Où qui sont les gosses ? ||Jaja & Yaya

@J. Arthyen Karimova

Poncer, avec soin, vernir, tout autant. Sur le bureau attendait une lettre soigneusement cachetée. Et t'étais là, seul. Loin de chez toi, tu t'accrochais à ce que tu pouvais. Le lendemain t'irais livrer ta création. Le lendemain t'irais rendre hommage à cet ode à l'amour. T'étais fier du résultat. Et c'est sur ces entrefaites que tu t'étais coucher pour te réveiller bien trop tôt le lendemain, t'avais pu admirer l'aube à travers ta fenêtre, en grelottant. Ton corps s'était habitué aux températures chaudes, ici, à Ravka, tes os gelaient. Et tu savais que soit tu restais et tu crevais de froid, soit tu rentrais, et vous finissiez morts, toi et Arthy. Tu lui avais laissé un pécule et veillait à fournir de l'argent via ton courrier.
Buvant ton thé, bien chaud et bien sucré, t'observe la buée sur la vitre, la brume qui envahit les rues et qui se retirera peut être, ou peut être pas. Lavé, vêtu bien chaudement, tes cheveux tressés, quelques bijoux dispersés dans ta barbe, c'est en milieux de matinée que tu pars pour le port, là où le capitaine t'attends. Tu grimpes sur le pont avec cette même agilité de vieux chat. Tu doutes pas que le froid laissera ses griffes sur tes articulations à un moment donné. Ton regard embrase le pont, à la recherche de quelqu'un, quand soudain, tu écarquilles les yeux. Si tu n'avais pas un excellent contrôle de tes paumes, elles se seraient sans doute ouvertes dans un tremblement incontrôlable, répandant ce que tu tenais au sol, brisant peut être la flûte de pan. Ton cœur s'emballe, l'incompréhension te prends alors que tu reconnais la silhouette et la voix de celui qui te tourne le dos, en pleine conversation avec autrui. Ton regard se fait orageux quand tu vois avec quelle camaraderie il discute avec l'autre, camaraderie qui ne s’acquiert pas en une traversée. Tu te glisse dans leur cercles, un sourire plein de bonhomie, alors que tu t'adresses au troisième luron.

"Bonjour, pourriez vous déposer cela dans la cabine du capitaine et lui dire que je suis disposé à faire des modifications si besoin ?" Tu tends une boîte en bois, simple, laissant l'autre partir, alors que tu glisses ton regard dans celui de ton compagnon d'une vie.

"Jaroslav... J'espère que tu n'es pas dans les coins depuis longtemps, sans même venir me voir." Ta voix n'est qu'un murmure alors que vous vous jaugez l'un l'autre du regard. Tu pousses un soupir avant de lui tendre la lettre. "Je pensais ne jamais te revoir. Te voir me réchauffe le coeur." Et même si t'avais l'air courroucé et incertain, bordel ce que t'étais content de revoir sa gueule. Ta paume glisse sur sa joue alors que tu déposes un baiser sur ses lèvres, abordant finalement le sujet qui fâche. "Comment vont nos gamins ?" Vos multiples chats, tu les lui avais laissés, la traversé prenait du temps, et tu t'inquiétais pour eux en voyant Arthy face à toi.

@J. Arthyen Karimova

En face à face, tu le regardes, il n'a pas changé, toujours ce petit quelque chose qui fait bondir ton coeur. C'est un soleil alors que toi tu n'es que nuit. Un demi sourire t'échappes. "Bonjour tendre amour." Et... En un sens, vu le fiasco de ta mission, t'es content de l'avoir loin de votre patrie. Tu savais que toi, tu ne pourrais jamais rentrer, jamais retrouver ton foyer. C'était une vie de fuite qui attendait tes vieux jours. Il te prend par la ceinture avec une certaine vigueur, collant son corps au tien, et cette chaleur est agréable, alors que tu lui arrache un baiser délicieux. Baiser que tu ne pensais pas revivre, odeur que tu pensais oublier, toucher qui ne resterait, selon toi, que dans les méandres de tes souvenirs. Alors tu t'accroches à lui. Tes bras l'entourant doucement comme au premier soir.

