Libère-moi de ton emprise [Lurin] [HOT]

C'était dur. De garder rancune contre le beau blond, de rester fâché. Et t'aurais voulu, t'aurais tellement voulu te montrer sous le pire jour, pour être sûr qu'il reste lorsque tu te dévoileras vraiment. Mais tu sais au fond de toi que c'est un de tes trop nombreux mécanismes de défense. Alors tu préfère fermer ta gueule. Ne rien dire pour ne rien risquer. Tu savais que... C'était sans doute le destin qui vous faisait vous croiser sans cesse, et tu te montais sans doute trop la tête avec cette histoire. Un sourire charmeur t'échappes, alors que tu sens des frissons courir sur ta peau sous l'effet de ses baisers. Tu fermes les yeux, un grognement rauque et appréciateur digne d'un gros félin t'échappes.

Tu laisses tes muscles se délier sous l'effet de l'eau chaude, et des caresses de l'homme, tes épaules se détendant petit à petit. Tu tournes la tête, regardant désormais Luka qui s'était posé , mains sur le baquet, menton sur ces dernières. Son regard brille d'un éclat chaleureux et emplit de douceur. Expression qu'on ne pourrait pas soupçonner sur ce visage sévère. Car tu te souvenais de la peur qu'il avait, lors de votre première rencontre, suscité chez toi. Ta paume vient un instant se perdre dans sa crinière, puis caresser sa joue du creux de la main. Tu te penches en avant pour déposer un baiser sur son front.

"Au moins tu t'en rends compte à un moment donné." Que tu laisses tomber, haussant les épaules. "C'est pas ma vie, c'est pas mes choix." Tu finis par ricaner, clignant des yeux. "En tant qu'ancien pirate, si je dois choisir une créature séductrice pour me représenter, je préférerai être une sirène, surtout étant donné que j'adore barboter dans des bains qui durent des heures." Tu fronces un moment les sourcils, avant de le transpercer du regard. "Sorcière ou sirène peut importe. Je te donne mon coeur, si tu le réduit en miette... Hé bien... J'pourrais jouer les créatures vengeresses et juste te promettre milles tourments mais..." Et là, c'est un sourire triste étire tes lèvres. "J'suis pas comme ça. Je me contenterai de disparaître de ta vie pour jamais y revenir." De nouveau, tu fais tourner ton anneau autour de toi doigt, t'amusant avec.

"Mais y'a pas besoin d'être un professionnel des sentiments et de me déclarer ton amour à coup d'envolées lyriques. C'est pas ce que je demande. J'pense pas être... Du genre à apprécier ça de toute façon."

Il s'installe finalement face à toi, vos jambes se touchent, et tu presses doucement ton mollet au sien. "Bien... On pourra se revoir alors. Autant de fois que tu le souhaitera. Je vais à Os Kervo, j'y ai une maison, près du port, à deux pas de la forge. Tu n'auras qu'à m'y rendre visite." Tu lèves le doigt. "Et pas juste pour mon joli p'tit cul hein !" Et tu finis par te tortiller pour changer de sens, et te reculer pour t'appuyer contre lui sans dire un mot de plus, laissant juste les bruits de l'eau apaiser ta petite personne.

Le corps de Frerin sembla se détendre sous les attentions de Luka. Ce dernier perçu dans l’attitude du beau brun que ses baisers étaient appréciés. Les soupirs étaient ceux d’un homme qui savourait l’instant. Ça rassurait le militaire qui s’efforçait d’être sur la retenue alors qu’il n’avait qu’une envie, le serrer si fort contre lui, dans l’espoir d’effacer tout le mal et le garder, rien que pour lui. Alors qu’il était accoudé à la baignoire, Luka frémit sous les lèvres qui épousèrent son front. Une attention infiniment tendre, porteuse d’un message plus beau que des paroles.

Malgré tout, il ne perdit pas l’occasion d’appuyer les actions de Luka qu’il ne cautionnait pas et ce dernier ne pipa mot. Il osa cependant sourire lorsque Frerin se mit à ricaner, s’affirmant plutôt sirène que sorcière. Cette fois Luka sourit franchement.

