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  Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric]

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Alaric
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Message(#) Sujet: Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric]  Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric] EmptyJeu 18 Aoû - 22:15



Une cargaison douteuse,
un dragon et un poulpe
- @Andrei M. Witt & Alaric

Mon regard se porte à l’horizon. Cela fait déjà quelques heures que la lueur mordorée du soleil a cédé sa place à l’obscurité, la complice de nombreuses transactions, assurance de tranquillité. Nous voguons à bonne allure sur une eau étonnamment calme. Je prends ça comme un bon présage pour cette nuit. Les choses devraient se dérouler sans accro non ?

Le Kraken se rapproche rapidement du port où nous nous apprêtons à mouiller. J’ai grande hâte de déposer la cargaison à Kaze. Avec les quelques jours de voyage, le contenu commence à sentir. Le cadavre j’ai l’impression. Mais je n’oserais pas vérifier. On me demande parfois d’aller chercher des plantes exotiques qui ont exactement la même odeur après tout…. Intérieurement, je préférerais que ça soit ce genre de lubie plutôt que des morceaux de corps. Pour le coup, c’est bien un de ces moments où il vaut mieux ne rien savoir. Cela dit je vais encore devoir aérer les cales pendant longtemps pour faire partir tout ça. D’ailleurs, j’ai bien vu aux lèvres pincées de Liselotte que ça ne lui plaît guère de trimballer de telles caisses, mais elle ne dit rien. Comme moi, elle sait que Kaze est un bon client et les bons clients, il faut les choyer. Surtout ne pas critiquer ou même suggérer que les marchandises sont douteuses. Je demanderais à ce bon vieux Leo de nous concocter une potion spéciale pour parfumer tout ça.

Je soupire un peu et donne quelques instructions  pour accoster dans le coin le plus reculé du port avant de me rendre dans les cales pour aider à ramener tout ça sur le pont. Il n’y a pas de raisons que je laisse le soin à Cuisto de tout faire. Liselotte se permet de recompter le chargement au fur et à mesure. Une fois que tout est prêt, je me rends au point de rendez-vous sur le quai, non loin d’une ruelle un peu sombre. Bien trop pour la luminosité actuelle mais je reconnais la silhouette du commanditaire presque aussitôt. Toujours cette même posture. Il pourrait avoir fière allure s’il bombait un peu plus le torse. Je me rapproche avec un sourire.

« Bonsoir Kaze, je te ramène tes savons à la lavande comme convenu. »

Je laisse échapper un rire. Évidemment que ça n’en est pas, ou alors ils sont sacrément mal faits. Je lui tends la main pour le saluer plus poliment.

« Besoin d’aide pour déplacer le chargement où tu as des bras pour t’aider ? »

Je me suis toujours demandé ce qu’un homme comme lui peut bien faire de toutes ces cargaisons. Il doit avoir derrière lui des tas de gens à gérer. Mais j’ai repoussé la force de cette curiosité contre la prudence de l’ignorance à l’aura qu’il dégage.  Quelque chose en lui me pousse à me tenir à carreaux malgré tout. Pourtant ça ne m’empêche pas de le taquiner à la moindre occasion. Je suis fait ainsi, sans aucune pointe d’humour tout me paraîtrait triste.

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Andrei M. Witt
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Message(#) Sujet: Re: Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric]  Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric] EmptyLun 22 Aoû - 18:36

Une cargaison douteuse,
un dragon et un poulpe

Un voyage de plus, onze heures à pied dans la poussière et les rues et les champs et les pluies et les fleurs et les gens : Andrei trouve que, sérieusement, il fait un peu trop souvent l’aller-retour entre la capitale couverte de fioritures et de fientes, crade dans les recoins où sévissent les Dragons et rutilante là où ils sèment la mort, et le port le plus proche où il n’est pas encore trop connu. A qui la faute, si monsieur a besoin de composants ? Les expérimentations sur lesquelles tout son ordre se fonde, les corps torturés dans les souterrains de son quartier, ont besoin de ces objets et de ces ressources qui n’ont pas cours sur le marché légal… Et, si d’ordinaire, il préfère passer par sa fille pour tout ce qui touche au marché noir shu, on ne trouve que de l’autre côté de la Vraie-Mer, sur les rebords de l’ïle Errante, les touches finales.
Une ou deux gouttes de sang, pas le sien, jamais le sien – il ne faudrait pas que la catastrophe se répande entre les corps défendant, qu’il crée ce qui ne doit pas être – se mêlent au parfum de fleurs interdites, aux blessures purulentes et autres joyeusetés que la morale voudrait effacer.