"Tu es sûr qu'elle s'en occupera bien ?" L'inquiétude brille un instant dans tes prunelles, mais tu finis par hocher la tête, loin d'être idiot. "Un bateau n'est pas un endroit pour nos greffier n'est-ce pas ? A part si vous avez besoin d'un chasseur de souris." Tu fronces un instant les sourcils, le détaillant. "Tu sais le temps que ça prend d'aller jusqu'à chez nous en partant de Ravka et inversement ? Me prends pas pour une buse je te connais par coeur." Le vent fait voleter tes boucles poivre et sel alors que ton regard ne quitte pas l'homme. Tu penserais presque que c'est un rêve, que tu vas te réveiller d'un instant à l'autre, seul.

"Alaric ne t'as pas dis que j'étais ici ? Vu qu'il joue les postiers ?" Le gamin avait-il gardé tout ça pour lui ? Trop d'inexactitudes. Tu penches la tête, plissant les yeux, détaillant cet homme que tu connaissais par coeur. "T'as fuis de nouvelles dettes, Arthy ?" Tu te masses les paupières. "Bordel... J'ai jamais été aussi heureux d'tes mauvaises habitudes, ça t'as peut être sauvé la vie." Et tu poses tes mains sur ses deux épaules. "Ne rentres pas, trésor, ne rentre plus jamais car... Alors... Je ne sais ce qui pourrait t'arriver. Ma mission a échoué, nous ne sommes plus en sécurité là bas." Que tu marmonnes. Tu es un danger, pour lui, tu d'vrais peut être disparaître, le laisser vivre sa vie, mais pourtant tu ne le peux, parce que t'es mordu, parce qu'il est tout proche de toi. Tu le veux lui. Ta paume vient caresser avec une certaine chaleur sa joue. "Ja'... J'ai merdé, j'suis sincèrement désolé et... Tu m'as tellement manqué. Tu jouerais un morceau pour moi ? En souvenir du bon vieux temps ?" Ta gorge est serrée et t'as du mal à laisser ces mots t'échapper. Tu regardes ailleurs, tout pour ne pas croiser son regard qui pourrait être réprobateur, et c'est la peur qui te noue l'estomac.

Il était là, si proche et à la fois tellement éloigné. Et c'est la colère, qui vient briller dans ses belles prunelles, lorsque tu croises son regard, lorsque tu te plonges dans la flamme de ses yeux. Elle brûle, et, si les soeurs de Arthy sont des grishas de feu, tu sais reconnaître la même fougue que l'élément susnommé dans sa personne. L'homme est loin de ce calme placide que tu as. Et, une fois ta lourdes annonce lâchée, tu te sens plus léger. C'est quelque chose de rassurant de le savoir ici. Loin de tout ce foin. Loin de ces assassins qui veulent ta mort, et qui n'hésiteront pas, tu le sais, à s'en prendre à ta tendre moitié. Pour ce qui est de sa famille à lui... Ils sont saufs. Tu les apprécies, mais pas au point de sortir ton museau pour leur sauver les miches. Créature sombre et froide que tu assume être. C'est à ton tour de baisser les yeux, poussant un soupir à en faire pleurer les pierres.

"Il n'y a pas d'autres manières que d'annoncer ça Ja'. Et tu détestes quand on tourne autour du pot pendant des heures. La personne que j'étais sensé protéger est morte. J'suis obligé de me cacher pour... Nous assurer la survie. Et tu secoues la tête, baissant les yeux avec un sourire sans joie. "Non. Juste d'attendre que j'ai éliminé la menace et que tu ne risques rien. Et... De toute façon, si j'échoue, une fois mort, tu ne risqueras plus rien. J'ai tourné ça bien des fois dans ma tête. Mais te savoir ici redistribue les cartes."