« Tu as raison, surtout avec ta voix enchanteresse. »

Le plus doux des sons à ses oreilles. La voix grave de Frerin l’emplissait d’une chaleur indescriptible, rendant son existence plus tangible encore. Il aimait l’entendre parler, se plaindre, gémir, toutes les modulations de sa voix résonnaient à ses oreilles comme la plus belle des musiques, alors oui, oui s’il préférait être une sirène, il le lui accordait volontiers. La menace qui tomba ensuite fit froncer les sourcils de Luka, intrigué par ce semblant de prophétie dramatique, mais finalement, la tristesse remplaça l’atmosphère vengeresse.

« Je ne veux pas que tu disparaisses de ma vie Frerin. Plus jamais. »

Ça avait été beaucoup trop dur, il s’en souvenait maintenant, de ne pas savoir ce qui était arrivé au gamin qui l’avait sauvé, et puis, de ne pas savoir s’il allait revoir l’homme qui lui avait fait rencontrer le vrai Luka. Il ne voulait plus être dans cette incertitude. Et même si c’était chaotique, il voulait essayer. Il soupira de soulagement lorsque Frerin affirma ne pas vouloir d’envolées lyriques comme déclarations. Luka savait au fond de lui que c’était ses actes qui allaient compter, et il déplorait de ne pouvoir directement passer à l’étape où l’histoire avec Olivia était réglée. Luka affirma vouloir le revoir, Frerin accepta sous conditions avant de se retourner pour lui offrir son dos.

« C’est vrai, qu’il est joli ton cul, mais c’est toi que je veux apprendre à connaître. »

Répondit-il en l’accueillant contre lui, une jambe de chaque côté de Frerin, ses bras vinrent l’entourer et son visage se caler dans son cou, déposant des baisers sur sa peau. Leurs corps ainsi positionnés, il avait le sentiment que les choses devaient être ainsi. Il se sentait bien, apaisé. Il n’y avait plus que le clapotis de l’eau et le craquement du bois dans la cheminée. Leurs souffles s’accordèrent, puis Luka reprit la parole.

« Pourquoi as-tu quitté la piraterie ? »

Tu sens les gouttes brûlantes ruisseler sur le bout de tes doigts, lorsque tu retires les mains de l'eau, et tu pourrais regarder le tout s'écouler doucement pendant des heures, parfois, il t'en fallait peu pour te concentrer sur ce genre de choses. Tu passes une main dans tes cheveux, avant de lui glisser un regard en coin.

"Et encore, tu ne m'as jamais entendu pousser la chansonnette. J'connais des sea shanty par coeur. Et j'sais siffler aussi." Et tu joins l'action à la parole, sifflotant comme un vrai rossignol, l'air est entraînant, juste le temps de quelques secondes. "Bon en réalité, j'suis plus grande gueule, que grand chanteur." Du moins tu ne te risquais pas vraiment à te laisser aller à la chansonnette, généralement tu te contentais de quelques piques susurrées de ta voix grave, doucereuse. Et finalement, ton regard se plonge dans ses yeux, ton regard qui peut être aussi acéré que celui d'un rapace, cherchant ses prunelles, son attention.

"Je ne me laisserai pas dépérir de trop t'attendre. Je ne suis pas la personne qui attendra que tu ai fini de faire semblant et de jouer au petit couple parfait en soupirant à ma fenêtre, j'espère que j'ai été clair. Ce n'est pas une menace, juste une constatation." Et il y a cette éternelle franchise. Cette caractéristique qui t'avais fait prendre plus d'un coup dans la gueule. Parce que t'avais toujours été ce garçon, plus effacé que sa soeur, mais avec une franchise à toute épreuve. Généralement tu mettais les deux pieds dans le plat avec une délicatesse toute relative. -La délicatesse d'un cheval de trait qui rue dans un magasin de porcelaine.- Mais t'étais comme ça. Tu supportais pas le mensonge, quand cela te concernait. Tu l'avais trop vécu, avec ta soeur. Elle était spécialiste des mensonges par omission "pour ton bien". Un petit sourire, et un reniflement amusé s'échappe de tes lèvres.