Comme souvent, fantôme d’un passé sombre, il porte cette tenue blanche et ridicule conservée au prix de nombreux efforts de d’encore plus nombreuses moqueries. C’est un rituel, un signe de reconnaissance, le symbole d’une résurrection – ou de l’esprit délité, déité vindicative, âme vengeresse, que les Dragons ont toujours été depuis leur création.
Le chef est arrivé seul, les mains dans les poches comme à son habitude, l’odeur de lilas et de lavande flottant derrière sa silhouette décharnée : il laisse traîner sa trace florale pour que l’odeur de pourriture et de corps perdus ne s’accroche pas à son image déjà bien entamée par cette fatigue qui lui colle à la peau. Un sourire aux lèvres, pas prudent pour deux sous : Grisha sans talent, enfant sans peur, il sait protéger ses affaires.
(Deux Inferni sont prêts à incendier n’importe quel garde qui oserait commenter ; dans l’ombre, une de ses fidèles, assassin de la première heure, fait en silence les cent pas sur un chemin de ronde prédéfini ; aux fenêtres des demeures endormies on devine quelquefois le passage d’une lanterne ou un œil intéressé : les dernières recrues, le coeur recruté par le savoir offert par les Dragons, font le guet depuis leurs chambres exigues)

« Parfait, je commençais à me lasser de sentir le cheval. » répond du tac au tac le centenaire aux traits bouffés par le manque. (Il sourit pourtant, comme pour cacher les violentes vagues qui parcourent son épiderme) . Ses doigts décharnés, rendus raides par les heures de chevauchée et secs par le manque de mouvement naturel, serrent brièvement la main tendue. Contact visuel, le mec en blanc n’a peur de rien. « Eh…. Je crois que j’ai besoin d’un peu d’aide. Si l’un d’entre vous peut m’aider ? La zone est sécurisée, ajoute-t-il en penchant la tête – cascade noire, trop longue, nuit dans l’éclatante couleur – je m’en voudrais qu’on prenne trop de risques. »


@Alaric

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Message(#) Sujet: Re: Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric]  Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric] EmptySam 10 Sep - 1:17



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- @Andrei M. Witt & Alaric

Maintenant que je suis plus près de lui, et malgré l’obscurité ambiante, je peux voir à quel point il est fatigué. Sa tenue immaculée reflète la lune et éclaire ses traits. Pourtant, c’est avec vivacité qu’il me répond aussitôt. Et c’est bien envoyé. Je ricane à sa plaisanterie en attrapant sa main pour le saluer. Sa main sèche, rendue rugueuse par le trajet. Elle frotte contre ma peau et malgré ma vie de marin, je peux dire sans mal que la mienne est moins abîmée que la sienne. Voyager à cheval, quelle idée ! Rien ne vaut un bon navire qui épouse le roulement des vagues et la chaleur du bois de la barre sous ma poigne. J’ai une soudaine envie de le soigner, de lui rendre les mains plus douces, et pourquoi pas même, d’effacer sa fatigue. Une drôle de lubie qui s’efface aussitôt que notre contact physique se rompt.

Mon sourire se fait chaleureux. Je ne connais pas spécialement Kaze, on ne se dit jamais rien de personnel, mais j’ai appris à apprécier nos cours échanges. Il a son regard planté dans le mien quand il accepte ma proposition, ajoutant que la zone est sécurisée, mon sourire s’étire de nouveau. J’en ai parfaitement conscience, je ressens les présences attentives autour de nous. Avant c’était quelque chose qui me mettait mal à l’aise, aujourd’hui, je sais tout à fait qu’en restant dans les clous de notre contrat je ne risque rien et je ne m’en fais plus autant. Peut-être est-ce une erreur, je devrais toujours être sur mes gardes, mais je suis comme ça. Je fonctionne au feeling. Admirant un instant ses cheveux à l’aspect soyeux envahir sa tenue, mon regard revient se ficher dans ses prunelles sombres, espiègle.

« Pas de soucis, mes gars et moi on est discrets aussi, tu sais bien. »

D’ailleurs je suis probablement le moins discret de tous. Mais je sais aussi me tenir ! Mes épaules se secouent un peu. Finalement je retrouve mon sérieux et tape discrètement dans mes mains.

« Très bien chef, on les mets où ? J’vais demander à Cuisto de nous filer un coup de main pour déplacer les caisses, pendant que les autres surveillent le Kraken. »

Même si les hommes de Kaze ne s’occupent de surveiller que les alentours de notre point de rencontre et que mon navire ne fait pas partie de leur mission, je suppose qu’ils n’hésiteraient pas à au moins prévenir s’il y avait quoi que ce soit de suspect de notre côté. J’avise l’endroit que Kaze m’indique et je commence à déplacer les caisses. Mon regard curieux se porte sur cette homme mystérieux.

« Comment fais-tu pour garder une tenue aussi blanche ? »

Ça ne me viendrait pas à l’idée de me vêtir de couleurs aussi claires. Ou du moins pas sur toute la tenue. Je me tais le temps de porter les caisses, plissant le nez pour ne pas respirer leur odeur nauséabonde. Pas toutes, mais certaines...ah c’est compliqué de ne pas se poser des questions à leur sujet, mais, je ne prendrais pas le risque de faire fuir mon client. Je finis par demander.

« Tu repars aussitôt après ou tu as le temps de boire un coup ? »


Bien conscient qu’il a un long chemin à faire, j’aime quand même l’idée qu’il me paie autour d’un bon verre. Et peu importe un verre de quoi.