Et tu baisses les yeux, les mains fourrées dans tes poches. "Je peux te dire quoi ? Que je suis désolé ? Et c'est le cas. Mais... Je n'ai plus la main sur la situation." Tu baisses les yeux, les relevant finalement pour croiser son regard. Fourrageant ta barbe d'une main rèche et abîmé par le maniement des armes. Qu'est-ce qui vous était arrivés ? Vous étiez dans une routine tellement agréable, puis tu avais finalement tout envoyé voler, laissé sans choix, tu avais dû quitter ton foyer. Et tu ne retrouverai jamais ton chemin, ou alors tu mourrais en essayant. On aurait dit un conte qu'on racontait aux tiens lorsque vous étiez petits. L'histoire d'un homme qui avait mit plus de dix ans pour retrouver le chemin de sa maison. "Je peux partir, si c'est ce que tu souhaites. Si tu as besoin de temps pour me pardonner." Homme résigné, tu appréhendes les choses d'une autre manière. Cette épée qui siégeait au dessus de ta tête, qui menaçait de t'embrocher à chaque instant ne bougeait plus. Et tu savais qu'il te faudrait te battre comme une bête sauvage pour t'en sortir. Tu le regardes, et tu sens... Tu sens que tu l'aimes, comme au premier jour, à l'époque t'étais jeune et un peu idiot. On ne se rendait compte de ma valeur des gens que lorsque l'on risquait de les perdre.

"J'arrangerai tout... Ou j'essayerai, du moins. Mais... Je ne suis pas sûr de pouvoir faire de vieux os ainsi." Et t'étais sans doute dramatique, alarmiste. Mais c'était ainsi.

Il est beau l'homme, même lorsque la rage déforme ses traits, même quand il y a cette ride "du lion" quand il fronce les sourcils. Divinité offensée, tu pourrais ramper à ses pieds si cela te permettait de retrouver ses grâces, mais tu sais très bien que c'est impossible. Tu penches la tête avec un pauvre sourire, avant de hausser les épaules.

"Un simple d'esprit... N'abuses pas. Un mec qui est dans les problèmes jusqu'au cou et qui va sans doute se noyer dedans, par contre, c'est une autre histoire." Et tu hausses les épaules, plein de cette putain de fatalité que tu te traînes depuis beaucoup trop longtemps. On t'avais envoyé ici en attendant le moindre faux pas pour te mettre à mort. Parfois tu te disais que c'était un piège. T'avais joué leur jeu comme un con, mais tu ne te laisserai plus faire. Un sourire de requin étire ses lippes.

"Tu es un malin tu sais ?" Que tu murmures dans ta barbe, caressant du bout d'un doigt la bague que tu lui avais un jour mis au doigt. "Ici je ne me fais aucun doute, tu es en sécurité." Sa voix... Quand tu entends ce qu'il te dit, tu ne peux t'empêcher de plonger ton regard dans le sien, venant finalement attraper sa main pour la serrer dans la tienne. Elles étaient toutes les deux calleuses, ridées par le temps. Vos doigts s'entremêlent avec douceur, alors que tu tire sur ta main pour le ramener contre toi, l'enlacer délicatement. "Tu sais... Je ferais toujours tout ce qui est en mon pouvoir pour te revenir. Je te l'ai promis au moment de te dire "oui". Je vais essayer d'arranger les choses puis... Si j'y parviens, alors je reviendrais au creux de tes bras." Et un sourire tire ta peau tannée, ton bras vient contre ses hanches alors que tu le rapproches un peu plus de toi. "Tu me montres ta cabine un peu ? Tu me fais visiter ton nouveau chez toi, mon amour ?" Plus sérieusement, tu te rapproches de son oreille, murmurant d'une voix chaude... Si tendre. "Ja'... Non... Arthy... Je ferais tout pour te préserver de mes embrouilles, et... Je te promet de tout faire pour te revenir. Toujours..." Et, en fourrageant une de tes poches, t'en sors un bracelet fait de billes de bois. Toutes étaient sculptés avec soin. L'une présentait une lyre, par exemple. "Lors de ma traversé... J'ai fais ça en pensant à toi. J'pensais ne jamais pouvoir te le donner. C'est con... Alors que t'étais juste là, à côté de moi."

Il est raide, mais tu le connais assez, vous vous êtes assez pratiqués pour que tu ne prennes pas ombrage à ses mots, tu le regardes, avec un sourire espiègle. Tu baignais dans la violence, dans ce genre de trucs depuis que t'étais un homme, et qu'on avait dû te foutre en dehors de l'orphelinat. Depuis que tu t'étais rendu compte que bosser sur les docks, ça n'offrait qu'une vie de misère, depuis que t'avais compris que sans sens moral... On vivait mieux. Tu secoues la tête, mais tu dis rien. Arthy avait déjà essayé de te sauver, de te détourner, mais la bonne conscience et les choix moraux, ça paye pas. ça sort pas de la merde en cas de besoin. Ton regard se fait dur, certain, quand tu le plonges dans le sien.