"Bonne réponse, tu as révisé les bases de la séduction joli coeur ? Je suis fier de toi." Ton corps était pressé contre le sien, et ces gouttes qui coulaient toujours de tes doigts. Comme si quelque chose t'échappais. La question arrive à tes esgourdes, mais tu mets du temps à répondre. Avant de finalement parler. Ta voix, elle ne s'élève que rarement, douce, grave, toujours sur la même tonalité, certains murmurent qu'elle a la capacité, non pas de charmer, mais d’amener la paix, d'endormir, lorsque tu le souhaites, peut être qu'effectivement, il y a des gènes de sirènes dans ta famille.

"Après la mort de ma mère et notre fuite, nous avons été recueillis par un couple de vieux. Le mari était pêcheur. C'est lui qui nous a apprit la navigation. C'est la vieille, qui est morte en premier, son mari a suivi quelques jours plus tard, et nous nous sommes retrouvés à nouveau abandonnés, livrés à nous même. Les vieux vivaient de la pêche. On a bien essayés de vivre correctement, mais personne ne voulait engager des gones inexpérimentés. Alors on a finit dans la faim et la misère la plus extrême. On a commencés par voler pour vivre. Puis de fil en aiguille, on s'est tournés vers la piraterie. Ce n'était pas les plans de carrière à la base. Du moins pas le mien. J'ai fais des trucs discutables, et j'en ai eu marre, de vivre... Que pour moi. J'poursuis mon propre but, et maintenant je protège les miens. Le général Kirigan veut que les grishas soient enfin acceptés. Qu'on ait plus à souffrir. Qu'il n'y ait plus de gosses comme... Ma soeur et moi. J'me bas pour toutes les générations futures, et j'ai plus à rougir de ce que je fais. J'participe à un truc bien plus grand que moi. J'suis qu'un misérable grain de sable, mais j'défend des idées qui me donne envie d'me lever le matin. J'ai trop souffert... Pour arriver là où je suis. J'ai quitté la piraterie et ma famille dans ce but. Pour que eux aussi, ils aient plus à souffrir de pas être acceptés, d'être rejeté." Et ton regard brille, alors que ta voix se fait galvanisante, inspirée. Ton regard brille de cette chose aussi bonne que néfaste. L'Espoir.

« Oh, vraiment ? Tu chantes ? »

Il se sentir rougir un peu, son cœur accéléra. Il se sentait vulnérable dès qu’on touchait à sa fibre artistique. Chose qu’il n’osait que très rarement montrer. Il y avait très peu de monde qui savait qu’il aimait lui-même chanter et qu’il était plutôt bon à ça. Cela leur faisait-il un bon point commun ? Il sourit lorsqu’il l’entendit siffloter, marquant le rythme sur la peau de Frerin du bout de son index sans même s’en rendre compte.

« C’était joli. J’aime chanter aussi. »

Sa voix était un murmure timide, comme s’il redoutait que son amant ne lui demande une démonstration de son talent. Il ne saurait pas vraiment quoi chanter. Il y avait bien des chants militaires, mais ce n’était pas intéressant. Il ne connaissait pas vraiment de chansons d’amour. Après, il y avait bien cette femme qu’il avait entendu chanter à plusieurs reprises. S’il arrivait à se souvenir.. Mais déjà la phrase de Frerin le piquait droit dans sa fierté, piquait dans ses craintes.

« Tu...est-ce que ça veut dire que tu voudras pas qu’on se voit pendant ma mission ? »

Puisqu’il s’agissait de ça, autant lui donner ce nom. Luka n’était pas certain de comprendre les sous-entendus de Frerin. Si jusque-là, il n’avait pas pensé aux autres amants de l’énigmatique Inferni et que lui-même ne s’était pas privé, surtout auprès d’une certaine Fleur, et bien, l’idée de devoir désormais partager celui qui avait établit une place importante dans son palpitant agité, lui attaquait violemment les entrailles. Mais il n’avait pas le droit d’exiger quoi que ce soit alors il ne fit pas de commentaires supplémentaires.