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Andrei M. Witt
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Message(#) Sujet: Re: Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric]  Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric] EmptyMar 20 Sep - 17:55

Une cargaison douteuse,
un dragon et un poulpe

C’est un reflet de lune, reflet de lame, de l’âme, ou bien une larme. Il y a des dizaines d’analyses possibles au blanc qu’Andrei se force à porter à chaque contact avec ceux de son sang. Une envie, désespérante, d’être aimé peut-être ? La marque d’une organisation sale, qui traîne des écailles fendues le long du monde et cache une peau moisie, pourrie, infectée de blessures purulentes ; il faut bien la plus éclatante et immaculée des tenues, pour que le message passe. Il faut bien que le monde soit au courant de qui dirige dans l’ombre, la nuit, les ruelles sombres, le Dragon aux griffes mortelles – croquemitaine jusqu’aux frontières, guère plus loin.
Il est un fantôme aux membres déliés, délités, qui s’agite dans la lumière à laquelle il n’appartient pas. « Discrets, oui. »
Il approuve d’un hochement de tête. La fatigue ne se lit pas sur ses traits mais s’entend dans le ralenti de ses gestes : il prend du temps pour imprimer, le Dragon. Pour peu, il oublierait presque où il en est, ce qu’il devient – son corps malmené par les privations incessantes et les nuits à courir le port et les rues font du fantôme en tenue blanche un être hors du temps ayant du mal à s’accrocher à l’existence. Il approuve, et sourit.

« Eh… J’ai ma cariole qui attend normalement dans l’allée, si tout va bien. Tiens, là-bas. »
D’un pas élastique, la raideur de ses membres ne venant pas alourdir ses quelques enjambées – alors qu’il y a bien presque une journée entre la capitale et ici, si l’on prend en compte les chemins détournés où l’on s’égare – il se décale pour désigner la charrette de transport aussi ancienne qu’à son habitude. Une bâche patiente, pliée pour le moment, qui servira à parfaire l’illusion d’une importante cargaison à laquelle il ne faut pas faire gaffe. Manquerait plus que la milice ouvre le tout – l’odeur ne les alertera pas, quand ils s’éveilleront, Andrei sera déjà rentré.

La question le fait doucement sourire. « J’ai le temps de boire, bien évidemment. Vous êtes un peu mon seul contact avec le monde, au dehors, pourquoi m’en priver ? C’est plus pour toi, si tu veux profiter de la nuit pour repartir. Je doute que le port te laisse amarrer sans explications. » ajoute le Dragon en attrapant quelques caisses pour aider au transport. Ses bras souffrent, son coeur s’emballe, mais il réussit à parler sans avoir l’air d’y passer : un exploit. « quant à ma tenue… Secret. »
Un clin d’oeil assorti d’un rire essoufflé, une caisse qui s’appuie sur tant d’autres le fait haleter un peu plus que prévu et jurer dans le ravkan ancien qu’il associe aux douleurs de son corps, de son âme enragée, déchiquetée ; « Désolé. Eh… Ecoute. Y a dans les caisses de quoi faire une lessive décapante étonnante, tu serais surpris. Le brun rigole comme il peut, grapille l’air ici et là. C’est ma seule demande, de porter du blanc, une fantasie récente à laquelle je dois me donner les moyens de complaire, non ? »


@Alaric

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Message(#) Sujet: Re: Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric]  Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric] EmptyMar 11 Oct - 23:39



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- @Andrei M. Witt & Alaric

Étonnamment l’entendre confirmer notre discrétion et par la même occasion notre efficacité dans notre travail me fait plaisir. Je dois avoir un sourire fier. Mais ça ne dure pas, comme toujours mon empathie exacerbée à cause de ma petite science me permet de saisir l’étendue de la fatigue de mon interlocuteur. J’ai la drôle d’impression à ses côtés d’être en présence d’un vieux sage qui en sait trop pour ce monde. Ou qui en a trop vu. J’éprouve une drôle d’affection pour cet homme, quelque chose que je ne saurais pas expliquer.

Il m’indique son véhicule de chargement et j’en profite pour transmettre l’information à Cuisto d’un signe de tête et de mon index pointé dans la bonne direction. Je constate que sa perspicacité et l’habitude du processus l’avait déjà mené au bon endroit. Je souris.

« Et efficaces. »

C’est un murmure pour moi-même. J’ai toujours apprécié travailler avec Cuisto, c’est quelqu’un qui va droit au but et qui ne perd pas de temps à agir, s’il sait où aller et quoi faire, on peut être sûr qu’il le fera. Je me demande encore pourquoi c’est moi qu’on a nommé capitaine du Kraken quand Cuisto a tout du leader solide. Un drôle de choix selon moi, mais je ne me plains pas, ça me donne le droit à la plus grande cabine du navire, ce qui n’est pas négligeable. A contrario, ça m’oblige à trancher pour les décisions difficiles, c’est la partie la moins sympathique du rôle...