"Je ferais tout pour pas te décevoir. Mais j'suis qu'un homme et j'ai énervé les mauvaises personnes, je ne te le cacherai pas." Vous étiez mariés, t'avais dis oui, jusqu'à ta mort. T'avais dis oui, pour le meilleur et pour le pire. T'avais renouvelé tes voeux alors que vous traversiez une énième crise, tu lui avais hurlé ton amour avant de prendre la mer sans certitude d'un jour rentrer chez toi, auprès de cet homme qui avait un jour ravit ton coeur, et ne te l'avais jamais rendu. Tu tentes, de lui apporter du réconfort, de l'enlacer, mais en réalité, t'es dans l'flou, dans l'obscurité la plus totale depuis bien longtemps. Et alors même que tu lui fais ce présent, tu sais qu'il ne suffira pas à détourner ses pensées de là où elles se sont nichées. "Je sais. Et je suis sûr que tes bijoux auraient été magnifiques, rappelle toi celui que tu nous avais improvisé avant qu'on ne s'offre nos alliances, c'était unique. Et... Je l'ai toujours." Tu lui fait un clin d'oeil, le suivant vers sa cabine.

"Tu veux que j'te mette quoi ?" Que tu murmures, alors que tu pénètre dans son intimité, dans sa cabine. Son parfum est partout, ces tissus, ce sont ceux que tu as vu durant des années, l'homme avait toujours su se mettre à son avantage. Ta main calleuse glisse sur ces derniers, sur ces étoffes, sur ces couleurs, sur cette vie débordante qui saute de sa face, qui lui bouffe le visage, qui le rend tellement lumineux, chatoyant, là où toi, toi tu n'es qu'une ombre. Une ombre sombre, qui se cache dans l'obscurité, une créature faite pour la nuit, toi qui côtoie un soleil. Tu t'approches, posant tes paumes sur ses joues, caressant du bout de tes index ses tempes, alors que tu l'attires à toi. "Pour l'instant, tant que je serais en vie... Non. Il ne faut pas y retourner. A ma mort... Tu seras libre mon amour." Tu le prononce, comme la première fois, le même mot, prononcé bien des fois, et cette fois ci, c'est un amour emplit d'une certaine nostalgie, d'une certaine tristesse. Et, tu viens presser tes lèvres contre les siennes, avec douceur, car t'as toujours tout fait pour éloigner Art' de la violence du monde, sans y parvenir totalement. "Tu reverras un jour ta famille. Peut importe la finalité. Et même si tu me déteste, et que tu te fâches parce que j'ai dis ça. C'est la réalité, soit je meurs en essayant de réparer mes conneries, soit je répare mes conneries, donc... Il faut juste laisser... Le temps faire son oeuvre." Et tu te bas, du mieux que tu peux, parce que tu l'as promis, mais tu ne restes... Qu'un vieil homme, à en croire Ustane.

"C'est joli chez toi, à ton image, j'aime beaucoup, ça me rappelle la maison, et le bon vieux temps..." Que tu murmures. "Tu te souviens le jour où tu as emménagé avec moi ? On aurait dit qu'un arc en ciel avait élu domicile à la maison, t'as tout changé, tout redécoré, et d'un truc austère et froid, pour la première fois d'ma vie... J'ai eu un vrai foyer..." Il y a une tendresse certaine dans tes mots. Tu lui caresse la joue. "Tu m'as apporté quelque chose que j'avais jamais encore eu auparavant... Tu sais ça ?" Et ton corps, il se presse au contact du sien.

Et tu ris, un rire grave et plein de sincérité, lorsque Ja' te lance cette vérité, celle que tu agaces, et tu souris, malgré le ton de ton époux qui claque dans l'air. Il est inquiet, et c'est compréhensible. Mais tu ne te laisse pas faire, tu penches doucement la tête.

