Mauvais raccourci [Levaric | TW: horreur]

Mauvais raccourci

-  @Lev Korolov & @Alaric

La forêt maudite. Elle porte bien son nom avec toutes les légendes qui la suivent. Mais c’est aussi l’endroit idéal pour planquer des trucs. Notamment un joli stock de rhum volés. Et évidemment à qui j’avais envie de faire profiter du tuyau ? Un de mes meilleurs amis. J’avais passé le cap de me méfier de tous les pirates. Moon faisait partie de ces personnes à qui je faisais confiance sans réellement savoir pourquoi. Et ça n’avait rien avoir avec le fait qu’on se soit envoyés en l’air.

« C’est plus court par là. »

Que j’affirme avec assurance, en tenant la carte devant moi, à la lumière de la lune. On est partis un peu plus tard que prévu, normalement, on devait être ici à la presque tombée du jour. Mais faut dire qu’on a mis pas mal de temps à décoller de l’auberge. Moon s’est fait un sacré paquet de kruges sur le dos d’un groupe d’abrutis et j’ai savouré observer la scène.

« Je savais pas que tu jouais si bien aux cartes. J’suis tellement nul, je gagne par chance, quand je gagne. »

Je ricane. C’est pas faute d’essayer d’apprendre, mais vraiment, c’est quelque chose qui me vient pas. Je préfère largement draguer ou… me battre. Tout ça parce que je sais comment avoir facilement le dessus et soigner aussitôt mes blessures. J’évoque la cache.

« Tu verras y’a un tas de rhums sympas là-bas. Y’a pas beaucoup de pirates qui connaissent, c’est vraiment des bouteilles pour les grandes occasions. Là, j’ai bien envie de rajouter un vieux rhum à ma réserve personnelle. »

Je soulève une clef parmi mes nombreux pendentifs devant mon visage pour la lui montrer, la clef dorée brille sous les rayons de l’astre nocturne, éclaire mon visage où un grand sourire fier s’affiche.

« C’est un des avantages d’avoir hérité du Kraken. »

Bert a même son coffre. Je trouve ça splendide que personne ne le vole. C’est comme si chaque pirate qui va là-bas pouvait laisser sa petite consigne en toute confiance. Peut-être qu’un jour ça disparaîtra, mais en attendant, je laisse comme c’est. Une belle tradition en somme.

L’air devient plus humide et un petit frisson me parcourt le dos. Je regrette presque de ne pas avoir d’Inferni avec nous. Ils ont un côté rassurant dans ce genre de contexte. Pas que je sois un froussard mais… disons qu’ils rendent l’atmosphère plus chaleureuse. J’ai de quoi faire un feu et une lampe à huile, mais c’est le meilleur moyen de se faire repérer. Puis avec la lune qui éclaire presque autant que le soleil, ce serait dommage de ne pas en profiter. C’est une nuit parfaite pour ce genre de choses. Mon regard se plisse lorsque je regarde devant nous.

« C’est moi ou… plus on avance et plus c’est brumeux ? »

Il avance le pas léger, le vent jouant dans ses doigts et ses mèches à sa demande. Il aime bien avoir l'air classe partout où il va, partout où il est. Parce que ça l'amuse. Voila. Rien d'autre. Et même dans ce marais, alors qu'il n'y a que Pearl avec lui, il aime être classe.

Parce qu'avoir la classe,c 'est cool. Point barre.

Il a un sourire pour son ami quand il lui parle de raccourcie.

-C'est ta planque bellâtre, je te suis, c'est toi le Cap'tain !

Il regorge de bonne humeur, comme toujours, l'esprit joueur, ça fait parti de lui.

Il a un rire en l'entendant parler de son jeu.

-Je joue pas bien... Je triche à merveille !

Il a un clin d'oeil pour Alaric.

-J'ai un ami, si tu le bats aux cartes, tu peux lui demander un baiser...

Il éclate de rire en repensant à Siver et son air outré quand il a poser ses lèvres contre les siennes. C'était incroyable.

Il l'écoute patiemment parlé de sa planque alors qu'un nouveau sourire vient orner ses lèvres.

-Tant que tu me laisses piller une autre planque, j'en suis !

Toujours pour le rhum. Le rhum, c'est la vie !

Il regarde l'armée de clé qu'Alaric lui présente et vient poser l'index sur la poitrine de son ami, le faisant glisser jusqu'à la naissance de sa gorge.

-Je sais mettre des gens influant dans mon placard, dis donc...

Son sourire se fait plus grand, plus charmeur, plus … Sexy. Parfait, comme toujours.

Mais la brume est plus épaisse, plus compact et le sourire de Lev se fane pour un air plus concentré. Ses sourcils se froncent légèrement.