Frerin évoqua sa maison à Os Kervo, l’invitait même, tout en le mettant en garde. Si Luka répondit sincèrement, Frerin s’amusa de cette réponse. Les sourcils du militaire se froncèrent. Il n’avait pas envie de se justifier alors qu’il faisait beaucoup d’efforts pour ne pas réagir comme un idiot sans manières. Et qui plus était, parler davantage de ses sentiments. Il grommela, légèrement boudeur.

« Je le pense vraiment... »

Changeant de sujet, retrouvant son calme, Luka posa une nouvelle question. Il étreignit un peu plus le corps de Frerin lorsque celui-ci aborda son enfance, l’abandon, être livré à soi-même, connaître la faim et la misère, chose qu’il n’avait pas connu. Et puis l’Inferni évoqua le but de son combat. Luka écouta attentivement. Le Général évoqué semblait avoir un but noble finalement. Le portrait que dressait Frerin était totalement différent de celui qu’on leur faisait dans le corps de l’armée. Évidemment que le roi cherchait à ternir l’image d’un de ses plus grands rivaux. Il soupira contre la nuque délicate.

« Je comprends mieux. »

Son étreinte se fit douce, sa voix murmure grave contre le crâne de Frerin qu’il embrassait entre chaque phrase.

« C’est courageux. J’espère qu’un jour ça sera possible. Nous, Grishas autour du roi, on est à l’abri, mais c’est bien loin d’être le cas pour tous les autres. »

Il marqua une pause.

« Si je peux être honnête. Au départ je m’en fichais du sort des autres. Je faisais juste ce qu’on me demandais. Et puis j’ai rencontré des gens qui sont devenus importants pour moi. Comme toi. »

De nouveau ses lèvres embrassèrent la nuque de Frerin.

« Tu m’a donné envie de faire quelque chose aussi. Je ne sais pas encore comment, ni quand, mais je ne resterais pas les bras croisés à attendre qu’il se passe quelque chose. »

Le ton de Frerin était communicatif et Luka disposait désormais d’une détermination qu’il ne se connaissait pas encore. Elle était mêlée d’excitation et de crainte devant le grandiose et l’interdit. Ses lèvres se baladèrent sur l’épaule du brun, remontèrent jusqu’à sa mâchoire pour chercher sa bouche. Cette proximité lui donnait envie de le découvrir, le parcourir. Ses mains restaient aussi sages que possible mais ses baisers lui échappaient contre l’épiderme de l’Inferni. Il voulait profiter de sa présence, de son odeur, de la sensation qu’il lui faisait éprouver tant qu’il était là. Car il savait que bientôt, ils devraient quitter la pièce pour rejoindre leur chambre.

Et tu souris, comme si tous les poids sur tes épaules s'était envolé, comme si rien n'était grave, comme si vous ne viviez pas dans un milieu où la mort vous attends à chaque recoins. Après ce bain, tu reprendras ton fardeau sur les épaules, mais ça ne t'empêche pas de profiter de cette entrevue, de ce contact, de cette peau, contre la tienne. Tu hausses les épaules.

"Un peu... Mais je ne suis pas sûr d'être si bon que ça." Oui... Chanteur à la grande gueule, mais comment être sûr de valoir le coup ? C'était que des apparences comme souvent. Pourtant t'avais appris à siffler avec le vieux. Et t'avais sincèrement aimé ça, jouer les oiseaux, moineau dans les bons jours, corbeau dans les mauvais. Il est tout timide, le blond, quand il avoue à demi mot qu'il sait aussi chanter, et tu attrapes doucement la main qui vient à ta portée. "Je ne te forcerai pas à chanter si c'est quelque chose de trop intime, d'accord ? Parfois y'a quelques jardins secrets qu'il ne faut pas fouler du pied, et c'est ok. Après sache que si un jour tu as l'envie de me chanter la sérénade, j'en serais le plus honoré."

Y'a d'l'inquiétude dans la voix de Luka, et t'as l'envie irrésistible de lui dire que oui, vous vous reverrez pas, oh oui ça te chatouille, mais c'est pur vengeance, et tu n'as pas envie de lui faire du mal, quand bien même tu étais encore fâché après lui. Tu hausses les épaules.