"Je t'énerve tout le temps, c'est devenu mon sport préféré, tu pars au quart de tours, trésor. T'es tellement sanguin et passionné." Que tu murmures, et tu le sais très bien. Vous étiez aussi complexes l'un que l'autre. Mais votre amour était toujours là, même après quinze ans de vie commune. Le zemini t'avais volé le coeur, et tu savais que ça ne changerais pas. Tu te contentes de découvrir sa cabine d'un regard curieux, ça avait un goût de foyer, de maison, ta main glisse sur les teintures, avant de te tourner vers lui, un sourire goguenard sur la gueule. "Tu es sûr de ça, Art' ? Tu risquerais d'être surpris." Ta voix est chaude, suave, il est beau, ton compagnon, quand il sourit, quand il rit. Et tu le préfères ainsi. Tu avais vécu bien des tempêtes, avec lui, mais vous vous en étiez toujours sortis, plus forts. Tu croises son regard, un sourire désolé.

"Je ne suis pas un homme mort. Je ne suis personne. Tu te rappelles ? Je n'existe pas." Que tu murmures, tout contre lui, corps à corps. Tu étais un orphelin, un indésirable. Tu n'avais pas de nom. Pas d’existence, ni passé, ni futur. Tu t'étais construit ainsi. Plus outil qu'humain, c'était Arthy qui t'avais appris à être autre chose. A être quelqu'un d'autre, tu enlaces avec douceur sa taille, le plaquant contre toi, glissant tes doigts dans sa crinière parsemée de cheveux blancs. "Pourquoi ne pas changer de sujet ? Tu penses que nous allons régler ce soucis dans les prochaines minutes ? Parce que... Je ne pense pas." Et tu égraine les baisers contre sa peau, tentant de l'amadouer. "Je suis le pire des hommes, je le sais déjà, on me l'a bien assez dit Art'. ça ne me fais plus rien joli coeur." Et peut être que tu étais cruel, peut être que tu n'avais aucun coeur. Du moins tu l'avais entendu cent fois, alors que tu t’acquittais de missions, d'assassinat, de passage à tabac. Mais... Hormis les tiens, avec qui tu faisais attention, qui comptaient plus que tout pour toi... Le commun des mortels ne t'avais montré que mépris, haine et dégoût. C'était sans doute ce manque d'empathie et ce pragmatisme, allié à tes activités pas franchement licites qui te lançais sur cette voix. Mais t'étais occupé, occupé à l'embrasser avec fougue, caresser sa peau en soulevant délicatement sa chemise, au niveau du dos. Il y avait cette zone, entre ses deux hanches, qui l'électrisait dès que tu y passais les doigts.

Tu ris, de ce rire chaud qui te fais paraître moins sérieux, moins usé par la vie. De ce rire qui, quelque part, te fait paraître plus séduisant. Car... Après cette confiance brisée, n'est-ce pas une reconquête qui s'annonce ? Et c'est un sourire charmeur qui point sur tes lèvres. "Tu me préfère mort ? Tu vas finir par me vexer. Tu ferais une belle veuve éplorée, cela dit." Et c'est de l'amour, qui brille dans ton regard. Un amour entretenu depuis plus de dix ans. Tu aimes, cet homme que t'as appris à connaître. Tu aimes, ces petites habitudes qui avaient pris leurs aises.

