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Shadow&Bone
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 Darkness visible

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AuteurMessage
Andrei M. Witt
Etheralki - Invocateur de l'Ombre
Andrei M. Witt

Messages : 316
Date d'inscription : 04/12/2021

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Message(#) Sujet: Darkness visible Darkness visible EmptyLun 25 Avr - 20:56

Darkness visible

[Ce rp contient de la violence, de la maltraitance, des morts et des insultes]
[Et aussi Baghra, la meilleure des mamans]


Les pas d’Andrei résonnent à l’extérieur, dans le couloir froid et silencieux. Par les hautes fenêtres en forme d’ogive, la nuit s’engouffre et le nimbe d’une cape soyeuse dans laquelle il se drape avec un frisson de dégoût. Nous sommes à la nouvelle lune du dernier mois de l’année, et la fraîcheur d’un jour sous le pâle soleil d’hiver ne laisse pas présager de la violence des nuits lorsque s’éteignent les flammes. Sur le sol dallé les bottes tannées frappent le sol à peine plus fort que les pattes d’un loup. Les griffes du Dragon sont rentrées, il se fait aussi silencieux que le reste du monde assoupi. Dans un coin du Petit Palais une horloge sonne onze heures : quelques rires étouffés peuvent être attrapés, au loin, là où les chandelles brûlent et où la vie a encore ses droits.
Ses doigts resserrés frappent deux coups contre le battant. Il n’attend pas de réponse – juste un changement dans l’air – et pousse la lourde porte pour s’introduire dans la chambre. Elle se referme sans un bruit derrière, juste un claquement du loquet indiquant que personne ne pourra les déranger.

Le pauvre fou fixe la nuit environnante, les ombres mouvantes, humaines sans l’être, et ne bouge pas au centre du tapis. Dans un silence de plomb, si ce n’est leurs respirations, il attend. Les bras le long du corps et la tête haute, le dos droits et les genoux bloqués.
« Je me demandais si tu aurais l’audace de venir te montrer ici. »

Froide, implacable, comme une gifle en pleine figure. L’accueil d’une mère qui n’a pas revu son fils cadet depuis trois siècles. Trois millénaires auraient pu s’écouler qu’elle l’aurait accueilli ainsi, tournant autour de lui comme un oiseau de proie jauge le campagnol et cherche la moindre faiblesse avant de fondre. Andrei ose respirer – c’est à peu près tout ce qu’il se permet. Le bruit des jupes soyeuses sur le dallage lui évoque des serpents, rampant tout autour de lui dans la nuit profonde. Il ouvre la bouche, prêt à parler. Sa voix le coupe – elle sort de partout et nulle part, résonne, s’envole.
« Redresse-toi avant de parler. Tu te tiens avachi comme un vieil homme. Tu n’as pas fait grand-chose qui justifie cette fatigue. C’est ta paresse qui s’exprime. »

Ses yeux s’habituent à l’obscurité, ses sens retrouvent leur élément naturel. Il a manqué le coche et doit raccrocher les wagons, mais petit à petit il peut deviner les mouvements incessants de sa génitrice et se tourner vers sa forme assise dans un fauteuil. Autour de lui les ombres arrêtent leur ballet perturbant.
« Pitoyable. »
Elle doit être dans un bon jour.

« Bonsoir, mère, finit par prononcer Andrei sur un ton qu’il veut neutre. Dans la nuit, il devine la grimace sur ses traits.
— Malheureusement, je le suis toujours. Que fais-tu ici, Andrei ? »

Il la voit plus clairement, maintenant. Ses traits portent à peine la marque du temps, quand elle l’a laissé adolescent sans barbe ni ride, aux traits juvéniles et innocents, prêt à embrasser la vie. Leurs chemins se sont séparés au moment même où il a renié son frère, avec fureur et fracas. Soulagement, également, de la voir elle aussi disparaître de son horizon. Le Dragon voit ses mains légèrement tachetées se joindre dans un ballet qui lui fait serrer les dents d’anticipation. La morsure des ombres sur sa peau, touchant, cherchant, brûlant instant après instant la chair sans laisser la moindre trace n’est plus un souvenir : elle est son présent.
Il ne cille pas.