"Bien sûr que non. J'accepte, mais ne m'impose pas votre présence à tous les deux, ça me ferais souffrir pour rien." Et t'étais sincère dans tes propos. Y'avait une différence entre savoir que l'homme qu'on appréciait passait du temps avec quelqu'un d'autre, que de le voir, t'étais pas le genre à vouloir t'imposer ça, plus jamais.

L'eau avait toujours su t'apaiser, c'était étrange, c'était l'élément de ta soeur. Toi... Tu avais passé un temps incroyable à apprendre à apprécier, à accepter ta petite science. Parce que le feu était plus effrayant que l'eau. Et que tu gardais un souvenir indélébile dans le dos. Cet amas de tissus cicatriciel faisait parti de toi.

"Oui... C'est ça. J'ai souffert de ma différence toute ma vie. Les gens du petit peuple crèvent pour ça. On doit se cacher, on est traqués. Je ne veux plus vivre dans un monde pareil." Et tu l'écoutes finalement parler. Sentant ses lèvres tracer un chemin inconnu le long de ton épiderme, laissant chaque embrassade faire naître des frissons de plaisir. Il y a une expression sereine sur ta bouille. Et tu hoches finalement la tête.

"On peut tous faire quelque chose à notre échelle. Déjà... éduquer les générations futures pour que plus jamais il n'y ait des violences à nos encontre. Si tu savais... J'ai des rêves pleins la tête, mais je ne suis pas sûr de voir un jour le fruit de nos efforts... J'aimerai vivre dans un monde de paix. J'aimerai imaginer un monde où nous fonctionnerons main dans la main. Mais... Ce ne sont que des idéaux..." Et tu baisses les yeux. "Aujourd'hui... Il ne reste que ça. De l'espoir." Parce que tu savais que tôt ou tard on trouverait votre cachette, parce que tu savais que ce rêve allait être dévoilé, et qu'il serait ensuite détruit.

"Les sankts sont vénérés, mais on oublie un peu vite à quel point ils ont étés martyrisés pour ce qu'ils étaient." Car pour la communauté, il n'y a aucun doute quant à l'appartenance des sankts. Des grishas puissants, massacrés sous prétexte de différence. A nouveau, s'échappe de tes lèvres une mélodie sifflée. Tu finis par laisser ta tête aller en arrière pour voler un baiser à ton compagnon. "L'eau va être tiède, et si je la réchauffe, nous ne sortirons jamais..." Et pourtant, c'est déjà ton index qui attrape la flamme de la bougie qui brûle juste à côté, alors que tu approches la flamme de l'eau, laissant cette dernière se réchauffer doucement.

« Dur de se juger soi-même au final… On est souvent trop exigeant. Jamais satisfait. »

Il parlait pour lui évidemment. Il n’était pas du genre à s’affirmer doué pour quoi que ce soit. Il était bien souvent simplement là où on lui disait d’être, faisant ce qu’on lui disait de faire. Un carcan militaire dans lequel il avait été enfermé dès qu’il avait commencé à vivre avec son père, loin de sa nourrice et mère de substitution, Galia. La main de Frerin qui attrapa la sienne le fit frissonner de tout son être. Ce geste avait bien plus de signification que des paroles, même si celles qui suivirent rassurèrent Luka.

« J’aimerais qu’on chante ensemble un jour, si. Enfin si ça te dit. Je dis que j’aime chanter, mais je ne sais pas si c’est bien… mais surtout, je ne connais pas autre chose que des chants militaires...alors être capable de chanter une sérénade...j’en suis loin. »

Il prenait ça très à cœur. Il avait envie de bien faire pour Frerin. Il avait envie de l’impressionner, de le séduire. Serait-il assez patient pour voir ce jour arriver ? Luka avait déjà chanté avec son meilleur ami, mais jamais le chant n’avait été employé pour faire passer un message, et encore moins des sentiments aussi forts que ceux qu’il éprouvaient pour cet homme entre ses bras. Désormais, il avait envie que ça soit le cas. Frerin le chamboulait perpétuellement, remettait en cause tout ce qu’il pensait savoir. Ses certitudes volèrent d’autant plus en éclat lorsque Frerin suggéra qu’ils puissent ne pas se voir du tout pendant qu’il jouait les faux fiancé auprès d’Olivia.  Un soupir de soulagement traversa ses lèvres alors que l’Inferni posa ses conditions.