-C'est pas toi, Pearl. C'est plus brumeux...

C'est opaque même.

Un silence lourd semble s'abattre sur le marais. Ils ne sont pas en forêt, il n'y a pas les petits oiseaux, le vent dans les feuilles ou le glouglou d'une rivière. Ici, il y a l'eau argileuse qui rend ses mouvements si lents voir visqueux. Il y a des animaux étranges, des animaux qu'on ne veut pas voir aux bords des plages. Les marais, c'est le fin des voies marines.

Et, bien qu'il apprécie grandement cet endroit, Lev ne s'y sent d'un coup plus à l'aise.

-Pearl... Y'a un truc qui cloche.

Ses bras se lèvent et la Roussette appelle sa petite science dans le but de laisser le vent se lever.

-...

Il recommence et y met plus de concentration encore. Il perd légèrement son air gamin.

-Rien ne se passe...

Son vent le permet pas de lever la brume. Rien ne bouge.

-Pearl... Pourquoi on appelle cet endroit « maudit » ?

Va falloir être sur ses gardes...

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-  @Lev Korolov & @Alaric

Je coule quelques regards amusés vers Moon qui joue avec sa petite science pour donner l’impression que ses cheveux prennent la brise, décidément, il aime bien se la jouer. Je dois reconnaître que ça lui donne un certain charme, surtout avec son air assuré. Même si là, ses pupilles dilatées à cause de l’obscurité et à la lumière de la lune, ça lui donne l’air un peu fou.

« Bellâtre bellâtre...je préfère quand on m’appelle juste Cap’tain, Moon. »

Ou beau gosse. Ou cap’tain beau gosse. Mais ça, je le laisse à Flynn. Je reviens bien vite sur le sujet des cartes, je ricane de plus belle quand il m’avoue tricher. Même si je me dis que dans l’art de la triche, il doit bien y avoir l’art du jeu. Ça tombe sous le sens pour moi. Mais je suis bonne patte et je renchéris.

« Ah c’est donc ça le secret de la réussite ? Je vais devoir envisager d’apprendre différemment alors ! »

Intéressé par la suite, je suis pris d’un fou rire, rejoignant son hilarité.

« Te connaissant, ton ami en question n’était pas vraiment d’accord. Me dis quand même pas que tu lui a volé son premier baiser ? »

J’enchaîne sur la planque à boissons. Moon est déjà prêt à tout voler. Je vais devoir le calmer quand il s’agira de certains coffres.

« Tu feras gaffe, y’a des coffres qu’on dit maudits. Je te dirais lesquels, sait-on jamais que le mauvais sort te trouve après que t’aies fait ton petit polisson. »

Je lui adresse un clin d’œil, mais malgré moi, j’ai tendance à croire aux malédictions, surtout pirates. En agitant ma clef sous son nez, je ne m’attends pas à ce qu’il pointe ma peau de son index. J’en ai de délicieux frissons, et mon sourire joueur répond au sien tandis que ma voix se fait suave.

« Fais attention à ce que tu fais, on risque de devoir faire un petit détour sinon. »

Mais si j’aurais adoré batifoler avec lui, la brume qui vient appesantir l’ambiance et l’absence de bruits alentours nous détournent de nos jeux de séduction et la tension qui me gagne semble aussi s’imposer chez Moon, il est d’un seul coup beaucoup moins nonchalant. Son ton inquiet me met plus mal à l’aise que l’atmosphère qui nous enveloppe.

Le voyant essayer d’utiliser sa petite science et qu’il ne se produise rien m’alarme plus que je ne le voudrais.

« Je commence à croire que l’heure de traversée n’est pas un racontar. J’suis jamais venu aussi tard. »

La question que me pose le Hurleur me provoque un rire sans joie. Finalement, je baisse d’un ton en me rapprochant de lui, chuchotant presque.

« Je crois pas que j’ai besoin de te faire un dessin. Par contre, je sens clairement une autre présence que la nôtre. »

Je tapote son avant bras pour avoir son attention et je désigne le fond de la brume, là où elle semble la plus épaisse. S’il se concentre il percevra des mouvements très lents dans les volutes de brumes blanches. Comme si l’air était différent là-bas, ou… qu’une grosse bestiole s’y trouve.

-Captain Moon ? Je n'ai rien d'un Capitaine... Sauf la prestance, je te l'accorde. Mais le reste ? Hum...

Et puis non, des responsabilités ? Très peu pour lui. Il coule pourtant un large sourire d'abruti qui joue sur les mots vers son ami. Oui, il sait, il est con et il adore ça.

-Ca et la parlotte pour noyer les soupçons... Et comme tu le sais, je suis un très bon beau-parleur.