Tu caresses sa peau chaude, et par tous les sankts, tu aimerais tellement te blottir contre son corps. Partager un moment, juste un moment. C'est un sourire roublard qui étire tes lippes. "Non ? Pourquoi ?" Tu fais mine d'être le plus innocent du monde. Il n'y a bien qu'avec Arthy que tu pouvais te montrer sous ce jour là. Loin de la légende, loin de la réputation, subtile et délicieuse parenthèse, aux dépends de ton musicien aux poches trouées. "Regarde il y a des fourrures juste là, pour te blottir et... J'ai toujours le corps chaud." Que tu murmures. Tentant doucement, mais sûrement, de l'apaiser à coups de baisers et de caresses. Et finalement, finalement tu le sens céder, il t'embarques dans un baiser qui te coupe le souffle, te fais louper un battement de coeur, et t'as l'impression que cela fait tellement longtemps que vous ne vous êtes pas perdus dans les bras l'un de l'autre. Et, alors même que les pans de la chemise bariolée du musicien s'écartent, tu te lances à la conquête de son torse, parsemant baisers et petites attentions de ci de là avec ferveur, finissant à genoux, devant lui, tes mains, noueuses, calleuses, venant caresser le creux du dos de ton amant, avant que finalement, tu ne t'arrêtes, levant la tête et posant ton menton sur son nombril, le regardant de là. "Oui, si... Tu es intéressé par cet autre chose." Et, avec une mine amusé, tu caresse du bout d'un doigt innocence son entrejambe, vos peaux étant séparées par quelques couches de tissus. "Tu m'as manqué... Dans ces froides soirées d'hiver, en solitaire. Tu m'as manqué chaque matins, lorsque je m'éveillais. Tu n'as fait que ça, briller par ton absence. Je ne veux pas... Passer nos retrouvailles à me prendre le bec avec toi, tu as tout à fait raison, je suis un effroyable mari, mais je t'aime et... Tu n'imagines même pas comme je suis heureux, de te voir là."

C'est une bien belle déclaration, dont tu penses, dont tu crois avec conviction, en chaque mots, parce que tu l'aimes, ton musicien. Tu étais tombé sous son charme un beau jour, et ça n'avait pas changé depuis près de quinze ans. Il était charismatique, il était charmeur. Et comment ne pas l'aimer ?

L'un contre l'autre, tu te demandes quand vous aller céder, quand vous allez vraiment fêter vos retrouvailles de la meilleure des manières. Quand la colère allait reculer, quand la rancune allait disparaître. Et tu voyais. Tu voyais dans le fond de son regard que t'avais presque déjà gagné. Mais il ne fallait pas que tu en fasse mention à ton compagnon. Arthy n'était pas bon joueur, ni bon perdant. Du moins jouerait il encore un peu la carte de la colère et du grief pour te donner tort. Plaisir de contrarier. Il était comme ça le musicien, et tu ne l'aurais changé pour rien au monde. Parce que c'était comme ça que tu l'aimais.

Tes lèvres contre les siennes, ton souffle se mélangeant doucement au sien. T'avais l'impression de revivre. Descendant, toujours plus, jusqu'à te retrouver à genoux devant lui. Comme si tu priais une idole, toi qui n'a jamais cru en rien, tu l'adorais, lui. Lui portait un amour sincère. Vos regards se croisent, quand tu te dévisse la tête pour le voir. Vos lèvres se touchent une nouvelle fois, magnanime, l'homme se plie en deux pour t'offrir un baiser qui restera longtemps dans ta mémoire. Il y a une grande tendresse dans sa voix, qui fait délicieusement chauffer tes joues. Ton regard se fait tendre, presque innocent, alors que tout le monde sait que tu ne le seras jamais. Tu fermes les yeux, heureux de sentir ses doigts dans tes cheveux, en une caresse délicieuse.

"On pourra reprendre une autre fois, tu sais que ça ne me dérange pas. Rien n'est trop difficile quand c'est pour toi." Que tu lances, sobrement. Parce que tu savais que tu n'avais pas fini d'entendre parler de cette histoire.

Tu souris, de cet air rieur et doux que tu lui réserves, bien loin de cette réputation d'assassin. Dans l'imaginaire collectif, l'assassin n'est assigné qu'à sa besogne, il n'a pas amis, famille, amour à côté. Dans l'imaginaire collectif... Tu n'es qu'une ombre, sans passé, sans présent, sans futur. Si on se basait juste sur le mystère de ta jeunesse, peut être cela aurait-il été vrai. Mais... La réalité était autre. Tu avais un passé, avec ce beau brun. Une vie. Une famille, il t'avait offert une existence, une réalité à laquelle t'accrocher. A l'époque... Il t'avait charmé, tu l'avais remarqué tout de suite, dans cette taverne. Enfin... Fallait dire que tu étais venu pour lui casser la gueule, finalement, vous aviez parlés toute la nuit, tu t'étais fais cassé la gueule à sa place, et tu avais commencé à le courtiser. Il y avait ce vent de nouveauté, d'excitation. L'un et l'autre, vous ne vous étiez plus quittés par la suite.