« Je comprends, j’essaierais de faire en sorte que vous ne vous croisiez pas. »

Les langues s’étaient déliées et les deux hommes n’hésitaient plus à échanger leurs points de vue. Là où Luka se serait énervé, fut un temps d’entendre quelqu’un faire des généralités sur la différence entre les riches et les pauvres, il n’en était rien. Désormais, il comprenait. Il avait rencontré des gens hors de sa sphère sociales. Milo. Olivia. Frerin. Ils avaient ce point commun que tout ce qui était matériel était plus difficile à obtenir pour eux, et ils devaient redoubler de labeur pour obtenir ce que Luka avait sans avoir même besoin de lever son épée, juste parce qu’il était le fils de Vladimir Leonov et que son père possédait des terres et un titre de noblesse. Et il n’y avait pas que le statut social. Il y avait l’aspect de la Petite Science qui rajoutait une difficulté non négligeable. Il remerciait Frerin de lui avoir ouvert les yeux. Ses discours et la flamme dans ses prunelles avaient été bien plus impactants que les coups qu’il avait reçu d’Irina huit ans plus tôt, et dont il se souvenait pourtant encore très bien. C’est seulement en ayant eu la crainte de perdre cette homme qu’il avait réalisé l’importance de tout ça.

Il écouta Frerin parler, déposant des baisers ça et là selon l’inspiration. Doux, tendres, il s’imprégnait de lui à travers tous ses sens. L’Inferni évoqua ses rêves, Luka marqua une pression dans son étreinte.

« On fera tout notre possible pour être encore là. Je veux voir ça avec toi. Je veux...je veux partager cet espoir, si tu veux bien de moi. »

Il soufflait dans son cou en parlant, continuait de laisser ses lèvres le parcourir tendrement. Il avait une envie irrépressible de l’embrasser, encore et encore, comme s’il voulait faire les stocks avant de devoir patienter jusqu’à la prochaine fois.

« Toi et moi on sait à quel point les traditions sont hypocrites par rapport à leurs origines. Les gens oublient comment tout a commencé. On ne garde que des règles qui arrangent les plus puissants et on passe ça sous le couvert de célébrations auxquelles tout le monde se plie. Moi le premier. Jusqu’à ce que je te rencontre. Alors je me dis, que tout est possible. »

Il l’avait tant fait réfléchir, il l’avait tant changé. Mais dans le bon sens, il en était sûr. Évidemment il ne pouvait pas se défaire de toutes ses mauvaises habitudes d’un coup, mais il voulait vraiment faire des efforts pour l’homme dont il était en train de tomber fou amoureux. Le sifflement de Frerin fut rejoint par un murmure chanté de Luka, improvisé, pas de paroles juste une mélodie, et finalement, leurs bouches se rejoignirent, enflamment malgré lui le Durast qui sentit son bas-ventre se tendre, sa respiration devenir plus irrégulière. La voix grave de Frerin lui parvint, pleine de délicieuses promesses.

« C’est un risque que je veux bien prendre. »

L’eau se réchauffa agréablement autour d’eux, venant combler au fur et à mesure la différence avec celle émanant du corps de Luka, embrasé par le contact sensuel de son amant, sa bouche se posa sur la sienne, en savoura le goût dès que sa langue partie à la recherche de sa jumelle. Il avait envie de lui, mais ne le pressait pas, il le laissait décider.

Tu hausses les épaules, dans ton bain, l'air songeur. "Vaut mieux être trop exigeant que pas assez non ? ça nous force a être des humains meilleurs. Ceux qui ne se remettent jamais en question prennent des directions bien périlleuses si tu veux mon avis." Que tu lances. Toi, t'es tellement assaillis de doutes tout le temps, que c'est un passage obligé. Et pourtant toutes ces émotions, tu les cachais devant le plus efficace des masques. Cet air de petit con que tu préservais envers et contre tout. Tu regardes tes ongles un moment, avant de lui glisser un regard amusé.

