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 Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië

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Dmitri Moskovine
Corporalki - Fondeur
Dmitri Moskovine

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Message(#) Sujet: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptyVen 4 Aoû - 13:29


Une amitié née dans le sel et les vagues
feat @Namarië Ràva

La matinée était déjà bien avancée et sur le marché de Djerholm, chacun était encore bien occupé. C'était parfois à peine si l'on pouvait se frayer un chemin, tant la cohue devant certains étals étaient grande. Il y avait de tout, pour tous les goûts, si tant est qu'on puisse y mettre le prix. Ce n'était pas forcément au goût de Dmitri qui préférait un peu moins de monde autour de lui, mais il avait fini par céder à la requête de l'un de ses amis qui voulait absolument lui montrer l'ours de bois qu'il faisait graver par un artisan. Dmitri en était conscient, il passait beaucoup de temps par monts et par vaux, et bien peu avec ses proches. Il faut dire que les circonstances le maintenaient bien occupé : il n'était pas de tout repos de jouer les espions auprès de la couronne Fjerdanne ! Surtout avec les rumeurs de guerre qui courraient, et le danger toujours présent que les Grishas du Petit Palais courraient. Alors, il l'avouait bien volontiers, il avait des efforts à faire pour passer plus de temps avec ses amis. De toute façon, lier des liens et forger des alliances étaient l'un des principaux aspects de son métier de conseiller royal, même s'il ne faisait que remplacer son père dans cette tâche pour le moment. Le roi Björn et le jeune Grisha – insoupçonné – s'étaient liés d'amitié, et Dmitri était l'un des proches du roi… encore un proche avec qui passer du temps.

Tandis qu'ils descendaient la rue tous les deux, son ami se moqua gentiment d'un pari que Dmitri avait perdu la veille. Peut-être n'aurait-il pas dû parier que son couteau toucherait la cible à 100 pieds, effectivement. Et certainement pas avec une bouteille de kvas partagée entre eux deux. Mais Dmitri n'était pas un mauvais perdant, et il acceptait bien volontiers un peu de moquerie : lui-même, maintenant sobre, devait bien reconnaître qu'il s'était montré présomptueux. Les deux jeunes hommes riaient, partageant blagues et commentaires, insouciants dans les rues de la capitale. Avisant soudain une charrette de foin vide, son ami se hissa dessus, les mains en porte-voix pour proclamer à pleins poumons. "Oyez, oyez. Le grand Dmitri Moskovine admet avoir perdu. Ce jour est un…" La tirade s'interrompit par une dégringolade, un Dmitri hilare ayant fait tomber son ami de son piédestal. "Chuuuut, c'est bon. Je pense qu'on t'a entendu jusqu'au Permafrost. Au moins." Grommela le noble, bon perdant pourtant. Hé, il ne l'avait pas assommé, c'était déjà bien.

Se chamaillant comme deux enfants, les deux jeunes gens finirent par atteindre leur but, et Dmitri admira sincèrement l'œuvre de l'artisan. Son ami l'abandonna quelques minutes plus tard pour retrouver sa dulcinée, non sans une énième tirade flamboyante, et c'est un Dmitri amusé qui s'éloigné dans les rues, flânant sur le marché, s'offrant même le luxe de commander un cadeau pour l'anniversaire de son père. " A qui dois-je adresser la commande, Messire ?" "Moskovine. Dmitri. Je loge au palais royal encore quelques semaines." Ses achats effectués, Dmitri s'offrit le luxe d'un pain à la viande pour continuer de déambuler entre les étals, savourant le fait d'être incognito dans cette foule dense. Pas le fils du comte Moskovine, pas un proche du roi, et encore moins un espion Grisha. Juste un jeune homme bien né qui flâne. Anonyme. Ou peut-être pas tant que ça.

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Namarië Ràva
Etheralki - Inferni
Namarië Ràva

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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptyVen 4 Aoû - 13:30


Une amitié née dans le sel et les vagues
feat @Dmitri Moskovine

En embarquant sur le Kraken pour mener à bien la chasse au Dragon des Glaces, Namarië ne s'était pas imaginé la poursuivre aussi longtemps. Moins encore sur ces terres.
Pourtant, après avoir quitté Ketterdam et suivit diverses pistes dans tout Ravka, elle avait dû se rendre à l'évidence, elle allait devoir revenir là où tout avait commencé. Et si l'ironie de la situation en aurait fait rire certains, ça ne lui arracha rien de plus que son petit rictus habituel.



Le printemps s'installait doucement sur le continent, parant les étendues sauvages de nouvelles couleurs et réchauffant l'air ambiant. A Fjerda cependant, le changement de saison était moins marqué, le vent frais s'engouffrant toujours dans le col d'une chemise mal boutonnée. Mais Namarië ne craignait pas cet air piquant. Elle le trouvait presque doux contre sa peau, chargé de l'odeur d'un froid pur qu'elle avait presque oublié.
De nombreux souvenirs l'avaient submergé lors de son entrée sur le territoire, et pas seulement ceux liés à son enfance. Les couleurs du ciel, la craquement de l'herbe gelée, le gargouillis des ruisseaux qui grandissaient à mesure que la neige fondait. Tout lui paraissait atrocement magnifique. Parce qu'elle ne s'était pas attendu à ce que ça lui ait tant manqué.

Vêtue de sa cape de voyage, capuche rabattue sur ses longs cheveux bruns, Namarië progressait discrètement parmi les étals du marché. Si elle avait pu l'éviter, elle ne se serait pas retrouvé à déambuler dans les rues de la capitale. Mais c'était bien le seul endroit où elle pouvait espérer trouver des réponses. D'ici là, il lui fallait de nouveaux vêtements, plus aptes à la confondre dans cette foule nouvelle. C'est en vagabondant ainsi, au milieu d'inconnus, à la merci du danger, que le destin s'invita sur sa route. Et ce destin avait un nom, hurlé depuis le haut d'une charrette: Dmitri Moskovine.

Ils s'étaient connu enfants, au milieu d'un marché comme celui-ci.
Ils avaient joué ensemble, trouvé des cachettes dans les recoins de son village à elle, chapardé dans les ruelles de sa ville à lui. Ils avaient grandis, fait face aux difficultés de leur éducation, aux obligations de leurs rangs, différents, aux changements dus à leur âge. Puis elle s'était enfuie. Avait disparue.
Elle gardait un tendre souvenir de lui. L'un des rares qu'elle chérissait encore. Et si elle n'avait jamais caressé l'espoir de le revoir un jour, l'écho de son nom résonnant à ses oreilles lui fit entrevoir une chance inattendue, un allié potentiel en ces terres devenues inhospitalières.

Suivant l'origine de la voix, Namarië aperçut bientôt une tête blonde au profil familier. A l'abri d'un auvent, elle détailla les traits de ce visage, en reconnu la fossette au creux de la joue ou encore la couleur de ses yeux. Certaine d'avoir affaire à son ami, elle suivit le jeune homme faire son marché, gardant toujours ses distances. Et tandis qu'il s'arrêtait pour acheter un nouvel objet ou dévorer un pain à la viande, Namarië elle, réfléchissait au meilleur moyen de l'aborder.
Tant de paramètres rentraient en ligne de compte. Tous pouvant lui coûter la vie.
Elle ne savait rien de l'homme qu'il était devenu, des rumeurs qui avaient pu courir au sujet de son départ, ce qu'il en avait su, ce qu'il en pensait. S'il pouvait s'avérer être d'une aide précieuse, il pouvait tout aussi bien signer sa mort prochaine s'il se décidait à la livrer en tant qu'ennemie de la nation, en tant que grisha. Ses nombreuses réflexions lui intimaient donc la prudence, l'éloignant de ce chemin. Son instinct en revanche la poussait à lui.
Aussi lorsqu'il s'arrêta devant un nouvel étal, elle en profita pour se glisser discrètement à ses côtés. Sur la table étaient exposés divers objets. Du bijoux fantaisie au pot de fleurs à motifs. Namarië s'empara alors d'un article, un loup savamment sculpté de bois. Le retournant entre ses doigts, elle se pencha imperceptiblement vers celui qui avait été son ami.

-Il y a beaucoup de tendresse à apprendre des loups...

Si sa voix s'était faite murmure, elle était certaine que son destinataire l'avait entendue. Restait à savoir s'il se souviendrait comment lui répondre.

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Dmitri Moskovine
Corporalki - Fondeur
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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptyDim 6 Aoû - 12:16


Une amitié née dans le sel et les vagues
feat @Namarië Ràva

Il ne lui arrivait pas souvent, à Dmitri, d'avoir du temps devant lui pour ne rien faire. Son temps libre se raréfiait avec ses occupations et le peu qu'il avait était en général consacré à des activités moins frivoles. Que Djel en soit témoin, Dmitri pouvait être qualifié de beaucoup de choses, mais frivole, certainement pas ! Et pourtant… qu'est-ce que cela pouvait lui faire du bien, de déambuler dans les allées du marché, d'étals en étals, sans se soucier de grand-chose ! Il observait une broche fantaisie, se demandant si elle jurerait beaucoup ou pas dans les cheveux de sa mère, quand quelqu'un vint murmurer quelque chose à ses côtés. Une simple phrase qui avait le pouvoir de le faire voyager des années en arrière, une autre époque presque, faite d'insouciance et de rires, de chapardages en tout genre et de punitions esquissées mais jamais réellement appliquées. D'une jeune fille sur la plage qu'il regardait, certain qu'il l'épouserait un jour, avec toute la conviction et l'innocence que peut avoir un enfant de huit ans.

Il avait grandi, depuis. Appris. Changé, certainement. Mais il n'avait pas oublié. "Et beaucoup de férocité des tourterelles." Il se retourna avec le sourire, cédant à l'impulsion du moment pour venir la prendre dans ses bras. Cela faisait des années qu'ils ne s'étaient pas vu, ni même écrit, et pour cause : elle n'avait pas vraiment laissé d'adresse quand elle s'était enfuie. L'étreinte ne dura pas longtemps pourtant, la pulsion de la prendre dans ses bras cédant la place à la raison et à la tenue. "Je suis si heureux de te revoir !" Clama joyeusement Dmitri, reculant d'un pas pour mieux admirer la jeune femme. Elle avait changé, évidemment, mais il lui était impossible de ne pas revoir dans ses traits celle qui avait hanté ses rêves plus jeunes, celle à qui il annonçait avec certitude qu'ils se marieraient un jour et auraient au moins dix enfants. Ça n'en avait pas pris le chemin, clairement, et l'amourette de l'enfant avait cédé la place à une amitié bien plus solide, jusqu'à ce que la jeune femme disparaisse.

Il savait. Evidemment qu'il savait. Quand elle s'était enfuie, les rumeurs n'avaient pas tardées et si toutes n'étaient pas vraies (Dmitri doutait fortement qu'elle ait mis le feu à une plage entière), certaines avaient sûrement un fond de vérité. Elle n'était sans doute pas en danger immédiat ici, bien peu sachant associer la fille de pêcheur dont il se rappelait à la jeune femme qui se tenait maintenant devant lui, mais revenir en Fjerda restait risqué, pour une utilisatrice de la petite science. Il en savait quelque chose. "Qu'est-ce que tu fais ici ?" Demanda le jeune noble, avant d'ajouter malicieusement. "Si tu as changé d'avis et décidé de m'épouser, il va falloir te battre contre mes dizaines de prétendantes." Il était bien décidé, Dmitri, à ne pas laisser qui, ou quoi, que ce soit se mettre en travers de ces retrouvailles mais il se posait sincèrement la question de pourquoi elle était venue le trouver. Le comment, finalement, ne se posait pas tellement lorsqu'il se remémorait son crétin d'ami hurlant son nom aux quatre vents… mais le pourquoi, il l'espérait, n'impliquait rien d'autre que de la nostalgie et un peu de mal du pays. Rien qui ne soit dangereux, et rien qui n'implique quiconque. Est-ce qu'elle savait, seulement ? Est-ce qu'elle se doutait qu'il la savait Grisha et qu'un seul mot, hurlé dans cette foule, la condamnerait à mort ?

Ils l'avaient constaté tous les deux, l'amitié ne changeait rien lorsqu'on était qualifié de démon. Il l'avait vu, les parents se dresser contre leurs enfants, les frères contre les sœurs, les meilleurs amis contre les amis d'enfance… il ne faisait pas bon être Grisha en Fjerda. Son secret à lui était profondément enfoui. Mais le sien ? Même une tourterelle féroce ne faisait pas le poids contre une meute de loups enragés.

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Namarië Ràva
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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptySam 12 Aoû - 18:23


Une amitié née dans le sel et les vagues
feat @Dmitri Moskovine

La voix était plus grave, mais les mots résonnèrent avec la chaleur d'antan.
Des mots empreints d'une malice enfantine, lorsque l'aveu insouciant fut confronté à l'espiègle déni.
La phrase était devenue une taquinerie, un jeu, dont leur amitié changeante s'était moquée gentiment, mais qu'aucun n'avait oublié. Impossible à l'époque de s'imaginer son importance d'aujourd'hui.

Mais s'il y avait des choses que le temps ne parvenait à emporter, il en étaient d'autres qu'il nous faisait désapprendre. Et cette soudaine étreinte était l'une d'elle.
Surprise, Namarië se fait hésitante, presque maladroite à ne pas savoir comment lui rendre ce geste pourtant si simple. Un embarras sauvé par la brièveté du moment, tandis qu'il se recule déjà pour mieux la regarder.
Je suis heureuse moi aussi! dit-elle avec un franc sourire, presque surprise par la sincérité de son sentiment. Elle ne s'était pas attendu à ce que la nostalgie fasse partie du voyage. Moins encore qu'il commence à s'installer en compagnon de route. Mais à chaque brises glacées, à chaque regards tournés vers les pics enneigés, Namarië se souvenait qui elle avait été. Et ces retrouvailles inattendues ne faisaient que raviver ce maelström de souvenirs givrés.
Ravie et curieuse à la fois, elle l'observe alors à son tour. Les traits ont changé bien sûr, mais elle ne peut que le reconnaître. Il avait toujours cette aura singulière, mélange de charisme et de joie de vivre, noyées dans cette assurance presque insolente.

-Quelques dizaines seulement ? Un petit rire amusé vint ponctuer ses paroles. Elle retrouvait bien là le Dmitri qu'elle connaissait. Je vois qu'on s'est assagi avec le temps. Ou peut-être as-tu perdu la main ? Elle souriait franchement, le taquinant avec cette familiarité acquise il y a bien longtemps. De toute façon...elle reposa le loup en bois sur la table, on sait tous les deux qu'aucunes d'elles ne tient la comparaison.
Elle aussi savait se montrer d'une assurance presque intimidante, et elle se demanda soudain si c'était grâce à lui.

