et ça te retourne l'estomac.

Si tu l'es mais ça ne fait pas tout. Mine boudeuse pour réponse, tu retrouvais ton sérieux le temps de la conversation. Si en général tu laissais tes émotions prendre le dessus sur ton esprit pour le laisser divaguer, tu supposais que pour l'occasion tu pouvais être parfaitement au présent. Laisser en arrière ta sensation de perdre pied, pour être là. Présent sous le regard de Ciaran qui te fascinait de plus en plus. Ton palpitant battait si fort que tu étais convaincu qu'il pouvait l'entendre - de plaisir, de joie, rassuré que ta chère Bobby soit en vie. Rassuré de l'être aussi et d'avoir pu amené le Grisha dans un coin où il sera en sécurité.
Parce que nul Grisha ne mourrait sur le pont de l'Impolite Shark. N'as-tu jamais accueilli sur ton navire quelqu'un qui prônait cela mais qui, à la première occasion, s'est attaqué au Grishas ? Les Drüskelle, les chasseurs sont ingénieux lorsqu'il est question de nous tuer. Si c'est arrivé, quelques fois. Mais il suffit d'un coup, d'une parole ou d'un acte condamnable pour que la sentence soit sans appel. Répondis-tu sans même chercher à mentir. Je suis le Capitaine qui érige les lois sur l'Impolite. Je suis le bourreau qui les fait respecter. Mon nom ne vient pas de mes excentricités - on me dit fou, car je ne souffre d'aucune culpabilité quand j'assène la mort en punition. Expliquas-tu, chose que tu n'as jamais fait jusqu'à présent.

Mais la mort te suit comme une allié. Tuant l'ancien capitaine du Shark pour avoir son navire. Tuant les marins qui refusaient de suivre ton règlement. Tuant les jeunes recrues qui se montraient inaptes à vous suivre. Sahar avait succombé dans les eaux, il y a quelques semaines de cela. Tu n'avais pas pleuré. Tu ne pleurais jamais ni ne regretter le moindre de tes actes. Comment, alors que les rois peinent à faire respecter les lois, tu pourrais forcer des humains et des grishas à vivre ensemble ? Serais-tu un visionnaire, un naïf ou simplement un génie ? Un peu tout cela à la fois ? Demandas-tu avec un sourire en coin. Les rois font respecter des lois idiotes. Les humains et les grishas ne sont guère bien différents et nous sommes meilleurs ensemble - il n'est rien de plus simple que de les faire vivre en harmonie. Si les rois n'y parviennent pas, c'est qu'ils ne le souhaitent pas. Assures-tu avant de t'avancer vers lui, te perdant dans son regard. Nos coeurs battent le même rythme, nos yeux regardent le même monde, et nous recherchons tous un peu de bonheur.

Il ne rigole pas mais c'est sans doute pour cela qu'il est respecté et qu'il est capitaine, car il faut parvenir à tenir l'équipage face aux mutineries et autres révoltes. On dit qu'elles sont fréquentes, car les pirates aspirent à gagner toujours plus et que ce sont des hors la loi, des personnes qui ne respectent que peu de chose et qui n'ont pas peur de s'opposer aux autorités qu'ils ont bien du mal à respecter. Est-il comme ça lui aussi ? Sans doute que tous les pirates sont tous un peu rebelle dans le fond, sinon ils n'auraient pas décidé de prendre la mer pour adopter cette seule et unique loi, à savoir qu'il n'y en a aucune. Mais découvrir qu'il protège les Grishas te rassure, tu n'aurais pas voulu finir avec une bataille alors que cette soirée a commencée comme ça ou pire, avec un mort sur la conscience. Et puis tu lui as déjà tellement confié sur toi alors, c'est comme si tu lui faisais déjà un peu confiance. « L'as-tu déjà fait ? De punir de la sorte ? C'est une grande responsabilité... » Dis-tu d'un souffle, ne réalisant pas vraiment ce que c'est d'avoir une mort sur la conscience juste parce qu'on a jugé bon de punir comme ça. Tu as déjà dû te défendre, peut-être même que les blessures que tu as infligé ont tué mais c'était toujours pour ton bien, pour survivre. Et là, si c'était pour faire respecter une loi, le pourrais-tu ?