Kaze semble ne pas relever ma question sur sa tenue. Je suis étonné. Il préfère embrayer directement sur ma proposition d’aller boire. Je souris. Je reconnais les priorités. Les bonnes. Je le taquine.

« Tu ne serais pas un peu pirate toi ? On repartira juste avant le lever du jour, ça suffira amplement. Et puis ce n’est pas rare qu’on accoste ici pour faire affaire ou tout simplement pour le plaisir. »

Je songe à Leÿlin et Frerin que j’ai rencontré non loin d’ici, au Soleil Levant. Je ne m’attendais pas à ce que le voyage soit aussi animé. Cet agréable souvenir en mémoire. Je m’empresse de faire ma part du boulot et m’empare d’une caisse, songeant toujours au mystère de la tenue immaculée de Kaze. Je me rapproche de lui avec une des dernières caisses.

« Si tu as la recette d’une lessive aussi efficace, je suis sûr que tu pourrais te faire du blé avec ça ! Même pas obligé de donner ton secret. »

Je souris avant de faire une mine inquiète devant la réaction soudaine de Kaze, exprimant une sacrée douleur dans son attitude. Je vois bien qu’il essaie de sauver les apparences, mais je ne peux pas m’empêcher de lui chuchoter.

« Ne t’excuse pas, je pourrais te soulager tu sais. »

Pour l’un comme pour l’autre, notre vraie nature est loin d’être un secret, contrairement à la recette de cette satanée lessive miracle. Je lui glisse l’option, s’il le souhaite. En un tournemain, plus de douleurs. Mais il faudrait le faire discrètement, quitte à laisser penser qu’on s’isole pour autre chose. Mon visage se détend enfin.

« Et tu as bien raison d’insister pour porter du blanc, ça te va bien. »

Un sourire étire mes lèvres. Acceptera-t-il mon aide ou préférera-t-il laisser l’alcool adoucir ses peines physiques ?

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Andrei M. Witt
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Message(#) Sujet: Re: Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric]  Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric] EmptyDim 6 Nov - 20:18

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Il a un air blasé, Andrei, qui lui colle aux traits et tire la peau autrefois si douce. Ses rides qui n’en sont pas viennent toutes de cet air de fatigue intense, de vie épuisée. Il est un homme d’inquiétudes et de dangers, pire que tout au monde : il est un monstre d’ombres loin des lumières de l’existence. Peut-être est-ce pour ça qu’il dérive si rapidement sur la boisson et sur les autres raisons de son engouement pour cette soirée : tout ça le maintient dans une sorte de forme illusoire, loin des douleurs, encore à l’ouest des erreurs.
« Je ne peux pas dire que je l’ai été, désolé, répond-il avec un haussement d’épaules qui trace, dans la nuit du port, des étoiles filantes au bout de sa cape. Traînée de comètes. Quelques-uns m’ont tenu compagnie il y a des années, quand je vivais à Ketterdam – mais rien de plus. »

Une éternité plus tôt, il a été aubergiste, membre de la fausse pègre du logement et de la restauration alors que l’âge d’or brillait sur Kertch. Il a vendu des nuits à un prix qui aujourd’hui semble irraisonnable, qui l’était déjà à l’époque – mais pour qui avait la main lourde sur les pièces, on était à peu près certain de pouvoir se le payer. Il s’était enrichi, trois vies plus tôt, sur le dos des pirates sans le sou et pourtant cousus d’or. Le tout a disparu, depuis, dans la traversée jusqu’à Shu Han et l’achat de leur domaine en bord de monde. Dans la robe de mariée et les matériaux utiles à la défense de leur demeure. Le pécule restant, sauvé des flammes et conservé dans la fureur de l’existence, a financé les assassinats et les raids de ses Dragons jusqu’à ce que la machine se mette en branle. « Je n’ai jamais eu le pied marin, vraiment. »
Il n’a juste pas encore essayé.

L’Ombre a un mouvement de recul instinctif. Se protège comme il peut, une caisse à la fois, un mensonge après l’autre pour tisser sa personnalité offerte au monde. « Je me passerai de ton aide. Il y a trop d’inconstantes et d’inconnues que tu risques de rencontrer en moi, répond franchement l’expérimentation ratée. Reste loin. Tu y gagneras une vie et une recette de lessive. » Et son rire essoufflé emporte la fin du chargement, comme une promesse de suite. Balaie sans un regret le compliment qu’il ne veut pas entendre, oublie que des fois, pour certains, aux yeux des innocents, il n’est pas le croque-mitaine qui brûle tout sur son passage et emporte les enfants dans la nuit noire. Il pourrait être un dieu. « Je te ferai une note, si jamais t’as besoin de reprendre ta chemise pour éblouir tout le monde. Mais je n’ai pas besoin de me faire plus d’argent que ce que j’ai actuellement. Je te laisserai la commercialiser à ta guise si t’as envie. De mon côté… Bwarf. C’est incompatible avec les aspirations actuelles de mon existence, je crains. »


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Message(#) Sujet: Re: Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric]  Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric] EmptySam 19 Nov - 1:15



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- @Andrei M. Witt & Alaric

Mon regard exprime la surprise alors que Kaze s’excuse de ne pas être un pirate.