Dmitri avait toujours arboré une aisance naturelle. Un léger air supérieur, une audace, réservée à celui qui parvient toujours à avoir tout ce qu'il veut et à qui personne ne résiste. Si Namarië s'en était agacée au début, moquée aussi par la suite, elle n'en avait jamais vraiment tenu compte, préférant s'amuser et parfois admirer, avec quelle facilité il abordait les choses. Et puis ce n'est pas comme si c'était complètement démérité. Il était intelligent après tout, important aussi. Fils du Comte Moskovine, issu d'une illustre famille, son avenir se voulait des plus prometteurs. Et c'est en se remémorant ce détail que Namarië revint subitement au moment présent, se rappelant les raisons de sa présence ici, mais surtout, qui elle était. Rapidement, elle observe sa tenue, les accessoires qu'il arbore. Pas besoin d'être un fin observateur pour deviner son appartenance à la noblesse. Cependant il lui suffirait d'un bijou, d'une broderie significative sur un vêtement ou d'un sigle deviné sur un papier dépassant de sa veste pour supposer d'une allégeance. Etait-il devenu soldat ou avait-il suivit les traces de son père, conseiller du roi ? Dans un cas comme dans l'autre, nul doute qu'il soit au plus près des ennemis qu'elle redoutait tant, mais qu'elle était aussi venue chercher.

Les minutes à venir étaient donc décisives à de nombreux égards, difficiles aussi. Partagée entre ces retrouvailles lui rappelant la jeune fille insouciante qu'elle fut jadis, et la quête qu'elle poursuivait depuis si longtemps et qui avait fait d'elle celle qu'elle était aujourd'hui, détachée et solitaire, la tâche s'annonçait délicate. Car malgré ses souvenirs et l'envie qu'il soit demeuré celui qu'elle avait connu, elle ne pouvait se permettre de relâcher sa garde. Tout comme ce pays, il était l'image d'un passé révolu. Et tous deux recelaient désormais autant de mystères que de dangers.

-Pour tout te dire, je suis venue retrouver une vieille connaissance. Parfois, une demi-vérité valait mieux qu'un fieffé mensonge. Lui faire une surprise. S'il savait pour sa nature de grisha, il aurait déjà agit pour la dénoncer. Hors elle ne sentait aucune lame dans son dos. Mais j'avais oublié à quelle point cette ville était immense. A moins qu'il l'ignore? J'aurais sans doute besoin d'un guide. Un allié. Tu pourrais sans doute me dire où je pourrais séjourner? Mais s'il savait. Un endroit sûr. Il saurait ce qu'elle voulait dire.

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Dmitri Moskovine
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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptyMar 15 Aoû - 15:25


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Il en était le premier surpris, Dmitri, de la familiarité de ces retrouvailles, des plaisanteries qu'ils échangeaient, alors même que les années avaient passé. Comme s'ils s'étaient quittés la veille, mais pas comme si elle avait disparu de sa vie aussi subitement qu'un oiseau peut prendre son envol. Il a appris, depuis plusieurs mois, à être sur ses gardes, à se méfier mais là, dans ce marché bondé, avec une fille qu'il sait être Grisha, il se sentait étrangement relaxé. Et c'était assez déconcertant, en fait. Effrayant, même, si Dmitri devait être tout à fait honnête avec lui-même. Mais c'était elle. C'était lui. Un amour aveuglant, transformé en une amitié partagée, solide et sincère. Est-ce que l'on savait, de toute façon, ce que cela signifiait être amoureux lorsqu'on a huit ans ?

La gentille pique de la jeune femme le fit rire, et il fit mine d'enlever une poussière invisible sur sa manche. "J'ai des responsabilités maintenant, je ne peux plus papillonner de fleur en fleur comme avant voyons. Je dois me montrer… comment déjà ? Sage et mesuré ?" Oh, ces mots étaient tellement dissonants par rapport à ce qu'il est que la jeune femme saura bien qu'il plaisante. "Mais effectivement, elles n'ont aucune chance."  Acquiesça-t-il en s'inclinant légèrement, en hommage à la beauté qui se trouvait devant lui.

Mais elle n'était pas venue le trouver pour ressasser le passé, ou bien même pour le simple plaisir de le voir. Cela aurait sans doute était agréable pour l'égo déjà démesuré de Dmitri, mais il n'y avait pas que cela, il le savait. La rencontrer sur ce marché était une coïncidence… ou non ? Peut-être bien que non, après tout, même s'il ne savait pas bien pourquoi elle serait venue le trouver. Il était absolument sur qu'elle ignorait tout de sa nature de Grisha : il était particulièrement prudent sur le fait Dmitri, et pour cause. Donc non, cela n'avait rien à voir avec sa petite science. Mais pourquoi, alors ? Faire une surprise à une ancienne connaissance. Ah. "Je suis une ancienne connaissance, et je suis fort surpris de te voir." Glissa malicieusement Dmitri, avant de reprendre son sérieux et de la regarder avec attention. A nouveau, la question se posait : est-ce qu'elle savait ? Est-ce qu'elle se doutait qu'il savait quelque chose ? "Suis-moi." Se contenta-t-il de dire, lui tendant la main dans l'espoir qu'elle la prenne et le suive. C'était assurément une conversation qu'il leur fallait avoir sans risquer les oreilles indiscrètes, mais pourtant… pourquoi lui ferait-elle confiance ? A cause d'une amitié qui les a liés, mais a probablement dû changer du tout au tout ? "Si tu cherches un endroit sûr, je te dirais bien de faire demi-tour et de repartir tout droit jusqu'à la frontière, mais ce n'est probablement pas ce que tu veux entendre." Sinon, elle n'aurait pas fait tout ce chemin. Il a baissé la voix Dmitri, conscient que ses mots sont suffisamment suspicieux pour que les gens autour d'eux puissent mal y réagir. Ou que Namarië puisse mal y réagir, ce qui l'inquiète d'autant plus. Mais qu'elle le suive ou non, il devait le lui faire comprendre. "Je t'ai cherché tu sais. J'ai prié pour que tu sois loin, sous un autre nom, une autre identité et même si cela faisait mal, j'ai espéré que je ne te reverrais plus jamais." Elle devait comprendre qu'il savait. "Tu n'as rien à faire ici. C'est trop dangereux."

Oh, il ne se méprenait pas Dmitri, elle avait l'air amplement capable de se débrouiller sans lui. "J'ignore ce que tu cherches mais ici… il suffit d'un mot. Un seul." Il insiste Dmitri, mais elle doit absolument comprendre que sureté et Djerholm sont antinomiques, lorsqu'on utilise la petite science. Les Grishas n'ont rien à faire ici. Un jour, peut-être, Fjerda accueillera les leurs et saura profiter de leur science. Un jour. Mais clairement pas maintenant.



Dernière édition par Dmitri Moskovine le Jeu 17 Aoû - 22:07, édité 1 fois
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Namarië Ràva
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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptyMer 16 Aoû - 19:03


Une amitié née dans le sel et les vagues
feat @Dmitri Moskovine

L'échange se poursuivait. Léger, amusant, taquin.
Si sa plaisanterie lui arracha un rire un brin moqueur, elle honora son compliment d'un élégant signe de tête, un sourire au coin des lèvres. Pas son rictus habituel, célèbre pour le sarcasme dont elle faisait souvent preuve. Un vrai sourire.

D'un point de vue extérieur, ils devaient paraître de simples amis profitant d'une rencontre fortuite. Personne n'aurait pu soupçonner la grisha dissimulée sous cette cape. Pour autant, la jeune femme restait sur ses gardes. Toujours.
Car si elle était courageuse et aventurière, elle était surtout méthodique et prévoyante. Hors venir lui parler ainsi, cela ne faisait pas parti du plan. Cela n'avait jamais fait parti du plan.
Alors oui, les stratégies ça se changeait, ça s'adaptait. Mais ici elle était complètement sortie de sa zone de confort, sur une simple intuition. Voilà pourquoi elle choisit ses prochaines paroles avec attention, afin qu'elles lui indiquent si elle pouvait lui faire confiance, dans l'espoir de rattraper cet élan qui lui ressemblait si peu et qu'elle ne s'expliquait pas encore.
A mesure qu'elle parlait Namarië observa donc les réactions du jeune homme mais ne parvint pourtant pas à en déceler grand chose. Il faut dire que dans le fond, elle s'intéressait rarement aux intentions cachées des autres, partant toujours du principe qu'ils pouvaient lui mentir. "Ne rien attendre pour ne pas être déçue. Ne rien promettre pour ne pas décevoir." Telle était la distance à laquelle la grisha s'était habituée. C'est pourquoi lorsqu'il reprit la parole elle s'étonna de sa soudaine déception. Car la malice avec laquelle il avait répondu, bien qu'elle lui ressembla, n'était pas ce qu'elle avait espéré. A cet instant, la jeune femme s'attendait donc à ce qu'il poursuive en lui conseillant une auberge où séjourner, sans doute avant de lui faire promettre de se revoir avant son départ. C'était bien le genre de choses que l'on disait lors de conversations civilisées n'est-ce pas ?
Pour autant, la suggestion ne vint pas. A sa place Dmitri lui offrit un bref silence, et ce regard nouveau qu'il posa sur elle. Pendant une fraction de secondes, Namarië se dit que c'en était finit. Il l'avait découverte et s'apprêtait à l'arrêter.
Alors l'injonction tomba.
Mais loin de l'ordre attendu, elle se révéla être une invitation, comme le soulignait cette main qu'il lui offrait. Alors pour la seconde fois, sa raison lui dicta la prudence, lui intima d'ignorer son appel. Après tout, n'était-ce pas l'une de ses règles, « éviter les risques du hasard » ? Hors c'est ce à quoi Dmitri ressemblait. Un risque non calculé. Elle plongea alors une dernière fois dans son regard, avant de glisser sa main dans la sienne.

Elle le laissa la guider à l'écart, loin des regards curieux et des oreilles indiscrètes.
Dans ce nouvel écrin, la voix de Dmitri résonna à nouveau. Plus feutrée mais toujours sérieuse.    

-Je vois que tu me connais toujours aussi bien.

Elle n'était pas du genre à abandonner. Pas à moins d'avoir une bonne raison. Et il valait mieux qu'elle soit excellente pour parvenir à faire plier sa détermination. Mais si elle reconnut la justesse de sa remarque, elle commença à se demander ce qui pouvait bien lui faire dire cela. Alors elle le laissa continuer, lisant dans son regard qu'il y avait plus à dire. Mais les indices disséminés dans ses prochaines paroles ne furent pas la première chose qui la frappa.

-Tu m'as...cherché? Ses grands yeux le dévisagèrent, ne semblant pas totalement comprendre le sens de ses paroles. Qu'était-il en train de dire? Il avait souhaité qu'elle s'en soit sortie ? Avait souffert de cette séparation ?
Bien sûr, cela n'avait rien d'étonnant quand on songeait à l'amitié qui fut la leur. Pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, cela ne l'avait jamais effleuré. Elle l'avait regretté, pensé à lui bien souvent, avait été meurtrie de le perdre aussi et pourtant...jamais elle n'avait songé que cela puisse être réciproque. Le souvenir de ses parents, scandant des noms abominables tandis qu'ils la chassaient de chez eux était le dernier sentiment qu'elle avait emporté avec elle. C'est pourquoi elle avait toujours présumé que c'est ce qu'ils pensaient tous, ce qu'il avait pensé lui. Ce qui au vu de la situation actuelle, rendait son propre comportement encore plus incompréhensible. Et pourtant.
Elle ouvrit à nouveau la bouche mais les mots restèrent coincés dans sa gorge. Elle n'était pas certaine de savoir ce qu'elle voulait dire. Elle voulait s'excuser, le remercier, le faire répéter aussi pour être certaine d'avoir bien entendu. Surprise par cette vague de sentiments, elle détourna un instant le regard, écoutant d'une oreille la suite de ses paroles.

-Un mot...elle releva son visage vers lui. Mais tu n'es pas celui qui le prononcera n'est-ce pas ? Dit-elle avec une confiance renouvelée.

Elle percevait l'intensité dans sa voix, l'avertissement presque impératif de...de quoi au juste ? Partir ? Survivre ? Pourtant il devait se douter que si elle était ici, les dangers ne lui faisaient pas peur.
Ce qu'elle retenait vraiment de ses mises en gardes, c'était l'étonnant soulagement à savoir qu'il connaissait la vérité. Et que malgré cela, il était encore prêt à la voir partir. Namarië se demanda alors depuis quand il savait. Avait-il simplement cru aux rumeurs sur son départ ou l'avait-il deviné bien avant, à une époque où elle tentait encore de le lui dissimuler, à lui et au reste du monde ?
Alors elle se détendit, certaine maintenant d'être en sécurité à ses côtés, soulagée que son instinct ne l'ai pas trompé. La jeune femme le regarda alors avec tendresse, naît de sa reconnaissance en ce qu'elle venait de comprendre, et en ce qu'elle ignorait sans doute encore.

-Je suis allé loin, reprit-elle. Aussi loin qu'il m'ait été possible d'aller. Sa voix était basse mais l'on percevait sa force à chaque intonation. J'ai changé d'identité. Ou plutôt, je m'en suis offerte une. Comme mon nom. Elle lui sourit, presque heureuse d'avoir au moins exaucé ses prières. Namarië, dit-elle dans un souffle, faisant rouler le "r" sur sa langue comme la prononciation l'exigeait. Car ce n'était pas un mot inventé, mais issu d'un ancien langage, trop ancien pour avoir appartenu à l'une des civilisations encore présentes mais dont la signification lui correspondait. Et ce prénom flotta dans les airs comme l’aveu de sa nouvelle identité, la présentation qu'elle lui faisait de celle qu'elle était devenue.

Ces retrouvailles se déroulaient finalement mieux qu'elle ne l'avait craint, pourtant un soupir lui échappa en repensant à son dernier souhait, celui qu'elle n'avait pu honorer et qui lui faisait voir ses avertissements sous un nouveau jour.

-Je suis désolée, reprit-elle en soutenant son regard. Pour être revenue dans ta vie...mais aussi... *Pour ne t'avoir jamais rien dit. Pour ne pas avoir prit la peine de t'écrire pour te dire que j'étais en vie. Parce que j'ai toujours pensé que tu me détestais.* Elle secoua la tête comme pour chasser sa confusion, riant presque d'elle-même.
-Écoute, je ne tiens pas à ce que tu ais des ennuis par ma faute, mais je ne peux pas partir. Pas encore. Sa conviction refaisait surface, son esprit pratique aussi. Et avec eux, cette distance qu'elle avait toujours imposé. Indique-moi seulement un endroit où je pourrais rester un moment et qui...et bien qui soit peut-être moins risqué qu'un autre, si un tel endroit existe, dit-elle en haussant les sourcils. Je disparaîtrais après ça. Et tu n'entendras plus parler de moi.

Elle termina sur cette promesse qu'elle aurait aimé ne pas avoir à faire. Il aurait été bon avoir un allié en ces terres. Osait-elle espérer un ami ? Non, elle ne le pouvait. Car ce combat n'était pas le sien, et si ses actions passées l'avaient un tant soit peu blessé, elle ne voulait pas que cela se reproduise. Alors autant en terminer là, avant que le risque ne devienne trop grand, pendant que l'oubli était encore facile.