« Après nous avoir abandonné durant plus de trois siècles, tu reviens comme une fleur pour profiter de la gloire de ton frère. Tu voudrais que je crois que tu n’as aucun plan derrière tout cela ?
— Je….
— Encore que je te sais trop stupide pour tenter la moindre chose contre lui. Ou contre moi. Mais ta présence ici a bien une raison, autrement tu n’aurais jamais voulu revenir. Parle.
— Il me manquait. »

Les ombres se resserrent sur son corps, sa gorge, ses poignets. Une s’engouffre dans sa bouche (sans doute pour l’empêcher de dire plus de bêtises) tandis que sa mère rit, d’un rire de crécelle qui se répercute contre les pierres et s’imprime dans sa chair.
« Trois siècles, et tu es toujours aussi piètre menteur, assène-t-elle lorsque son hilarité s’est calmée. Il n’y a donc rien de réussi dans ton éducation, mon pauvre. Serais-je un peu plus jeune et je t’aurais définitivement débarrassé de ce fardeau que tu portes, ta pauvre vie misérable. Après tout, elle ne doit pas valoir grand-chose aujourd’hui, et vu comme tu as l’air faible… Je gage qu’elle vaut encore moins que lorsque je t’ai quitté. »

La panique grandit tandis que l’oxygène se réduit. Toujours aussi calme, le cadet ne bouge pas et ne dit pas un mot. (Peut-être que les ombres cacheront les larmes rageuses qu’il s’était pourtant promis de ne jamais plus verser) Sa mère ne bouge pas de son fauteuil, si l’on exclut le mouvement délicat de ses mains.
« Tu es pire qu’un humain. De penser que mon sang coule dans tes veines... »

Un éclat de lumière argenté traverse la pièce et se fiche dans le fauteuil, à quelques centimètres de la gorge de sa mère. L’obstruction de sa gorge a disparu dans la surprise, et, d’un mouvement las – elle n’a jamais entravé ses poignets sérieusement – le cadet dissipe dans un brouillard salé et la nuit et ses sanglots silencieux.

« Tu te rends compte du temps que tu as mis ?
— Mère…
— Ne m’appelle pas comme ça. De ses doigts décharnés, sa génitrice détache la dague du fauteuil et la lui tend. Si tu avais eu une once de ma lignée encore en toi, cette lame n’aurait été d’aucune utilité et je serais déjà morte. Tu n’aurais pas non plus mis dix minutes à te libérer d’entraves que je t’imposais lorsque tu avais dix ans. Pathétique. »

Avec un frémissement dans ses lèvres mais une main sûre, le fils déchu range dans sa manche l’arme qui ne le quitte jamais. L’amertume dans sa gorge enfle, la bile remonte et retrouve sa place. C’était une mauvaise idée, Andrei. Il titille l’idée de la planter dans sa gorge, là, maintenant, si proche de lui. (L’image qu’il a retournée dans sa tête durant des années et des décennies)
« Je ne t’ai pas menti plus tôt. J’ai croisé Aleksander par pur hasard alors que je rentrais d’une chasse, et …
— Et comme un chien égaré tu t’es accroché à lui, comme tu le fais depuis tout petit, en pleurant que ta vie était injuste et que tu étais une loque… Ah. Un éclat malicieux, triomphant, perce dans le regard qu’elle a si noir d’ordinaire. J’ai raison. Le contraire m’aurait étonnée.
— Mais i –
— Ton frère a quelques qualités, Andrei, mais il a un coeur trop faible pour les gens misérables tels que toi. Tu aurais pu être un orphelin sur la route, une esclave un peu trop accorte ou un chien amusant qui aurait promis de lui obéir au doigt et à l’oeil que tu aurais reçu ici le même accueil de sa part. Ce n’est pas parce que tu es son frère que tu dois t’imaginer qu’il te veuille plus ici qu’autre chose.
— Ce n’est pas v –
— Oh, ouvre les yeux, petit. La sécheresse de son ton lui rappelle des milliers de réprimandes. Tu es parti sans te retourner après l’avoir traité de sans-coeur et de monstre. Tu crois qu’il t’accueillerais à bras ouverts juste à cause de ton sang ? Il n’a pas besoin de toi, Andrei. Personne n’a besoin d’un Invocateur de l’Ombre si celui-ci ne sert ni ses intérêts ni ceux de sa race. Personne n’a besoin d’un Grisha qui prétend ne pas en être un.
— Ecoute-moi, mère, et alors tu pourras me dire que je ne sers pas ceux de mon sang. LAISSE-MOI PARLER. »

Sa voix s’élève ! Sans une once de colère ou d’exaspération, elle brise les murmures et l’égalité du statut, brise le rôle du fils malmené. Qu’elle le voit. Qu’elle oublie l’enfant, qu’elle sente enfin l’homme qu’il a pu devenir loin d’elle – si semblable… Il a un geste maîtrisé qu’elle n’arrête pas. Autour de ses lèvres à elle le baillon tant haï se place, pâle copie, mais copie toutefois présente.

« Soixante-dix ans que je vis à Shu Han, ombre parmi les ersatz de Grishas du royaume. J’ai eu une vie sur ces terres, une vie que tu n’as jamais su m’offrir. Dans la nuit profonde, on n’entend pas les pas de l’assassin habitué au silence. Ombre parmi les ombres, il s’accroupit près du fauteuil de sa mère et lève son regard vers elle. Ce que je vais te raconter, tu en seras la seule garante jusqu’à ce que vienne l’heure de le révéler à mon frère. Il n’est pas prêt à connaître cette vérité. Mais toi… »
Peut-être pourrais-je enfin gagner un peu de respect dans ton regard.