« Soit pas désolé Kaze, c’était une plaisanterie. »


Il évoque ses fréquentations lointaines et j’ai un grand sourire à nouveau. Il semble oublier qui se tient autour de lui actuellement.

« Et tu en fréquentes encore régulièrement ! Je trouve qu’on se voit souvent en ce moment. Et ça me fait plutôt plaisir ! »

Je m’amuse de le voir s’expliquer avec autant de précision, je ne m’y attendais pas et je trouve ça touchant en réalité. Il aurait pu tout aussi bien hausser les épaules et me répondre par une expression énigmatique, et, je m’en serais contenté. Puis, d’une certaine manière, ça me permet d’en apprendre un petit peu plus sur lui, un tout petit peu, certes, mais chaque information vient s’ajouter aux autres, dresse un portrait de lui au-delà de l’affectif provoqué par la seule impression qu’il me fait depuis qu’on a commencé à faire affaire. Il prétend ne pas avoir le pied marin.

« C’est quelque chose qui s’apprend ça, mais faut le vouloir, c’est sûr. »

Je songe à Siver. J’ai bon espoir qu’il nous rejoigne pour de bon. Malgré sa peur maladive de l’eau, il passe beaucoup de temps sur le Kraken. Est-ce l’appel de mes soins ? Tiens, je ne me suis jamais posé la question de savoir si ça pouvait rendre les gens accro comme n’importe quelle drogue… Je secoue la tête. L’éclat malicieux d’un certain regard me parvient, une sensation de manque m’agrippe soudain les tripes, il y a tout un tas de formes de drogues. Je choisis de profiter de la distraction que m’offre Kaze pour étouffer les questionnements insensés qui menacent de poindre, ma soudaine inquiétude à l’égard de sa douleur prenant le dessus.

Comme je m’y attendais, je me fais rembarrer par mon acolyte. Son mouvement de recul me blesse un peu, je dois l’avouer. Ce n’est pas comme si je comptais lui imposer quoi que ce soit, et qui plus est, avec une caisse entre les bras, à moins de la lancer en l’air, je ne risque pas d’utiliser ma Petite Science de manière impromptue. Mais comme lorsqu’il s’excusait de ne pas être un pirate, Kaze m’explique son refus. Ma mâchoire inférieure menace de se décrocher brusquement. Se rend-il compte qu’il me donne encore plus envie d’essayer ? Son rire appelle le mien, et pourtant, sous des airs de plaisanterie, je suis parfaitement sérieux.

« Tu essaies vraiment d’étouffer ma curiosité avec la promesse d’une recette de lessive ? T’es fort, très fort ! Mais vraiment Kaze, faut pas me dire des choses comme ça. Ça me rend encore plus tenté. »

Mon compliment sur son style lui passe au travers, il préfère poursuivre au sujet de la fameuse lessive. Contrairement à lui, mon égo est rapidement titillé et je serais ravi d’éblouir avec ma chemise qui respire la propreté. D’ailleurs, pourquoi je pense à ce satané barde et sa chemise bouffante qui lui va si bien ?

« Franchement, j’apprécie la proposition mais je crains que si on commercialise ta lessive, on va vraiment passer pour des pirates trop propres. Déjà que Leo prend quinze bains par jour... »

Je glousse et dépose enfin la dernière caisse, puis me tourne vers le Grisha qui m’accompagne. Les yeux brillants à l’idée de conclure notre affaire d’une manière agréable, je demande.

« Une préférence pour le bar ou est-ce qu’on prend la taverne la plus proche ? On peut aller sur le Kraken aussi, si tu le souhaites. J’ai un très bon rhum. »

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Message(#) Sujet: Re: Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric]  Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric] EmptyVen 9 Déc - 17:36

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On lui a reproché pire, on l’a accusé de tant d’horreurs. Il peut bien s’excuser encore et encore. S’il savait, le gars en face, s’il savait seulement le quart de ce qu’on a entassé sur le dos du jeune gamin et le sang qu’on a laissé couler sur ses doigts pour faire de lui le bouc émissaire idéal. Alors il s’excuse, jour après jour, de cette vie qu’il gâche et garde contre lui comme le plus précieux des trésors – s’excuse de la retenir, encore un peu, comme il a tiré sur la manche de sa femme et a voulu qu’elle le suive dans les dédales sinueux d’un pays dont elle avait fait le deuil.
Le dragon ne souffle pas les flammes : il souffle la mort, la perte, la tristesse infinie. (Quand Andrei soupire, sur son chemin, face à lui, les mêmes horreurs se glissent, embrassent le monde et embrasent les âmes)