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Dmitri Moskovine
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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptyJeu 17 Aoû - 23:24


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Elle avait confiance en lui, au moins assez pour se laisser guider. Et tandis qu'il la menait vers un endroit plus discret, Dmitri ne savait pas trop s'il devait s'en vanter ou s'en inquiéter. Faire confiance à qui que ce soit, ici, était un pari risqué. Il aimait son pays avec passion Dmitri, mais Fjerda était un pays de traditions et de croyances, de rudesse et d'obligations. Djel a un dessein pour chacun de nous, lui répétait-on. Il avait toujours semblé à Dmitri, pourtant, que Djel avait surtout une sacrée liste d'obligations. Petit, il désobéissait et affrontait chaque règle, chaque commandement, recherchait la moindre parcelle de liberté dans ce carcan imposé. Plus grand désormais, il le faisait tout autant, avec bien plus de finesse et de raison, mesurant bien mieux les conséquences. Alors oui, lui faire confiance était périlleux car si lui savait qu'il ne la trahirait pas, elle, elle n'avait pas les moyens de le savoir.

Evidemment, qu'il la connaissait assez pour savoir qu'elle ne se laisserait pas effrayer aussi facilement. Quelles que soient les épreuves qu'elle avait traversées, le nom qu'elle portait, elle restait toujours la même : fière, déterminée, et ne manquant pas de courage. Mais il devait essayer, pourtant. Il lui devait au moins ça. Elle semblait surprise d'apprendre que oui, il l'avait cherché. Il l'avait pleuré, sachant qu'il y avait bien peu de chances qu'ils se croisent à nouveau un jour. Et puis il l'avait oublié, parce qu'il lui devait de continuer à avancer. Il se le devait à lui-même. Il aurait aimé lui dire qu'il était Grisha. Il n'avait pas eu le temps, ou le cran, de le faire à l'époque et maintenant, ce secret était si profondément enfoui qu'il ne savait même pas réellement comment le déterrer. Est-ce qu'il en avait envie, d'ailleurs ?

La nouvelle question de la jeune femme n'attendait pas vraiment de réponse. Oui, il aurait suffi d'un mot, lancé haut et clair, pour la condamner. Dmitri se contenta de secouer la tête : non, il ne sera pas celui qui le prononce. Ni maintenant, ni jamais. Et certainement pas pour la dénoncer elle. Ils échangèrent un regard complice avant qu'elle ne raconte à son tour. Namarië. Un nouveau nom, une nouvelle vie, mais Fjerda. A nouveau. A jamais, peut-être. Ce pays était à l'image de Djel, une racine de frêne si profondément ancré qu'on ne s'en débarrasse jamais réellement.

Et puis vinrent ses excuses. Dmitri fronça les sourcils, perplexe, réfléchissant à ce qu'il avait pu dire pour qu'elle croit être un soudain fardeau. Lui intimer de fuir Fjerda était peut-être trop fort ? Il aurait aimé qu'elle comprenne qu'il ne voulait pas se débarrasser d'elle, mais bien la protéger, chose compliqué à faire ici. Et lorsque la jeune femme réitéra sa demande, Dmitri finit par soupirer. Il aurait aimé lui prendre la main, comme lorsqu'ils étaient enfants, mais ce n'étaient pas des choses qui se faisaient en public lorsqu'on est adulte. "Namarië." Son nom, désormais. Une sonorité étrange, exotique et enchanteresse, qui lui allait plutôt bien. "Je ne mentais pas tout à l'heure : je suis heureux de te revoir, heureux de te savoir en vie. Ma mère ne m'appelait pas le fauteur de trouble pour rien : je n'ai jamais eu besoin de quiconque pour avoir des ennuis, hier pas plus qu'aujourd'hui." Si elle savait, à quel point ses propres choix de vie étaient risqués. Il n'avait décidément besoin de personne pour se fourrer dans des situations complexes Dmitri. "Et je ne souhaite pas que tu disparaisses aussi soudainement que la dernière fois. Surtout pas." C'était vrai : elle apportait dans sa vie plus de complications qu'autre chose, inutile de le nier, mais il était heureux de la savoir en vie, après toutes ces années. Heureux qu'elle n'ait pas été une nouvelle victime du fanatisme des Drüskelles.

"Je ne sais pas ce que tu cherches. Qui tu cherches." Se reprit-il rapidement. "Je suis un invité du roi Björn, sans ça, je t'aurais offert de séjourner avec moi." Et l'accueillir en plein cœur de la cour royale serait une folie, et un suicide annoncé. Non, il avait une autre solution Dmitri. "Mais je peux peut-être t'aider. Je loue… enfin, mon associé loue un entrepôt sur les docks. Il ne paye pas de mine, mais il y a un bureau et un lit pour dormir, si tu le souhaites. Il y a suffisamment de passage pour ne pas être remarqué." Son associé, évidemment. Pas lui, pas un honnête fils de comte.

Il ne lui révèlera pas, Dmitri, qu'il rêve secrètement de créer un endroit sûr pour aider les Grishas de passage à fuir Fjerda. Un relais, un réseau de cachettes et d'entraide pour ceux qui sont comme eux. Un doux rêve, qu'il n'a pas encore mis en branle, mais cela ne coûte rien de rêver. Cet entrepôt, il y mène quelques affaires discrètes, il lui sert de pied à terre lorsqu'il ne veut pas que l'on apprenne sa venue à Djerholm. "Tu peux y rester le temps qu'il faudra pour trouver ton ancienne connaissance." Reprit Dmitri, répétant les mots de la jeune femme avec un sourire espiègle. "Le seul paiement que j'exige, c'est une histoire pour me raconter tes aventures. Et peut-être un dîner. Maintenant, dans cinq ans, peu importe. Un jour. Tu sais que j'aime les histoires." Il sourit, Dmitri, se remémorant avec tendresse les moments qu'ils avaient partagés blottis l'un contre l'autre dans une grange ou une ruelle, à échanger des histoires et le gossip de la cité. Il avait toujours aimé les histoires, après tout. Surtout celles qui se finissaient bien.

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Namarië Ràva
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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptyMer 23 Aoû - 3:45


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« J'évite les risques du hasard et je ne crois pas aux coïncidences ». Voilà un adage longuement éprouvé au cours de son périple. D'une demi-journée normalement suffisante à lui faire atteindre le pays, le voyage de Namarië s'était étiré en jours, puis en semaines. Pas tant à cause des préparatifs qu'il lui avait fallu mettre en place pour malmener ces fameux risques hasardeux, mais par la faute à de fâcheuses coïncidences. Des rencontres importunes qui, en plus de lui avoir coûté du temps, lui avaient occasionné quelques blessures.

C'est ce qui expliquait en partie cette inclinaison, presque trop facile, qu'elle eut à se rapprocher du jeune noble. Sur son chemin semé d'embûches, il avait brillé telle une chance inattendue, un signe à suivre. Mais qu'il soit le résultat du hasard ou le fruit du destin, Namarië y avait vu une chose simple et limpide : une opportunité. Sa simple existence, de part ses connexions et les informations qu'il pouvait lui permettre d'obtenir, le désignait comme l'outil idéal à la réalisation de ses plans. Mais s'il ne fallut à son esprit que quelques secondes pour commencer à lister ses options, les brèves minutes passées à ses côtés suffirent à faire fondre ses prétentions comme neige au soleil.  Car il représentait plus que la somme des possibilités qu'il pouvait lui offrir. Un morceau du passé. Peut-être aussi de l'avenir. Définitivement un bout d'elle, qu'elle ne voulait pas mettre en danger. C'est pourquoi ses dernières paroles l'incitent à prendre de la distance. Et à ce froncement de sourcils qu'elle n'est pas certaine de comprendre, à ce soupir, elle croit un instant avoir réussi.

« Namarië ». Il prononce son prénom pour la première fois. Son nouveau prénom. Mais pas avec le grincement dans la voix auquel elle s'attendait. Avec ce petit quelque chose qu'elle ne saurait nommer et qui lui fait poser les yeux sur lui, soudainement curieuse d'entendre la suite.

-Ta mère a toujours eu beaucoup de flaire pour te décrire ! nargua-t-elle avec une légèreté qui dissimula son soulagement. Car si elle se souvenait d'un jeune homme intrépide, il avait toujours su mesurer les risques avec justesse, sans jamais les prendre à la légère. L'entendre alors reconnaître ceux qu'elle représentait la rassura. Comme si le savoir agir en connaissance de cause justifiait le danger auquel elle le soumettait, allégeait cette pointe de culpabilité. Parce qu'elle ne pouvait pas faire machine arrière. Pas plus qu'elle ne le désirait.

-Ne t'en fais pas, dit-elle avec un haussement d'épaule, je prendrais le temps de te dire au-revoir cette fois. Une promesse bien audacieuse mais qu'elle souhaita prière. Car si elle se réalisait, cela voudrait dire qu'ils auraient survécu à l'inconnu qui les attendait. Tous les deux.

-Oh...cela veut-il dire que tu ne m’emmèneras pas danser ? dit-elle avec une moue faussement déçue. Je me faisais une joie d'aller au bal. Elle n'avait pu s'en empêcher. A la mention du roi, comme flairant une nouvelle piste, ses ambitions se réveillèrent. Elle savait que c'était risqué. Trop sans doute. Mais elle valsait avec tellement de grâce que cela aurait été un crime que de ne pas se proposer.
-Et bien c'est très généreux de la part de ton...associé. Chacun savait que l'autre mentait. Ou du moins, qu'il lui cachait quelque chose. L'espièglerie qu'ils partageaient en ce moment ne laissait planer aucun doute là-dessus. Mais cela lui plaisait. Pas de ne pas savoir. Non, elle n'était pas chasseuse de trésors pour rien. Mais cet accord tacite qu'ils s'accordaient l'un l'autre, comme un respect. Du moins jusqu'à ce que leurs curiosités l'emportent. A moins que la confiance n'arrive première. Mais pour cela, il y avait encore du chemin à faire. Car si la jeune femme se réjouit de la proposition de son ami, elle ne put empêcher sa prudence instinctive de prendre la parole.

-Cet entrepôt, tu serais libre de m'y conduire maintenant ? En profitant de l'inattendu on évitait les pièges. Aucune chance qu'il lui tende une embuscade si elle ne lui en laissait pas le temps. Et puis ça lui donnerait l'occasion de repérer les lieux, prévoir l'utilité d'une fuite. Car ce n'est pas qu'elle ne lui faisait pas confiance, c'est qu'elle refusait de la laisser s'exprimer. Pour l'instant. Et peut-être qu'en chemin on trouvera un endroit pour un premier dîner? Parce que si tu te figures qu'un seul suffira à couvrir tout ce que j'ai à te raconter, il serait judicieux que tu commences à te préparer. Elle le narguait avec une joie non dissimulée. Sans doute à la pensée de cet entrepôt idéalement situé. A sa quête qui, en conséquence, semblait se remettre sur la bonne voie. Ou peut-être était-ce la proposition qu'il lui avait faite et dont la projection dans le temps lui donnait de l'espoir. «Maintenant, dans cinq ans, peu importe. Un jour.» L'idée qu'il l'envisage dans son futur, la perspective à ce que leur amitié perdure cette fois. Cet espoir lui paraissait étrangement doux et dangereux à la fois. Tendre pourtant.

-Je me souviens oui, dit-elle d'une voix alors apaisée par l'affection. Comment oublier toutes ces heures volées pour se retrouver, impatients de raconter, d'écouter. Certaines durant lesquelles ils avaient fini par s'endormir après de trop longues heures de corvées. Ils avaient partagé, rêvé ensemble. D'histoires farfelues, drôles ou insensées. Pleines d'espoir aussi, mais qui toutes leur avaient permis de s'évader. Ces moments avaient forgé leur amitié, mais aussi leurs personnalités. Car pour la jeune fille soumise à un avenir étriqué, nul doute que certains de ces contes avaient nourris ses ambitions d'aujourd'hui. Une femme libre de choisir son destin, ses engagements, ses valeurs. Elle était née quelque part, là, à ses côtés. Au fil de leurs histoires.

-Une chance pour toi que j'aime encore plus les aventures. Elle glissa alors son bras sous le sien. Pas comme les enfants qu'ils avaient été, mais comme les adultes qu'ils étaient devenus.  

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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptySam 26 Aoû - 17:58


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Il ne sait pas, Dmitri, si c'est parce qu'il se montre trop aventureux ou trop déterminé à faire ce qu'il veut sans se soucier des conséquences sur sa propre santé, mais le fait est qu'il a toujours sût trouver les ennuis, même sans vraiment les chercher. Toujours fourré là où il ne faut pas, à prendre des décisions qu'il sait être dangereuses mais qui s'avèreront oh combien gratifiantes… oui, il a toujours eu à cœur de faire ce qu'il voulait, tant pis pour le danger. Il est réaliste pourtant, mais parfois, le danger est moins effrayant que la perspective de ne rien faire. Agir, plutôt que du subir. Il est presque sûr qu'il y a un poème Shu qui raconte la même morale, d'ailleurs. Comme si cette maxime déterminait tout ce qu'il a fait dans sa vie.
 
Alors oui, Namarië est dangereuse, mais c'est un risque qu'il accepte de bon cœur de courir. Enfin, en prenant les précautions nécessaires, évidement, mais cela lui paraît calculé. Il affiche un sourire radieux Dmitri, quand la jeune femme lui annonce qu'elle viendra lui dire au-revoir, cette fois. Il n'est plus un enfant, il sait bien qu'il se peut qu'elle ne tienne pas sa promesse, mais qu'elle s'y engage démontre au moins qu'elle en a envie. Les circonstances, parfois, nous obligent à revoir nos plans : ce ne serait pas la première fois, ni la dernière, il l'espère, que Namarië et lui doivent modifier leurs projets après tout. Et quand Dmitri lui annonce qu'il ne peut pas l'inviter au palais, il se met à songer que, peut-être, il pourrait modifier au moins cet aspect-là du plan ?
 
"Je peux t'emmener danser." Rectifie le jeune homme, amusé. Il y a beaucoup d'endroits un peu guindés qui sont fréquentés par la bonne société et invitent leurs hôtes à danser, bien moins dangereux que la cour du roi. "Mais un endroit où le moindre faux-pas est une condamnation me semble assez compliqué pour une première introduction au monde." Souligne-t-il en l'observant. Sait-elle seulement danser ? Où a-t-elle bien pût apprendre ? Il est curieux, Dmitri, il ne peut le nier. Mais ce sont des questions pour une autre fois, il en est bien conscient, et ramène la conversation sur la façon dont il peut le mieux l'aider. L'entrepôt sur les docks semble plaire à la jeune femme, qui acquiesce et demande qu'il l'y emmène. Elle n'est probablement pas dupe du fait qu'il ne lui partage pas toute la vérité et encore une fois, Dmitri s'émerveille de la confiance qu'elle lui accorde. Evidemment, ils se connaissent depuis longtemps, mais les gens changent, et les proches des Grishas encore plus. Juste parce qu'il ne l'a pas considéré immédiatement comme une sorcière, elle considère qu'il est fiable ? Ou alors… elle a d'autres idées. D'autres atouts dans sa manche. Après tout, si elle a pu apprendre à danser, peut-être a-t-elle appris d'autres choses. A se battre, par exemple. Elle ignore qu'il est Grisha, après tout, et pense peut-être pouvoir aisément prendre le dessus, s'il devait la mener droit dans un piège.
 