"Je pense que ma soeur va m'arracher la tête quand elle saura que je sors avec un militaire. Elle risque de ne pas te rendre la tâche facile. Notre père était militaire. C'est aussi pour ça que j't'ai provoqué la... Deuxième fois que nous nous sommes rencontrés. J'ai pensé à lui, et j'avais envie de voir si vous étiez tous les mêmes." Et tu éclates d'un rire sincère. "Tu ne connais pas des chansons de ton enfance ? On t'en as jamais chanté ? Nous on en avait pleins. Après... J'ai le même problème que toi, je connais que les chants de marins." Tu n'étais pas particulièrement bon chanteur, tu t'étais étonné toi même lorsque tu chantais, sifflais sans craindre jugements, quelques sea shanty lorsque tu étais toujours sur le Kraken. "J'sais pas... Chanter des trucs trop élaborés. J'suis pas vraiment fait pour ça. J'veux bien être muse, mais on va pas aller bien loin. J'veux bien chanter avec toi mais ce sera pas glorieux Luka." Tu éclates de rire. "Je vais attirer tous les chiens du quartier."

Tu hoches finalement la tête, murmurant, en haussant les épaules. "Si cela arrive, cependant, je ne suis pas sûr que je pourrais me contrôler et être agréable. Alors c'est à toi de faire en sorte que ça n'arrive pas." Et tu le pensais. Tu pouvais être vraiment désagréable. Tu n'avais rien contre le polyamour, mais voir cette personne qui semblait suggérer une relation exclusive, minauder -quand bien même pour de faux- avec quelqu'un d'autre ? Tu n'avais pas l'assurance qu'il fallait pour dire que tu ne tenterais rien. Tu pouvais être rosse quand tu le voulais. Tel une reine capricieuse, petit joyau de l'océan savait montrer ses crocs et son mordant, jamais dans les actes, toujours avec la langue. Tu te laisses choyer, embrasser, sans te faire prier, tu avais l'impression d'être une partie du monde de cet homme, alors même que vous ne vous étiez pas tant rencontrés que cela. étais-tu aussi inoubliable que cela ? Tu en doutais énormément.

"Je ne vois pas d'oppositions. Donc j'te veux bien avec moi trésor." Que tu réponds du tac au tac, te détendant petit à petit dans cette étreinte douce, loin de la brusquerie et de la maladresse qu'il avait, il y a de cela combien de temps déjà ? Un an ? Deux peut être. Un sourire délicat vient étirer tes traits. "J'emmerde les traditions. Mon père voulait que je tue un lapin à mes six ans "pour devenir un homme" il voulait me sculpter à son image. J'ai jamais voulu, j'ai perdu tout intérêt à ses yeux. Pire encore. Il a voulu me faire disparaître." Y'a l'émotion qui bouffe ta voix, encore aujourd'hui. Tu serres doucement les poings. "Je me suis juré de ne pas entrer dans leur carcan peut importe ce qu'il m'en coûte. Je l'ai fais une fois, à la forge, pour me rendre le quotidien plus facile, mais j'étais malheureux." Tu hausses les épaules. "Je ne me sens ni particulièrement masculin, ni particulièrement féminine en réalité et... On force, sans cesse, pour que j'ai une "boîte" dans laquelle me ranger. J'ai dû me battre pour survivre. Je déteste ce mot. "tradition" et tout ce qu'il représente."

Vos voix s'entremêlent, et le mélange des deux n'est pas désagréable à ton oreille, tu attrapes sa main, pressant doucement ses doigts. Finalement, vos lèvres se pressent à nouveau l'une contre l'autre. La soirée ne faisait que commencer, et tu étais en pleine forme. Vos corps s'entremêlent, vos lèvres chatouillent l'un l'autre, vos voix se répondent dans la semi obscurité de la chambre que vous aviez fini par rejoindre, et, alors même que tu sais que la nuit se fait vieille, que le soleil poindra son nez d'ici une heure, tout au plus, tu t'endors. Te laissant aller au sommeil sans rêves, pour une fois.