Son discours te laisse songeur avant que tu hoches la tête, une nouvelle fois. « Il est plus simple de manipuler un peuple lorsqu'il a un ennemi commun, voilà pourquoi aucun n'a essayé de vraiment nous accepter sur ses terres. » Dis-tu dans un soupir, voyant qu'il se rapproche et te reculant un peu. Jusqu'à atteindre une zone d'ombre, un endroit où personne ne peut vous voir, où tu es caché aux yeux du monde, des autres passagers de ce navire, de Madden même. Si il te veut alors, il devra se guider grâce à ton souffle ou alors se laisser aller, comme dès l'instant où tu glisses ta main pour attraper sa ceinture et le tirer vers toi. Sentir son souffle au parfum de rhum te chatouille les narines. « Tu sembles trop beau pour être réel, Madden. Tu adoptes un discours que l'on entend peu, je ne saurais dire si tu n'es pas un être venu d'un futur pour me montrer que celui-ci sera glorieux. » Son corps chaud contre le tien éveille tes sens, te faisant battre le cœur plus vite et asséchant ta bouche. « J'ai envie de t'embrasser, Cap'tain. Alors que je n'ai jamais eu envie d'embrasser un autre homme avant toi. »

Tu sais pas te faire patient - tu as cessé il y a longtemps déjà. Tu n'es pas là pour faire preuve de pardon ou de douceur avec ton équipage, face à des hommes qui n'ont plus rien à perdre et qui ont du sang sur les mains, tu dois te montrer plus féroce encore pour ne pas qu'ils te dévorent. Tu as appris à l'être, le plus sauvage, le plus cruel, le plus malsain. Celui qui leur fera détourner le regard, qui leur ôtera le sommeil, qui commandera leurs coeurs.
Tu t'es fait respecter comme Capitaine, au point qu'à présent ta réputation se tienne avant toi auprès des hommes. Tu ne saurais dire si tu regrettais chaque acte cruel qui t'avaient mené là - la plupart du temps tu n'y pensais même pas. L'as-tu déjà fait ? De punir de la sorte ? C'est une grande responsabilité... Doutes-tu de ma parole ? C'est arrivé, plusieurs fois. Quand tu enfermes plusieurs fauves dans une cage, il faut que l'un d'eux deviennent l'alpha. Et que les autres meurent ou se soumettent.

Il est plus simple de manipuler un peuple lorsqu'il a un ennemi commun, voilà pourquoi aucun n'a essayé de vraiment nous accepter sur ses terres. Tu commences à comprendre. Sauf que tu n'étais pas du genre à penser au monde comme devant se soumettre à un seul homme. Tu croyais que le peuple était plus fort et que tout serait bien mieux si chacun avait son mot à dire. Si chacun se sentait considéré comme un être pensant et fort. Indépendant et doué. Si chacun comptait. Simplement - qui ne souhaitait pas juste compter ? C'est pour cela que tous étaient égaux sur l'Impolite Shark.
Tu restais là, à le regarder, à profiter de son visage doux et de son regard brillant. A ton sauveur. A ton aventure. Tu sembles trop beau pour être réel, Madden. Tu adoptes un discours que l'on entend peu, je ne saurais dire si tu n'es pas un être venu d'un futur pour me montrer que celui-ci sera glorieux. Je n'ai pas prétention à vouloir changer le futur. Je n'aspire qu'à vivre le présent comme je l'entends. Assures-tu, car malgré tout tu ne te battais que pour tes intérêts. Tu n'étais pas un homme altruiste. Tu vivais pour le profit. Pour l'argent. Pour l'aventure. Pour toi-même.

J'ai envie de t'embrasser, Cap'tain. Alors que je n'ai jamais eu envie d'embrasser un autre homme avant toi. Et pour ces moments. T'approchant de lui, la main glissant sur sa joue tu te perdais dans un regard, lui laissant le temps d'abandonner ses dernières barrières. Il faut un début à chaque aventure. Assuras-tu avant de sourire, fermant les yeux pour l'attirer doucement vers toi et poser tes lèvres sur les siennes - lui offrant son premier baiser, et pour toi le premier à te renverser depuis des années.