Dmitri rit de bon cœur à la remarque de la jeune femme. "Vos désirs sont des ordres, belle dame." Répond le jeune homme à l'envie de sa compagne de la journée de se rendre à l'entrepôt. Il a sa matinée rien que pour lui Dmitri, et il comptait bien en profiter… alors en profiter accompagné, c'est encore mieux. Il souligne avec bonne humeur :" Mais tu sais, je n'ai pas précisé combien de temps devrait durer le dîner. Ni qui payera." Passer du temps en sa compagnie est une bouffée d'air pur imprévue, une réminiscence d'une enfance bien plus facile à vivre que les temps actuels. Pour lui, en tout cas : Dmitri ne s'est jamais beaucoup penché sur la question de la difficulté de la vie des moins bien lotis que lui.
 
Elle prend son bras, et Dmitri lui adresse un sourire affectueux, appréciant le contact. Sans se faire prier, il l'entraîne à nouveau dans la foule, guidant leur marche vers l'endroit qu'il lui a désigné. Ils sont entourés de gens, et leurs propos doivent donc se faire plus neutres, mais cela n'empêche pas Dmitri de rire à la remarque de la jeune femme. "C'est peut-être bien toi la responsable de mon enfance tumultueuse." Plaisante-t-il, elle comme lui sachant bien qu'il n'avait besoin de personne pour faire des bêtises. "Tu sais, je crois que ma mère te détestait : elle croyait que tu allais m'attirer dans un piège pour me vendre à des pirates qui me rançonnerait." Sa mère n'aimait pas qu'il parte sans escorte, sans personne, pour aller s'amuser avec des traine-savates. Combien de fois avaient-ils eu cette discussion, combien de fois avait-il eu interdiction de rejoindre la jeune fille ? Trop de fois pour qu'il s'en rappelle. Trop de fois pour qu'il écoute, d'ailleurs. "Et puis je suis parti à l'armée. On a vécu nos aventures chacun de notre côté." Ils s'étaient revus, parfois, mais pas tant que ça. Et puis elle était partie, et Dmitri avait bien dû vivre seul ses propres aventures. L'ambiance détendue est retombée, pour se faire plus mélancolique, plus à même de raviver leurs souvenirs. "Tant pis si cela prend plusieurs dîners : j'entends bien tout connaître de tes aventures." Lui affirme le jeune homme, pressant la main de Namarië dans la sienne.
 
Ils ne tardent pas à se rapprocher du port, les maisons cédant peu à peu la place aux entrepôts qui bordent la mer à cet endroit. Djerholm est peut-être la capitale, mais c'est une ville portuaire avant tout, et l'endroit bruisse d'activités, de jour comme de nuit. Idéal pour se déplacer sans attirer une attention malvenue. "Tu verras, ce n'est pas le grand confort." S'excuse Dmitri, préférant la prévenir. "C'est pratique pour y dormir quelques nuits, et pas trop humide, mais bien loin des standards d'une auberge." Quelque chose lui dit, pourtant, que Namarië est habituée à faire quelques concessions de confort pour plus de sécurité. "Et il y a une auberge sympathique trois rues plus loin. J'espère que tu aimes le poisson." Lui lance-t-il avec un grand sourire. C'est un peu leur repas de base, ici, mais puisqu'elle a vécu si loin de Fjerda pendant longtemps, peut-être n'est-elle plus habituée.

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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptyVen 8 Sep - 21:45


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Les non-dits. Ces épées de Damoclès flottant au-dessus de votre tête, prêtes à vous tomber dessus au moment où vous vous y attendez le moins. Même si par définition, vous n'êtes pas amené à y être préparé. Jamais. A moins d'avoir appris à les manier. Et de ce côté là on peut dire que nous avons affaire à deux épéistes d'exception. Une lame pour le mensonge, une pour la dissimulation. Mais qui maniait celle de l'intérêt ?

"Un faux-pas ? Aurais-tu peur que je t'écrase un orteil ?" questionne-t-elle en éludant volontairement la signification réelle de ses propos. Inutile d'éveiller des soupçons autour de ce qui avait simplement été une occasion à saisir. Elle avait testé, et la réponse qu'elle reçut lui offrait plus que ce qu'elle pouvait espérer. Peu importe l'endroit où il l'emmènerait, elle sait qu'il sera forcément bondé de personnes importantes. Suffisamment pour lui être utiles à la réalisation de son dessein. Et s'ils ne lui apportent aucune réponses, elle aura au moins la joie de danser en sa compagnie.

-"Sache que je suis une excellente danseuse", dit-elle en levant le menton. "A condition d'avoir un bon cavalier." Un air mutin se dessine sous cette fierté affichée, ignorant tout de son regard curieux. Qu'importe les questions que ses paroles soulèvent, elle sait qu'elle finira par les entendre tôt ou tard. "J'imagine que tu devras faire l'affaire", conclue-t-elle avec un sourire espiègle.

D'une manière bien solennelle qui n'est pas pour lui déplaire, Dmitri accepte de la conduire à l'entrepôt. Une fois encore, la grisha affiche une mine satisfaite, presque suffisante. Si on ne la connaissais pas, on aurait pu croire qu'elle mimait la réaction de l'une de ces aristocrates. Mais cette mine naturellement fière, parfois désabusée, était le résultat d'un façonnage intense, rythmé par ses quêtes, ses combats, ses échecs. Mais surtout par ses victoires. Car cette confiance en elle, Namarië ne la déméritait pas.

"Je n'ai jamais apprécié ces repas qui s'éternisent. Tout refroidis et on termine autour d'une carafe remplie d'un horrible picrate." Elle ment bien entendu. Elle passerait bien volontiers la soirée, la nuit, à discuter avec lui. En revanche elle n'apprécie réellement pas le vin. Sans doute parce qu'elle ne tient pas l'alcool. Un comble pour un corsaire. "Oh mais je croyais que c'était à moi de payer ? Une manière de te remercier pour ton aide. Bien que...c'est plutôt à ton ami que je dois un repas. Il s'agit de son local après tout", s'amuse-t-elle. "Mais j'imagine que tu trouveras un moyen de le dédommager pour moi."

La mercenaire se pose décidément beaucoup de questions au sujet du jeune homme. Qu'est-ce qui peut bien pousser un noble à détenir un entrepôt manifestement secret? Sa fortune et son rang doivent pourtant suffire à lui procurer ce qu'il désire. D'autant que le noble en question, dans ses souvenirs du moins, s'était toujours arrangé pour obtenir ce qu'il voulait. Mais s'il avait toujours ce don pour manipuler les gens et les situations, sachant en tirer avantage, il devait aussi avoir gardé sa ténacité et ce talent pour se mettre dans d'improbables situations.
Ou peut-être s'agissait-il simplement d'une garçonnière mal aérée où mener ses conquêtes les moins recommandables et où se jouaient jusqu'à l'aube d'interminables parties de dés. Des choses qui devaient être difficilement admises au sein de la Cour.

Mettant pour le moment sa curiosité de côté, Namarië se laisse guider à travers la ville qu'elle observe avec intérêt. Des enseignes au-dessus des portes aux balcons chargés de décorations, tout lui semble étrangement familier. On ne peut pas dire que la ville ait été un endroit qu'elle visitait régulièrement. Moins que Dmitri en tout cas. A ses observations pourtant, elle lui semble ne pas avoir changé.

"Huh !" S'esclaffe-t-elle faussement outrée. "Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre. C'est plutôt moi qui devrais te blâmer pour m'avoir poussé à faire toutes ces bêtises." Rien n'était plus faux. Question aventures intrépides et fausses bonnes idées, ils s'étaient toujours partagé la première place. Mais qu'il était bon de badiner ainsi sur de tels souvenirs. "Bien sûr qu'elle me détestait", dit-elle après que son rire ait résonné dans les airs. "Mais elle n'avait rien à craindre..." Elle le fixe tendrement avant de reprendre sur un ton différent. "Tu ne valais pas assez pour justifier tout ce travail." Non, elle ne l'aurait pas vendu pour tout l'or du monde. "Aujourd'hui en revanche, c'est une toute autre affaire." Pas même maintenant. "Je trouve presque dommage qu'elle ne puisse pas savoir que je suis ici. Une pirate accrochée au bras de son fils et l'entraînant vers le port...peut-être qu'elle avait des talents divinatoires."

Elle rit doucement à cette coïncidence avant de recouvrir un sérieux plus nostalgique. "Et puis je suis partie", conclut-elle, énonçant à haute voix cette pensée partagée. Leurs vies n'avaient jamais été faites pour se croiser. Pas avec les standards qui régissaient Fjerda. Ils avaient tenté de conserver leur amitié, malgré leurs obligations, malgré leurs différences sociales. Et ils y étaient parvenu, jusqu'à un certain point. Si elle avait regretté son départ en se demandant ce qu'il serait advenu d'eux si elle était resté, la réponse à cette question l'avait rapidement consolé. Il aurait été bien naïf de croire qu'ils auraient pu maintenir une quelconque relation une fois adultes, qu'elle soit ou non grisha. Il était trop important pour être vu en sa compagnie, la simple fille de pêcheur. Peut-être s'en serait-il lassé d'ailleurs avec le temps. Et puis elle aurait rapidement été mariée, vivant sous le joug patriarcal dominant. Quant à lui, il aurait dû choisir une voie, une épouse. Bien que malgré ses avantages elle se doutait que ces choix avaient aussi leurs limites. C'est alors qu'elle réalise que dans le cas du jeune homme, tout ceci n'était pas de l'ordre de ce qui aurait pu être mais de ce qui avait été. Elle en redevient curieuse. De la vie qu'il avait choisit de mener, mais aussi avec qui il la partageait. De nouvelles questions qui devront elles aussi attendre leur tour.

La foule autour d'eux est toujours aussi dense, ce qui n'empêche pas la question de franchir ses lèvres. "Tu es bien certain de vouloir tout savoir ? "
Elle le dévisage avec sérieux, anticipant sa réponse dans son regard plus que dans ses paroles. Car les aventures que renfermaient leurs livres d'autrefois étaient une chose. Les siennes en étaient une autre. Au même titre que les histoires de grishas répandues sur ces terres. S'il est enclin à protéger son secret, que pense-t-il réellement d'eux ? Qu'en sait-il ? Est-il réellement prêt à l'entendre parler de son pouvoir et des Sankts ? Dans le fond pourtant elle ne craint qu'une chose, qu'il la voit différemment. "Si c'est le cas tu vas devoir envisager un petit jeûne", reprend-elle avec un demi sourire, rassurée par cette main qui se resserre autour de la sienne.

L'atmosphère se rafraîchit à mesure qu'ils approchent du port. L'odeur familière de l'iode chatouille ses narines, la faisant sourire de contentement. Elle a toujours eu du mal à rester loin des eaux trop longtemps. Mais ce lieu, bien plus familier que n'importe quel autre, amène soudain avec lui de plus tristes souvenirs. Un air soucieux passe rapidement sur son visage lorsqu'elle réalise la proximité du lieu où ils se trouvent avec son village natal. Ses parents sont-ils toujours en vie ? Peut-elle se permettre un détour si elle prend assez de précautions ? Mais dans le fond, le désire-t-elle vraiment ?

Par chance, la voix de Dmitri s'élève à nouveau, chassant instantanément ses pensées. La jeune femme l'écoute lui faire la description de l'endroit avant de l'y suivre. Il avait raison, cela n'avait rien à voir avec une chambre d'auberge. Ni un lieu de débauche.

"Pas une garçonnière donc..."murmure-t-elle en faisant quelques pas dans l'immense pièce. Elle en scrute les recoins, jugeant les installations, repérant chaque portes, chaque fenêtres. "Je devrais sans doute commencer par te raconter mon aventure dans les Colonies du sud, durant lesquelles j'ai dû partager une paillasse avec plusieurs dromadaires..."Le souvenir ne fait pas partie de ses plus grands moments de gloire mais il le fera certainement rire, en plus de lui faire comprendre ce à quoi elle est habituée en terme de confort. "Sincèrement, c'est parfait", dit-elle en se retournant pour lui sourire, soucieuse de le rassurer mais surtout reconnaissante. "Et puis question humidité, j'ai passé assez de nuits à bord de navires pour n'avoir rien à craindre de ce côté là. Sans parler de mon petit atout personnel..." D'un geste rapide, elle entrechoque sa bague contre le bracelet cernant son poignet, avant d'ouvrir la main sur une orbe enflammée aussi large que sa paume. Ils sont seuls, il n'y a pas vraiment de danger à risquer ce petit tour. Car elle souhaite surtout juger de sa réaction. L'endroit a beau ne receler aucuns pièges, il ne lui en apprend pas plus sur les opérations qu'il y mène. De là à déduire un lien quelconque avec les grishas, cela lui paraît trop improbable, pourtant elle n'est pas certaine d'être la première à croiser sa route. Et puis c'est un moyen comme un autre de voir s'il sait dans quoi il s'embarque. S'il doit la craindre, si elle doit lire la peur ou le dégoût dans ses yeux, ou même une once de colère, elle préfère que cela soit maintenant.


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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptyDim 10 Sep - 18:54


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Il rit de bon cœur Dmitri devant ses affirmations. Namarië n'est pas bête, et il sait bien qu'elle a parfaitement compris où il voulait en venir, mais les propos de la jeune femme l'amusent, et il finit par hausser les épaules. "Je suis ton ticket d'entrée, il faudra bien t'y faire." Son amusement est clairement perceptible, mais il ne cache rien de sa curiosité. "Mais tu n'as aucune chance de me marcher sur les orteils, saches-le : je suis un danseur émérite depuis que j'ai cinq ans." Affirme Dmitri en relevant la tête, l'air faussement vantard. Il lui épargnera les leçons de danse qu'il détestait, et qu'il évitait autant qu'il le pouvait, au grand dam de ses parents. Mais, il le sait, la jeune femme n'a pas reçu la même éducation que lui, et savoir où, et pourquoi, elle a appris à danser l'intéresse au plus haut point. Surement, il y a une histoire derrière, une histoire qu'elle a promis de lui raconter. Il attendra. Mais par Djel, elle va avoir tellement de réponses à lui fournir !

La question du repas, justement, vient vite sur le tapis et Dmitri doit bien admettre qu'il ferait mieux de surveiller ses paroles, car elle le prend au mot. "C'est parce que tu n'as pas l'habitude qu'on te force à avaler quinze plats différents avant d'avoir un dessert en récompense." Souligne le jeune homme avec amusement. "Et oui, je trouverai bien un moyen de le dédommager. Il ne peut rien me refuser." Glisse Dmitri avec bonne humeur, sachant bien qu'elle n'est absolument pas dupe. Elle a aussi des questions, suppose-t-il. Des tonnes, sans doute, mais qu'elle se garde bien de lui poser ici, au milieu de la rue, alors qu'ils avancent vers le port. Heureusement qu'ils ont bien assez de sujets de conversations pour ne pas devoir se résoudre à connaître tous les secrets de l'autre, suppose Dmitri. Leur enfance tumultueuse, par exemple. "Tsss, qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre." Murmure Dmitri lorsqu'elle l'accuse d'être la cause de ses bêtises, sachant bien qu'elle l'entendrait très bien.