Evidemment.

-Si c'était son premier baiser, c'est qu'il est définitivement chanceux... Vu ces lèvres parfaites...

Il ne sera jamais à court.

-J'adore ce genre de détour...

Jamais à court.

Mais la situation le rattrape vite, bien vite. La roussette perd son air joueur pour froncer les sourcils. Sa petite science ne chasse pas le brouillard, rien n'est naturel... Ce ne lui plaît pas. Ses muscles se tendent.

-Il y a une heure pour traverser... ?

Sa voix s'est faite basse, presque un murmure. Il est sur les nerfs. Les doigts de Pearl sur son bras attirent son regard vers ce qu'il lui désigne.

La brume est différente et le mouvement est là.

C'est gros. Mais c'est rapide. Un chuintement dans la brume. Le silence du marécage le frappe. Chaque bruit est décuplé. Il n'y a rien. Même l'eau... Même l'eau, pourtant toujours en mouvement, se tait. La nature semble morte autour d'eux. Rien. Rien du tout.

Sauf ce chuintement à leur gauche.

Ou leur droite.

Un écho étrange qui brouille les sons. D'où ça vient ?

Lev se tend, sur ses gardes, son assurance vacille.

Un mouvement créé des volutes dans le brouillard. Elles sont lentes. Bien trop lente. Et il n'y a rien pour les provoquer.

-On nous encercle ?

Et si ? Et s'ils étaient plusieurs ? Où juste un qui se fout de leur gueule ? Un animal ? L'ambiance est lourde, pesante.

Elle est moite, viciée.

-Pearl … ?

A nouveau, un murmure.

Et encore le silence.

Avant qu'un bruit, un mélange de cliquetis et de hurlements, ne retentisse.

Tout les poils de Lev se dressent sur sa nuque.

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-  @Lev Korolov & @Alaric

Je lui donne un coup d’épaule pour lui intimer d’arrêter ses conneries, mais je ricane en répondant.

« Je sais que t'’as très bien compris ! Franchement Moon, t’as pas la modestie dans le sang toi. »

Mon hilarité se décuple à l’entendre se vanter, mais je vais dans son sens, parce que c’est vrai que ses baisers ne laissent pas indifférent, quand bien même je ne peux empêcher la pensée fugace d’un sourire mutin ourlé d’une bouche appétissante et malicieuse, et d’un regard chaleureux et pétillant.

« Je ne sais pas qui est cet homme, mais je confirme, il a de la chance ! »

Notre jeu me regagne rapidement et je me mordille la lèvre en haussant les sourcils d’un air évocateur de luxure. Pourtant, l’ambiance se refroidit rapidement. L’enchaînement de déconvenues ne disent rien qui vaille et si Moon est incapable d’utiliser sa petite science comme il l’entend, c’est qu’il y a de fortes chances que moi non plus, et ça signifie de gros problèmes en cas d’attaque.

Nos regards convergent vers la même direction. Je le sens aussi tendu que moi. Mes yeux se dilatent sous l’observation intense du mouvement à peine perceptible dans le brouillard épais qui nous entoure. La voix de Moon me parvient, je réponds dans un souffle.

« Oui, sans interruption... »

Ma main agrippent le pan de sa veste. Je chuchote.

« Restons ensemble. »

Un pas d’écart et j’ai l’impression qu’on ne se retrouvera jamais. Je suis à l’affût du moindre bruit, du moindre mouvement et les questionnements de Moon ne m’aident pas à retrouver de l’assurance.

« Je ne sais pas Moon… Tu as ton sabre ? »

Ma main libre fit glisser mon sabre hors de son fourreau, le tintement métallique de la lame libérée résonnant comme une grosse cloche dans ce silence affreusement pesant où seuls nos souffles et nos battements de cœur sont audibles. Et c’est comme si j’avais déclenché quelques chose. Un bruit affreux résonne et hérissent tous les poils de mon corps dans un désagréable frisson qui fourmille et me glace tout entier. J’adresse un regard à mon ami.

« C’était pas prévu au programme... »

Une façon de m’excuser avant qu’un amas à la forme indescriptible ne se dresse devant nous,de deux mètres de haut, dégageant une odeur pestilentielle de vase et de mort. Je regrette presque la lune éclaire aussi bien la scène. La chose en fasse de nous est immonde, et pourtant, je jurerais distinguer un visage humain autour de ces deux yeux brillants de colère ou de folie, qui nous fixe.