« Je doute de tout, c'est ma nature. » Dis-tu avec un sourire et un long regard sur lui, appréciant la comparaison. « Alors c'est toi l'alpha... » Et tu ne saurais dire pourquoi, si c'est la proximité avec tous ces cœurs qui ne cessent de battre à tes oreilles, les odeurs d'alcool ou le sentiment de puissance lorsque tu es avec lui, mais cette image te fait naître des frissons dans le corps. Qui se promènent sur ta peau, te donnent envie de lui demander jusqu'où il peut aller pour avoir un peu de pouvoir. Tu n'as jamais été attiré par cela avant, préférant laisser ces fantasmes aux jeunes nobles de Ravka qui bavent devant un duc ou un comte puissant. Et pourtant ce soir, tu serais prêt à te mordre la lèvre d'appréciation en le regardant, lui. « Alors tu dois faire en sorte de le rendre toujours plus excitant, n'est-ce pas ? » Dis-tu avant de t'approcher, te perdant dans son regard où brille une lueur que tu ne saurais définir, entre la folie pure et le calme absolu. Comme si il était debout sur un fil, se tenant au dessus d'un vide immense dont il aime se moquer trop souvent. Une seconde tu te demandes si il pourrait sombrer mais, en croisant son regard tu connais déjà la réponse.

Sa main se perd sur ta joue et ton souffle se coupe, car tu sais ce qui va se passer. La dernière fois c'était il y a longtemps, un moment volé dans une taverne avec une demoiselle charmante. Tu as oublié son nom dès l'instant où le soleil s'est levé, tu n'as plus le souvenir de son visage. Mais celui de Madden tu es certain de ne pas pouvoir l'oublier si vite, voire jamais. Un homme ne t'a jamais rien fait mais lui, il ne ressemble à aucune autre personne que tu as rencontré dans ta vie. Il a ce quelque chose qui te fait battre le cœur trop vite et te donner envie d'essayer, sans savoir quoi exactement.

L'aventure commence dès l'instant où sa bouche se pose sur la tienne. Il a les lèvres salées, à l'image de cette Vraie-Mer qu'il aime tant, qu'il chérit au point de la parcourir avec son navire. Son odeur est celle du sable chaud, du chocolat et du rhum, un mélange étonnant mais tu en deviens aussitôt accro. Alors tu embrasses, glissant tes mains contre ses hanches pour l'attirer à toi plus fort, incapable de te résoudre à briser ce baiser même pour respirer. Tant pis, tu te nourris de ce qu'il t'offre et il ne te vient pas à l'idée de le refuser une seconde. Ce baiser renferme une passion dévorante qui te donne bientôt chaud, à tel point que c'est une peur sourde qui se loge dans ton estomac et te pousse à mettre fin à cet instant. Doucement malgré tout, les yeux clos pour garder encore à l'esprit ce moment, tu te recules avec un sourire sur les lèvres. « Tu es plein de surprise, Madden... » Et c'est bien peu de le dire, alors que tes yeux s'ouvrent pour le regarder. « Ce premier baiser avec un homme était... Tout à fait parfait. Je pourrais en redemander, par contre. » Derrière vous, la fête bat son plein. La musique vient jusqu'à vos oreilles, les bruits de combat aussi et quelques hurlements. « Veux-tu rejoindre la fête ? Je vais rentrer à l'auberge je crois, je ne voudrais pas croiser ce chasseur encore une fois... »

Ses lèvres sur les tiennes se font douces. Ses mains te saisissent par les hanches pour que vos corps se collent l'un à l'autre et tu gémis doucement à la sensation de ce corps dur contre le tiens. Toi-même tu reste pas inactif - ton palpitant se met à battre à la chamade, ton souffle se coupe et tu réponds à son baiser avec passion. Ta langue se fait rapidement joueuse, glissant sur les lèvres du bellâtre pour l'inciter à venir jouer avec elle. A venir danser contre la sienne pour lui arracher quelques gémissements plaintifs et impatients. Tes mains viennent caresser ses bras, remontant vers ses épaules que tu saisis pour l'avoir contre toi plus longtemps.
Ce baiser est parfait. Ce baiser est délectable. Tu souris contre sa bouche, le sentant qui se recule mais ne pouvant t'empêcher de poser un baiser encore -un dernier puis un autre avant qu'il ne soit trop loin. Tu es plein de surprise, Madden... Dit l'homme aux mille et un trésors. Et tu ne parlais pas uniquement des trésors de son équipage perdu.
Ciaran était là pour te surprendre, te donnant envie de passer plus de temps avec lui encore - si la chose était possible, tu resterais là pour longtemps. Pour toujours peut être. Mais l'éternité n'était pas une promesse que tu pouvais offrir. Pas à un Grisha. Pas à quiconque. Ce premier baiser avec un homme était... Tout à fait parfait. Je pourrais en redemander, par contre. Tu pourrais bien m'en donner à nouveau quand bon te semblera. Je serais ravi de faire office de cobaye. Admets-tu avec un sourire sur les lèvre - il semblerait que tu ne sois pas capable de le perdre, celui-ci alors tu te bats même pas pour cela.