« Je n’ai pas d’armée comme lui, pas de refuge grandiloquent. Mon domaine tient en un hôtel de ville coquet, en une boutique et en des souterrains qui nous relient à un laboratoire désaffecté. »
Ses mains dansent, épuisant ses réserves de contrôle juste pour maintenir un semblant de force. Il dessine dans la chambre des murs vaporeux et des silhouettes fantomatiques. Andrei a toujours eu un don pour l’illusion. Autour de lui, quelques secondes durant, il a l’impression d’être de retour à Ahmrat Jen.
« J’ai un groupuscule. Un… Un ordre. Le nom n’est pas de moi, et la traduction est un peu ridicule… Mais c’est ce qu’il nous fallait pour la peur que nous instillons. Les ombres effacent les murs, deviennent un dragon qui s’enroule autour de son Père. Mon frère leur fait la guerre, proprement et en plein jour. Mais nous ne sommes pas des créatures de la lumière, mère. Nous sommes les ombres. Alors je les traque jusque dans leur lit et leurs rêves, les ravit sans distinction aucune, un à un. Les enfants et leurs parents, les nobles et les miséreux. Il n’y a pas de différence. Jamais sa génitrice ne l’a jamais écouté avec autant d’attention. Monstre assoiffé de sang, il tient ça d’elle, ça l’étonne à peine. Ils sont humains. Ils ont juste à mourir.
Mais quelquefois... »


Andrei plonge dans ses forces, la douleur réveillée de son coeur, la fatigue latente. Les ombres se dispersent, le dragon se rendort. Une dernière scène se joue : des corps de nuées que l’on attache et que l’on mesure, d’immenses seringues aux proportions mal calculées qui se délitent. « Quelquefois, l’un d’entre eux nous a fait un mal si horrible que le tuer ne réparerait pas l’outrage. Alors il reste en vie par mon bon vouloir. Tu vois, mère… Peut-être que je n’ai pas réussi à devenir l’enfant que tu voulais, loin de toi. Mais j’ai maîtrisé des choses infiniment plus dangereuses – les armes de nos ennemis. Leur science, si impuissante face à nous. Mais si puissante face à eux. »

L’homme exténué se relève. Il sait qu’elle a envie de cracher à ses pieds, de le punir, de le gifler. (Pourtant aucun son n’émane de la grande et noble dame, salope parmi les salopes) « Ils attribuent à notre sang des propriétés fantastiques, à notre chair des pouvoirs régénérants, et s’en servent d’excuse pour nous emplir d’acides et de poison. Je renverse la vapeur : leur sang mêlé à bien des choses, puis injecté, fait pourrir leur corps de l’intérieur. L’argent modelé par un Durast selon une méthode particulière peut les amener à ressentir la présence d’un Grisha à travers des murs – et si l’exposition est prolongée, ils explosent comme des bulles de savon.Et un jour, un jour ! Ils deviendront les monstres. Il tourne sur le tapis sans un seul bruit, finit par s’arrêter pour plonger ses yeux dans ceux de celle qui a osé l’enfanter. Ca, et des milliers d’autres choses, chaque instant, chaque moment sous mes doigts et grâce à moi, mère. Je protège les miens. Je défends mon sang.  »

Ô, comme le silence entre eux est lourd !

La mère fixe l’enfant de son regard impénétrable ; l’enfant fixe la mère de ses iris insondables. Qu’y voit-elle ? Qu’y comprend-il ? Les minutes en silence s’égrènent comme le sable tombe grain à grain dans un sablier. Jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien.

« As-tu autre chose à me dire, Andrei ? Si non, retourne à ta chambre. »
Il hésite. Ouvre la bouche, puis se ravise.

« Non. Rien. Bonne nuit. »

La porte de jais dans la nuit s’ouvre et se referme. Lentement, Andrei le dément, le fils cadet, le fils déchu et décevant, retourne à la lumière et aux couloirs chaleureux d’une demeure où il n’est qu’une ombre passant, invité pour quelques semaines.

Il est déjà loin quand résonne le murmure qu’il n’attendait pas et qu’il n’entendra pas. Aveu d’une parenté avilissante, preuve ultime du bout des lèvres que le Dragon a emprunté le chemin duquel il aurait tant voulu se garder.
« Bonne nuit, mon fils. »



_________________

Now it's time somebody bled

Now the two brothers together Watch how they handle the pressure They sit in the eye of the storm looking at the city as it silently swarms (dear brother there is only one thing left to do)
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