« Les pirates ne seront jamais propres, le détrompe l’homme qui a fait de la noirceur et de la nuit ses pires ennemies. Il y a des siècles de légendes accrochées à votre nom, tu ne vas pas me dire qu’une pauvre histoire de remède de grand-mère miracle pourrait effacer tout ça en un claquement de doigts. »
Il lève les yeux au ciel, manque de se ramasser. Une caisse à la fois reconstruire sa façade et retenir ses pouvoirs. Une caisse à la fois, monter les murs qui le séparent du reste des hommes, brique par brique, mortier de rêves écrabouillés, d’existences infâmes oubliées. Le dernier Soigneur a avoir approché son être a perdu la vie après la tête – la seconde devant l’état du corps bousillé d’un homme qui se hait, la première parce que le cadet Morozova refuse de laisser quiconque s’enfuir avec la connaissance plus ou moins précise de son corps.
Ton coeur déglingué ne bat à aucune cadence précise, il doit pouvoir l’entendre, déjà te haïr. « Enfin, c’est toi qui voit… Tu peux la garder pour toi. » conclut le brun sans âge, les mains glissant dans ses poches alors que la dernière caisse trouve sa charrette.

Il sort du fin fond des replis de sa vêture deux gants, tout aussi immaculés sur le dos – l’intérieur est d’un cuir tanné presque blanc également. Le Grisha les enfile en réfléchissant, la tête penchée. « Un des tripots pas trop loin me sert en général de point de repère. Suis-moi. C’est plus proche de l’eau. »
De sa démarche éthérée – n’est pas fantôme qui veut – le frère prodigue, presque un prodige éclaté sur le pavé, s’envole jusqu’à une lourde porte de bois qu’il pousse sans cérémonie du bout de ses doigts gantés. L’odeur de fumée et d’alcool, lourde, mêlée à la sueur légère qui incombe à tout établissement respectable où de gros mecs bourrus se soûlent sans s’être lavés, se confronte à la fraîcheur stagnante et pourrie de l’eau du port. La lumière rougeoyante de l’âtre colore sa peau diaphane, à Drei, et fait de lui un être de feu et de passions – ou juste un gamin transparent dans une tenue trop grande.
Il se pose avec un geste pour le tenancier, puis il invite Alaric d’un mouvement de poignet presque mécanique à prendre place. « On devrait nous servir sous peu. Tu ne crains pas le peuple, ça va ? » Le sourire suffisant, presque moqueur, n’est pas si méchant que ça sur ses traits. Juste une petite pique mignonne qui ne colle pas à l’endroit.
Andrei, de toute manière, n’est pas à sa place dans ce cadre.


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Message(#) Sujet: Re: Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric]  Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric] EmptyMar 24 Jan - 0:51



Une cargaison douteuse,
un dragon et un poulpe
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Tant de choses passent dans les instants de silence en présence de Kaze. Il existe chez lui un je ne sais quoi qui saisit, qui enveloppe, qui maintient en respect. Tant de choses qu’il ne me dit pas mais que j’ai l’impression de ressentir, sans pour autant pouvoir les interpréter. Je ricane lorsqu’il évoque la propreté des pirates, ou du moins les légendes que l’on traîne depuis la nuit des temps.

« Je ne parle pas d’un claquement de doigts, mais les temps changent Kaze, une nouvelle modernité est en train de faire sa place et plus rapidement qu’on ne le croit. Il suffit de prêter attention à ce qui se dit autour de soi, et je pense que tu es le premier à le savoir. »

Un nouveau sourire étire mes lèvres, je dépose une des dernières caisses lorsque nous abordons visiblement très sérieusement le sujet de la lessive. Est-ce que j’ai envie de la garder pour moi et mon équipage ? Oui, peut-être qu’il y en aurait un qui viendrait me voler mes chemises. L’idée me plaît.

« J’opte volontiers pour l’option B. Si tout le monde l’a, ça n’aura plus le même intérêt, pas vrai ? »

Nous décidons de l’endroit où nous achèverons cette transaction, autour d’un verre. Ou plutôt j’accepte de suivre Kaze. J’ai l’impression de suivre une ombre. Il se fond si bien dans la nuit du port. Je peinerais presque à le voir si je ne ressentais pas aussi bien sa présence. Je traverse à mon tour le pas de la porte, plissant les narines à cette odeur caractéristique, mais drôlement musquée, de ce genre de lieux. Il est plus facile de rester dedans dès le début de soirée que d’arriver à la toute fin.

Nous trouvons une place où nous asseoir, je le laisse gérer les commandes, visiblement c’est un habitué, malgré sa tenue et son aura qui détone avec tout le reste. Sa remarque m’arrache un rire.

« Bien sûr que non, les tavernes de ce genre sont ma deuxième maison. Mais est-ce que la bière est bonne ici ?  »

Il faut poser les questions importantes bien entendu.

« Je reconnais que ça me change de Ketterdam. Mais j’ai rencontré des personnes intéressantes la dernière fois que je suis venu ici. Et cette fois, c’est toi que je vois. Je ne regrette que rarement de m’aventurer dans une taverne. »

Parole de sage ivrogne. Si je ne suis pas sur mon navire, il y a de très fortes chances pour que je sois  dans ce genre d’établissement, à alourdir mon estomac de liquide et m’alléger la bourse. Le seul territoire où je ne m’attarde pas, c’est Fjerda. Là, je me contente de déposer les gens ou les colis. Mais mon attention se porte à nouveau sur Kaze en face de moi.