Au loin un coup de feu le fait réagir. Toi, tu entends surtout le clapotis de l'eau contre la coque de l'Impolite Shark et le ronflement de Bobby qui n'est pas si loin. Veux-tu rejoindre la fête ? Je vais rentrer à l'auberge je crois, je ne voudrais pas croiser ce chasseur encore une fois... Es-tu fatigué ? Demandas-tu, comme inquiet. Il serait plus sage que tu dormes ici ce soir. Il ne se trouvera pas une auberge en ville où tu ne risquerais pas de croiser quelqu'un qui te ferait du mal. Ici Bobby te protègera. Ou a défaut hurlement si fort que tu ne saurais être pris par surprise. Assuras-tu - sachant que la chèvre avait déjà un faible pour le Grisha.

Ton cœur bat fort, autant que celui de Madden et ce son te fait tourner la tête. Bientôt tu te raccroches à lui, comme si cela pouvait être une excuse pour ne pas t'effondrer. Ca l'est, au moins tu peux rester plus proche de lui et savourer sa présence, son parfum mais aussi ce charisme qui lui est propre et qui te donnerait presque envie de rester ici toute la nuit, à lui demander de te parler, de te raconter, de t'expliquer toute sa vie sans oublier aucun détail. Tu aurais envie mais tu n'es pas en sécurité, la fête semble mal tourner et tu ne voudrais pas recroiser cet homme au regard de haine que tu as vu, lorsque tu as soigné Bobby. « Dit l'homme aux mille et un trésors. » « Peut-être plus encore, ce sera à toi de le découvrir. » Dis-tu en glissant ta main de sa hanche jusqu'à son ventre, avide de le toucher et de l'effleurer pour savourer encore un peu sa chaleur qui perce à travers son vêtement.

« Tu pourrais bien m'en donner à nouveau quand bon te semblera. Je serais ravi de faire office de cobaye. » « Mh... Je garde la proposition en mémoire. » Et tu pourrais user de cette carte plus vite que prévu, alors. Surtout si il a apprécié cela autant que toi. C'est bien la première fois que tu embrasses un homme, c'est aussi la première fois que cela te rend aussi fébrile, aussi tremblant.

« Fatigué, non. Je suis inquiet, les rues ne sont pas sûres pour les gens comme moi. J'ai été idiot de me montrer... J'aurais dû être plus discret pour Bobby mais... Il y avait urgence. » Ton regard accroche un instant celui de la chèvre, qui brille d'une rare reconnaissance que l'on ne peut trouver que chez les animaux. Mais tu ne regrettes pas, c'était nécessaire. Cependant tu es Grisha, tu es Maléni et la première règle est bien de vous faire discret, pour encore quand on cumule une Petite Science, comme toi. « Il serait plus sage que tu dormes ici ce soir. Il ne se trouvera pas une auberge en ville où tu ne risquerais pas de croiser quelqu'un qui te ferait du mal. Ici Bobby te protègera. Ou a défaut hurlement si fort que tu ne saurais être pris par surprise. » « Si Bobby n'y voit aucun inconvénient. » Mais la chèvre lâche un son grave, comme pour confirmer que tu peux rester et cela te fait sourire. Ici tu n'entends aucun mensonge, aucune crainte à avoir, aucune méfiance à observer. Tu es en sécurité, c'est sans doute pour le moment l'endroit le plus sécurisé de la ville. Alors... « J'accepte, merci beaucoup. »