"Merci. Je crois." Lance Dmitri, perplexe. Est-ce qu'elle pensait réellement qu'il valait bien assez, maintenant ? Et encore, elle ne le savait pas Grisha… nul doute que cette information valait son pesant d'or. Tout comme celle de Namarië. "Attends, tu plaisantes ?" Est-ce qu'elle plaisantait, réellement ? Est-ce qu'elle était réellement pirate ? Elle ? Dmitri l'observe avec attention, cherchant à percer le mystère qu'elle était, accrochée à son bras, avant de secouer la tête, incrédule. Ils arrivaient à l'entrepôt et il ne pouvait plus l'interroger comme il aurait aimé, mais Dmitri la bouscule affectueusement de l'épaule, attirant son attention. "Tu as tellement de choses à me raconter." Ce n'était plus une histoire, c'était un recueil entier. En plusieurs tomes.

Mais encore une fois, sa curiosité doit céder la place à d'autres préoccupations, plus immédiates. "Mais peu importe, je suis certain de vouloir tout savoir. Tout. Dans les moindres détails." Insiste le jeune homme, prenant quelques secondes pour arrêter leur marche et la dévisager. Namarië… Grisha, pirate… et quelle autre surprise encore ? "Pour tout te dire, je crains un peu que tu ne m'annonces aussi être mariée, reine de Shu-Han et servante de Djel. Pas nécessairement dans cet ordre." Plaisante encore Dmitri, préférant prendre les nouvelles avec bonne humeur, pour ne pas céder tout de suite à la curiosité. Et honnêtement, ce n'est pas l'envie qui lui manque de l'entraîner directement dans une taverne et d'attendre enfin qu'elle raconte son histoire. Elle semble avoir été occupée, depuis sa disparition. Sa fuite, en réalité. L'air soudain soucieux de sa compagne, lorsque les effluves salés de la mer et le parfum odorant des prises du jour viennent effleurer leurs narines, oblige Dmitri à se taire. Il ne sait pas ce qu'elle pense, mais il peut sans peine l'imaginer : elle a grandi dans un village de pêcheurs, après tout. Si pour lui, l'odeur évoque les vacances et la liberté pour, elle, certainement, ce n'est pas la même chose et encore une fois, Dmitri mesure l'écart important qu'il existe entre eux.

Il n'a jamais connu la rude vie des gens moins bien né que lui et s'il clame que son rang ne l'empêche pas de s'intéresser aux plus pauvres, il sait pourtant que c'est loin d'être assez. Les considère-t-il, ces gens, de la même façon qu'il peut considérer les nobles ? Non. Il est aimable et charmant, mais ce sont des paysans. Des moins que rien. Des gens qui vivent, meurent, sans laisser de traces. C'est triste, peut-être, mais leur vie ne l'affecte en rien. Lui le noble, le soldat, le Grisha, a déjà bien assez à penser avec les gens qui lui ressemblent, sans penser à d'autres encore. Et si Namarië n'avait pas capté son attention, et si elle n'avait pas été une compagne de bêtises joyeuses et délurée, si elle n'avait pas fait fondre son cœur d'enfant… la considérerait-il, seulement ?

Ils sont arrivés devant l'entrepôt, et Dmitri laisse entrer la jeune femme. "Non, définitivement non." Rit-il en entendant son murmure. Qui pense-t-elle qu'il est, à cacher ses éventuelles maîtresses dans un tel taudis ? Il la laisse mener sa reconnaissance, jauger de la sécurité de l'endroit tout en s'excusant du manque de confort. Comme il l'avait deviné, cela ne semble pas être la première fois. La jeune femme se retourne, lui souriant. Il est resté en retrait Dmitri, la laissant jauger l'endroit sans la déranger, et le sourire du jeune homme croise le sien. "C'est donc vrai, cette histoire de pirates ? Et de dromadaires ?" Il sait qu'il a l'air un peu circonspect, mais l'impression que Namarië a vécu la vie qu'il lui contait dans ses romans d'aventure est un peu difficile à ignorer.

Mais il y a plus que les pirates et les dromadaires, en réalité. Bien plus. Un geste, et un orbe enflammé prend naissance dans sa main, illuminant l'entrepôt, éclairant le visage de la jeune femme. Il ne recula pas Dmitri, se contentant de souffler avec amusement, une pointe d'admiration dans les yeux. Elle ne lui a pas menti, alors. Pas qu'il croit réellement qu'elle lui raconte n'importe quoi, mais parfois… Il s'approche le jeune noble, les mains légèrement levées en un geste de paix. Il sait à quel point certaines personnes peuvent réagir étrangement, et il s'en voudrait de lui faire peur. "C'est magnifique." Souffle-t-il, impressionné, avant de finalement soupirer. "Tu ne devrais pas Namarië. Même ici. C'est trop dangereux." Et pourtant, il le sait. Il comprend. Il ressent la même chose, cette énergie sous ses doigts, ce loup solitaire dans ses entrailles qui ne demande qu'à être libre, à rejoindre sa meute et à laisser éclater ses pouvoirs au grand jour… Non. Il serre les poings Dmitri, laissant son propre pouvoir en sommeil.

Il voudrait lui dire. Lui avouer qu'il sait ce que ça représente, qu'il est comme elle. Mais il ne peut pas : pas ici, pas maintenant, jamais peut-être. C'est trop dangereux. La peur est présente dans chacun de ses gestes, chacune de ses respirations, un secret trop profondément enfoui pour que Dmitri se sente tout à fait libre de le relâcher. Mais il voudrait, oh, comme il voudrait ! Secouant la tête, le jeune homme passe sa main sur son visage, reprenant contenance. "Je peux t'aider, Namarië, mais pas si quelqu'un te voit. Même avoir l'oreille du roi ne pourra pas m'aider à te protéger." Et pourtant, Dmitri sait qu'il a de l'influence… mais pas assez. Pas pour ça. Et pas au risque de mettre en péril tout ce qu'il a construit jusqu'à maintenant.

Elle s'est ouverte à lui, volontairement, avec une fierté qu'il lui envie. Il a tout cassé, juste par peur. Le prendra-t-elle pour un lâche, un couard ? Un de ceux prêt à hurler Drusje avec les autres, si elle est démasquée ? "Et ils acceptent les pyromanes, sur ton bateau pirate ?" Piètre tentative pour détendre l'atmosphère, il le sait. Il devrait lui dire qui il est. Ce qu'il sait faire. Il ne peut pas.

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Namarië Ràva
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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptyDim 17 Sep - 18:45


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feat @Dmitri Moskovine

Namarië rit doucement aux répliques de son ami. A cette répartie à la fois amusante mais aussi pleine d'assurance qu'ils semblent partager. "Je demande à voir Moskovine. Je demande à voir..." s'amuse-t-elle à le défier. "Tu n'es pas le seul à avoir reçu des leçons." Elle lui jette un regard en biais. "Mais les raisons et les conditions de cet apprentissage ne sont qu'un chapitre parmi tant d'autres." La jeune femme sait qu'elle ne fait que l'intriguer d'avantage, mais raconter ses histoires demande du temps. Et puis la curiosité qu'elle lui suscite lui plaît beaucoup trop. Tout comme son étonnement lorsqu'elle lui révèle sa nature de pirate. Et de cette incrédulité qu'elle lit sur son visage, Namarië s'en amuse quelques secondes. Juste le temps de laisser planer un silence propice aux interrogations avant de reprendre. "Que veux-tu que je te dise ?" Elle perçoit son regard curieux tenter de la deviner. "Je suis une beauté auréolée de mystères." le nargue-t-elle avec un ultime sourire.
Le chemin jusqu'à l'entrepôt se poursuit ainsi, entre taquineries, boutades amusantes et airs faussement supérieurs. Ils ont encore beaucoup de choses à apprendre l'un sur l'autre. Beaucoup de choses à redécouvrir. Mais leur complicité n'en fait définitivement pas parti.

Arpentant côte à côté les derniers mètres les séparant du bâtiment, Dmitri lui confirme ses propos, répondant ainsi à sa question. Oui, il est certain de vouloir tout savoir. Malgré tout ce qu'il ignore sur elle. Malgré ce qu'il sait déjà. Une grisha, une pirate, une source de problèmes. Rien de tout cela ne semble l'effrayer et Namarië se demande alors s'il y a une chose à son sujet, un détail dans l'une de ses histoires susceptible de le faire fuir. C'est pourquoi lorsqu'il les force à s'arrêter, la dévisageant avec sérieux, son cœur se serre une seconde. Mais c'est un grand éclat de rire qui finit par franchir ses lèvres. "Techniquement je ne suis pas reine" dit-elle en recouvrant son sérieux. "Bien que nous soyons à la tête d'une petite nation en un sens." Un haussement de sourcils vient souligner ses dires comme si tout ceci était parfaitement logique. "J'ai épousé un chef de clan sur l'autre continent", explique-t-elle. "Pas le plus riche ni le plus puissant", elle hausse les épaules, "mais j'ai la liberté de partir à l'aventure quand ça me chante." Elle approche son visage du sien dans un esprit de confidence. "Et puis il n'a rien contre le fait que je prenne un quatrième époux." Elle se redresse, le fixant toujours avec sérieux. "La seule chose qui ne devrait pas te surprendre, c'est mon talent pour raconter des histoires." dit-elle avant de sourire à ses pieux mensonges. "Allons, continuons." Reprenant son bras, elle l'invite à poursuivre leur route. "Mais pour apaiser tes craintes...non je ne suis pas mariée. Pas plus que je ne suis reine. Quant à mes prières...disons qu'elles ont trouvé de nouvelles oreilles à qui parler."
Bien que sa remarque fut un simple trait d'humour, la jeune femme choisit d'y répondre avec sincérité. On était loin des réponses vraiment importantes, des questions qu'il désirait réellement lui poser, mais c'était tout ce qu'elle pouvait lui offrir pour l'instant. Jusqu'à ce qu'elle puisse juger encore d'une toute petite chose.

La mercenaire scrute l'intérieur de l'entrepôt avec un savoir-faire issu de sa riche expérience. Elle n'y décèle aucuns pièges. Aucunes mauvaises surprises. Au contraire, le lieu est aussi parfait qu'elle aurait pu l'espérer. Et c'est ravie de voir sa confiance en lui se justifier ainsi qu'elle se retourne vers son ami. Elle sait alors le moment venu. Celui de se dévoiler avant de pouvoir tout lui raconter.
Et c'est dans cette main tendue, ouverte sur les flammes qu'elle fait danser au creux de sa paume qu'elle se révèle. Ces flammes pourtant, elle ne les voit pas, ne les regarde pas. Ses yeux sont rivés sur ceux de Dmitri, alertes du moindre éclat qu'elle y verra briller. Elle sait ce qu'elle peut y trouver, ce qu'elle craint d'y lire, pour l'avoir déjà vu. Mais tous ses scénarios sont balayés par le regard qu'il lui offre. Il n'a pas peur d'elle. Il n'affiche ni dégoût, ni colère. Il n'a même pas reculé.
Un soupir franchit ses lèvres alors même qu'elle ne s'était pas rendu compte avoir retenu sa respiration. Et c'est stupéfaite qu'elle le regarde s'approcher, presque dubitative du sourire sur ses lèvres, de l'admiration qu'elle lit dans ses yeux. "Merci" souffle-t-elle doucement avec un timide sourire.
Non elle ne s'était pas attendu à une telle réaction. A une telle confiance. A une telle...compréhension. Bien vite pourtant, la prudence et l'inquiétude refont surface, faisant éclater sa bulle. "Je..." Elle referme le poing, étouffant les flammes. "Il fallait que je le fasse, au moins une fois." se défend-elle avant de reprendre. "Et puis je sais ce que je fais je te rappelle." Elle lui sourit avec assurance, posant les mains sur ses hanches. Mais sa moue espiègle disparaît presque aussitôt en remarquant la tension dans ses poings, la soudaine expression sur son visage.
Elle devine alors qu'il ne s'agit plus uniquement de prudence. Son petit tour a provoqué quelque chose en lui. Une chose qu'elle ignore mais qui lui fait soudain regretter son geste. "Je suis désolée...", dit-elle en esquissant un geste pour poser une main sur son épaule. Mais le trouble du jeune homme disparaît rapidement et il poursuit alors sa mise en garde. "Tu n'as pas à me protéger." Rétorque-t-elle soudain, piquée par ses propos. "Je t'ai demandé ton aide oui, mais ça s'arrête là." Un toit, peut-être quelques informations, c'est tout ce qu'elle lui demande. Qu'il lui offre de son temps est déjà plus qu'elle ne peut espérer. Mais il doit comprendre qu'elle ne souhaite pas qu'il s'implique d'avantage. Elle ne veut pas qu'il lui arrive malheur par sa faute.
"Le combat que je mène... j'ai choisi de risquer ma vie pour lui, pour ceux qui sont comme moi." Elle n'est pas certaine qu'il puisse comprendre, pas tant qu'il ne connaîtra pas toute son histoire. La découverte de sa nature grisha, de l'histoire des Sankts, avait changé sa vision du monde, la vision qu'elle avait d'elle-même. Elle s'était fait un devoir de rassembler et protéger leur histoire, pour la transmettre, pour aider et inspirer ceux qui, comme elle, pensaient être obligés de cacher leur pouvoir, d'en avoir honte, d'en avoir peur. "Me protéger, quand bien même tu le pourrais, ce serait comme te demander d'y prendre part. Et je ne te demanderai jamais une chose pareille. Me fournir un endroit où dormir, partager un repas, cela représente déjà des risques. Mais ils sont minimes. Voilà pourquoi j'accepte de te les faire courir. Quitte à oublier cette histoire de danse." dit-elle avec un sourire avant de reprendre plus sérieusement. "Mais cette lutte n'est pas la tienne. Elle ne vaut pas...je ne vaux pas que tu risques ta vie." En disant cela, elle pense aussi à sa famille, à ses proches, aux personnes qui comptent sur lui, et celles auxquelles il tient.  "Donc si je me fais prendre, tu réagis comme tout le monde : en criant à la sorcière en agitant des bras," dit-elle en mimant le geste de manière comique, même si elle est bien placée pour savoir que sa réalité n'a rien d'amusant. "Je suis prête à tous les stratagèmes, même à te prendre en otage s'il le faut, pour te faire paraître innocent. Alors pas de grands gestes héroïques, je suis sérieuse."
Elle repense à l'expression sur son visage après qu'elle lui ai montré son pouvoir. A la tension dans ses bras, à ses poings serrés. A cette réaction, dont la raison lui échappe, mais qu'elle ne peut ignorer. "J'ai l'impression que tu risques plus que ce que je suis capable d'imaginer." Ses yeux émeraudes le dévisagent un instant. Pas pour le questionner, mais pour lui signifier que si elle ignore, elle comprend. "Alors promet-moi que tu ne me protégeras pas."
Elle le fixe patiemment, attendant qu'il prononce les mots. "Pas de promesse, pas d'histoires. Pas d'histoires, pas de repas. Pas de repas...et bien je t'en voudrais assez parce que je commence à avoir une faim de loup."