« Et toi ? Tu te plais dans le coin ? »

Je lui souris, sincèrement curieux et intéressé. Nous avons encore un peu de temps devant nous pour discuter avant de se donner le prochain rendez-vous et de devoir repartir tant que la nuit nous est en mesure de nous dissimuler aux regards indiscrets.

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Message(#) Sujet: Re: Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric]  Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric] EmptyMar 31 Jan - 17:44

Une cargaison douteuse,
un dragon et un poulpe

« Les temps changent... » murmure l’homme qui les a trop vu changer. C’est comme ça que l’on voit les bleus, le sang neuf et les imbéciles. Andrei se compte dans le lot. « C’est rien qui n’a pas été déjà annoncé par d’autres prophètes en d’autres temps. Les bouquins le disent. Les légendes aussi. Peut-être que les sciences avancent, mais autrement ? J’ai presque quarante ans et j’y vois rien, autour. Les changements qui ne font pas tanguer la barge ne profiteront jamais à personne avant plusieurs siècles. »
Andrei a des projets, des haines, et de la science à vomir sans jamais réussir à en faire quelque chose.

Faites reculer les hommes de mer loin de leur femme, et ils dépérissent. Andrei a su le voir assez vite, à Ketterdam. Lorsque l’on traîne au milieu des soudards de la pire esppèce qui ont fait du trafic d’êtres humains – morts, comme celui à l’intérieur des caisses enfouies sous la bâche de la cariole, ou vifs – et de biens plus ou moins acquis de manière légitime, on apprend à ses dépends mais très rapidement que de couper l’alimentation principale d’une personne à la seule chose qui la rende heureuse ne la rend pas triste, mais morte. Pour tuer un pirate, vraiment le tuer, la pendaison n’a jamais suffi – car alors on jette son corps à la mer, et la mer l’accueile en son sein comme le fils prodigue chéri, car enfin il retrouve son seul et unique amour.  Peu importe que le corps soit bouffé par les vers et les corbeaux, un jour ou l’autre, on le balance à la mer, et les âmes en s’envolant font un soupir d’homme comblé.
Mais enfermez les cinq, dix, vingt ans loin de l’eau, dans une tour en plein milieu d’une plaine. Laissez-les mijoter, hurler, se jeter au mur. Donnez-leur de quoi s’occuper, une profession honnête ou non, des armes, des corps, des coeurs : ils regarderont toujours vers l’horizon avec un air las, les joues creuses, l’âme vide.

Des fois, Andrei regrette de ne pas avoir eu cette vocation, et de s’être laissé aller à rester à terre.
Mais il faut de tout pour que le monde continue de déconner.

Leurs pas sur le sol tracent le chemin de la dissidence. La taverne où il a ses habitudes de pilier incertain – tangue tangue le fantôme aux traits crevés qui en a retourné plus d’un sur la table pour éviter la bagarre généralisée – est un lieu de perdition fort appréciable où il fait bon d’être en vie, à défaut de bon vivre. La chaleur de la cheminée fait circuler à grands coups d’éclats de flammes le sang dans ses veines, irrigue ses orteils gelés au fin fond de ses bottes. On attrape froid quand on est mourant, on attrape la mort quand on ne veut plus trop vivre.
« La bière est un peu faible comparée à ce qui se fait plus au nord, je dirais, mais mes souvenirs remontent. Elle est bonne, mais ne pense pas rouler sous la table avec ça. » Répond franchement le Dragon aux chevilles croisées sous la table. On dirait un adolescent, lorsque tombe le masque de grand leader. Sans la barbe qu’il a rasée quelques jours plus tôt, sans les ridules de réflexion et d’anxiété qui parcourent son visage, c’est presque un jeune adulte qu’on pourrait refuser de servir, aux yeux alourdis par la fatigue, aux idées incompréhensibles.

Les pintes arrivent. Sans souci, il pousse l’une vers Alaric et joue avec la poignée un peu déglinguée de la sienne. « Shu Han est un nid de catastrophes où l’on trouve les choses les plus belles en ce monde, pour l’heure. La preuve, j’y suis resté… Et j’y vis presque bien. Notre guilde est prospère dans ce qu’elle fait et a ses avant-postes dans quelques autres cités du territoire. Tu devrais essayer d’en faire le tour, les terres intérieures, quoi que dures d’accès aux étrangers, sont loin de Kertch… Elles me rappellent un peu les villes du Sud. Maintenant, est-ce que je m’y plais... »

La question a le mérite de le plonger dans une réflexion un peu longue. Une poignée de secondes confinant au malaise alors que même son souffle semble être en attente. « Pas vraiment, non. Mais il faut bien vivre. » conclut le Dragon avec un sourire vrai, l’air résigné de celui qui sait que la potence l’attend à la fin du chemin.
S’il a de la chance.