« Intrus...vous…. mourir... »

La voix est chuintante, me donne l’impression de résonner dans ma tête et en même temps tout autour de moi. Malgré la peur qui me cloue sur place, je pointe mon épée sur la créature qui se rapproche vivement, me provoquant un sursaut et un bond en arrière. Je donne un coup d’épée au hasard. Rencontrant une résistance sous la lame (dé oui), j’entends avant de voir que j’ai touché la créature qui désormais hurle sa rage et se précipite sur moi.

« Oh bordel ! »

Il a un grand sourire joueur.

-Bien sûr que j'ai très bien comprit, mais c'est bien plus drôle comme ça. Et non, la modestie ne me sied pas au teint.

Lev a un jeu de sourcils et passe la main dans ses boucles d'un geste aussi ridicule et exagéré que provocateur.

Le pirate rit.

-Ca serait cool qu'il pense la même chose que toi.

La tête de Siver est et restera à jamais un de ses meilleurs souvenirs. Ce gars est un bonbon. Des réactions franches et toujours mythiques. Que du bonheur.

Un sourire narquois joue sur ses lèvres. Ca serait génial de le recroiser celui-là.

Mais il le perd. Il le perd parce que quelque chose ne va pas. Vraiment pas. Ce brouillard... Il pourrait le toucher en tendant les bras. Il est si épais. Mais ce qui l'ennuie le plus, c'est surtout que son vent ne le dissipe pas. Son pouvoir semble inutile et le stress commence à coller à ses épaules. Il n'a pas peur. Il n'aura jamais peur. Mais il ne se sent plus en sécurité. Et ça, ça lui déplaît grandement. Son regard acier scrute les environs. Il n'y a rien. Rien du tout. Rien que ce blanc brouillard épais.

Et le monde qui semble s'être arrêté de vivre autour d'eux. Le chuintement, les mouvements. Le vide trop présent.

Rester ensemble. Une bien bonne idée, surtout s'ils sont plusieurs en face. Le sabre de Pearl glisse contre son fourreau et le Hurleur tire le sien à sa suite, lentement, comme pour savourer le son. Ce son qu'il trouve, finalement, rassurant.

Mais tout bascule. Ce bruit, immonde, terrible Ce hurlement qui n'a rien de naturel. Il a l'impression qu'on torture quelqu'un juste en face d'eux, dans cette brume.

Mais quelqu'un de consentant.

Cette affreuse montée d'adrénaline lui coupe le souffle.

Mais le pire arrive. L'odeur.

Il en a connu des cadavres, il en a créé.

Mais cette décomposition là... Elle lui fait froncer le nez et ravaler une bile acide. Son estomac se retourne quand ses yeux arrivent enfin à cerner la... Chose ?

Cet être cliquetant et grinçant. Cet être au regard fou et dont le corps semble s'être confondu avec la nature.

Des lambeaux de peau sur son visage, des croûtes, du sang, des blessures jamais soignées, infectées. Et cette voix d'outre-tombe. Trop abîmée pour être humaine, trop compréhensive pour être animale.

Les yeux du pirate s'écarquillent et il a un pas en arrière.

La créature se précipite et le capitaine est le plus rapide. Le son mouillé qui s'échappe de la chose quand la lame frappe pourrait rendre malade un croque-mort. L'odeur s'intensifie et le hurlement reprend.

Ca se précipite sur son ami et il est temps au hurleur d'agir.

-Pearl !!

D'un coup d'épaule, il pousse Alaric en dehors de la trajectoire du monstre en furie qui disparaît à nouveau dans la brume.

-Corps... Donnez-moi... Vos corps...

Un frisson remonte l'échine de Lev. Etrangement, pour une fois, il n'a pas de blague, il n'a pas de sarcasme. Sa concentration est happée toute entière par ce qu'il se passe autour d'eux.

Il se sent en danger, en grand danger.

Un rire, des cliquetis dans la brume. Ca tourne autour d'eux. Trop rapide, trop saccadé. Trop désordonné. Ca ne va pas.

Le Hurleur entend son cœur battre à ses oreilles.

Il l'entend si fort qu'il n'entend pas (non) le sifflement d'une lame. La peau de son dos s'arrache. C'était dentelé. Ce n'était pas un sabre ou un couteau.

La douleur lui fait plier les genoux et le rend muet là où le rire se fait plus fort, plus présent, partout autour. Absolument partout.

L'odeur se répand dans la brume, leur colle à la peau, humide et moite. La putréfaction semble vouloir dévorer leur chair.

-Vos... Corps !

Il le voit alors, à la gauche d'Alaric, si proche de son visage ! Le regard fou luit dans le brouillard, à quelques centimètres de son ami.

-Tes … Yeux.... Si bleus ! Il me les faut

Cliquetis et hurlement.

Il a un mouvement trop brusque pour Lev qui n'a pas su se relever.

-PEARL!!