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Dmitri Moskovine
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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptyDim 24 Sep - 22:15


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feat @Namarië Ràva 

Elle se fait mystérieuse Namarië, à lui dévoiler des aperçus d'elle qu'il n'aurait jamais imaginé. Ils se sont connus enfants après tout, adolescents, mais la Namarië adulte reste un mystère pour Dmitri, une interrogation qu'il ne parvient pas à percer. Parce qu'il la croit, quand elle lui explique savoir danser, et lui rétorque qu'il n'est pas le seul à avoir appris. Mais pourquoi ? Comment ? Autant de questions qui restent sans réponses, épaississant le mystère qu'est la jeune femme devant lui. Elle est devenue la princesse pirate, celle des contes que venait lui lire Dmitri à l'abri des regards, celle qui gagnait le cœur de tous les marins, et finissait par remporter celui du prince. Oh oui, elle est entourée de mystère, que Dmitri soupçonne ne faire qu'effleurer. "Je ne peux pas te contredire." Lui assure le jeune homme avec un sourire, la guidant jusqu'à l'entrepôt qu'il se propose de lui prêter quelques temps. La princesse pirate danseuse condamnée à une paillasse dans un grand entrepôt vide, voilà de quoi, encore, ajouter au mystère. Comme si elle en avait besoin !

Elle se joue de lui, éclatant de rire avant de répondre point par point à ses accusations imaginaires. Les boutades, les réponses du tac-à-tac, les plaisanteries, Dmitri a l'impression d'avoir à nouveau huit ans, à suivre partout la fille de pêcheur au tempérament de feu. La routine de leur réponse est comme un vieux vêtement retrouvé par hasard, confortable et familière, et ils retrouvent sans peine leurs habitudes d'antan. Le jeune homme observe Namarië, incrédule, tandis qu'elle dresse un portrait qui, il le sait, n'est en rien la vérité. "Dire que j'allais presque te demander si être ton quatrième époux venait avec une dot composée d'un bateau et d'une dizaine de dauphins. J'aurais aimé avoir un chapeau, aussi." Souffle-t-il, faussement déçu. Mais intrigué, toujours : à qui offre donc-t-elle ses prières, si ce n'est à Djel ? Encore un mystère de plus… décidément, elle semble les collectionner. Elle l'attire vers le port, et ils ne tardent plus à arriver à l'entrepôt qui se dresse, anonyme, juste ce qu'il faut pour se fondre dans le décor des quais.

Une fois à l'abri des regards, elle lui offre enfin une parcelle de compréhension, dévoilant à son intention un peu de sa maîtrise de la petite science. Une boule de feu incandescente, fascinante même. C'est… beau, bien loin de l'aspect pratique et terre-à-terre qu'il a déjà observé au Petit Palais. Les autres se méfient de lui, et quand il y est, c'est pour apprendre, malgré tout. Pas pour regarder des spectacles de jonglage. Alors oui, il observe avec attention et il est impressionné, Dmitri, de voir ce pouvoir dans les mains de la jeune femme. Mais bien vite, bien trop vite, la réalité reprend le dessus : le danger est partout, ici. Tout le temps. Il s'en veut un peu le jeune homme d'être celui qui casse ce moment presque hors du temps, mais il sait se montrer raisonnable. Prudent. Il n'aurait pas survécu bien longtemps dans son rôle sinon.

Elle ne s'excuse pas, pas vraiment, et lui rappelle qu'elle sait ce qu'elle fait. Qu'elle maîtrise. Elle ne sait pas que lui aussi sait ce que cela fait, ce pouvoir qui danse au bout de ses doigts, cet appel intérieur qui le pousse à utiliser cette science, à en faire quelque chose d'utile. Et il ne peut pas vraiment lui dire, Dmitri. Il ne sait même pas comment lui dire, en vérité. Le moment vient, et passe, une crispation dans ses doigts, une tension dans ses épaules. Namarië ne s'y trompe pas, mais la conversation dévie déjà et le moment où il aurait pu laisser échapper son secret est déjà passé. Elle semble s'offusquer de sa réponse, et Dmitri ouvre la bouche pour s'excuser, s'expliquer, mais elle ne lui en laisse pas le temps. Et comment lui dire, de toute façon, comment lui expliquer alors qu'il ne peut pas tout lui dévoiler ? Elle pense qu'il ne comprend pas, et elle a peut-être raison, au fond. Peut-être que leur histoire est trop différente pour que, même Grisha, ils soient d'accord sur leur façon de vivre leur petite science.

Et visiblement, c'est elle qui entend le protéger. Il veut protester Dmitri, lui dire qu'il est prêt à prendre part à ce combat, prêt à apporter sa pierre à l'édifice, mais comment expliquer alors qu'il ne peut pas lui expliquer ses raisons, justement ? Comment faire ? Et puis… elle a raison. C'est bien pour cela qu'il cache sa nature de Grisha si profondément Dmitri, parce qu'il ne veut pas que quelqu'un d'autre que lui en soit affecté. S'il se fait prendre, par ricochet, qui en souffrira ? Tous ceux qu'il connaît, apprécie, aime également ?

Alors oui, il vouloir protester, crier haut et fort qu'il est prêt à prendre ce risque, pour Namarië, pour d'autres s'il le faut, pour que ceux qui sont comme eux arrêtent de vivre la peur au ventre, trouvent enfin une solution pour échapper à une justice qui n'en porte que le nom. Mais il ne le fait pas. Au lieu de ça, il se contente de rire doucement en secouant la tête. "Me prendre en otage ? Moi ? Personne n'y croira." Proteste-il avec amusement, heurtant doucement la jeune femme avec son épaule dans un défi amical. "Et tu vaux mille fois que l'on risque sa vie pour toi." Souligne-t-il doucement. "Qui m'offrira mon bateau de quatrième époux sinon ?"

Mais la discussion est sérieuse, malgré la légèreté qu'il essaye d'y insuffler. Il ne veut pas que cela soit sérieux, parce que cela voudrait dire qu'ils ont une chance, qu'elle a une chance de se faire tuer, et il ne veut clairement pas l'imaginer, pas après l'avoir retrouvé. Il lui rend son regard Dmitri, après ses paroles mystérieuses ? Soupçonne-t-elle quoi que ce soit ? Il a été prudent le Grisha, il n'a rien laissé paraître, du moins le pense-t-il. A moins qu'il ne soit, aux yeux de la jeune femme, plus transparent qu'il ne veut l'admettre ? Dmitri finit par soupirer, vaincu. "Tu ne me laisse pas vraiment le choix, n'est-ce pas ?" Il n'a pas son mot à dire, visiblement : elle a décidé de le protéger, il ne peut pas y faire grand-chose sans que rapidement, la discussion devienne stérile ou que pire, elle finisse par le planter là et tourner les talons. "Mais ne comptes pas sur moi pour fuir en agitant les bras." Grogne-t-il, bougon. Il déteste être mis au pied du mur le jeune homme, sans autre échappatoire que de faire ce que son interlocutrice lui demande. D'habitude, c'est lui qui met les gens dans cette position, et il ne trouve pas cela très drôle quand c'est le contraire. Croisant les bras, dans un geste boudeur qui indique clairement son état d'esprit, le Grisha finit par capituler du bout des lèvres. "Je te promets d'être sage et de ne pas tenter de sauvetage héroïque, ça te va ?" Il espère bien que cela lui conviendra, car il n'a pas vraiment envie de faire une promesse plus spécifique. Les promesses sont sacrées, après tout, devant les yeux de Djel. Et il n'a pas l'intention de lui mentir davantage. "Mais tout va bien aller, alors je n'aurais jamais besoin de te prouver que je sais tenir ma parole." Finit par dire Dmitri d'un ton plus enjoué qu'il ne le ressent réellement. Après tout, s'il le dit à haute voix, peut-être cela va-t-il s'avérer vrai ?

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Namarië Ràva
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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptyDim 22 Oct - 1:35


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feat @Dmitri Moskovine

Il suffit d'un seul tour de mains pour que l'atmosphère ne change. Joueuse et spontanée, elle s'assombrit à la lumière de son pouvoir, et sous le soudain sérieux de leurs paroles.
Si l'inferni en est parfaitement à l'aise, cela ne semble pas être le cas du jeune noble qui, sous couvert de plaisanteries, paraît vouloir s'accrocher à cette légèreté. Sauf que cela ne prend pas. Imperturbable, Namarië attend.
Elle attend qu'il se range à son avis. Ou plutôt, qu'il capitule. S'il est aussi têtu que dans ses souvenirs, elle sait que cela pourra prendre un certain temps, mais elle a d'avantage confiance en sa propre obstination. C'est pourquoi elle se contente de répondre à son espiègle coup d'épaule par un demi sourire, avant de lever les yeux ciel à sa raillerie. Non, elle ne lui donnera pas l'occasion de changer la conversation. Même si elle a déjà de bonnes répliques bien senties. Pas tant qu'elle n'aura pas eu ce qu'elle voulait.
Dmitri lui rend alors son regard et ils se fixent un instant. Ils ne se toisent pas, il n'y a aucune animosité entre eux. Juste de la curiosité. Et beaucoup d'entêtement. La grisha perçoit alors autre chose en lui. Une appréhension, une peur peut-être, qu'elle ne peut mettre sur le compte de la prudence. Elle aurait facilement pu la mettre de côté, si son comportement ne commençait pas à l'intriguer. Il semble vouloir éviter le sujet, comme s'il craignait le sérieux de leur conversation. Et si elle est satisfaite de l'entendre capituler, elle s'étonne de le voir rendre les armes aussi facilement.
Hmm...oui ca me va. Bien que, venant de toi, je m'attendais à plus de protestations. Elle fronce légèrement les sourcils d'un air suspect. Mais peut-être que tu as finis par mûrir finalement... Car ce n'est peut-être que cela après tout. Il a simplement changé. Il n'y a pas de secrets à découvrir ou d'énigmes à élucider. Et bien que son instinct n'y croit pas une seconde, elle trouve plus sage de l'ignorer. Enfin, c'est ce que j'aurais dis si je ne voyais pas quel mauvais perdant tu es. La jeune femme sourit franchement face à la bouderie manifeste qu'il affiche. Toujours aussi difficile pour toi de ne pas avoir le dernier mot à ce que je vois. Peu à peu, son ton redevient joueur et elle s'amuse à le provoquer à nouveau. Il va falloir t'y faire maintenant que je suis en ville, Moskovine. Tu as trouvé ton maître. Elle affiche une mine triomphante maintenant. Bon, bon...ton égale si tu préfères, se reprend-elle en avisant ses bras toujours croisés. Si je t'offre ton chapeau tu arrêtes de bouder ?

Oui, c'était aussi facile que cela. Eviter un sujet qui fâche, ou au contraire mettre volontairement les pieds dans le plat. Du moins ça le paraissait. Car il y a peu de choses aussi difficiles que le maniement des mots. Leur choix, leur sens, leur pouvoir. Surtout quand les non-dits sont presque aussi palpables. Bien sûr qu'il y a des choses qu'elle souhaite lui demander, des choses qu'elle lui devine ne pas vouloir révéler, ou ne pas le pouvoir. Et c'est dans ce cas que l'art des mots doit être manié, à condition d'avoir également un brin de compassion. Car s'il a une chose à lui faire entendre, ce n'est pas à elle de le lui faire dire. Alors oui, il faut parfois savoir décrypter, entendre les significations cachées, mais aussi savoir quand s'arrêter.
Peut-être bien oui. C'est ainsi qu'elle choisit de répondre à sa dernière remarque. Sobrement, et avec toute la fausse conviction dont elle est capable. Car les souhaits, les prières, sont des choses nobles auxquelles elle-même se raccroche parfois. Mais jusqu'ici, c'est toujours, et uniquement, sa volonté propre qui lui avait permis de les exaucer. Cependant, en plus de ne pas vouloir en rajouter, elle veut peut-être surtout y croire elle aussi. Elle a toujours prié seule, peut-être qu'à deux, ça fonctionne mieux.

Bon, mon cher futur mari, maintenant que les choses sont claires, pouvons-nous aller déjeuner? Oui, elle a faim. Mais surtout, elle a des questions à lui poser. Elle souhaite en savoir plus sur lui, sur ses relations, sur cette ville. Sur tout ce qui pourrait potentiellement l'aider dans sa quête. Car oui, malgré cet acte du destin et son intérêt sincère à en apprendre plus sur lui, elle ne doit pas en oublier la raison de sa présence ici. Et quelque chose lui dit que cela ne va pas être une chose facile en sa compagnie. C'est pour cela, en plus de son envie de poisson mariné, qu'elle lui suggère une nouvelle fois le repas promis. Dans un lieu familier, réconfortant, et peut-être après quelques verres, on se dévoile plus facilement.

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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptyMar 31 Oct - 9:57


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feat @Namarië Ràva

Peut-être qu’elle a raison Namarië. Peut-être que la vie l’a forcé à grandir, à murir, et à se montrer bien plus prudent qu’il ne l’était quand il était enfant. Ou peut-être est-ce ce secret, si bien caché au fond de lui, qui l’a forcé à changer. En tout cas, sa capitulation ne semble pas enlever la curiosité de la jeune femme, qui le pensait plus prudent. A-t-il réellement baissé les armes trop rapidement ? Mais elle finit par le taquiner sur sa bouderie passagère, et Dmitri décide de ne même pas honorer ses propos d’une récrimination. Il se contente de croiser les bras et d’un « pfff » qui exprime tout ce qu’il ressent pour ce que vient de dire la jeune femme.

Il s’adoucit pourtant quand elle lui parle d’un cadeau, et il esquisse une moue agacée. « Tu triches, tu connais tous mes points faibles. » C’est forcément plus facile, elle sait qu’il ne résiste jamais bien longtemps à un présent. L’inconvénient de se connaître depuis qu’ils sont enfants, après tout. Elle le sait aussi, il ne peut pas rester rancunier bien longtemps. Un sourire complice, un rappel qu’ils ont un déjeuner à partager, et voilà déjà le silence entre eux oublié. Mais pour combien de temps ? Dmitri sait qu’il a attisé sa curiosité, et que c’est uniquement par respect qu’elle se retient de le questionner davantage. « Avec plaisir, chère princesse des îles lointaines. » Ils peuvent prétendre, pour le moment.

Il lui propose son bras, comme un jeune homme bien élevé, pour venir l’entraîner un peu plus loin. Il prend soin, Dmitri, de lui indiquer quelques points de repère, même s’il doute qu’elle se perde réellement. La taverne vers laquelle il l’entraîne trône fièrement sur le port, plus près de l’embarquement des passagers que des marchandises : pas une taverne à matelot, un endroit bien plus fréquentable. Elle le remarquera aisément, s’il a changé par certains aspects, Dmitri a gardé ses goûts de luxe. Il arrête la jeune femme un peu avant qu’ils n’y entrent néanmoins, pour venir lui glisser quelques mots. « Merci, Nama. Vraiment. » Mais le temps du sérieux est passé, et il ne tarde pas à l’entraîner à l’intérieur, où ils sont chaleureusement reçu par la tenancière avant d’être installé à une jolie table près des baies vitrées. Ils sont loin, très loin des tavernes glauques que les pirates fréquentent, du moins dans l’imagination de Dmitri. « Tu sais que j’ai déjà eu maille à partir avec des pirates ? » Demande-t-il, amusé. « Pas avec toi, je m’en souviendrai, quand même. Les miens étaient plus sales, moins polis, et définitivement faciles à oublier. » Tout le contraire de la jeune femme, en vérité.