@Alaric

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Message(#) Sujet: Re: Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric]  Une cargaison douteuse, un dragon et un poulpe [Andreï/Alaric] EmptyJeu 30 Mar - 0:22



Une cargaison douteuse,
un dragon et un poulpe
- @Andrei M. Witt & Alaric

Une fois de plus, je ne peux m’empêcher de constater à quel point Kaze semble désabusé par la vie. Rien ne semble le surprendre ou l’intriguer. Il a une force tranquille, une patience sans bornes qui m’impressionne.

« Qui sait qui sera là pour constater ces changements. »

Je lui lance un regard entendu. Lui, comme moi, dans plusieurs siècles, on ne sait jamais. Même si, vu nos modes de vie, ce serait présomptueux de l’affirmer. Nos pas nous mènent dans une taverne qui m’est inconnue, mes yeux parcourent les lieux, s’en imprègnent. Peut-être y reviendrais-je un jour. Puis mon attention se reporte sur l’homme en face de moi, celui dont je ne connais pas le vrai nom. Mais qu’importe, nous faisons affaire, ça suffit. Sa réponse à propos de la bière m’arrache un rire amusé.

« Dommage, j’espérais te voir me faire rouler jusqu’à mon navire ! »

Plaisanterie à part, je n’ai pas toujours besoin de me retourner la tête, quoi qu’on en pense. Il m’arrive aussi de boire de l’eau. Je remarque que parler de la bière allège l’expression toujours grave que je lui connais. Ça me fait plaisir et lorsqu’il pousse une pinte vers moi, je la lève aussitôt pour trinquer avec lui.

La conversation s’étend sur les habitants et leur territoire. Je hoche la tête à la description que me fait Kaze de sa vie en ces lieux, un léger sourire sur les lèvres lorsqu’il me conseille d’en faire le tour. Pour ça, il faudrait que j’y aille avec Namarië, il n’y a pas meilleure guide et interprète que la jolie brune. Le temps que je puisse songer à ça, mon compagnon de tablée a le visage qui s’assombrit rudement.

« Je ne pensais pas que c’était à ce point là. Mais j’imagine que si t’es toujours là, c’est parce que ça en vaut le coup. »

Plus que son bien-être visiblement. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour les affaires ! Je réponds à son sourire franchement. Je n’ai aucune idée de ce qui peut bien se passer dans son esprit à ce moment-là, mais j’ai le sentiment que ce n’est pas bien joyeux. J’avale une gorgée, laissant le liquide ambré imprégner mes papilles.

« C’est pas mal oui. Je crois que je pourrais m’hydrater avec ça ! »

Je lâche un ricanement, fier de ma blague avant de me calmer. Il est temps de mettre en place notre prochain rendez-vous et l’itinéraire du Kraken pour aller récupérer les cargaisons suivantes.

« On se retrouve le mois prochain pour la même chose ? Ou est-ce que t’as besoin de quelque chose de différent ? Ou même, pour ce qui est du délai, on peut s’arranger. A priori, on va garder le même itinéraire, on a la même clientèle mois prochain. Évidemment, on s’arrête toujours à Ketterdam, quelque soit le trajet, si jamais t’as besoin d’un truc précis. Puis c’est possible que je laisse Leonid se charger de la prochaine mission. J’suis parfois amené à gambader dans les terres aussi. J’espère que ça te dérange pas. »

Je sais qu’ils se connaissent, mais je ne sais pas à quel point. En tout cas, je fais confiance à Leo pour mener ça à bien dans tous les cas.

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À KERTCH, les Crows ont attaqué les Mercuriens, réduisant drastiquement leurs unités. Les fondateurs de la ville n’ont pas le choix : les quartiers sous leur juridiction sont réduits à NORTHWOOD et EAST GATE. De plus, la guilde des voleurs a osé dérober aux Crows une carte menant à un artefact grisha. Mais impossible de savoir qui peut bien faire partie de ce groupuscule. Les Corbeaux enquêtent tout en poursuivant leurs travaux sur le Barrel.

Alors que RAVKA est en deuil pour sa reine, le peuple se rebelle contre le Roi Yaromir. FJERDA en profite pour attaquer OS KERVO, la ville portuaire. La bataille est sanglante et les pertes sont considérables, mais l’envahisseur est repoussé. La lumière est faite sur l’escadron secret de la couronne ravkane : LES RÉSIGNÉS. Les frontières entre Ravka et Fjerda sont fermées et des unités militaires sont déployées stratégiquement. Sur le plan économique, le fer et le cuivre voient leurs prix grimper et l’artisanat ravkan gagne en cote. La couronne ravkane tente d’emprunter aux Mercuriens, banquiers de Kertch, afin d’asseoir leur pouvoir.

Pendant ce temps, les grishas du PETIT PALAIS ont connu les routes pavées d’ennemis. Après un combat acharné, ils découvrent un nouvel endroit aux alentours de CHERNAST, dans une grotte à l’abri des regards. C’est leur nouveau sanctuaire, leur chez-eux, mais ils doivent également partir à la recherche des enfants disparus.