« Comment est-ce que tu es devenue pirate ? Qu’est-ce qu’il s’est passé, depuis que tu es… partie ? » Il butte à peine sur le mot le fjerdan, avant de se rattraper. Il se targue d’être un bon parleur Dmitri, mais il ignore comment la jeune femme veut considérer sa fuite. Départ très précipité ? Ce sont peut-être des souvenirs douloureux, il en prend brusquement conscience. Elle a tout perdu ce jour-là, il le sait : le sort qui attend les familles des drüsje n’est pas tendre, s’ils montrent la moindre accointance avec leurs proches soudain devenus parias. La pensée que cela aurait pu être lui, en vérité, et que leurs rôles auraient été inversés vient un moment le hanter, mais il la chasse d’un sourire et d’une gorgée du verre que la tenancière vient de leur apporter. De l’alcool. Parfait pour chasser la moindre réminiscence de cette idée, et de ce qu’il s’est passé à l’entrepôt. De l’alcool, un bon repas, une amie chère… une recette pour une soirée excellente, n’est-ce pas ?

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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptyDim 12 Nov - 3:38


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La promesse d'un cadeau, le retour d'un sourire, et c'est toute complicité au vent que les deux jeunes gens s'aventurent finalement hors de l'entrepôt. Ayant accepté le bras offert par son ami, Namarië se laisse volontiers guider dans cette ville devenue étrangère. Et tandis qu'elle en observe une nouvelle fois les décors, un sentiment étrange la parcourt. Elle reconnaît les bâtiments près du port, ce coin où s'agglutinent les étals des marchands, ces pierres colorées venues égayer la façade de cette maison. Pourtant, tout lui semble flou. Comme lorsque le souvenir vient se superposer à la réalité. C'est troublant, déstabilisant, et l'espace d'une seconde, la jeune femme n'est plus certaine de savoir quelle version elle a sous les yeux. Heureusement, elle peut compter sur les commentaires de Dmitri qui, tel un véritable guide, lui indique divers points de repère. Elle se raccroche alors à sa vision à lui, qui devient l'unique version de cette redécouverte.
Délaissant les entrepôts et leurs piles de marchandises, le jeune noble l'entraîne un peu plus haut sur le port. Là où l'odeur du poisson ressemble plus à la promesse d'un succulent repas qu'à une prise bien fraîche. Levant le nez, la grisha devine l'enseigne d'une taverne où leurs pas finissent par les mener. Mais avant qu'ils n'en aient atteint le seuil, elle sent le bras de Dmitri la retenir pour...la remercier ? Surprise, elle s'interroge sur les raisons de cette soudaine interaction, jusqu'à ce qu'elle lise la sincérité dans ses yeux. Alors elle comprend et, par gêne ou bien par pudeur, finit par détourner le regard. « Je ne t'ai rien offert encore. Tu me remercieras lorsque tu auras ton chapeau.» Son ton est détaché, mais le timide sourire qu'elle finit par lui offrir suffit à lui répondre. Et c'est sur ces nouveaux non-dits, venus en clôturer d'autres, qu'ils pénètrent enfin dans la chaleureuse bâtisse.

L'endroit est coquet, élégant. Tout à fait le genre d'endroits où elle aurait pu l'imaginer. Il a des goûts de luxe après tout, et elle ne va pas s'en plaindre. Elle est habituée à se contenter de peu et chérit aussi bien un repas fait d'une soupe de pierres et d'un pain trop dur autour d'un feu follet qu'une belle assiette, une serviette brodée sur les genoux. Mais fraîchement installés à leur table, elle doit bien reconnaître que le confort et la beauté du lieu lui sont bien plus agréables.
« Toi au prise avec des pirates ? J'ai beaucoup de mal à imaginer ça », dit-elle sans cacher son étonnement et peut-être, un petit brin de doute. « Comment un honnête et fringuant noble tel que toi en est-il arrivé là ? » Elle le sait noble, elle le sait fils de Comte. Elle en connaît les obligations, en devine les activités mais, la vérité, c'est qu'elle ignore complètement à quoi il peut bien occuper ses journées. La seule chose dont elle est certaine, c'est que « nobles » et « pirates » se retrouvent rarement dans la même phrase. Ce qui lui fait deviner une histoire fort intéressante. Le genre d'histoire qui lui permettra d'en apprendre plus sur les activités de son ami. « Je te remercie. Il est vrai que je soigne particulièrement mon hygiène. C'est gentil à toi de l'avoir remarqué. Mais tu sais, tous les pirates ne sont pas de vieux lascars édentés. Beaucoup sont fâchés avec les bonnes manières, et le savon je dois le reconnaître, mais tu es manifestement mal tombé. » Elle sourit en imaginant le genre d’énergumènes auxquels il a dû faire face. « Heureusement pour mes camarades, je suis là pour améliorer l'image de marque. » Elle hausse une épaule, avec cet air faussement supérieur qu'elle s'amuse à afficher.

C'est donc avec cette même complicité, mais dans un décor sans doute plus propice aux confidences, que leurs curiosités se sentent plus à même de s'exprimer. A commencer par Dmitri qui, sans perdre de temps, l'interroge sur un sujet avec lequel l'inferni sait l'avoir intrigué. Il y a cependant un léger flottement, un mot comme laissé en suspens. « Partie. »
Même si elle remarque sa brève hésitation, Namarië trouve le mot plutôt bien choisit. A vrai dire, elle ne voit pas comment il aurait pu le dire autrement. Pourtant, cela ne l'empêche pas de deviner un léger trouble chez son ami. Sans doute est-il gêné à l'idée que ses mots puissent l'amener à se remémorer des souvenirs difficiles. S'il savait. Sa seule présence en ces terres suffisait à cela. Un seul mot de sa part n'allait pas aggraver ça. A vrai dire, elle appréciait plutôt sa retenue. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il lui demande ce qu'il s'était réellement passé ce jour-là, bien qu'il soit en droit d'être curieux. Mais le fait qu'il puisse comprendre et souhaite faire attention à ce que cela ne la blesse pas était nouveau pour elle, et plus réconfortant qu'elle n'aurait su le dire.
Sans avoir eu le temps de le rassurer, ni même de répondre à sa question, la tenancière se présente déjà avec leurs breuvages. Si Dmitri s'empresse de déguster sa boisson, la jeune femme se contente de renifler le contenu de son verre. Elle a beau avoir l'étiquette de pirate, elle n'en a pas hérité leur extrême tolérance à l'alcool. Loin de là. Elle sait donc que si elle souhaite obtenir les réponses voulues, ou du moins terminer la soirée de manière décente, elle va devoir y faire attention. « Il s'est passé...beaucoup de choses depuis mon départ », dit-elle avec un soupir qui en dit long. « Mais je t'ai promis des histoires alors...commençons par le début. » Elle s'accoude à la table, prête à commencer son récit. « La vie de pirate, ça a été un concours de circonstances. A vrai dire, plutôt un quiproquo. J'ai quitté Fjerda sur une vieille barque, qui m'a tout de même amené jusqu'à Kerch. Je ne parlais pas la langue, n'avais pas un sous en poche, alors j'ai fait ce que je savais faire de mieux, pêcher. » Elle sourit en se remémorant les cours de pêche que lui avait donné son père adoptif. « Mais là-bas, la vie aussi est rude. Sans doute plus qu'ici en un sens. Plus de concurrence. » Explique-t-elle. « Alors j'ai enchaîné les petits boulots jusqu'à ce que j'entende parler d'un capitaine qui recrutait sur le port. Je me suis présentée, aussi fière et sûre de moi que je pouvais l'être. Après tout, je savais pêcher comme personne ! Le seul problème, c'est qu'il ne s'agissait pas d'un capitaine de bateau de pêche. » Elle sourit à nouveau, comme se moquant de son ingénuité passée. « Mais tu connais mon entêtement, je n'ai pas laissé ce détail m'empêcher de passer à côté d'une bourse pleine de pièces d'or. Alors je l'ai convaincu de me laisser ma chance. Je ne peux pas dire que ça ait été très joli les premiers temps. En tant que pirate, je ne savais rien faire. Donc j'ai pêché oui, beaucoup. Astiqué le pont, préparé les repas. Et, petit à petit, ils m'ont appris les différents nœuds, la navigation. A lire une carte, me repérer avec une boussole. Maintenir ma garde, donner un coup, tenir une épée. Et puis, je suis partie vivre mes premières aventures. »
Elle marque une pause, le dévisageant avec un sourire. « Trouves-tu ce début à la hauteur des histoires que tu nous lisait enfants ? » Sa main dévie vers son verre qu'elle porte finalement à ses lèvres pour en boire une gorgée. « Mais, à toi maintenant», dit-elle en reposant sa coupe. «Qu'est devenu l'intrépide rebelle après ses premières années passées à l'armée ? »
Elle avait consenti à lui raconter ses aventures. Ce qui ne signifiait pas qu'elle serait la seule à tenir le rôle de conteuse ce soir. Après tout, elle avait toujours aimé l'écouter lui raconter des histoires.

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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptySam 18 Nov - 16:20


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Leur brève interaction, avant d’entrer dans la taverne proprette, dit à Dmitri tout ce qu’il a besoin de savoir. Namarië ne parle pas de son éventuel cadeau, et ils le savent tous les deux. Un sourire timide, c’est bien tout ce dont il a besoin comme réponse. Et sur cette preuve d’une complicité retrouvée qu’ils entrent tous les deux dans l’établissement, où ils sont accueillis bien chaleureusement. Attablés à une table lumineuse, les deux jeunes gens profitent de leurs retrouvailles pour, en tout cas de la part de Dmitri, poser enfin les questions qui lui tiraillent l’esprit. La jeune femme a l’air surpris de sa confidence, et le fjerdan se contente d’un léger rire. « Je suis un garçon plein de mystères, que veux-tu. » Et encore, elle ne sait pas à quel point. « Mais même les honnêtes fils de comte peuvent s’encanailler à Ketterdam. » Haussant les épaules, Dmitri ajoute, l’air un brin fataliste. « Ou avoir des amis incapables de ne pas se battre avec les mauvaises personnes. C’étaient des pirates à terre, mais j’imagine que cela compte tout de même. » Plaisante-t-il, grimaçant à ce souvenir qui ne reste pas l’un de ses plus brillants moments de gloire. Si les pirates n’avaient pas été déjà bien avancé sur le chemin de l’ivresse, la bande de jeunes nobles en goguette à Ketterdam ne s’en seraient sans doute pas sortis aussi bien.

Son sourire se fait plus lumineux pourtant, quand il répond à la jeune femme. « Disons qu’il y a un monde entre l’image de mes pirates et la tienne. N’importe qui se laisserait kidnapper avec un pirate tel que toi. » Sa main frôle celle de la jeune femme, sans qu’il ne se départisse de son sourire. Le geste est amical, avec un rien de cette tendresse qu’il a toujours eu avec elle. Elle est son premier amour après tout, du temps où elle ne s’appelait pas encore Namarië et où il croyait vraiment qu’un jour, il réussirait à la convaincre de l’épouser.

La tenancière vient leur apporter leurs verres et tandis que Dmitri trempe ses lèvres dans le sien, la jeune femme semble se décider à lui raconter ses aventures. Il est comme un enfant le jeune fjerdan, d’autant plus qu’il sait, de source sûre, à quel point les récits de Namarië peuvent être captivants. Le début de l’histoire, cela lui va parfaitement. Et il n’est pas déçu. Connaissant la jeune femme et son caractère décidé, il n’a aucun mal à se la représenter en train de tout faire pour s’en sortir, y compris postuler pour une place au sein de pirates édentés. Ou pas, donc, comme elle l’avait souligné. Et pourtant, quel gouffre énorme entre la jeune femme et les rustres qui lui ont servi de professeurs ! Il a du mal à se représenter, Dmitri, à quel point s’y faire une place a dû être difficile pour une jeune femme ne parlant pas la langue et n’ayant strictement rien en commun avec un vieux loup de mer. Mais s’il y a bien quelqu’un qui peut braver tous ces obstacles, c’est elle, Dmitri le sait bien.

Il ne cache pas son air admiratif d’ailleurs, tandis qu’elle lui explique ce qu’il s’est passé. Penchant la tête légèrement sur le côté, comme pour mieux la dévisager, le fjerdan répond à la question de la jeune femme. « Namarië l’aventurière gagnant sa place auprès de vils pirates et forçant l’admiration de tous ? Ton récit est à la hauteur, et même plus que cela. Tu pourrais presque l’écrire, si cela se termine par un beau prince tombé dans tes filets et finissant par t’épouser. » Il ne se leurre pas vraiment sur la morale de ces livres d’aventure qu’il chipait dans la bibliothèque familiale Dmitri. Même les plus aventureuses des princesses finissaient par se ranger et devenir de parfaites petites épouses fjerdannes. Namarië finit par lui retourner la question de ses aventures, et le jeune homme secoue la tête en riant. « Je crains que mes récits, à côté des tiens, ne soient bien ennuyeux. » Il ne peut pas lui dire, après tout, qu’il est plus que jamais un rebelle. Rien que l’idée est amère. Lui cacher la vérité cache tout un pan de sa vie, c’est vrai, mais il espère bien qu’elle n’en aura même pas idée.

« J’ai accepté une commission d’officier, et puis mon père m’a rappelé près de lui pour que j’apprenne à devenir un petit noble trop gâté et prétentieux. » Le sourire dans sa voix rivalise avec celui sur ses lèvres. « J’étais déjà prétentieux, mais il me manquait encore quelques astuces. » Précise-t-il, amusé. « J’ai fait mon entrée à la Cour, j’ai rencontré le Roi qui s’est pris d’affection pour moi. » Il ne s’étale pas sur le sujet Dmitri : pas qu’il soit particulièrement modeste, mais bien parce qu’il juge que ses débuts à la cour ne sont pas très digne d’intérêt pour une princesse pirate. « Et me voilà propulsé conseiller royal, en tout cas quand mon père n’a pas le temps, ou l’envie, de tenir ce rôle. »

Une autre gorgée de son verre, et les yeux bleus de Dmitri se posent sur la jeune femme qui lui fait face. « L’enfant rebelle s’est plié aux contraintes de l’âge adulte, j’en ai bien peur. » Le sourire a disparu, tandis que le jeune homme observe l’alcool tourner dans le verre qu’il tient à la main, pensif. Il doit lui donner l’impression de s’être rangé et d’être devenu un enfant sage, si loin de la vie qu’elle mène désormais, mais il ne sait pas pourquoi cela l’embête autant de lui donner cette impression. « Et toi, laisse-moi deviner ? Tu as fini par obtenir ton propre bateau, ton propre équipage, et ton surnom est devenu la Terreur de la Vraie Mer ? » L’amusement est revenu dans la voix du fjerdan, tandis qu’il s’est arraché à la contemplation de son verre, prenant une nouvelle gorgée qui lui brûle la gorge.

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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptyMar 27 Fév - 21:40


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C'était peut-être l'accueil chaleureux de la tenancière. Ou bien l'odeur de soupe de poissons qui embaumait l'endroit. Mais assise là, Namarië éprouvait un étrange sentiment de réconfort. Il fallait reconnaître qu'elle était loin, très loin même, de vivre les retrouvailles qu'elle s'était imaginé avec son pays. A tel point qu'il lui était facile de s'imaginer un instant ne jamais en être partie. Et plus facile encore de se laisser aller à la légèreté du moment au son du rire de cet ami retrouvé.

-C'est ce que je constate en effet, dit-elle en affichant une certaine curiosité. Mais tu devrais faire attention. Certaines personnes aiment chasser les mystères. Des personnes comme elle. Sauf que ça, le jeune noble l'ignore encore. A t'entendre on te croirait presque totalement innocent dans cette histoire. Un sourire narquois étire le coin de sa bouche. Oh elle n'ignorait ni son courage ni sa noblesse. Si ses amis s'étaient retrouvés en danger, nul doute qu'il soit parti à leur rescousse. Mais elle se demandait si la fringante nature du fjerdan n'était pas en partie responsable de tout ce remue-ménage. Et que faisais-tu à Ketterdam ? demande-t-elle en s'accoudant plus avant sur la table. N'y a-t-il pas assez d'aventures en cette grande Fjerda pour que tu puisses y jouer les héros ?

Ça l'amusait assez de l'imaginer jouer les justiciers, plus encore contre une bande de corsaires, aussi crasseux soient-ils. Elle était d'ailleurs ravie de pouvoir remédier un tant soit peu à l'image qu'il pouvait avoir de ses camarades. Ce n'est pas comme s'il existait un concours de beauté voué à promouvoir la piraterie, mais cela l'embêtait toujours un peu lorsque la seule description que les gens en avaient se résumait à un unijambiste édenté auréolé d'un essaim de mouches.

-Serait-ce une requête ? demande-t-elle en lorgnant sur cette main venue frôler la sienne. Il est presque dommage que je n'adhère pas à ce genre de pratique. Personnellement, elle tapote doucement sa main, je préfère qu'on implore ma compagnie. Un brin de charme, une dose dédain. Les ingrédients de leur duo dont ils n'ont pas oublié la recette.

A l'arrivée de la tenancière, Namarië se redresse pour la laisser déposer leurs boissons. Ses mains se referment autour du verre dont elle observe un instant le contenu. Entre sa faim et sa faible tolérance à l'alcool, elle va devoir y aller doucement. Portant la coupe à ses lèvres, elle s'autorise cependant une première gorgée qui vient aussitôt réchauffer son estomac vide. Et c'est sur cette note légèrement amère mais sucrée qu'elle se lance dans le récit de ses aventures.
Dmitri l'écoute avec intérêt tandis qu'elle lui apprend comment elle était tombée dans la piraterie. Le premier chapitre d'une longue série sur lequel elle choisit de ne pas s'éterniser. Non pas qu'il n'y aurait rien à ajouter, mais elle est déjà curieuse de savoir ce qu'il en pense. Pour son plus grand plaisir, le jeune homme semble conquis. Admiratif même.

-Oh, même sans prince ni mariage cela vaudra la peine d'être lu, rétorque-t-elle pleine d'assurance. Elle voudrait lui dire qu'elle aspire à plus que cela . Que si ses aventures devaient vraiment être contées un jour, elle aimerait  que ce soit dans les livres d'histoire. Dans un futur où l'on enseignerait, aux humains comme aux grishas, comment ces derniers sont parvenus à gagner la liberté et l'égalité auxquelles ils avaient toujours eu droit. Mais ils sont en Fjerda. Le dernier endroit sur terre où dire des choses comme cela. Elle ne s'attarde donc pas d'avantage et, après avoir goûté une nouvelle gorgée de son breuvage, reporte son attention, et sa curiosité, sur le jeune homme.

-Il y a des chances mais, dis toujours, l'encourage-t-elle avec un sourire. Tu m'as déjà surprise avec ton histoire de bagarre de pirates, je suis certaine que tu en as d'autres sous le coude. Il l'avait dit lui-même, il était plein de mystères. Et bien que cela fut dit sur le ton de la plaisanterie, pour la chasseuse de trésors, cela sonnait comme une invitation.

Dmitri lui raconte alors comment le soldat est devenu l'homme politique. Et lorsqu'il mentionne le « petit noble trop gâté et prétentieux », Namarië le dévisage avec incrédulité, la réplique sarcastique au bord des lèvres. Mais il est plus rapide et répond avant qu'elle ait pu prononcer le moindre mot, ce qui a le don de la faire rire. Il poursuit en parlant du roi et de son statut, qu'elle comprend privilégié, à ses côtés. Il ne s'étale pas plus, ne dévoile pas trop de détails. Et lorsqu'il pose ses yeux sur elle, il lui semble y lire une sorte de fatalisme, très vite conforté par de nouvelles paroles.
Instinctivement, la jeune femme serait tentée de ne pas y croire. Une personnalité comme celle de Dmitri ne se matait pas aussi facilement. Pourtant... Les gens pouvaient changer après tout, à force de situations et de temps.

-Es-tu heureux ? finit-elle par demander après un court silence.

Parmi toutes les questions qu'elle avait pensé lui poser, celle-ci ne figurait même pas au bas de la liste. A cet instant pourtant, c'est la seule dont elle désire vraiment connaître la réponse.

-Pardonne-moi... Un sourire vient illuminer son visage, chassant le brusque sérieux dans son regard. Je ne voulais pas te paraître intrusive. Elle porte une nouvelle fois le verre à ses lèvres avant de répondre. Les ombres n'ont pas de surnoms tu sais...dit-elle en recouvrant son mystère. En réalité, la piraterie n'est pas ma seule activité. D'ailleurs, cela a plus été un outil qu'une fin en soit. Une formidable école cela dit. Oui, ses années embarquée sur de nombreux navires lui ont fournis des enseignements précieux. De ceux qu'elle n'aurait pu apprendre nul part ailleurs. Mais j'ai toujours préféré travailler seule. Pour l'activité que je mène, c'est plus sûr. Son index se ballade sur le rebord de son verre pendant qu'elle réfléchit au meilleur moyen de poursuivre. Car elle sait toutes les nouvelles questions qu'elle lui suscite, cependant en ce lieu, toutes les réponses ne sont pas bonnes à dire. Je suis parfois marchande, parfois mercenaire. Je vole, puis je vend. Mais, je trouve surtout. C'est ma spécialité. Son bras retombe doucement sur la table. Je parcours le monde à la recherche de trésors et de rumeurs. On peut dire que j'ai un faible pour les défis. On discerne la passion dans sa voix. Mes recherches ont également un but plus...personnel, dit-elle en esquissant un geste de la main similaire à celui qui avait fait naître, quelques temps plus tôt, l'orbe enflammée au creux de sa paume. Si tu vois ce que je veux dire.

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Message(#) Sujet: Re: Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië Une amitié née dans le sel et les vagues || Namarië EmptySam 16 Mar - 17:09


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C’est presque étrange, cette complicité si vite retrouvée, comme s’ils ne s’étaient quittés que la veille. Ce sentiment de sécurité, alors qu’ils ont tellement changé, avec toutes ces années. Et pourtant, il a envie d’y croire Dmitri, de se laisser bercer par le bonheur de ces retrouvailles et la sérénité de leurs échanges, malgré les non-dits qui planent forcément. Ils ne sont pas seuls, ils sont en Fjerda, autant d’éléments qui font qu’ils ne peuvent pas tout dévoiler. Bien assez, pourtant, pour que la conversation continue allégrement. Aux mots de la jeune femme, Dmitri laisse échapper un sourire coquin qui répond à celui de la jeune femme, avant de hausser les épaules. L’innocence incarnée. « Je suis riche, je suis jeune, j’ai une réputation à tenir, de l’argent à flamber… » s’amuse-t-il, bien conscient qu’elle saura percer à jour ce déguisement. Elle le connaît bien trop pour savoir que ce n’est pas lui.

« Je me suis laissé entraîner. »
Finit-il par avouer, à peine penaud. Ses parents – sa mère – avaient hurlé quand ils avaient appris cette aventure. « Une opportunité, de l’ragent mal dépensé, je suis venu prêter main-forte à un ami dans le besoin. Peut-être qu’on avait un peu bu, eux… définitivement. » Nouveau sourire amusé, nouvel éclat rieur dans ses yeux. Il ne connaît pas le repentir Dmitri, et cela lui a souvent joué des tours. « Je me suis toujours promis qu’un jour ma réputation dépasserai les frontières, Ketterdam semblait un endroit tout indiqué. » Conclut-il avec amusement.

Sa main était venue frôler celle de la jeune femme, un geste d’amitié autant que de charme, en souvenir de ce qu’il avait commencé il y a si longtemps. Elle se laisse prendre au jeu Namarië, et Dmitri ne peut s’empêcher de rire à sa réponse. « Si je me souviens bien. » Glisse-t-il, malicieux, quand il reprend son sérieux. « Je t’ai même proposé de m’épouser. Plusieurs fois. J’ai probablement supplié, aussi. » Il était très amoureux d’elle, petit. « Tu sais bien que je ne peux pas me passer de toi si facilement. » Sa deuxième main vient se poser sur celle de la jeune femme, après un rapide coup d’œil pour s’assurer que personne ne les regarde. Le geste est intime, et serait bien mal vu s’il était surpris. Dmitri laisse vite retomber sa main, avant de lui sourire. « Si tu te décides à kidnapper des gens un jour, pense à moi. » Un clin d’œil charmeur, et voilà déjà la tenancière qui arrive.

Ils échangent leurs récits de vie, leurs parcours respectifs. Il regrette de ne pas pouvoir lui dévoiler la vérité Dmitri, mais le moment est passé, et son secret est si profondément enfoui qu’il ne sait pas vraiment comment l’extraire un jour, si tant est que cela soit possible. Mais la question de la jeune femme le prend au dépourvu. Est-il heureux ? Il ne se rappelle pas se l’être posé, en vérité.

Avant même qu’il ne réponde, elle s’excuse et change de sujet, pour enchaîner sur un autre bien plus palpitant, aux yeux du fjerdan, que ses propres états d’âme. Elle laisse planer le suspense la jeune femme, dévoilant quelque chose de plus secret encore. Namarië la mystérieuse, en plus d’être pirate et princesse des mers ? Il ne perd pas une miette de ses explications Dmitri, son expression parfois incrédule, parfois pensive. Il ne remet pas en doute ses paroles, même si cela lui paraît plus énorme encore qu’être pirate. Et plus prometteur, aussi.

C’est difficile, de trouver quelque chose en rapport avec les grisha en Fjerda. Plus difficile, encore, de le conserver sans que quiconque ne finisse par percer le secret. Il a eu accès à la bibliothèque du Petit Palais Dmitri, il a une vague idée de ce que Namarië esquisse par ses paroles et encore, il sait qu’il est loin de tout imaginer.

Des artefacts grishas. Namarië est une chasseuse de trésors.

« Tu ne cesseras jamais de me surprendre. » Souffle Dmitri. Il ne va pas plus loin cependant, alors que la tenancière leur apporte deux soupes fumantes à l’odeur appétissante, ainsi que du pain et divers accompagnements. La conversation reprend quand elle s’éloigne, et Dmitri ne cache pas son admiration, ni sa curiosité. « Tu ne plaisantais pas en disant que tu aimes les mystères. » Et s’il en a déjà entendu parler, il en a rarement vu de ses propres yeux. « Tu dois monnayer ça une fortune. Mais comment ? Comment tu les trouves ? » Il a du mal à s’imaginer l’ampleur de la tâche Dmitri et tout à sa curiosité, il en oublie allégrement qu’en vérité, il ne devrait rien savoir sur le sujet. « Comment est-ce que ça marche ? Quelqu’un te passe une commande, et tu t’arranges pour lui ramener ce qu’il faut ? » Il ne doute pas qu’il existe un marché pour les artefacts grishas, car si les rumeurs sont vraies, ils permettent d’amplifier leurs pouvoirs. Et il ne doute pas une seconde, Dmitri, que cela existe vraiment. Ce n’est sans doute pas sa place de faire la morale à la jeune femme, mais il espère bien qu’elle sait le potentiel de ce qu’elle met dans les mains de ses acheteurs. « Tant de pouvoir… » Murmure-t-il, avant de pencher la tête sur le côté pour observer la jeune femme. Et si dans sa voix, il y a plus de curiosité que de méfiance, il sait que Namarië sera capable de le percevoir. « C’est pour ça que tu es là ? »

Il veille bien, le Fjerdan, a laissé loin de sa voix toute trace d’accusation. Il ne voudrait qu’elle croie qu’il l’accuse de quoi que ce soit. Ce qu’elle est, qui elle est, ce qu’elle cherche… elle a bien de quoi être méfiante, Namarië. Les deux mains bien visible, Dmitri préfère la rassurer. « Mon offre d’hébergement tient toujours, c’est juste une question. A laquelle tu n’as aucune obligation de répondre. » Il se doute que le commerce de la jeune femme attire bien des malveillances, et bien des dangers, mais il lui ferait de la peine qu’elle le considère comme tel.

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Eté 751
Dans le monde

À KERTCH, les Crows ont attaqué les Mercuriens, réduisant drastiquement leurs unités. Les fondateurs de la ville n’ont pas le choix : les quartiers sous leur juridiction sont réduits à NORTHWOOD et EAST GATE. De plus, la guilde des voleurs a osé dérober aux Crows une carte menant à un artefact grisha. Mais impossible de savoir qui peut bien faire partie de ce groupuscule. Les Corbeaux enquêtent tout en poursuivant leurs travaux sur le Barrel.

Alors que RAVKA est en deuil pour sa reine, le peuple se rebelle contre le Roi Yaromir. FJERDA en profite pour attaquer OS KERVO, la ville portuaire. La bataille est sanglante et les pertes sont considérables, mais l’envahisseur est repoussé. La lumière est faite sur l’escadron secret de la couronne ravkane : LES RÉSIGNÉS. Les frontières entre Ravka et Fjerda sont fermées et des unités militaires sont déployées stratégiquement. Sur le plan économique, le fer et le cuivre voient leurs prix grimper et l’artisanat ravkan gagne en cote. La couronne ravkane tente d’emprunter aux Mercuriens, banquiers de Kertch, afin d’asseoir leur pouvoir.

Pendant ce temps, les grishas du PETIT PALAIS ont connu les routes pavées d’ennemis. Après un combat acharné, ils découvrent un nouvel endroit aux alentours de CHERNAST, dans une grotte à l’abri des regards. C’est leur nouveau sanctuaire, leur chez-eux, mais ils doivent également partir à la recherche des enfants disparus.